Lu dans le cadre du prix des lecteurs 2023-2024 de mon lycée.
J'ai lu rapidement et facilement cette bande dessinée qui retrace le parcours de la championne en athlétisme
Rachel Kahn, dans les années 90, alors qu'elle quitte la danse classique où, selon sa professeure, elle dépare le ballet, pour commencer à courir et être remarquée par le coach du club d'athlétisme de sa ville, qui a deviné son potentiel.
Notre héroïne se nomme Nina Gary, elle est fille d'un universitaire sénégambien d'origine, et d'une mère juive polonaise par ses parents ; le grand-père Yoram vit chez eux, et elle a un jeune frère, David. Elle peine à trouver sa place, en-dehors de sa meilleure amie et des camarades qu'elle va rencontrer au club. En tant que métisse, elle est souvent en butte à des remarques désagréables, même de la part de ses professeurs. Pour autant, elle est aussi à vif et ressent cruellement l'expression des clichés raciaux, elle se pose des questions sur la marche de la société que peu de gens dans son entourage comprennent.
Nina commence à courir en cachette, puis elle rentre dans le jeu et s'entraîne sérieusement. Elle découvre que c'est un effort de tous les instants et sa jeunesse est parfois rétive à rester dans ce cadre, mais il y a toujours quelqu'un pour la remettre dans le droit chemin, que ce soit le coach, qui ne plaisante pas sur la régularité, ou encore le beau Jackson, son partenaire masculin, qu'elle admire mais qui ne veut rien voir de son intérêt. Il y a aussi le bienveillant médecin du club, Karim. Nous verrons peu à peu, malgré une épreuve terrible dont elle ne dira rien, comment la jeune fille prend confiance en elle et décide de ne plus se laisser marcher sur les pieds.
Le dessin est plaisant, bien colorisé, et se marie bien avec le sujet et l'ambiance ; les personnages sont à la fois bien typés, faciles à reconnaître, et lisses, le ton est relativement léger, souvent distancé avec humour. Nina n'est pas une jeune fille à se victimiser, et l'on sent que
Rachel Kahn est aussi de cette trempe. La famille de Nina est sympathique avec son histoire atypique, c'est peut-être même dommage que le livre n'en parle pas plus. Dans l'ensemble, le récit donne l'impression d'être allégé, des sujets importants ne sont qu'effleurés. La façon de parler de Nina, copiant comme son frère les groupes de hip-hop, m'a agacée, et ça ne sonnait pas très juste. J'aimerais très certainement davantage son roman, et surtout ses essais, car elle y semble beaucoup plus nuancée dans ses idées. Cela reste une histoire agréablement dessinée, à découvrir.