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Critiques de Paul Verlaine (240)
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Poèmes saturniens

" Le Poëte, l'amour du Beau, voilà sa foi,

L'Azur, son étendard, et l'Idéal, sa loi ! "

Vous aurez reconnu ici deux des vers du prologue, qui résument avec une assez grande fidélité (de même que l'épilogue), la profession de foi d'un de nos plus grands poètes, toutes époques confondues, et du XIXème, assurément.



À la lecture de ces pages, Verlaine se révèle être le poète de la cadence, voire de la scansion. Une rythmique incomparable, différente de celle de ses contemporains ou de ses proches aînés du Grand Siècle Romantique. Jugez plutôt :



" Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main

Et fais-moi des serments que tu rompras demain, "



" D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre [...] "



" Et son âme d'enfant rayonnait à travers

La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts. "



" Nuit mélancolique et lourde d'été,

Pleine de silence et d'obscurité,

Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure

L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure. "



" Lançant dans l'air bruni son cri désespéré,

Son cri qui se lamente et se prolonge, et crie,

Éclate en quelque coin l'orgue de Barbarie :

Il brame un de ces airs, romances ou polkas,

Qu'enfants nous tapotions sur nos harmonicas

Et qui font, lents ou vifs, réjouissants ou tristes,

Vibrer l'âme aux proscrits, aux femmes, aux artistes.

C'est écorché, c'est faux, c'est horrible, c'est dur,

[...]

Les notes ont un rhume et les do sont des la,

Mais qu'importe ! l'on pleure en entendant cela ! "



Vous l'aurez compris également, chez Verlaine, Paris rime avec pourris et la Seine avec malsaine. On est bien dans l'esprit mi-spleen, mi-décadence, entre Baudelaire et Huysmans.



Bien évidemment, tout n'est pas, tout ne peut pas être, aussi fin, sobre et relevé (personnellement j'aime un peu moins les poèmes sur les personnages historiques) que sa sublime Chanson d'Automne, dont les sanglots longs, difficilement égalables, n'ont pas fini de s'en aller, au vent mauvais, frapper à notre cœur, ou à défaut, notre âme. Mais lorsque vous achetez un album musical, pouvez-vous prétendre que chaque titre vous envoûte ? Alors ici, faites de même, et quoi qu'il en coûte, goûtez tous ces poèmes ...



" Et dans une harmonie étrange et fantastique

Qui tient de la musique et tient de la plastique "



C'est volontairement aujourd'hui que je me suis effacée derrière l'auteur lui-même, car il est et restera toujours son meilleur défenseur. Si vous aimez quand le verbe se fait musique, quand la langue disparaît derrière des accords majeurs, alors c'est pour vous que Verlaine a écrit. Mais cela, bien sûr, n'est que mon petit avis sur de la grande poésie, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Poèmes saturniens

On a souvent acclamé la précocité de Victor Hugo et d’Arthur Rimbaud, mais on ne mentionne que rarement celle de Verlaine, lui aussi poète à seize ans voire à quatorze ans (le poème intitulé "La Mort" de 1858, le choix du sujet annonçait déjà une certaine maturité). De même que lorsqu’on parle de Verlaine c’est pour discuter surtout de sa relation tumultueuse avec Rimbaud (qui a duré tout au plus quatre à cinq ans), une relation que je résume peut-être à sa petite contribution à l’Album zutique, car pendant cette période, aucun recueil ne paraît. Autre caractéristique qu’on ne cesse de répéter quand on parle de tous ses recueils est sa musicalité. On cite toujours ce vers célèbre qui est devenu une marque indélébile sur la réputation du poète :



De la musique avant toute chose.



En 1866, paraît son premier recueil. Il avait auparavant publié quelques poèmes dans le Parnasse contemporain. Le recueil des "Poèmes saturniens" divisé en sections comme "Les Fleurs du mal" comporte des pièces hétéroclites. On peut le qualifier de plurivoque. Il incarne parfaitement cette diversité extraordinaire de la poésie verlainienne qui est une expérience singulière dans la poésie française du siècle. Verlaine tout au long de sa carrière de poète n’a cessé d’écrire des arts poétiques ("Le Prologue" et "L'Épilogue" du recueil, "Art poétique" dans "Jadis et Naguère", ou encore "Prologue d’un livre dont il ne paraîtra que les extraits ci-après" dans "Parallèlement") et de positionner sa poésie à chaque fois dans une vague différente (les parnassiens, les symbolistes). Il assume volontiers son admiration et son respect pour les Maître et la Tradition, et revendique son apport nouveau, sa touche personnelle, sa "petite manière" qui le mèneront vers l’éternité :



Afin qu’un jour, Le chef-d’œuvre serein,

Fasse dans l’air futur retentir notre nom.



