C'est clair, tout le monde va le savoir. On va se moquer de moi. Et, à la manière dont Crétinus me regarde, je sens qu'il a trouvé un nouvel os à ronger, comme dirait mon père. Et que je suis cet os.
Il me revient en mémoire un sentiment éprouvé il y a plusieurs mois. Cette sensation douloureuse, lancinante, de devoir faire son deuil. Tout en écrivant, je le revois, hier, avec son sweat gris et son pantalon noir. Mon fils transgenre. Il n'y a pas eu de deuil à faire, puisqu'il n'y a pas eu de disparition. Il est bien là, en chair et en os, en esprit et en cœur. À la fois hésitant et enthousiaste, un peu frondeur, un peu fragile. Parfois un peu distant.