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Critique de ODP31


ODP, Au Tableau… noir !
Je sors ma craie et pour une fois, je n'ose pas poser mes mots sur l'ardoise. Puis vient un rayon de soleil qui éclaire le tableau et m'autorise à tracer juste un modeste trait de liaison entre le poète et le peintre centenaire.
Quand Christian Bobin écrit à Pierre Soulages, cela ne ressemble pas à la carte postale envoyée le dernier jour des vacances à sa tata qui pique. Il ne dit pas qu'il a eu beau temps, qu'il a visité tous les lieux communs et apprécié toutes les spécialités locales. le poète ne rapporte pas un cadeau acheté à l'arrache au Duty Free avant d'embarquer. Lui, il écrit. Tellement bien que je ne vais que digresser pour ne pas enlaidir cet hommage.
Christian Bobin partage dans sa lettre son émerveillement et son amitié pour cet artiste qu'il part rejoindre un soir de Noël. Il nous fait profiter de son voyage en train entre le Creusot et Sète à quelques heures du réveillon. Ce n'est pas la suite du crime de l'Orient-Express. Pas davantage une aventure dans le Transsibérien. Je n'aime pas Noël, je sais à peine placer le Creusot sur une carte et, désolé pour les sétois, mais c'est pas sémoi. La beauté de ses cimetières peut néanmoins attirer les morts qui recherchent un joli point de vue et la compagnie de Brassens ou Valery pour occuper l'éternité. Pour les vivants, il reste l'odeur enivrante d'oeuf pourri du Bassin de Thau. Et bien, pourtant, à aucun moment de ce trajet, je n'ai eu envie de me jeter sous le TER.
La lecture de ce court texte a fait suite à ma visite du Musée Soulages à Rodez que je ne peux que conseiller. Et puis il y a de très bonnes cantines à proximité. Fondue au noir ! Ce fut une révélation. Certains ont vu la vierge, d'autres des ovnis, moi, je pense avoir vu l'Outrenoir. J'ai longtemps été hermétique à l'oeuvre de ce peintre car je ne manque jamais de préjugés quand il s'agit d'abstraction. Il a fallu que je me retrouve face à ses tableaux pour comprendre que c'était le reflet de la lumière sur la toile qui faisait l'oeuvre, que les stries qui couvraient la surface n'étaient pas là par hasard mais qu'elles chorégraphiaient l'effet miroir. En résumé, pour une fois, comme la lumière, j'ai réfléchi.
Le livre de Christian Bobin est un très bel hommage à son ami et son écriture bienveillante est comme le ronronnement d'un chat qui dort sur vos genoux pendant que vous lisez… à condition bien sûr que cette bestiole ne soit pas la mienne et ne vous plante pas ses griffes dans la peau par sadisme félin…bécile.
Un plein d'émotions et un train à ne pas rater. Pensez à vous éloigner de la bordure des quais, comme le dit la madame, et des apparences.

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