Cette maîtrise paraîtra dans des pièces comme "La Mort de Philippe II" (veine hugolienne) ou "Çavitri" (inspiré des poèmes de Leconte de Lisle). Certaines idées qu’on retrouve à la fin du "Prologue", figurent déjà dans la préface aux "Poèmes antiques" de Leconte de Lisle. L’autre grande source d’inspiration, on le sait tous est sans doute "Les Fleurs du mal". Les grands poèmes de ce recueil sont teintés de spleen et de nostalgie (la section "Melancholia"). Ces poèmes constituent un effort vers l’Expression, vers la Sensation rendue comme il l’annonce à son ami Mallarmé.



Placé au début du recueil, le poème "Les sages d'autrefois" nous rappelle l’histoire fantastique de ce "Chevalier double" de Gautier, mais cette fois notre chevalier Verlaine a subi l’influence maligne d’un seul astre; Saturne. Il a eu une "bonne part de malheur et bonne part de bile. Alors que l’Imagination, inquiète et débile, vient rendre nul en eux l’effort de la Raison". Vient ensuite ce fameux "Prologue" où Verlaine nous explique son choix poétique et la position qu’il prend :



Le Poète, l’amour du Beau, voilà sa foi,

L’Azur, son étendard, et l’Idéal, sa loi !

Ne lui demandez rien de plus, car ses prunelles,

Où le rayonnement des choses éternelles

A mis des visions qu’il suit avidement,

Ne sauraient s’abaisser une heure seulement

Sur le honteux conflit des besognes vulgaires,

Et sur vos vanités plates ; et si naguères

On le vit au milieu des hommes, épousant

Leurs querelles, pleurant avec eux, les poussant

Aux guerres, célébrant l’orgueil des Républiques

Et l’éclat militaire et les splendeurs auliques.

Sur la kitare, sur la harpe et sur le luth,

S’il honorait parfois le présent d’un salut

Et daignait consentir à ce rôle de prêtre

D’aimer et de bénir, et s’il voulait bien être

La voix qui rit ou pleure alors qu’on pleure ou rit,

S’il inclinait vers l’âme humaine son esprit,

C’est qu’il se méprenait alors sur l’âme humaine.



"Melancholia" comporte les poèmes (sept sonnets et un sonnet inversé) les plus prisés du recueil. Le titre (et même le contenu) nous rappelle ce fameux vers de Nerval "le soleil noir de la Mélancolie". Verlaine lui aussi est ténébreux, veuf et inconsolé :



(…) le gémissement premier du premier homme

Chassé d’Éden n’est qu’une églogue au prix du mien !



Verlaine change de ton dans la section suivante et rappelle cette alchimie qui existe entre peinture et poésie (lui qui était un dessinateur) et célèbre l'art de l'eau-forte. Ces impressions exprimées et ces sensations rendues apparaissent dans la troisième section "Paysages tristes". Ici apparaît sa musicalité dans des poèmes comme "Soleils couchants" ou "Chanson d’automne" :



Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur

Monotone.



"Caprices" regroupe des poèmes d’une veine capricieuse et plaisante ou apparaît l’humour verlainien ("La chanson des ingénues", "Une grande dame", "Monsieur Prudhomme"). Les derniers poèmes du recueil n’appartiennent à aucune section. On appréciera des poèmes d’une grande perfection ("Nocturne parisien") où l’on devine l’apport des parnassiens avec la préciosité et la poésie impersonnelle.



L’Épilogue qui clôt le recueil est un excellent poème sur le métier de poète mélange d'inspiration ( "Ah ! l’Inspiration superbe et souveraine") et de travail acharné ("C’est l’effort inouï, le combat nonpareil, c’est la nuit, l’âpre nuit du travail").



Après vingt trois ans, dans un autre recueil intitulé "Parallèlement", apparaissent des réminiscences de cette époque saturnienne dans deux poèmes :



Dans le premier intitulé "Poème saturnien", Verlaine commence par ce vers qui décrit, peut-être, toute cette expérience verlainienne, "ce long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens" comme le décrit si bien Rimbaud :



Ce fut bizarre et Satan dut rire.



Dans le deuxième poème intitulé cette fois "Prologue d’un livre dont il ne paraîtra que les extraits ci-après", Verlaine le rappelle encore une fois :



J’ai perdu ma vie, et je sais bien

Que tout blâme sur moi s’en va fondre ;

A cela je ne puis que répondre

Que je suis vraiment né Saturnien.



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Poèmes saturniens

Verlaine est un poète qui me touche par ses mots. Ce recueil est marqué par la sensibilité et la mélancolie d'un jeune homme perdu. Verlaine réussit à exprimer ses états d'âme avec brio, il nous emmène dans un univers envoûtant et unique. Ces vers auraient été composés alors que le poète était encore au lycée. Verlaine était précoce, il a su écrire un très bel ouvrage dont les premières pages nous transportent rapidement. Chaque poème est d'une grande beauté et d'une riche profondeur. Il ne faut pas négliger ce classique de la littérature française qui est d'une sensibilité surprenante.
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Les Chats : À travers 17 textes cultes comm..

