AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michael Lewis (44)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


À l'infini : L'ascension et la chute du mil..

L'auteur de "Poker menteur" et surtout "Le casse du siècle" Michael Lewis, ne s'est épargné aucun effort pour approfondir les troubles manigances boursières et la personnalité énigmatique du jeune Sam Bankman-Fried (SBF) qui a défié toutes les chroniques. Il n'a pas seulement interviewé à plusieurs reprises l'acteur principal d'un des plus grands scandales financiers de notre temps, mais également ses parents, amis d'enfance, d'adolescence, copines, coétudiants, concurrents, collaborateurs permanents et sporadiques, etc.



SBF est né le 5 mars 1992 à Stanford dans une famille d'intellectuels juifs. Aussi bien son père, Joseph Bankman, que sa mère, Barbara Fried, étaient professeurs à la faculté de droit de l'Université de Stanford. Il a un frère, Gabriel, 3 ans plus jeune.



Depuis sa prime enfance, SBF, s'est fait remarquer par un esprit indépendant et des réflexions indépendantes. À la petite école ses résultats étaient moyens et au secondaire, les profs lui donnaient des "A" pour éviter de longues et pénibles discussions avec leur élève un peu particulier.



Doué pour les maths, il s'est inscrit au MIT (Massachusetts Institute of Technology),

où il a obtenu un diplôme en physique et mathématiques en 2014.

L'année suivante, il a travaillé pour une grosse boîte de Wall Street, la Jane Street Company, où il est resté 3 ans.



En novembre 2017, enthousiasmé par l'incroyable succès quasi mondial des cryptomonnaies, il crée la compagnie Alameda Research avec Caroline Ellison (née en 1994), qui en deviendra ultérieurement la PDG.

FIn 2018, à cause de certaines réglementations restrictives américaines, SBF déménage à Hong Kong, où il fonde son entreprise FXT (Futures Exchange Trading Ltd), en fait, une plateforme pour les échanges de cryptomonnaies et il déménage aux Bahamas.



Les affaires marchent tellement bien qu'il figure en couverture du MazineForbes et qu'un économiste réputé estime qu'il pourrait bien devenir le tout premier trillionaire US dans l'histoire humaine (= un 1 avec 12 zéros après le virgule).



C'est au combe de sa gloire, que les choses tournent fatalement au désastre. Un processus que l'auteur décrit avec précision et de façon tellement claire que même moi, qui suis nul en maths, arrive à comprendre.



Le 28 mars dernier, Sam Bankman-Fried a été condamné à 25 ans de prison pour fraude, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent.

Sam qui n'a toujours que 32 ans, a tout de suite fait savoir qu'il va en appel.



Lorsque le livre est sorti sa condamnation n'était pas encore prononcée, mais l'auteur a très bien décrit tous les éléments de son arrestation et préparation de son procès.



Bref, un livre intéressant, mais qui demande un certain degré de concentration de la part du lecteur.

Commenter  J’apprécie          452
Le casse du siècle

Les banques consentent des prêts immobiliers à des acheteurs qui ne pourront certainement jamais les rembourser, comme ce cueilleur de fraises mexicain payé quelques centaines de dollars par mois à qui on permettra d'achèter une maison pour 750 000 $. Pour couvrir les risques de non remboursement, elles assemblent ces prêts dans des obligations qu'elles font évaluer par des agences de notation. Évaluations faussées : le risque de défaut est estimé à moins de 5% des emprunteurs, alors qu'il s'avérera beaucoup plus élevé ! Mais les montages sont volontairement complexifiés par les banques, et les agences font preuve de naïveté. Alors les obligations sont évaluées quasiment sans risque (notre Triple A) ! Les assurances pour couvrir ces risques sont donc d'un taux très faibles. Un marché peut alors se mettre en place : acheter des assurances en espérant que les obligations s'effondrent. Ils seront quelques uns à jouer ce jeu, pariant contre les banques. Ils empocheront des milliards de dollars quand le marché s'effondrera...



Ayant lui-même travaillé dans le monde de la finance, et ayant déjà dénoncé ses dysfonctionnements dans un précédent ouvrage, Michael Lewis tente de démonter les rouages de la crise des subprimes de 2008. Il s'appuie pour se faire, notamment, sur les analyses des quelques financiers qui avaient pressenti, intuitivement plus qu'analytiquement, l'arrivée de la crise. Il y réussit plutôt bien, même s'il n'échappe pas à un discours parfois trop technique.

Le sujet est présenté un peu comme un thriller dont on connait la fin, mais pas le déroulement. C'est cet engrenage d'inconséquences et de prises de risques inconsidérées qui est décortiqué. Et cela paraît tellement énorme qu'on se demande comment les grands patrons de banques, les analystes financiers, les traders, bref, tous les professionnels du domaine, ont pu à ce point se laisser aveugler...

L'appât de gains très élevés ou la volonté de cacher à tout prix les erreurs et de ne pas être le premier à se faire emporter par le tsunami final ?
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
Commenter  J’apprécie          310
Le casse du siècle

Michael Lewis, ancien trader devenu écrivain analyste du monde de la finance, livre le récit des évènements qui ont conduit à la crise économique mondiale des subprimes de 2007-2008 et comment certains ont su prévoir la catastrophe, parier contre la santé de l'économie américaine et gagner des millions de dollars quand des millions de citoyens ont, eux, tout perdu en même temps que Wall Street s'écroulait...



"Pourquoi prendre des décisions intelligentes quand on peut s'enrichir en prenant des décisions idiotes ?" Cette phrase que l'on peut trouver dans l'épilogue résume toute la folie qui a mené à l'une des pires tragédies économique, financière et sociale que le monde ait connue.

Mais attendez, et si on commençait par le début plutôt que par la fin ? En juin 2008, j'ai eu mon Master au bout de cinq ans d'études à la fac. Pleine d'ambitions et de rêves pour l'avenir, j'ai commencé à m'aventurer sur le marché de l'emploi, comme tout jeune adulte diplômé en droit de commencer sa vie. Trois mois après, en septembre 2008, la crise est arrivée. Pendant cinq ans et demi j'ai essayé de trouver dans ma branche, sans jamais y parvenir. Et puis, Jules et moi avons quitté la France.

Je ne suis qu'une parmi des millions et millions d'autres à avoir longuement été impactée par cette crise venue tout droit de Wall Street, laquelle a couvé et biberonné pendant de nombreuses années, avec l'aide de structures financières d'autres pays, des produits et montages financiers pourris jusqu'à l'os dans le but de se faire un pognon de dingue sur le dos des contribuables américains.

En 2015 est sortie une adaptation de ce livre. Je l'ai vue, mais tout allait tellement vite dans les explications que je me suis dit "un jour, je lirai le livre, pour mieux comprendre". Ô, combien j'ai compris...

