« La nuit bleutée se trouait lentement d’une lumière mauve encore tamisée. Est-ce que ça t’arrive de penser à la mort? a demandé Kosmas. Beaucoup à l’adolescence, j’ai dit, mais moins depuis qu’on est arrivés au Yukon. Plein de choses me gardaient en vie. Il y avait Luna, l’amitié, la nature sauvage, la beauté, l’humour. Quand on serait morts, il serait trop tard pour rire. Et puis le suicide, c’était du travail, et je ne voyais pas pourquoi je me serais tapé cette corvée-là. Déjà qu’il fallait pisser et chier, manger, boire de l’eau. Déjà qu’il fallait dormir, se soigner quand on était malade, se loger, se chauffer. Il fallait s’aimer, jouir, s’expliquer, se défendre, se battre contre… contre tout. On n’allait pas se tuer en plus. »