Une lecture audio qui a peiné à retenir mon attention, malgré son thème, la narration parfaite de Simon Jeannin et les commentaires intéressants de Sylvain Trias



Ces textes sont présentés chronologiquement et évoquent la manière dont le chat a été représenté dans la littérature au cours des siècles. Sylvain Trias intervient entre chacun d'eux pour les replacer dans leur contexte, commenter l'évolution de la vision du chat dans la littérature, d'un personnage souvent félon, voleur, déloyal ou pire encore maléfique à un animal auquel les auteurs vont s'attacher, qu'ils vont célébrer dans leurs textes, mais un animal qui ne renonce pas à son indépendance.



L'idée m'avait séduite, je connaissais et appréciais certains de ces textes, et pourtant les écouter n'a pas réussi à me passionner. Peut-être parce chaque texte était très court, et ne me laissait pas le temps d'apprécier l'auteur et son style. Peut-être des textes trop variés qui ne m'ont pas permis d'entrer dans l'atmosphère de ce livre audio, et je me suis surprise plusieurs fois à devoir revenir en arrière pour réécouter un extrait.



Une petite déception donc, mais qui saura sans doute séduire d'autres lecteurs-auditeurs.



Merci à NetGalley et aux éditions VOolume pour cet envoi #Leschats #NetGalleyFrance







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Chansons pour elle et autres poèmes érotiques

Ces poèmes polissons et policés sont d'une étonnante tendresse. On entre dans l'intimité non feinte du poète qui ne cherche pas à enjoliver sa passion et tous les tourments qu'elle lui cause. Libertin résigné à partager sa moitié, il ne reste au poète que les fauves relents des moites chairs en fusion sur les lattes délabrées d'une garçonnière, la célébration du chaos suave de la passion et un brin de douceur.

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Poèmes saturniens

La musicalité des vers de Verlaine est envoûtante, et ici plus qu'ailleurs encore. Il faut se laisser porter au fil des mots, tant leur beauté réside dans l'entêtante musique dont Verlaine est l'artisan.

Le poète subjugue, et au fil de ce superbe recueil, on n'est jamais lassé de la virtuosité, si ce n'est du génie, dont il fait montre ici.



Je vous fait partager ici un poème issu du recueil, et que je trouve magnifique, intitulé "Marine":



"L’Océan sonore

Palpite sous l’œil

De la lune en deuil

Et palpite encore,



Tandis qu’un éclair

Brutal et sinistre

Fend le ciel de bistre

D’un long zigzag clair,



Et que chaque lame,

En bonds convulsifs,

Le long des récifs,

Va, vient, luit et clame,



Et qu’au firmament,

Où l’ouragan erre,

Rugit le tonnerre

Formidablement."
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Fêtes galantes - Romances sans paroles (précédé d..

Il s’agit là d’une nouvelle expérience poétique pour Verlaine. Le titre annonce le ton. "Fêtes", joie et allégresse ; "galantes", badinages et cajoleries. De la poésie qui nous rappelle les amours des bergères et des bergers, naïves, folâtres et sincères. De plus, les "Fêtes galantes" sont inspirées des tableaux de Watteau et de ce genre de peinture qui naît de son initiative. Cette œuvre nous rappelle ce lien étroit entre la poésie et la peinture, cette alchimie qui a existé entre Baudelaire et Delacroix ou entre Valéry et De Vinci.



Tout cela est gai de prime abord. Or, ce n’est pas vrai. Lorsqu’on lit ces "Fêtes galantes", on ressent un goût de la mort, du malheur derrière tout cela :



Jouant du luth et dansant et quasi

Tristes sous leurs déguisements fantasques.

(…)

Au calme clair de lune triste et beau,

Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres

Et sangloter d’extase les jets d’eau,



Ou



Là ! Je me tue à vos genoux !

Car ma détresse est infinie,



Verlaine, en véritable autocritique, a souvent livré des éclaircissements de ses œuvres dans des recueils ultérieurs comme dans une œuvre posthume intitulée "Varia". On y trouve ce poème qui représente cette tristesse intrinsèque déguisée d’une joie éphémère, lunaire (permettez que je l’introduise dans son intégralité) :

En 17...

Le parc rit de rayons tamisés,

De baisers, d'éclats de voix de femmes...

L'air sent bon, il est tout feux tout flammes

Et les cœurs, aussi, vont embrasés.



Une flûte au loin sonne la charge

Des amours altières et frivoles,

Des amours sincères et des folles,

Et de l'Amour multiforme et large.



Décor charmant, peuple aimable et fier ;

Tout n'est là que jeunesse et que joie,

On perçoit des frôlements de soie,

On entend des croisements de fer.



Maintes guitares bourdonnent, guêpes

Du désir élégant et farouche :

- « Beau masque, on sait tes yeux et ta bouche. »

Des mots lents flottent comme des crêpes.



Pourtant, c'est trop beau, pour dire franc...

Un pressentiment fait comme une ombre

À ce tableau d'extases sans nombre,

Et du noir rampe au nuage blanc !



Ô l'incroyable mélancolie

Tombant soudain sur la noble fête !

De l'orage ? ô non, c'est la tempête !

L'ennui, le souci ? — C'est la folie !