Si les explications de Lewis peuvent parfois être répétitives et les flashbacks généralement un peu trop nombreux au point de rendre impatient le lecteur d'arriver au moment fatidique où tout s'est effondré, l'auteur s'attache néanmoins à rendre les choses le plus clair possible, même si la complexité des opérations reste inatteignable pour le commun des mortels hors du système. Ce que l'on pige toutefois, et qui est très bien expliqué et démontré tout au long de l'ouvrage, c'est que les banques et la Bourse américaines se sont lancées dans les années 2000 dans la création de produits financiers extrêmement dangereux pour le citoyen lambda qui tente juste de faire sa vie dans ce monde de brutes. Cela a notamment commencé par l'autorisation d'accorder des prêts à des gens absolument pas solvables, des gens qui n'avaient absolument pas les moyens de rembourser un prêt pour pouvoir s'acheter une maison. En créant des prêts immobiliers au taux d'intérêt d'appel ridicule, les banques se sont ouvertement fichu de gens (pour la majorité honnêtes) en leur promettant qu'ils pouvaient accéder à la propriété. Au fur et à mesure des années, le type de prêts qu'ils proposaient demandaient de moins en moins de garanties, les banques faisaient de moins en moins de vérifications, laissant des personnes au chômage, déjà endettées, au profil peu fiable en matière de remboursement, voire qui avaient menti sur leur formulaire, signer des prêts pour des sommes bien supérieures à leur taux d'endettement. Et ce, sans bien sûr leur révéler qu'après deux ans de taux d'intérêt d'appel ridiculement bas, un taux variable viendrait prendre le relais. Et c'est ce taux variable qui a empêché très vite de nombreux nouveaux acquérants de rembourser leur prêt. En un laps de temps très court, le taux de défaut de paiement a grimpé. Mais cela, ça n'avait pas l'air de gêner les banques.

Car pendant ce temps-là, celles-ci s'enrichissaient à mort via un nouveau passe-temps qui consistait à créer des paquets de ces prêts en fonction de leur qualité, un paquet triple A contenant les prêts les plus susceptibles d'être remboursés tandis qu'un paquet triple B renfermait les contrats les plus susceptibles de ne pas être honorés et très vite. Sauf qu'en fait, la majorité des paquets créés étaient composés d'un savant mélange intraçable de tous les types de prêts aux notations variées, floutant ainsi complètement leur valeur, sans même que les banques, traders et compagnie ne sachent ce qu'il y avait réellement dans ces paquets. Et tant qu'à faire, les agences de notation comme Moody's et S&P, censées évaluer et noter ces paquets, ont toujours accordé de bonnes notes croyant soi-disant qu'ils étaient à 80% composés de triple A, sauf qu'en réalité ils étaient souvent à 95% composés de "merde" (le terme vient de l'auteur). Ces agences de notation, censées réguler un marché, le vérifier et être fiables, ont été en fait complices d'une fraude massive.

Mais les banques s'en fichaient n'est-ce pas ? Après tout, elles se faisaient des milliards avec ces produits qu'elles vendaient et se refilaient en masse. Et surtout, aucune ne croyait que le marché immobilier américain pouvait s'effondrer. Pourquoi ? Parce que ça n'était tout simplement jamais arrivé, vous voyez ? Du coup, comme l'impossible ne pouvait se produire, des paris gigantesques se sont constitués au fil des années (c'est en partie là qu'il est très dur de comprendre pourquoi les banques vendaient et achetaient tous ces types de paquet), les responsables étant persuadés que jamais d'un seul coup partout en Amérique il y ait plus de 8% de défauts de paiement.

Sauf que ces paquets créés de tout et n'importe quoi étaient formés de telle manière que si une catégorie de notation faisait défaut, elle impactait directement la catégorie du dessus, et ainsi de suite... Une vraie tour jenga dans l'hypothèse d'une crise.

Personne ne comprenait ces paquets, de quoi ils étaient composés, quelle était vraiment leur valeur, ce qu'ils pouvaient provoquer, et tout le monde s'en foutait parce qu'ils donnaient à quiconque en possédait des couilles en or et que de toute façon le marché ne POUVAIT pas s'effondrer car c'était du jamais vu. Une confiance aveugle, une foi aveugle dans le fric, le dédain flagrant pour la vie des contribuables à l'autre bout de ces prêts.

Parallèlement, une petite poignée de traders a commencé à analyser ces produits, comprenant à la fin qu'ils étaient des bombes à retardement avant de se mettre à parier contre eux, ce qui s'appelle "shorter". Ils ont ainsi créé un nouveau type de pari très noir, car ils pariaient sur la faillite de l'économie américaine. Les banques ont ri, se frottant les mains d'avoir bien pu pigeonner des gens qui leur filaient du blé en attendant un improbable cataclysme. "Vraiment trop cons ces mecs, mais bon on s'en fout, ils nous paient des sommes astronomiques, nos profits montent en flèche, j'ai hâte d'avoir mes millions de bonus à la fin de l'année."

Ces "mecs trop cons" avaient pourtant vu juste, interprétant correctement des chiffres que la majorité refusait catégoriquement de voir, même preuve à l'appui.

On suit donc le parcours de ces types qui ont gagné des sommes monstrueuses en pariant contre le système en place qui baisait ouvertement le peuple et qu'aucun organisme ne s'est amusé à contrôler, pas même le gouvernement. La Bourse a fraudé en échouant à appliquer les règles de notation, s'ingéniant à inventer tout et n'importe quoi comme prétexte pour ne pas voir ce qui leur arrivait pourtant dans la tronche, et pas même le Trésor américain ne s'est posé de question.

Tous ces petits paquets bidons se sont promenés partout sur la planète, voilà en partie pourquoi cela n'a pas impacté uniquement les États-Unis. Car quand le taux de défaut de paiement a atteint des chiffres jamais vus auparavant, toutes les banques qui avaient vendu des paris contre leurs petits paquets chéris ont dû payer les parieurs. Sauf que l'appât du gain les a laissées parier bien plus que leurs avoirs n'étaient capables de couvrir. Et pour ne pas laisser tout son système bancaire et financier couler, le gouvernement est intervenu et qui a donc payé pour renflouer les banques qui avaient fait n'importe quoi ? Le contribuable américain, encore, le seul qui se soit fait entuber doublement dans l'histoire. L'effet boule de neige couplé à l'effet boomerang. Du pur dégueulasse, encore plus quand on précise que tous les acteurs qui ont mené à la faillite de leur boîte ou ont contribué à faire perdre des milliards à l'économie américaine et mondiale sont presque tous sortis indemnes avec leurs tout à fait légitimes millions d'indemnité. Rares sont ceux qui ont été interpellés pour faute grave, fraude et autres.

Peu nombreux furent ceux qui virent le coup venir, il n'y a d'ailleurs qu'eux qui s'en sont bien sorti. Peu nombreux furent ceux qui comprirent ce qui se passait, face à la majorité qui ignorait complètement ce qu'elle manipulait comme produits.

