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Citation de MegGomar


Tout en cultivant un entre-soi masculin néfaste et réducteur, les hommes nous privent de nous-mêmes et de nos semblables. Quand
ils s’indignent de nos réunions féministes en non-mixité, ce qu’ils nous reprochent vraiment, c’est de nous regrouper en un corps politique où ils n’ont pas voix au chapitre. Ce n’est en effet pas tant qu’on se rassemble entre femmes qui les choque : quand ce sont des
clubs de tricot, des associations de mères ou des réunions Tupperware, rien ne pourrait moins les intéresser. Ce qu’ils ne supportent pas, ce qui les effraie même, c’est qu’on s’organise, qu’on s’assemble et qu’on forme une masse politique d’où émergent des idées et des plans d’action. Et qu’on ne leur accorde
aucune importance. Nos moments « entre filles » sont rail-
lés et méprisés par les hommes, comme s’ils n’étaient que l’expression d’une frivolité féminine par essence – comme si boire du whisky en jouant au poker était, intellectuellement, plus impressionnant. Mais ces moments ne sont pas bêtes et sont loin d’être inutiles. Nos
clubs de tricot et nos soirées pyjama sont importantes et géniales.
Car la solidarité des femmes n’est jamais frivole, elle est toujours politique. On l’annonce maintenant haut et fort et on l’inscrit sur nos pancartes, non pas parce que c’est nouveau, mais pour sortir de l’ombre. Pour revendiquer ce qui se fait depuis aussi longtemps que les hommes nous excluent. Ils s’attachent à nous éloigner les unes des autres, et ce faisant, à nous écarter de l’espace public et de la sphère politique. Ils l’ont fait ouvertement par le passé, et continuent de le faire plus subrepticement. En se moquant de nos rendez-vous féminins, en tentant de diminuer la valeur que ces réunions ont à nos yeux, en essayant de nous faire croire que leur seule compagnie doit nous suffire et nous contenter. Dans nos espaces féminins, c’est la sororité qu’on cultive. On y est peut-être superficielles, légères, et peut-être qu’on y parle de
fringues, de cuisine et de couture. Ce n’est pas parce que ces centres d’intérêt sont considérés comme féminins qu’ils sont mauvais ni qu’il faut les abandonner. Ce n’est pas parce que les hommes pensent que les casseroles, c’est pour les gonzesses, qu’il faut cesser d’aimer ce qu’on aime dans l’espoir de se libérer. Derrière cette apparente superficialité, des actes forts sont à l’œuvre. Nous avons le pouvoir de créer des
espaces-temps au cœur desquels nous ne servons pas les intérêts des hommes. Où, hors de nos champs de vision, ils ne peuvent que flotter dans l’air, et seulement si on les invoque. Où on est libre de dire d’eux ce qui nous chante, et aussi de ne pas parler d’eux du tout : au contraire, de faire de la place pour tous les autres sujets du monde et de nos vies.
Il y a là la certitude de trouver la nourriture métaphysique dont on a si cruellement besoin, car ces no men’s land sont des zones
où nos craintes, nos joies et nos colères ont le droit d’exister. Il y a, surtout, le refus d’être divisées, dans un monde qui voudrait que les femmes n’existent qu’en opposition les unes
aux autres. Femmes, rassemblons-nous : nos forces conjuguées sont redoutables et redoutées.

Je crois qu’il ne faut plus avoir peur de
dire et de vivre nos misandries. Détester les
hommes et tout ce qu’ils représentent est
notre droit le plus strict. C’est aussi une fête.
Qui aurait cru qu’il y aurait autant de joie dans la misandrie ? Cet état d’esprit ne nous rend pas aigries ni esseulées, contrairement à
ce que la société patriarcale veut nous faire croire. Je crois que la détestation des hommes nous ouvre les portes de l’amour pour les femmes (et pour nous-mêmes) sous toutes les formes que cela peut prendre. Et qu’on a besoin de cet amour – de cette sororité –
pour nous libérer.
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