Verlaine avait vécu un drame en 1867, à l’époque où il écrit "Fêtes galantes". Son grand amour de jeunesse, sa protectrice qui l’a aidé à publier "Les Poèmes saturniens", sa cousine Élisa Moncomble est morte. Et ainsi l'incroyable mélancolie tomb[e] soudain sur la noble fête. Cette fête et ces masques sont des paradis artificiels pour ce pauvre Lélian au cœur déchiré.



Par ailleurs, la composition de ces poèmes ressemble à la création des fêtes galantes de Watteau. On sait que la représentation des scènes de la vie quotidienne et partant, de scènes de fêtes champêtres et de jeux empruntés à la commedia dell’arte était considérée par l’Académie royale de peinture et de sculpture comme inférieure à la représentation de scènes mythiques et historiques. Watteau a essayé de marier fêtes champêtres et cadres mythiques. Pour Verlaine, le sujet des fêtes galantes (déjà présent chez des poètes comme Hugo ou Banville mais aussi Gautier, dans certains de leurs poèmes) est exploité d’une manière originale -on y voit souvent le chef-d’œuvre de Verlaine- avec musicalité et préciosité, dans un style souple (des vers courts, de petites strophes). Verlaine lui consacre tout un recueil et le mène à la perfection. En pleine possession de ses outils de poète, il a su varier les rythmes et le vocabulaire et teinter l’atmosphère du recueil d’une mélancolie douçâtre qui nous amuse, nous emmène, nous touche.

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Poèmes saturniens (suivi de) Fêtes galantes

Oh comme je regrette de n'avoir étudié qu'Arthur Rimbaud lorsque j'tais au lycée et non pas Verlaine mais je pense qu'en réalité, il m'aurait probablement manqué un peu de maturité et ce n'est finalement pas plus mal que je continue ma poursuite de ce "poète maudit" que maintenant. C'est une lectrice qui m'en a donné l'idée : venant chercher dans "ma" médiathèque uniquement des classique afin de parfaire ses lacunes dans ce domaine, je me suis dit que j'allais, de temps à autre, suivre son exemple et les "Poèmes Saturniens" de Paul Verlaine en faisaient partie. ô, comme je ne regrette pas de les avoir enfin découvert mais comme j'ai eu les larmes aux yeux une grande partie de ma lecture de ce recueil, sans annotations (c'est un choix de ma part afin de laisser à mon petit cerveau le libre arbitre d'interpréter ces poèmes à sa façon et non comme il le faudrait. Certes, j'ai dû passer à côté de beaucoup de choses (rien ne m'empêche d'y revenir plus tard sur une autre édition plus détaillée) mais j'ai cru saisir l'essentiel et la découverte de ce texte brui fut pour moi un vrai délice. Déclarations d'amour à l'être aimé, réflexions sur le temps qui passe, recherche de reconnaissance de la part de l'artiste sans oublier quelques références historiques (notamment celle de la mort du roi Philippe II dont j'ai retenu une très jolie réplique posée dans mes citations, c'est tout cela qui est abordé ici mais pas seulement !



Poèmes suivis d'autre intitulés "Fêtes galantes", il est de mon humble avis que cette deuxième partie (si l'on excepte les deux derniers poèmes) est bien plus gaie que la première mais encore une foie, quelle joie, justement de voir les deux facettes de l'artiste réunies grâce à ces deux grandes lignées de l'écriture du poète. Un ouvrage que je ne peux que vous recommander car ce dernier mérite à être lu, relu et surtout entendu !
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Sources d'amour

C'est un peu cliché je le conçois de lire un livre sur des citations des plus grands noms de la littérature française (enfin, ils sont loin de tous y être bien entendu) mais c'est pour le livre objet que je me suis plongée dans cette lecture. En effet, bien caché dans les trésors que recèle la médiathèque dans laquelle je travaille, ce livre attendait son lecteur, donc moi en l’occurrence. Tout petit forma, imprimé sur une sorte de cahier à spirale avec une couverture cartonnée, c'est d'abord la forme qui m'a intriguée plus que le fond.



Ici, le lecteur retrouve des noms qu'il connaît bien ou peu, tels Colette, Shakespeare, Goethe pour ne citer qu'eux et tant d'autres poètes tels Eluard, Verlaine et j'en passe encore qui nous parlent d'amour. Certes, ce ne sont que des citations qui ont été réunies ici mais imprimés sur ce petit papier cartonné et, le lecteur se sent bien ! Hors contexte, j'avoue que certaines peuvent induire en erreur mais toutes parlent d'amour et j'avoue qu'à mes yeux, c'est tout ce qui compte et que cela este extrêmement réconfortant, surtout en ce moment où il ne fait pas bon de trop se tenir au courant de l'actualité bien que l'on ne puisse y échapper et que ce serait foncièrement égoïste de fermer les yeux sur ce qui se passe autour de nous ! Bref, tout cela pour vous dire que cette petites lecture met du baume au cœur et qu'il serait donc dommage de s'en priver ! A lire et à relire de temps à autre !
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La bonne chanson - Jadis et naguère - Parallèle..

