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Critique de colimasson


Trop humain d'écrire une connerie supplémentaire sur ce bouquin. A l'intérieur : opinions et sentences mêlées de l'homme le mieux schizophréniquement établi du monde, mi-ombre et mi-voyageur, monsieur Nietzsche.


Pour qui le connaît déjà, rien de surprenant dans ce recueil. C'est toujours le même homme qui affirme son besoin d'un surhomme. « Qu'il suffit de peu de plaisir à la plupart pour trouver la vie bonne, que l'homme est modeste ! » Nietzsche a sans doute été tué par son besoin d'une vie pleine et inépuisable. Mais la vie ne lui offre pas souvent l'occasion de se répandre et d'inonder les terres stériles qui l'entourent. Là où il attend le courage d'existences qui s'affirment, joyeuses et sûres d'elles, il ne découvre que des simulacres timides et lâches, qui bafouillent leur veulerie en pervertissant les mots de « pitié » ou d' « amour ». Important de distinguer la vertu de celui qui ne commet pas le mauvais acte parce qu'il n'en a pas la capacité, de la vertu de celui qui ne commet pas le mauvais acte parce qu'il n'en ressent pas le besoin, bien qu'il en ait la capacité. Dans le premier cas, l'homme vertueux sera triste et déprimé : s'il s'exprime il contaminera ses prochains par la suie de ses pensées. Dans le deuxième cas, l'homme vertueux sera serein et souriant, comme Epicure dont l'opulence se contentait d' « un petit jardin, des figues, du fromage et, avec cela, trois ou quatre bons amis ».

L'humanité peut donc se classer –entre autres catégories cliniques- en deux types : ceux qui sont au-deçà de leurs pulsions (qu'ils les assouvissent ou qu'ils se restreignent dans le malheur) et ceux qui les ont dépassées, intégrées, assimilées à leur personne si bien qu'ils en acceptent la puissance, ou qu'ils la regardent déferler de loin, souriant de voir cette fureur ample et puissante, vitale jusqu'aux crocs.


Les frigides de la vie, ceux qui conspuent Nietzsche de loin, sans l'avoir lu, parce qu'ils savent que ses pensées risqueraient de mettre en branle tout un édifice sécuritaire de convictions, trouveraient pourtant de quoi réviser leurs jugements dans cet opuscule qui brasse plus d'idées que la plupart de ses autres écrits. Qu'il suffise de lire les considérations suivantes pour qu'on élimine définitivement le préjugé selon lequel Nietzsche serait un homme cruel qui rêvait d'empaler l'humanité sur le sommet des clochers :


« le meilleur moyen de bien commencer chaque journée est : à son réveil, de réfléchir si l'on ne peut pas ce jour-là faire plaisir au moins à un homme. Si cela pouvait être admis pour remplacer l'habitude religieuse de la prière, les autres hommes auraient un avantage à ce changement. »


« Ce n'est pas la lutte des opinions qui a rendu l'histoire si violente, mais bien la lutte de la foi dans les opinions, c'est-à-dire des convictions. Si pourtant tous ceux qui se faisaient de leur conviction une idée si grande, qui lui offraient des sacrifices de toute nature et n'épargnaient à son service ni leur honneur, ni leur vie, avaient consacré seulement la moitié de leur force à rechercher de quel droit ils s'attachaient à cette conviction plutôt qu'à cette autre, par quelle voie ils y étaient arrivés : quel aspect pacifique aurait pris l'histoire de l'humanité ! »


« Chaque fois que l'on utilise et sacrifie l'être humain comme un moyen servant aux fins de la société, c'est toute l'humanité supérieure qui s'en afflige. »


Et pour en finir une bonne fois pour toutes avec son prétendu antisémitisme :


« Tout le problème des Juifs n'existe que dans les limites des États nationaux, en ce sens que là, leur activité et leur intelligence supérieure, le capital d'esprit et de volonté qu'ils ont longuement amassé de génération en génération à l'école du malheur, doit arriver à prédominer généralement dans une mesure qui éveille l'envie et la haine, si bien que dans presque toutes les nations d'à présent — et cela d'autant plus qu'elles se donnent plus des airs de nationalisme — se propage cette impertinence de la presse qui consiste à mener les Juifs à l'abattoir comme les boucs émissaires de tous les maux possibles publics et privés. »


Maintenant, à nous de subir l'examen de conscience…
Sommes-nous gentils par défaut de puissance ou par excès de puissance ? si tu sens la vie qui bouillonne en toi…on pourrait crever des mondes avec ce Nietzsche.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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