Voilà la réalité qui a foutu la vie en l'air de millions de gens : un système bancaire et financier qui n'en avait strictement rien à carrer de la populace sans laquelle pourtant il n'existerait pas.

Ce livre, qui a déjà dix ans, a de quoi faire réfléchir sur l'actualité de ces systèmes. Car même si après la crise certains types de régulation se sont mis en place, rien ne permet d'affirmer qu'un évènement similaire ne peut se reproduire. D'autant plus que la Bourse américaine a montré récemment que son évolution n'était pas toujours adéquatement corrélée aux évènements en cours. Peut-on encore lui faire confiance ? Les garde-fous instaurés sont-ils réellement efficaces pour protéger la population américaine d'un nouveau crash dû à la finance ? Jules et moi sommes passés par la case prêt immobilier aux US il y a trois ans. Je confirme que nos finances et profils d'emprunteurs ont été étudiés à la loupe, à tel point que certaines exigences étaient à nos yeux ridicules. Protection de la banque ou protection de l'emprunteur ? Une réponse à 50-50 paraît compliquée à émettre. Enfin, même si les banques ne mettent désormais plus en avant sur leurs sites des prêts à taux variable et privilégient grandement ceux à taux fixe, cela ne veut pas dire que de tels produits n'existent plus. On trouve sans problème et partout des produits avec les 5 ou 7 premières années à taux fixe avant de passer à un taux variable. Ce n'est plus les 2 ans d'il y a quinze ans mais sur de très grosses sommes cela constitue quand même un pari dangereux quand on sait à quel point le marché peut être volatile, gagnant ou perdant parfois pour un oui ou pour un non.

Ma critique est ouvertement familière, premièrement parce que ni l'auteur ni ses invités ne s'embarrassent de jolis mots et deuxièmement parce que tout ce qui s'est passé est tellement hallucinant et infect qu'il est difficile de s'empêcher d'utiliser des mots aussi moches que les actions commises par tous les pourris qui ne comprenaient rien à leur job mais qui étaient quand même payés des millions pour faire n'importe quoi.

Ce livre permet d'appréhender un moment grave de ce début de 21ème siècle ainsi que d'ouvrir les yeux sur un monde fermé qui continue d'attirer les foules qui aiment se faire du fric sur le dos des autres en manipulant leur argent.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          273
Classe tous risques

Une série de nouvelles, portant sur des peurs en avion… Des nouvelles d’un intérêt inégal, certaines datant du début du 20e siècle, certaines avec des monstres fantastiques ou des voyages dans le temps.



Au final, pas beaucoup d’angoisse pour moi dans ces nouvelles, mais l’évocation des voyages en avion me rappelle que même s’il n’y a pas de créatures fantastiques dans ma vie, ça ne va pas toujours bien… et que selon mon expérience, le vol peut générer son lot des petites peurs… .



- À l’aéroport, la peur d’être en retard, de manquer son avion parce que les files d’attente pour les mesures de sécurité sont trop longues…



- Peur d’avoir égaré quelque chose en route, le passeport ou la carte de crédit… et entendre soudain son nom dans les haut-parleurs, car on a vraiment oublié un sac au comptoir de fouille…



- Peur que le vol soit retardé à cause d’une panne, du brouillard, de la neige, du déglaçage des ailes, de la grève du zèle des manutentionnaires, ou juste parce que le pilote est pris dans un embouteillage.



- Peur que le vol soit encore et encore retardé et de devoir passer la nuit à l’aéroport…



- Avant d’embarquer, peur de la surréservation, au moment d’entrer dans l’avion, il n’y a plus de place, on doit refouler quelqu'un…



- Après avoir trouvé mon siège, peur que l’énorme personne qui remonte l’allée, soit celle qui doit prendre le siège voisin du mien, un minuscule siège de classe touriste pour les huit prochaines heures…



- Dans l’avion, peur que la turbulence ne transforme le vol en un long, long tour de montagnes russes…



- Peur que le passager à côté de moi se remette à vomir et que son sac à vomi se brise et que ça éclabousse partout…



- Peur que le gamin assis derrière moi continue de piocher dans mon dos toute la nuit…



- Peur de ne pas pouvoir atterrir à cause du brouillard et de devoir rebrousser chemin, un turbulent vol de deux heures pour revenir au point de départ…



- À l’arrivée, peur de ne pas retrouver mon bagage et devoir perdre mon trop court temps de vacances à racheter l’essentiel.



- Dans le taxi à minuit, une autre sorte de peur, lorsque le chauffeur écoute à la radio, une ligne ouverte sur les problèmes de sexe et qu’ensuite il avoue ne pas trouver l’adresse demandée…



(Et aujourd’hui, j’aurais sans doute peur du passager derrière qui n’arrête pas de tousser et de propulser des virus…)



Et il n'y a pas que l'avion, encore un peu et j’aurais peur que personne ne lise cette stupide critique jusqu’au bout…

Commenter  J’apprécie          252
The Premonition

Après d'autres scandales, Michael Lewis revient sur le fiasco de la gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités américaines...



Le synopsis était alléchant, le contenu est un peu décevant. Il s'avère que le sous-titre de l'ouvrage (A Pandemic Story) a toute son importance car effectivement, ce qui est développé ici n'est qu'une histoire parmi toutes les autres qui constituent cette triste période où le monde s'est littéralement arrêté.

Néanmoins, certains faits rapportés restent absolument édifiants et atterrants. Pour ma part, j'avais été attirée par l'espoir d'en lire plus sur les affres commises par le président Trump (au nombre considérable et passablement inchiffrable). Cet ouvrage s'intéresse plutôt au maigre et franchement éparpillé corps scientifique qui a agi dans l'ombre de la Maison Blanche, du CDC et des institutions de santé publiques pour tenter de limiter au début de la pandémie les inévitables futurs dégâts qu'elle allait causer. Le lecteur apprend le parcours de plusieurs médecins et figures de la santé américaine qui avaient vu les choses venir (d'où la "prémonition" du titre), notamment en analysant des données sur la pandémie de 1918 et créant des modèles capables d'annoncer à l'avance et entre autres les taux de contamination, ainsi que la proportion de malades et de morts.

Cette pandémie, du moins du côté des Etats-Unis, nous aura montré encore une fois que la science a toujours du mal à convaincre, et que la politique, la hiérarchie, les profits, les égos et les croyances personnelles sont plus forts que la raison et se sont durablement implantés dans le domaine de la santé qui ne devrait pourtant pas, dans la logique, être affecté par de telles considérations.

Ainsi nous apprenons que bien avant que la pandémie arrive, le gouvernement Bush avait, sous l'ordre du grand patron effrayé par la lecture d'un bouquin sur les épidémies, tenté de réfléchir (notez la formulation !) à un "plan" dans le cas d'une pandémie. Les gens n'ayant aucune idée de ce qu'il fallait faire ou même refusant de s'adresser à des professionnels, on en était arrivé, en 2006, à l'idée d'un plan pour avoir un plan sur un plan. Quelle efficacité...