Une poésie douceâtre et pleine de promesses au bonheur qui dissipe toutes les mauvaises pensées. Tout est beau dans ce recueil, la nature gracieuse et amicale, les candeurs de l’amour, l’innocence de la bien-aimée, l’espoir dans le mariage, le calme paisible et la joie de revivre.



Ces pièces sont l’œuvre d’un cœur joyeux (Verlaine l’était à cette époque) qui s’accroche de tout son être à un nouvel espoir, reconnaissant les friselis d’un nouvel amour, qui gagne son cœur navré jadis (après la mort de son premier amour Élisa), à la rencontre d’une fille innocente aux charmes insignes (Mathilde Mauté). Or cet espoir est précaire,



"Est-ce un espoir vain que mon cœur caresse,



Un vain espoir, faux et doux compagnon ?

Oh ! non ! n’est-ce pas ? n’est-ce pas que non ?"



Et la sainte ne pourra le sauver lorsqu’il rencontre le démon rimbaldien. Cependant, "La bonne chanson" est le témoignage attendrissant d’une tentative, d’un essai effectué par Verlaine pour renaître :



"J’allais par des chemins perfides,

Douloureusement incertain.

Vos chères mains furent mes guides.



Si pâle à l’horizon lointain

Luisait un faible espoir d’aurore ;

Votre regard fut le matin.



Nul bruit, sinon son pas sonore,

N’encourageait le voyageur.

Votre voix me dit : "Marche encore !"



Mon cœur craintif, mon sombre cœur

Pleurait, seul, sur la triste voie ;

L’amour, délicieux vainqueur,



Nous a réunis dans la joie."

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Chansons pour elle et autres poèmes érotiques

Chansons pour elle et autres poèmes érotiques est un recueil de poèmes écrits par Paul Verlaine et qui traînait déjà depuis plusieurs semaines sur ma table de chevet.

Dans ces vers qui ne sont peut-être pas ses plus célèbres, le poète nous fait entendre des chemins insolites, des parfums équivoques, des voix multiples pour parler de l'amour, des choses tant du corps que de l'esprit.

Verlaine conjugue le sexe autant au féminin qu'au masculin, mais cache parfois habilement les mots, dépose sur leurs visages déliés des cache-sexes qui brouillent un peu les chemins, les contours et les courbes.

L'érotisme de Verlaine est à la fois tendre et ambigu, doux et chaotique. Sans doute le poète s'est-il perdu lui aussi dans quelque dédale lubrique où la joie brutale prenait la main peut-être encore solitaire pour l'amener presque au bord du vide, son vide.

Il y avait aussi la censure de l'époque invitant à déguiser comme je l'ai dit les mots...

Mais le vide est une invitation géniale à trouver enfin un endroit pour y déverser un cœur, rebondir, le remplir de tous les gestes qu'on n'a pas encore su inventer...

La chair convoitée, aimée peut-être, est parfois douloureuse de sanglots, le désespoir est à fleur de peau, lorsque la peau se réveille après l'ivresse des fêtes galantes et sensuelles.

Corps perdus, éperdus. Rêves éveillés au bord des chambres aux odeurs moites, encombrées de lumières pâles.

Amours lesbiennes, effleurant du bout des mots qui tremblent un peu forcément la première fois, d'autres chemins peut-être encore inconnus pour le poète.

Et puis comment se remettre de l'amour passionné pour celui qui n'était peut-être encore qu'un adolescent, étoile fugitive dans la nuit rayée du poète, deux poètes éperdus d'amour et s'affrontant dans leur souffrance, le choc de deux comètes...

L'errance lorsqu'il faut pousser la barque accrochée encore au rivage, d'un coup de pied violent dans son flanc...

Les mots hésitent, oscillent d'un bord à l'autre, d'un rivage à l'autre, nous perdent, comme des balançoires, mais au fond, n'est-ce pas finalement le même rivage ?

Qui guide alors la main, le geste, le corps dans cette nuit opaque ? Qui guide les pas du poète si ce n'est l'ombre de la lune toujours présente, le fameux astre ambigu lui aussi, morceau arraché de la Terre par le fracassement d'une météore plus grande qu'elle, la lune devenue satellite et qui orbite autour de nous, nous observe, quelque chose qui vient de nous et qui est à distance de nos rêves échevelés.

Émouvant Verlaine ici, car la chair est triste et que souvent peut-être tout ceci est demeuré dans le seul imaginaire du poète.

Les amours de Verlaine sont maladroites, violentes, elles tâtonnent et parfois s'égarent dans les méandres des lits inassouvis.

La beauté est parfois cruelle, intransigeante. Ceux qui sont laids comprennent ce désarroi, inventent et trouvent alors d'autres chemins pour venir à l'amour, bien plus beaux finalement car la beauté, la soi-disante beauté, manque souvent d'imagination.

Elles sont blondes, rousses ou brunes, des femmes « aux pieds de reine » dont la chevelure vient se poser sur le cœur du poète. Ici la chair a « le charme sombre des maturités estivales ».

