Camille L.

« Qu'est ce que tu ferais si il te restait seulement 100 jours à vivre ? - Anonyme
Je ne sais pas... Vivre je suppose. J'essayerais de vivre. - Louis »

- Qu'est ce que tu aimes ?

- La solitude.

- Pourquoi ?

- Parce que la solitude ne juge pas.

- Mais la solitude est dure.

- Elle l'est moins que le jugement des gens.

Hervé Bazin a écrit " Une vie sans avenir est souvent une vie sans souvenir. " Connerie. Parfois les souvenirs sont tellement douloureux qu'ils nous laissent sans avenir.

J'ai besoin de me sentir en danger pour me rappeler que j'existe. La vie n'a pas de valeur si on ne prend pas le risque de la perdre.

Parce qu'il y a certaines habitudes qui deviennent vitales. Aussi futiles soient elles, elles deviennent des points de repères, des choses sur lesquelles on se base pour avancer. Faire sonner trois fois son réveil le matin avant de se lever. Avoir une marque de café favorite. Être assis toujours à la même place à table. Lacer sa chaussure gauche avant la droite. Des gestes qui se transforment en rituels et si ça foire un jour plus rien ne va et on se sent perdu.

- Putain mais tu es vraiment trop con pour comprendre. Je n'ai pas le droit de l'admettre, je n'ai pas le droit de leur montrer que ça m'atteint parce que si je leur montre qu'ils ont le pouvoir de me blesser ce sera encore pire. Ils auront comprit que j'ai une faiblesse et quand tu veux détruire une personne tu t'en prends à son point faible. Alors non Louis, ce n'est pas une question de putain de fierté. Je n'ai pas le choix.

Que je sois hétérosexuel, bisexuel, homosexuel. Que l'on soit un couple ou non, que l'on cherche à mettre des mots ou pas sur ce que l'on est l'un pour l'autre, tout ça n'a pas d'importance parce que je réalise qu'il est la première personne à qui je tiens. Je réalise que suis réellement seulement + Harry. Et je crois que finalement ça me plaît d'être seulement + Harry. Je ne veux pas faire partie de ces mecs qui se voilent la face et qui nient tenir à quelqu'un pour garder leur image. Le genre de mec - Ouais moi, j'en ai rien à foutre de cette fille - mais qui passe sa nuit à lui envoyer des messages. Je tiens à Harry et je n'en ai pas honte. C'est la première fois de ma vie que je m'attache à une personne et même si ça m'effraie, j'aime ce que je ressens. J'aime être seulement + Harry et je crois que j'ai envie que lui aussi soit seulement + Louis.

Je rejoins ma voiture. J'ai embrassé un mec et j'ai aimé ça. Le plus déstabilisant c'est que je ne me sens pas déstabilisé du tout parce que ce n'est pas un mec. C'est lui et qu'avec lui tout est différent parce qu'il est différent. Et que j'ai envie de recommencer. Et que finalement j'ai envie d'avoir envie de recommencer. J'ai envie d'avoir envie de l'embrasser encore. Et j'ai envie que lui aussi ai envie d'avoir envie de m'embrasser encore. Ok ça fait beaucoup d'envie mais je sens encore ses lèvres sur les miennes et son gout de menthe dans ma bouche. J'ai le droit d'être perturbé. Si ça arrive encore une fois j'essayerais de ne pas lui vomir dessus ou de le gifler. Parce que j'ai envie qu'il m'embrasse encore. Et encore. Et que ça me plait d'en avoir envie.

Ce besoin de couper, d'enfoncer ces lames dans ma peau, de voir ma chair sortir, mon sang couler, sentir l'aiguille refermer une plaie ouverte. Ce besoin constant d'aller toujours plus loin dans la souffrance seulement pour ressentir... la douleur? Non, je n'aime pas la douleur, je la déteste, mais elle me maintient en vie. C'est la vie que j'ai besoin de ressentir. Si je souffre, c'est que je suis vivant. Si mon corps peut avoir mal, c'est que mon sang coule dans mes veines. Si je ressens la douleur, c'est que mon cœur bat encore, et si mon cœur bat, cela veut dire que je suis en vie. Ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre. Ni mon père, ni mon psychologue, ni tous ces médecins. Je me rappelle encore de leurs mots.

"Tu es un danger pour toi-même."

Ils refusent de comprendre. Ils ne comprennent pas que le seul danger, c'est eux, eux qui essaient de m'en empêcher. J'ai passé trop de temps avec l'envie de mourir. Me faire du mal me maintient en vie. C'est un jeu, un duel permanent avec la mort, avec moi-même. Un duel dont j'ai besoin. Un geste de trop, une entaille trop profonde au bon endroit et tout s'arrête.

123 jours qu'il m'a envoyé ce premier mail. 123 jours que tout a commencé. Et si je ne lui avais pas répondu ce jour-là? Si j'avais ignoré son message comme j'en ai ignoré des centaines avant? S'il n'était pas rentré dans ma vie? S'ils n'étaient pas rentrés dans ma vie tous les deux ? Je serais encore Louis. Seulement Louis. Plus maintenant. Maintenant je suis Louis & Harry parce que: 'maintenant tu n'es plus seul.' 123 jours. En seulement 123 jours, Harry a retourné ma vie. Il l'a mise sans dessus-dessous. Il a foutu le bordel dans mon esprit et dans mon cœur. Lui et ses foutus yeux verts. Il a foutu en l'air tout mon univers et pourtant si on me laissait remonter le temps, je ne changerais rien, car pour la première fois en vingt-et-un ans, j'ai l'impression que ma vie a enfin un sens. Et ce sens, c'est lui. Je ne sais pas si ça marchera, je ne sais pas où tout ça nous mènera mais je sais une chose: Ce que je ressens pour lui, je ne l'ai jamais ressenti pour personne.