Nous apprenons également que le CDC et autres représentants, dans les tout premiers mois, refusaient d'utiliser le mot de "pandémie" ; que le CDC renvoyait les représentants de santé des counties à leurs moutons en leur disant que ce n'était pas leur problème et leur demandait, entre autres via la voix du président, de "se démerder de leur côté" (super soutien du gouvernement fédéral), n'était pas intéressé par la gestion du nouveau virus pour empêcher des morts mais préférait l'étudier en mode tranquille, ne souhaitait pas s'embêter à s'occuper de tester tout le monde ou ne se pressait pas franchement les fesses pour en obtenir les résultats alors que si on teste, c'est bien pour isoler rapidement, et pas dix jours plus tard, quand le patient aura eu le temps d'infecter 3 personnes et que chacune de ces 3 personnes en aura contaminé 3 autres et ainsi de suite...

On nous révèle que malgré un réseau totalement privé qui avait pris les devants face à l'apathie du gouvernement et mis en place en Californie un laboratoire spécialisé faisant des tests et le séquençage du génome du Covid-19 et de ses rejetons mutatiques de manière rapide et surtout (révolutionnaire) GRATUITE, il s'est passé plus d'un mois sans que personne n'en profite parce que : 1. faudrait pas froisser les compagnies privées avec lesquelles on a un contrat et qui ne fonctionnent qu'au profit ; 2. le système informatique des établissements de santé N'ACCEPTE PAS, tout bêtement, le montant "0" dans la case "coût" et qu'on ne sait donc pas comment faire... Complètement hallucinant !

Et nous découvrons aussi que nombreux étaient ceux, y compris des médecins et professionnels haut-placés, qui pensaient qu'une pandémie ne pouvait se produire qu'ailleurs et que les frontières protégeaient comme par magie ; ou que le CDC a recommandé à un moment de ne pas se réunir en groupe de plus de 50 pendant une heure mais n'evisageait même pas de fermer les écoles où des gamins par centaines se côtoyaient huit heures d'affilée. La liste d'absurdités commises par les autorités américaines est longue.

Mais le nom de Fauci est utilisé deux fois ; l'épisode où Trump suggère de boire de l'eau de Javel et ce qu'ont pu et dû vivre certains responsables à la Maison Blanche pendant qu'il faisait le fanfaron et racontait que tout allait bien ne sont absolument pas mentionnés. C'est vraiment ici l'histoire de certains protagonistes qui avaient compris bien en amont que les Etats-Unis allaient droit dans le mur si une pandémie frappait à la porte et qui avaient pourtant fait tout ce qu'ils pouvaient pour pénétrer le système de santé complètement dégénéré du pays afin d'aider et de préparer au mieux. Si on lit pour voir comment tout a commencé à merder, alors c'est une lecture intéressante. Si on lit pour en savoir plus sur le Covid façon Trump, mieux vaut passer son chemin.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          190
Le casse du siècle

Brad Pitt, Steve Carell, Christian Bale, Ryan Gosling. tous les quatre sont à l'affiche de la comédie "The Big Short" de Adam McKay qui se propose de décrypter les racines complexes de la dernière crise financière.



Le film est l'adaptation du roman Le Casse du siècle écrit par journaliste Michael Lewis, ancien investisseur pour une banque , qui nous plonge au coeur de la crise financière de 2008. L'auteur nous depeint à travers son ouvrage les exces qui ont menés le monde au bord du chaos économique et comment un tout petit groupe d'investisseurs a anticipé bien avant tout le monde l'explosion de la bulle immobilière et a tiré profit cet aveuglement généralisé pour faire fortune.Grace à l'éditeur POINTS et au distributeur Paramounts Pictures, j'ai des livres et des places de cinéma pour voir The Big Short à vous offrir.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          160
Classe tous risques

Le piège quand on est (un peu) (beaucoup) obsédée par un auteur, c'est de se ruer sur tout ce qui porte son nom, sans se préoccuper vraiment du contenu. Je pensais donc lire un recueil de nouvelles écrites par le maître de l'horreur... et pas tout à fait ! Avec l'aide de Bev Vincent, Stephen King a rassemblé des textes d'auteurs morts ou vivants autour d'un thème commun : les voyages en avion. L'auteur du Maine n'est pas à l'aise dans les airs, et c'est un euphémisme ! « Vous avez le temps de méditer sur la fragilité du corps et sur ce fait irréfutable : vous finirez par redescendre. » (p. 6)



Parmi les auteurs réunis dans cette anthologie, vous trouverez Richard Matheson, Arthur Conan Doyle ou encore Peter Tremaine. Et pour les histoires, si vous aimez vous envoyer en l'air et en crever de peur, vous serez servis ! Sous le haut patronage du roi des frissons, aucun vol n'est une promenade de santé... Attachez votre ceinture, repérez les issues de secours et c'est parti !



Dans cette anthologie, vous trouverez :

Une cargaison composée de cercueils d'enfants ; Des créatures volantes extraordinaires ; Un monstre qui démonte l'aile de l'avion à 20000 pieds d'altitude ; Un passager qui sait qu'un accident va avoir lieu et ne peut pas l'empêcher ; Un homme seul dans un avion ; Une marchandise dangereuse dans la cabine ; Une équipe de choc qui prend les commandes quand nécessaire ; Des événements tragiques survenant au sol et compromettant l'atterrissage ; Un homme volant dans l'antique empire de Chine ; Des zombies ; Un passager mort dans les toilettes de l'avion ; Un expert en turbulences ; Une femme qui tombe d'un avion en vol.
Commenter  J’apprécie          150
Classe tous risques

Encore un super recueil, co-édité cette fois par Stephen King et Bev Vincent. Plus jamais vous n'aurez l'esprit tranquille en envisageant de prendre l'avion après avoir lu ces nouvelles. Bon, moi je ne l'avais déjà pas avant, alors imaginez.

Les histoires contenues dans ce recueil, dont la liste est reprise en 4e de couverture, sont écrites par des auteurs plus ou moins connus. Bien entendu, les plus connus font des merveilles, mais les autres ne déméritent pas, j'ai beaucoup aimé également leurs récits. Et notre Stephen (pas national mais presque) a introduit des touches d'humour, aussi bien dans sa préface que dans sa propre nouvelle. Et je dirais ouf, ça fait du bien.

Les récits sont subtilement agencés de manière à ce qu'on ne ressente pas d'angoisse permanente, et c'est un plus, parce que ça nous évite l'overdose d'apnée. de plus, chaque histoire est précédée d'une petite introduction sympathique pour la présenter sans en gâcher le suspense.