Du corps en attente, l'âme éprise n'est jamais éloignée.

« Ah, ton corps, qu'il repose

Sur mon âme morose

Et l'étouffe s'il peut,

Si ton caprice veut,

Encore, encore, encore ! »

Le corps n'est jamais loin du ciel qui regarde tout cela, le coquin, le voyeur... De temps à autre, Verlaine invite le ciel dans la courbure des corps qui s'unissent. Quand vous faites l'amour, n'avez-vous jamais imaginé un seul instant que vous étiez peut-être observés par des forces mystérieuses, invisibles, ou peut-être des êtres proches désormais décédés, tiens ! vos parents par exemple ou pourquoi pas vos grands-parents... Que celles et ceux qui n'y ont jamais songé viennent ici me jeter la pierre...

C'est par le plaisir du corps qu'on atteint la transcendance de l'âme.

J'ai aimé cette écriture féminine, car l'écriture de Verlaine est féminine. C'est ainsi que je la vois. C'est une écriture que je trouve très touchante.

Dans le recueil intitulé « Parallèlement », le titre déjà... Quoi le titre ? Eh bien, le titre invite à une géométrie de l'amour, sauf que « Parallèlement », le terme pourrait nous inciter à voir les uns et les autres chacun de leur côté. Sauf que... Sauf que Verlaine brouille ici les cartes et dans ce recueil invite peut-être celui qui a enflammé le plus son coeur et pourquoi pas son corps. Car les amours de Verlaine sont autant féminines que masculines.

Dans le poème LÆTI ET ERRABUNDI, celui que je préfère de l'ensemble des recueils, j'ai reconnu et découvert des âmes folles déjà perdues :

« Dormez, les amoureux ! Tandis qu'autour de vous

Le monde inattentif aux choses délicates,

Bruit ou gît en somnolences scélérates,

Sans même, il est si bête ! être de vous jaloux. »

C'est ici qu'il convoque Arthur Rimbaud. C'est juste une histoire d'amour. Elle est belle et tragique. Comme tant d'autres histoires d'amour, elle ouvre des gouffres béants, et parfois les contourner devient presque impossible pour franchir l'autre rive. Sauf à saisir une arme, ou se jeter dans ce vide béant... Ou bien écrire, continuer d'écrire pour jeter des ponts...

Continuer d'écrire...

Continuer d'écrire...

Et pour nous autres terriens, mais âmes éperdues d'amour, les lire,

Continuer de les lire...

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Confessions

Chose curieuse, nous dit Léon-Paul Fargue dans la préface de cette vieille édition du "Bateau Ivre", ces confessions de Verlaine ne parurent pas chez Vanier mais d'abord à la librairie du Fin de Siècle en 1895, puis à la Bibliothèque Artistique et Littéraire en 1897.

La préface de l'édition qui nous occupe est peut-être d'ailleurs la partie saillante de ce petit opuscule d'un peu plus de deux-cent pages.

Elle est écrite de manière raffinée, quelque peu ampoulée, presque de façon maniérée.

Léon-Paul Farge y magnifie le poète enfermé dans sa défroque d'ivrogne.

Il y convoque Jules Renard et Anatole France comme pour les tancer de ne pas avoir vu que Verlaine était le plus grand.

En quelques pages splendides, comme semblant les excuser, il introduit ces confessions mornes et brouillonnes, ces quelques deux-cent pages commandées au pauvre Lélian.

Deux-cent pages !

C'est trop ou pas assez !

Confessions ou notes biographiques ?

Ce pauvre Lélian, tout le monde ou presque aura parlé de lui.

C'est à qui l'aura aperçu au Procope, au Buffet Alsacien, au Rocher ou à la Source !

Lui aura écrit, entre 1885 et 1893 dans "les hommes d'aujourd'hui", un peu moins d'une trentaine de notices biographiques dont la sienne et celle, non publiée, de son ami fidèle Frédéric-Auguste Cazals.

Et si l'on parle ici de Frédéric-Auguste Cazals, c'est qu'il manque à cette édition du "Bateau Ivre" les superbes illustrations que ce dernier avait réalisé pour l'édition de 1897 dans la Bibliothèque artistique et littéraire.

C'est grand dommage !

Car décidément, que ce soit avec sa plume ou son crayon, que ce soit seul ou avec Gustave Lerouge, Frédéric-Auguste Cazals n'avait pas son pareil pour croquer sur le vif, pour composer le portrait du grand poète.

Et c'est certainement dans "Les derniers jours de Paul Verlaine", achevé d'imprimer en juin 1911, que le Rouge et Cazals parviendront à cerner le mieux toute l'étendue du talent et du malheur de Verlaine.

"Verlaine, héros vaincu d'avance" nous dit Léon-Paul Fargue.

Ces confessions, en tout cas, écrites comme à la hâte, vite lues, n'apporteront rien à la légende sinon que de la relier à la plus triste et morne des vies.