En bref, oui mon avis est souvent bref, lisez-le. Je ne dis pas que tous les récits relèvent de la haute voltige (encore qu'en avion, ma foi...) mais certains valent vraiment le détour et permettent de découvrir de nouveaux auteurs et d'aimer encore plus ceux qu'on connaît déjà.

Titre original Flight or Fright.
Commenter  J’apprécie          140
Classe tous risques

Comme tout recueil de nouvelles il y'a du bon et du moins bon.

J'ai clairement été attiré par l' auteur mis en avant sur la couverture, à savoir Stephen King.

Une seule nouvelle m'aura réellement marquée. Pour les autres malheureusement j'ai eu beaucoup de mal à m'accrocher, alors même que le thème est fait pour être anxiogène.

Livre que je mets entre parenthèse pour le moment (il doit me rester deux nouvelles à lire) et que je terminerai peut être un jour, ou pas.
Commenter  J’apprécie          142
Le casse du siècle

Wall Street, univers étrange, mystérieux, un peu magique pour les non-initiés. C’est avant tout une place dangereuse où se brassent des millions, voire des milliards de dollars chaque jour, chaque heure. Les traders spéculent et enregistrent des gains ou des pertes considérables, des sommes qu’il est presque impossible d’imaginer tant leurs montants sont extravagants. Ces hommes ne sont pas corrompus, mais incapables de bien gérer les capitaux qui leur sont confiés. Et ces capitaux, ce sont des maisons, des crédits contractés par les classes moyennes. Entre montages financiers, mécanismes illusoires et cercles vicieux, le marché se tend jusqu’à l’explosion. Rares sont ceux qui ont anticipé le désastre, mais ils ont su, pour certains, en profiter. « Un petit nombre de personnes – plus de dix, moins de vingt – paria directement contre le marché des subprimes, qui valait des milliers de milliards de dollars, et, par extension, contre le système financier dans son ensemble. Ce qui était en soi un fait remarquable : la catastrophe était prévisible, et pourtant seule une poignée de gens s’en rendait compte. » (p. 162) Tout paraît trop gros, trop invraisemblable. Comment tous les spécialistes ont pu passer à côté de ça ? La question reste encore en suspens. Steve Eisman, Michael Burry, Greg Lippmann et Ben Hockett sont les héros de ce récit, mais des héros sans armure et dont la victoire est contestable si on se place du côté de la morale, mais écrasante si on se place du côté de la finance.



J’ai bien compris toute cette mécanique en lisant, mais je serai bien en peine de l’expliquer. Tout le monde a entendu les noms suivants : Goldman Sachs, J. P. Morgan, Salomon Brothers, Moody’s. Savoir précisément ce qu’ils représentent et ce qu’ils dissimulent est une autre affaire. Dans son analyse, Michael Lewis est précis. Il n’accuse pas, mais il rend à chacun ses responsabilités dans l’explosion de la bulle financière américaine et la crise qui a secoué les classes les moins aisées de l’Amérique. Il y a également un certain cynisme dans ce texte. « La jeunesse américaine ne s’est jamais rebellée contre la culture de l’argent. Pourquoi prendre la peine de renverser le monde de ses parents quand on peut l’acheter puis le revendre morceau par morceau ? » (p. 18) Passionnant, effrayant et même épique, ce récit ne laisse pas indifférent !



Le film d’Adam McKay avec Christian Bale, Steve Carell, Ryan Gosling et Brad Pitt cartonne actuellement en salles, mais je ne pense pas aller le voir. J’ai eu ma dose de haute finance et de drames socio-économiques !

Commenter  J’apprécie          141
Flash boys

Je conseille ce livre à tous les passionnés d'économie et de finance, ou simplement à ceux qui ont envie d'en apprendre plus sur Wall Street et ses dérives. C'est souvent assez technique, mais très compréhensible pour le profane. Et puis si vous le lisez vous verrez que les traders et les banquiers eux-mêmes ne comprennent pas grand chose à ce qu'ils font ! C'est assez édifiant et captivant.

Commenter  J’apprécie          122
Moneyball

Peu de temps avant le début de la ligue majeure de baseball (MLB) de cette année 2023, le power ranking (classement de puissance) positionnait les Athletics d’Oakland, les A’s, à la dernière place. Dans les différentes itérations de ce classement depuis le début des matchs, les A’s sont toujours derniers, ce que reflète leur pourcentage de victoires actuel - avec un peu plus de 20%, c’est le plus mauvais pourcentage des trente équipes engagées.



Avec de tels résultats, les A’s auraient bien besoin de retrouver les « recettes » stratégiques décrites dans le livre de Michael Lewis, Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game.



Dans Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game, non traduit en français mais adapté au cinéma sous le titre Le stratège, Michael Lewis explique comment les A’s ont modifié la façon de recruter les différents types de joueurs d’une équipe de baseball en se basant notamment sur les statistiques. Rejetant une approche traditionnelle de l’évaluation des joueurs de baseball et sous l’impulsion de Billy Beane, ancien joueur des A’s reconverti dans le management de l’équipe, les A’s ont réussi à augmenter leur pourcentage de victoires tout en ayant une masse salariale relativement faible par rapport à d’autres franchises de la MLB beaucoup plus dispendieuses comme les New York Yankees - c’est ce que sous-entend le sous-titre du livre et que ne rend pas nécessairement le titre du film en français.



Autrement dit, tout en réduisant les coûts de recrutement de l'équipe, les A’s ont amélioré la performance globale de l’équipe. Pour obtenir ce résultat, Billy Beane s’est basé sur les travaux de l’historien Bill James dans le domaine de la sabermétrie [1] et le recrutement de jeunes statisticiens qui n’avaient d’ailleurs pas nécessairement joué au baseball (en partie pour éviter les biais dans l’évaluation des différents types de joueurs composant une équipe) pour constituer des équipes performantes et à faibles coûts. Ainsi, en 2006, les A’s sont au 5ème rang pour le pourcentage de victoires et au 26ème rang pour celui de la masse salariale. Au final, dans cette période, les A’s ne sont pas devenus champions de la MLB mais ont été globalement performants à faibles coûts. En fait, l’avantage concurrentiel que les statistiques ont procuré aux A’s n’a pas été durable car d’autres franchises se sont inspirées de la stratégie des A’s pour recruter.



Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game est probablement un des livres les plus intéressants écrits sur le sport (au moins des livres que j’ai lu sur le sport). Michael Lewis montre bien comment la recherche d’une nouvelle connaissance objective sur le baseball a changé le baseball et le sport en général (l’usage intensif de la data pour recruter dans d’autres sports comme le football s’inspire de l’histoire de Billy Beane, de Bill James et de la sabermétrie). Il montre également comment les adeptes de la sabermétrie se sont opposés aux tenants traditionnels du baseball, ce que Michael Lewis appelle «  The Club » - c’est en partie une histoire d’innovateurs s’opposant aux tenants de la tradition.



Très facile à lire [2], Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game est davantage qu’un livre sur le baseball et le sport : c’est également un livre de management et sur l’innovation et qui permet de mieux comprendre l'usage de la statistique.



Une lecture hautement conseillée même si le baseball ne vous passionne pas !



[1] Sabermétrie vient de la Society for American Baseball Research (SABR). Bill James définit la sabermétrie comme la « recherche de la connaissance objective sur le baseball ».



[2] Il n’y a pas de statistiques dans le livre. Le seul investissement du lecteur non féru de baseball sera de se familiariser quel que peu avec le jargon du baseball.
Commenter  J’apprécie          110
Le casse du siècle

Edifiant. Assez technique par moments, mais je pense que l'auteur ne pouvait pas faire autrement. Un bon livre pour s'initier à la crise des subprime, c'est romancé, mis à hauteur d'homme et on en ressort abasourdi. L'auteur a un vrai talent pour rendre captivante la finance.
Commenter  J’apprécie          100
The Undoing Project

The Undoing Project: A Friendship that Changed Our Minds est mon deuxième livre de Michael Lewis - le premier est Moneyball: The Art of Winning an Unfair Game, adapté au cinéma sous le titre le Stratège avec Brad Pitt et Philip Seymour Hoffman.



Dans les deux cas, le choix de la lecture vient du sujet traité : dans celui-là, l'histoire de Daniel Kahneman et Amos Tversky, deux psychologues qui ont révolutionné entre autres l'économie et la psychologie et, dans celui-ci, celle de Billy Beane, ancien joueur de baseball et manager général des Oakland Athletics qui a révolutionné le baseball en premier lieu puis le sport avec l'usage des datas.



Bien que les deux sujets soient partiellement liés, Michael Lewis ne fait pas de lien entre ses deux livres publiés respectivement en 2003 et 2016 et non traduits en français à cette date - dans The Undoing Project: A Friendship that Changed Our Minds, lorsqu'il évoque le sport, c'est de basketball dont il est question.




Concentrons-nous ici sur The Undoing Project: A Friendship that Changed Our Minds qui raconte la collaboration et l'amitié entre Danny (Kahneman) et Amos (Tversky) - une amitié et une collaboration leur ayant permis de révolutionner plusieurs domaines de la psychologie et de l'économie dans plusieurs articles académiques.



Kahneman et Tversky ont notamment travaillé sur la question de la décision (dans l'incertain) (montrant pourquoi nous prenons de mauvaises décisions) en mettant en avant plusieurs biais cognitifs (voir le livre de Kahneman, Système 1 : Système 2 : les deux vitesses de la pensée), sur la théorie des perspectives à l'origine de l'économie comportementale et de la finance comportementale. En 2002, Daniel Kahneman recevra le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel pour la théorie des perspectives sans Amos Tversky décédé d'un cancer en 1996 - le prix n'est pas décerné à titre posthume.



Michael Lewis diffuse ici et là dans son récit certains des résultats de Kahneman et Tversky - le tout reste très largement abordable et ne nécessite pas de compétences particulières en économie et/ou en psychologie - mais c'est surtout sur la collaboration et l'amitié entre Kahneman et Tversky que Michal Lewis concentre son récit. [Autant je connaissais l'aspect scientifique pour avoir étudié l'économie pendant quelques années, autant je ne connaissais pas grand chose de la vie des deux psychologues].



A priori, rien ne destinent Danny et Amos très dissemblables - « Danny was a pessimist. Amos was not merely an optimist ; Amos willed himself to be optimistic, because he has decided pessimism was stupid. When you are a pessimist and the bad thing happens, you live it twice, Amos like to say. Once when you worry about it, and the second time when it happens. » (p. 155) - à une telle collaboration et une telle amitié - une sorte d'amour s'établira même entre les deux



Pourtant, dès leur première rencontre, tout se passe comme si une nouvelle entité était née : Kahneman et Tversky - « Amos wrote an article, addressed directly to economists, to repair technical flaws in prospect theory. "Advances in Prospect Theory", it was called, and though Amos did much of the work on it with his graduate student Richard Gonzalez, it ran as a journal article by Danny and Amos. "Amos said that it had always been Kahneman and Tversky and that this had to be Kahneman and Tversky, and that it would be really strange to add a third person to it", said Gonzalez. (p. 322).



L'amitié entre Danny et Amos va durer jusqu'à se distendre pendant un temps - sur fond de recrutement dans des universités américaines différentes et de reconnaissance individuelle pour l'un (Kahneman) et l'autre (Tversly) plutôt que pour l'entité (Kahneman et Tversky) - pour reprendre lorsqu'Amos apprendra sa maladie (un cancer). [Cette partie-là du livre de Michael Lewis est très émouvante].



Dans The Undoing Project: A Friendship that Changed Our Minds, délaissant les apports des deux psychologues, Michael Lewis raconte principalement leur rencontre en Israël à l'Université hébraïque de Jérusalem, leurs implications respectives auprès de Tsahal, leur participation à la guerre des 6 jours et à celle du Kippour, leur départ pour les Etats-Unis et leur retour en Israël et leur collaboration féconde et prolixe.



Un grand livre sur une très belle amitié !
Commenter  J’apprécie          70
Classe tous risques

Un recueil de nouvelles assez inégales qui nous plonge dans le milieu aérien, bien souvent exploité au cinéma, moins dans le milieu littéraire.



C'est donc Stephen King et Bev Vincent qui ont choisi pour nous des nouvelles variées pour nous faire ressentir les angoisses que l'ont peut imaginer et ressentir quand on est dans un tube métallique à 10 kilomètres au dessus du plancher des vaches (je ne suis pas fan des voyages en avion).



Du récit fantastique (monstres volants, zombies, voyage temporel…) à l'enquête policière en passant par quelques thriller, les auteurs sont variés (Arthur Conan Doyle, Dan Simmons, Ray Bradbury…) et certaines de leurs histories sont marquantes ("Deux minutes quarante cinq secondes, "Raid aérien", "Meurtres dans les airs"), d'autres assez vite oubliables…

Commenter  J’apprécie          60
Classe tous risques

Mitonnée par Stephen King et Bev Vincent, cette anthologie rassemble des récits sur le thème de l'avion…Comme le titre original est "flight or fright", on se doute que les voyages proposés vont mal se passer. Bref une lecture pas vraiment conseillée pour les aérophobes…Comme toute (bonne) compilation thématique qui se respecte, le bouquin comprend des classiques, des incontournables et des textes plus méconnus, voire rédigés spécialement pour cette occasion.

On trouve ainsi "L'horreur des hauteurs", une nouvelle écrite aux tous débuts de l'aviation (en 1913) par Arthur Conan Doyle et l'inévitable "Cauchemar à 20 000 pieds" de Matheson. Un récit très connu, adapté pour la série télévisée "La quatrième dimension" (et son penchant cinéma réalisé par George Miller) mais toujours agréable à (re)lire. Autre classique, "Raid aérien", de John Varley (adapté à l'écran sous le titre "Millénium" reste une excellente dystopie à base de terre polluée et de voyages dans le temps. Ray Bradbury se montre lui aussi de la partie via « La machine volante », un classique de 1953.