Peut-être d'ailleurs réside-t-elle là la malédiction du poète, être le trait d'union entre le sublime et le sordide ...

Peut-être ...

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Poèmes saturniens

Premier recueil de poèmes publié par Verlaine,en 1866, il est censé s'inspirer des Panassiens ,mais et c'est là tout son intérêt, on y trouve la source, le germe de ce qui fera la beauté particulière , l'originalité des textes de l'auteur.



On ne sait pas très bien, finalement, quand les premiers poèmes de ce recueil ont été écrits, l'auteur avançant qu'ils datent de ses années de lycée,peu importe, ils marquent en tout cas une précocité certaine, un art du vers harmonieux, qui préfigurent ce que sera ensuite l'oeuvre de Verlaine.



Verlaine, déjà ce nom fait rêver, vous ne trouvez pas? Il coule, doux et musical, vers et laine, vert (un de ses poèmes ne s'intitule-t-il pas "Green"?) et l'aime...mais je m'égare!



Je n'ai pas du tout envie de faire un inventaire des différentes parties du recueil.Non, je préfère me laisser emporter par le rythme si harmonieux , langoureux souvent, mélancolique aussi, enfiévrė et tendre, tout en images éphémères et glissantes, vaporeuses et suggestives.Tout ce qui fait le charme , la musicalité de ce poète. L'alexandrin s'assouplit, le vers se fait impair, liquide et mélodique.



Que j'ai aimé , que j'aime toujours ces vers magiques et fluides!



" Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue et que j'aime et qui m'aime..."



" Une aube affaiblie

Verse par les champs

La mélancolie

Des soleils couchants"



L'ombre de la cousine tant , trop aimée et qui s'est mariée, Elisa, est obsédante, omniprésente.Son souvenir est obsessionnel comme dans le magnifique "Après trois ans"...



Le poète solitaire, incompris, angoissé, apparaît aussi, notamment dans "L'angoisse".



Et que dire de la sublime "Chanson d'automne", qui à elle seule reflète le credo de Verlaine:" De la musique avant toute chose"!



Élégance dans la douleur,nostalgie en touches picturales,paysages saisissants de douceur, et surtout chants lancinants qui nous poursuivent...



...voilà un univers unique, placé ici sous le signe de Saturne, dieu du temps des Romains, pour une poésie intemporelle...







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Sources de sérénité

J'ai trouvé ce petit recueil dans la médiathèque dans laquelle je travaille (il était accompagné d'un autre d'ailleurs que je ne vais pas tarder à lire je pense) et il m'a tout de suite attiré de par la qualité de l'objet. Il s'agit en effet d'un petit ouvrage (tout petit) avec une couverture cartonnée et qui se compose exactement comme un carnet à spirales. Je l'ai trouvé tellement original que je me suis immédiatement mise en quête de le lire.

Di l'ouvrage en lui-même est petit, les citations qu'il comporte, toute issues des plus grands maîtres tels Shakespeare, Saint-Exupéry (mes maîtres à penser à moi) et bien d'autres sont lourdes de sens et incitent bien volontiers à la méditation et à la réflexion ! Elles ne sont pas moralisatrices puisque le titre de cet ouvrage au contraire nous parle de sérénité mais portent tout de même le lecteur à s'interroger et à se remettre en question !



Un petit ouvrage que l'on peut facilement (ou presque) glisser dans sa poche et qui serait, à mon avis, à lire et à relire de temps à autre !
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Poèmes saturniens

Influencé par Hugo, Baudelaire et Leconte de l'Isle, le jeune Verlaine le fut aussi par l'astrologie. Il convoque ici la planète Saturne associée à la mélancolie, au spleen pour reprendre l'expression de Baudelaire.

Il exprime ses états d'âme, ses amours, ses émotions face à la nature, la mort et se moque gentiment de telle dame ou tel homme. Ces poèmes sont doux, délicats, sensibles et bien sûr musicaux.

Qui ne se laisse bercer par la chanson d'automne et les sanglots longs des violons, qui ne sourit devant les pantoufles de monsieur Prudhomme ?



Un bel ouvrage de jeunesse à savourer encore et encore...
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Poésies

Une compilation de poèmes de Verlaine... Sacrilège ? Non, car c'est le poète lui-même qui, en 1891, a réuni ce qui lui semblait être ses meilleurs textes, pour les publier sous le titre de "Choix de poésies", et leur donner ainsi une seconde vie.



Force est de constater que l'auteur ne s'est pas trompé : on retrouve ici tous ses poèmes qui sont depuis passés à la postérité, aux côtés d'autres moins connus, mais tout aussi brillants (pas tous quand même...).



Lire ce recueil fut donc un vrai plaisir, qui m'a dans certains cas ramené sur les bancs de l'école (Ah, Ariettes oubliées !). Le livre idéal pour (re)découvrir Verlaine ; une magnifique synthèse.



Un ouvrage qu'on devrait trouver dans toutes les bonnes bibliothèques, publiques ou privées.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Poèmes saturniens

La poésie, ça n'est pas ma tasse de thé. Mais, après que mon père m'eut récité un magnifique poème de Verlaine, je me suis achetée Les Poèmes Saturniens.