Le vétéran E.C. Tubb livre également l'intéressant "Lucifer" tandis que, parmi les plus jeunes, on signale Tom Bissell. Sa longue et percutante "Cinquième catégorie" convoque le thème très actuel de la légitimité de la torture dans la lutte contre le terrorisme. Beaucoup plus courte mais néanmoins réussie, "Deux minutes quarante-cinq secondes" de Dan Simmons démontre que l'auteur, spécialisé dans les textes très (mais alors très!) longs est capable de briller en moins de dix pages. Joe Hill mérite lui-aussi sa place avec l’excellent et complètement nihiliste « Vous êtes libres » au sujet des passagers d’un avion rattrapés par une guerre nucléaire.

Au milieu de ces récits fantastiques et de science-fiction, les anthologistes glissent une variante du meurtre en chambre close concoctée par le spécialiste Peter Tremayne, le bien nomme « Meurtre dans les airs » sur le thème des « WC étaient fermés de l’intérieur ».

Les deux anthologistes proposent de leur côté deux textes efficaces, l’amusant « Des zombies dans l’avion » pour Vincent et le très parano « L’expert en turbulences » pour le King.

Au final, une excellente anthologie puisque la quasi-totalité des nouvelles proposées sont au pire simplement intéressantes (à titre historique) et, pour la plupart, très réussies et agréables à lire.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          50
Classe tous risques

Un recueil de nouvelles de nombreux auteurs, rassemblées par Stephen King et Bev Vincent, sur le thème des avions.



▪︎ La Cargaison, de E. Michael Lewis : 4/5

▪︎ L'horreur des hauteurs, d'Arthur Conan Doyle : 2/5

▪︎ Cauchemar à vingt mille pieds, de Richard Matheson : 4/5

▪︎ La machine volante, d'Ambrose Bierce : 1/5

▪︎ Lucifer !, de E.C. Tubb : 3/5

▪︎ La cinquième catégorie, de Tom Bissell : 3/5

▪︎ Deux minutes quarante-cinq secondes, de Dan Simmons : 1/5

▪︎ Diablitos, de Cody Goodfellow : 3/5

▪︎ Raid aérien, de John Varley : 3/5

▪︎ Vous êtes libres, de Joe Hill : 5/5

▪︎ Oiseaux de guerre, de David J. Schow : abandonnée

▪︎ La machine volante, de Ray Bradbury : 4/5

▪︎ Des zombies dans l'avion, de Bev Vincent : 4/5

▪︎ Meurtre dans les airs, de Peter Tremayne : 5/5

▪︎ L'expert en turbulences, de Stephen King : 4/5

▪︎ La chute, de James Dickey : 1/5



Comme toute anthologie, certaines histoires nous marquent plus que d'autres.

J'apprécie ce format car il me permet toujours de découvrir la plume d'auteurs que je n'avais encore jamais lus auparavant.



J'ai toutefois lu en diagonale ou abandonné certaines car je n'accrochais pas du tout.
Lien : http://unjour-unlivre.fr/cla..
Commenter  J’apprécie          50
Classe tous risques

Quelle déception.





Moi qui croyais trouver un roman de suspense ou d'horreur de Stephen King dans un avion, je trouve uniquement un recueil de nouvelles liées par la même thématique, l'aviation. Ces nouvelles viennent essentiellement du siècle dernier, certaines ont été écrites lors de la naissance de cette discipline.





Mais pas de Stephen King. Les seuls liens avec le maître de l'horreur sont son introduction de ce livre et une nouvelle (une des meilleures) nouvelle de son fils Joe Hill.





Il n'y aurait rien à reprocher à la qualité des nouvelles, c'est même une sélection originale et intéressante que de voir la perception de l'avion au fil du temps. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir une ressenti de tromperie d'avoir mis en avant le nom d'un auteur pour au final ne rien trouver de lui.





Intéressant mais trompeur.
Lien : https://quoilire.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          50
Le casse du siècle

La crise financière de 2007 porte un nom. Celle des subprime. Elle provoque la secousse économique la plus importante depuis la crise de 1930. Comment tout un système financier peut-il s’effondrer aussi brutalement ? Et surtout pouvait-on ignorer la faille dans le système ? Les réponses se trouvent dans ce livre passionnant écrit en 2010 par Michael Lewis, lui-même ancien financier.



Suivant quatre angles différents, Lewis décrypte la machine infernale du point de vue de ceux qui avaient anticipé le risque insensé pris par tous les acteurs de la chaine depuis des années aux États-Unis. Seuls des personnages atypiques et quasi marginaux ou profondément cyniques pouvaient (voulaient) parier contre le marché et anticiper qu’il y avait quelque chose de pourri dans ce marché immobilier mirobolant.



La critique est plus forte qu’elle provient de l’intérieur du système. Les portraits savoureux de ces outsiders sont à eux seuls de bonnes raisons de lire cet ouvrage. À travers leur doutes, leurs propres tribulations et enquêtes pour percer le mystère – ou plutôt l’aberration – de ce système, se déploie une fresque étourdissante où les concepts financiers s’enchaînent et sont expliqués en un langage qui se veut compréhensible.



Arnaque collective, où le voleur et le volé sont difficiles à distinguer l’un de l’autre, cela s’apparente à ce tableau de Pieter Brueghel l’Ancien où des aveugles avancent en se tenant en file indienne mais qui chutent fatalement sur le bas côté d’une route sinueuse, l’un après l’autre. Une bonne parabole pour décrire au fond le mécanisme des CDO, machines financières infernales.



En début de circuit, le système repose sur des crédits immobiliers risqués (en fait : totalement pourris) aux Etats-Unis. Ces crédits sont revendus au plus vite par les banques à des investisseurs financiers sous forme de portefeuille titrisés, puis sous forme de CDO.



Pour que cela marche, il faut la bénédiction des agences de notation et dans ce cas l’investisseur financier peut se dire : hum ! en fait, ce crédit pourri l’est beaucoup moins qu’on le pense car il est mélangé à un tas d’autres tout aussi foireux, seulement tous ne vont pas se trouver en défaut de paiement au même moment, pas vrai ? Comme si ces risques n’étaient pas corrélés…



Étape ultime, proposer à l’investisseur une couverture. Non contentes de gagner de l’argent en fabriquant ces produits délétères, reposant sur les actifs tout aussi nauséabonds, ces banques d’investissements sont prêtes à assurer le risque des investisseurs pour une somme dérisoire mais qui rajoute une jolie cerise sur le gâteau des trading desks. En se faisant payer 28 centimes, les grands banques US comme Morgan Stanley, Goldman Sachs, Bear Sterns couvrent le risque d’un CDO représentant une valeur de 100 dollars.



À Wall Street, avant la crise, une banque comme Morgan Stanley générait 20% de ses profits avec les traders obligataires qui jouaient sur les dérivés de crédit.



Donc le régulateur n’a rien trouvé à redire, les agences de notation attribuent les meilleurs notations à des structures supra risquées, et les banques sont persuadées que jamais le marché résidentiel ne pourra faillir. Quel juteux business monté sur le dos des propriétaires les moins solvables des États-Unis ! Dès lors, qui est prêt à acheter ces couvertures ?



Il y a eu ces fous qui ont parié sur la baisse en achetant cette assurance sans même avoir investi dans les actifs concernés. Cela parait aussi insensé que de vouloir assurer une Ferrari dont on ne dispose même pas. Et pourtant…



Parmi ces fous, il y avait Michael J. Burry, un borgne, ancien interne, à la tête de son fonds Scion Capital. Steve Eisman, investisseur à la parole incontrôlable au sein d’un autre hedge fund. Un trader de Deutsche Bank absolument cynique et purement commandé par ses bonus, Greg Lippmann. Un trio improbable composé de Jamie Mai, Charlie Ledley et Ben Hockett, considérés par Wall Street comme de purs pieds nickelés.



Bien sûr, ils n’étaient sans doute pas les seuls (en fait, il fallait accepter de lire les contrats de crédit faits aux particuliers, étudier les taux de défaut, faire preuve de bon sens et avoir l’esprit de contradiction, bref être rasoir, analytique et… aimer l’argent !). Mais ce sont les quelques personnes insensées que Michael Lewis a choisi de raconter pour décrire la crise.



Chacun suivant son propre chemin va arriver à la certitude d’une part que ce système financier est corrompu et d’autre part qu’il serait stupide en conséquence de ne pas parier sur sa faillite.



Et c’est ce qui arrive en 2007.



Les aveugles en tête de file glissent dans l’ornière : les particuliers n’honorent plus leurs crédits. Alors les caissons étanches du Titanic financier ne fonctionnent pas comme attendu : les crédit faisant défaut, les ABS, les CDO, les CDS sont impactés en suivant. Il faut passer à la caisse et verser à ceux qui ont « shorté » le marché l’argent qui leur est dû…



Quand la sanction arrive, les banques renâclent. Elles ne veulent pas valoriser leurs pertes. Mais à la fin, elles payent, ou elles tombent. L’une après l’autre. Lehman Brothers disparait pour toujours. D’autres, plus chanceuses, seront rachetées.



Après avoir mené une véritable croisade contre le système, Burry, Eisman, Mai et ses comparses vont se retrouver pantois en voyant ces grands fauves de la finance balayés subitement, tels les dinosaures après le Grand Impact.



La vraie cause de tout ça ? Une responsabilité individuelle et collective : l’argent, motif suffisant pour ne pas ouvrir les yeux et chaque étage de la fusée profitait d’un gain appréciable qui entretenait l’illusion. La bêtise de tous les maillons de la chaine, incapables de comprendre ce qu’ils faisaient et notamment l’usage de dérivés de crédit. Pour finir, le cloisonnement mortel des produits financiers qui empêche d’avoir une vision globale et synchronisée.



Il y a dans le livre, à la fin, ce moment étonnant, où assis sur les marches de Saint Patrick à New York, Eisman et son équipe observent la foule des passants, encore inconscients du cataclysme qui va inévitablement les toucher : des personnes ruinées et qui ne le savent pas encore.



La morale de l’histoire ? Eh bien, c’est qu’il n’y en a pas vraiment. Même les perdants vont y trouver leur compte. Quant aux gagnants, leur fortune faite, la victoire morale est paradoxalement amère. Car en jouant contre le marché, ils avaient aussi contribué à « nourrir le monstre ».



Un excellent livre. Une bible pour tous les financiers et pour ceux qui veulent comprendre le monde de la finance américaine.







T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
Commenter  J’apprécie          53
Le casse du siècle

EXCELLENT ! rien à dire de plus, ce livre est passionnant, édifiant et un point de vue sur la crise unique. Pour quelles raisons ce point de vue est unique ?

- Ce livre n'est pas un ouvrage économique. On ne nous prend pas par la main pour nous dire voici ce qu'est un subprime un CDS un prêt hypothécaire pourri. Nous suivons le parcours de manière surprenante de quelques personnages dont pour certains rien ne prédisposait à mettre les pieds dans le monde de la finance. Ce livre est le récit de ce qu'ils ont vécu, découvert, et le récit de leur plongée partie prenante dans le monde de la finance folle des deux dernières décennies. Et ils n'en sont pas sortis indemnes.

- Ce qui rend son point de vue unique aussi est qu'on se place du côté des "shorters" c'est à dire ces quelques investisseurs visionnaires qui ont vu la folie qui s'était emparée des marchés financiers et qui ont "misé" sur l'effondrement de ce château de cartes et sont repartis les poches pleines mais la conscience entachée...En effet, ces témoignages sont précieux dans la mesure ou ceux qui ont misé sur l'effondrement de ce marché et se sont donc enrichis n'ont pas forcement gardé la conscience tranquille d'avoir fait fortune sur le dos de la plus grosse crise financière de ce début de millénaire. Leur point commun: ils ont tous commencé humblement par croire qu'ils ne comprenaient pas tout et que quelque chose devait leur échapper, alors ils ont étudié, lu analysé et cherché dans le détail le fondement du marché des subprimes, c'est à dire ce pari fou de prêter de l'argent à des emprunteurs non solvables, hérésie non seulement pour un banquier mais également pour n'importe quel quidam censé. Ensuite ils ont pendant des années interrogé, rencontré les acteurs de cette folie en se disant qu'ils avaient du louper quelque chose, que derrière les sigles barbares CDS, CDO, Mezzanine slice, se cachait quelque chose de plus complexe et de plus sioux expliquant ce qui pouvait de prime abord apparaître comme une arnaque monumentale, bancale vouée à exploser dans les mains de tout ceux qui les posséderaient.

Qui sont ils ? Une poignée de visionnaires, atypiques, moqués même par le monde financier des dernières décennies, moqués par ceux même qui ont crée la folie qui a faillit tout emporter avec elle. Ce n'a été qu'au prix d'une aide massive et inégalée des états (avec les répercussions dramatiques que l'on connait) que l'économie et les banques ont pu être sauvées, pour le meilleur et peut être plus malheureusement pour le pire...
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michael Lewis (325)Voir plus

Quiz Voir plus

Le chameau dans « Sel », de Jussi Adler-Olsen (indices gratuits)

Cet homme avait constamment des chameaux dans la ...?... Pas d'indice

poche
tête

10 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Sel de Jussi Adler-OlsenCréer un quiz sur cet auteur

{* *}