J'en suis arrivée à la conclusion que ça n'était pas la poésie qui n'était pas mon truc : c'est seulement que je n'avais pas rencontré le bon poète.



Quelle régalade ! Là, j'ai vraiment pris mon pied. J'ai lu certains poèmes cinq/six fois tellement c'était bon.

Je vais m'empresser de m'offrir un autre recueil pour poursuivre ce beau voyage.



CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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La bonne chanson - Jadis et naguère - Parallèle..

Publié pour la première fois en 1870, « La bonne chanson » est un recueil de poèmes inspiré par les fiançailles récentes de l’auteur avec Mathilde Mauté de Fleurville qui deviendra sa femme, et avec qui il ne tardera pas à entrer en conflit…

Il est bien difficile de commenter de pareils bijoux… Aussi, je me contenterai d’évoquer la musique de Verlaine. Car oui, la poésie est musique. Et cette musique vous parle ou ne vous parle pas. Pour ma part, elle me parle souvent chez Verlaine ; et j’aime particulièrement créer une image mentale de mon ressenti quand Verlaine écrit, par exemple :

« Le soleil du matin doucement chauffe et dore

Les seigles et les blés tout humides encore,

Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.

L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit,

Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,

Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.

L’air est vif. Par moments un oiseau vole avec

Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,

Et son reflet dans l’eau survit à son passage »…



Et que dire de « Chanson d’Automne », même si , ici - Verlaine est un tout - on parle du recueil «Poèmes saturniens de 1866 »? Rien, en fait… Ecoutons :

« Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur monotone. »…



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Romances sans paroles

En effet, le fameux poème tant chanté et étudié de Verlaine « Il pleure dans mon cœur » se trouve dans ce recueil central de l’œuvre de ce poète maudit ; petit recueil d’une vingtaine de poèmes.



Divisé en quatre parties distinctes, le recueil constitue un tournant dans la poésie verlainienne puisqu’il est une rupture avec les Parnassiens. Ainsi, la touche du poète apparait plus claire par le choix de l’impair et du rejet qui contraste avec la linéarité fade des scènes décrites. Verlaine essaie de saisir des images fuyantes et des paysages insaisissables. Il ne garde que des traces dans un jour trouble :



Je devine, à travers un murmure,

Le contour subtil des voix anciennes

Et dans les lueurs musiciennes,

Amour pâle, une aurore future !



Et mon âme et mon cœur en délires

Ne sont plus qu’une espèce d’œil double

Où tremblote à travers un jour trouble

L’ariette, hélas ! de toutes lyres !



On remarque aussi ce conflit continuel entre le moi impersonnel et la sensibilité personnelle ; la tristesse et le spleen d’un côté et la joie et l’amour idéal de l’autre :



Tournez, tournez, bons chevaux de bois,

Tournez cent tours, tournez mille tours,

Tournez souvent et tournez toujours,

Tournez, tournez au son des hautbois.



Par ailleurs, Romances sans parole, qui a inspiré le compositeur Félix Mendelssohn, comporte des pièces dignes d’un peintre impressionniste dans leur méticulosité fanée (Paysages Belges) :



La fuite est verdâtre et rose

Des collines et des rampes,

Dans un demi-jour de lampes

Qui vient brouiller toute chose.



L’or sur les humbles abîmes,

Tout doucement s’ensanglante,

Des petits arbres sans cimes,

Où quelque oiseau faible chante.



Triste à peine tant s’effacent

Ces apparences d’automne.

Toutes mes langueurs rêvassent,

Que berce l’air monotone.

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Poèmes saturniens

Premier recueil de Verlaine, à lire et relire à l’occasion pour leur lyrisme triste qui nous emporte, pour en redécouvrir la tendresse et la mélancolie. Et surtout la douce mélodie de la musique de ces vers dont l’un des plus connus, parce qu’appris à l’école, « Chanson d’automne » a été remarquablement mis en musique et chanté par Léo Ferré. L’un des plus beaux poèmes, très représentatif du recueil est tout aussi célèbre :

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »

Dans la première partie du recueil, intitulée Mélancholia on sent qu’il est obsédé par le souvenir d’Elisa, sa cousine, mariée, dont il était tombé amoureux. Les deux parties suivantes Eaux fortes et Paysages tristes contiennent beaucoup de très beaux poèmes. J’ai beaucoup moins aimé certains poèmes de Caprices, mais il y en a encore de très beaux, même si l’ensemble m’a paru plus disparate, et je n’ai pas du tout apprécié les deux poèmes historiques à connotations politiques sur César Borgia et Philippe II. A part ces deux poèmes l’appréciation des autres est probablement susceptible de varier selon l’état d’esprit dans lequel on est au moment de la relecture. J’ai aussi aimé la fin de son prologue, surtout pour un premier recueil à bien petit tirage : « Maintenant, va, mon Livre, où le hasard te mène ! » Songeait-il à être encore lu plus de 150 ans plus tard ?
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