Nouvelles règles : je n’écoute plus que James Brown, je ne lis que Picsou, les films visionnés contiendront De Funès. Et le chien dort avec nous. Le premier qui parle de régression, je lui botte le fion.
[…] Rencontrer les gens au moment où leur vie bascule de l’état de bonne santé vers un diagnostic de cancer crée une relation particulière. Ces expériences de vie autrefois taboues étaient tues tant elles faisaient peur à tout le monde. De nos jours, grâce aux progrès de la médecine mais aussi également grâce à la libération de la parole des patients et même si cela reste anxiogène pour beaucoup, de nombreux témoignages relatent ces épisodes de bascule dans le monde parallèle de la cancérologie. L’idée d’Evemarie était de raconter ce parcours dans ce drôle de monde surréaliste dans lequel on tombe sans le savoir. Cet accident de vie dans lequel elle bascule sans rien avoir demandé à personne l’entraîne sur un chemin jalonné de moments tour à tour injustes, violents ou cocasses. Il réveille des questionnements auxquels elle n’avait jamais pensé. Elle prend alors le parti d’en rire ou au moins d’en sourire, comme un moyen thérapeutique d’abord puis comme le choix de rester du côté de la vie. Je remercie Evemarie d’avoir posé son regard solaire sur ce que vivent des centaines de milliers de personnes tous les jours en leur donnant la possibilité de raconter cette expérience, de rire des soignants et avec les soignants puis de continuer son chemin encore plus forte. – Docteur Hortense Mineur, cancérologue, radiothérapeute à la clinique Tivoli à Bordeaux.
Aaah madame Fonzarelli ! Alors j’ai vos résultats ! bon déjà, on a enlevé par une, mais deux boules. Le ganglion sentinelle est revenu sain, donc ça s’est pas propagé. Le comité pluridisciplinaire n’est pas tombé d’accord sur la chimio. Mais comme vous êtes jeune, on va en faire une ! C’est le protocole. Donc, je vous réopère, je gratouille autour de là où il y avait la boule et je vous installe une canule. Canule pour la chimio, sinon les veines pètent. Voilà-voilà. Donc on prend RDV pour la semaine prochaine, allez voir Dr. Hortense, l’oncologue, elle vous en dira plus. Vous avez une question ? Naaan mais je comprends, hein, on n’a jamais trop-trop envie de faire une chimio, c’est sûr. c’est pas marrant. Mais vous êtes jeune, c’est plus prudent. Imaginez : une vilaine cellule, peut-être, serait partie se poser ailleurs. Ça refait un cancer. Allô, Dr. Hortense, je t’envoie madame Fonzarelli. Elle veut pas entendre parler de chimio parce que le comité était pas unanime. Elle est jeune. Nan, mais elle est intelligente, elle fera ce qu’on lui dit de faire, hein. Hahaha, oui.
Heu, désolée madame, c’est pas de ma faute, c’est mon chien, il a mangé ma carte vitale… Pour de vrai.
[En s’adressant à son confrère, le docteur Loche] Allô, Jean-Jacques ? C’est Gilbert… Oui. Hahaha ! Oui, bon, je t’envoie une nouvelle boule au nichon, là. Hahaha ! Encore une que ton nom a bien fait marrer !! Oh dis, ça va, c’est toi qui a choisi ta spécialité, hein !
Le moment n’est pas venu, mais on reparlera de ton mécanisme de défense par le rire, hein… Des fois, ça fait un peu peur.
Bon. On a deux options. La première : on se met en boule et on bad-trip comme des fous. La deuxième : on se dit que tout va bien se passer, que t’es une guerrière et que ça va le faire.
- Tout est dans le respect de la nature, y a pas une espèce qui vaille plus qu’une autre !
- Même les araignées ?
- Nan, elles, rien à voir toutes des putes.
Oh la vache ! Hahahaha. Tu vas jamais le croire. Je pisse bleu fluo. Vivement la grosse commission, ça va être fou.
Vous avez une boule au nichon. Je vous prescris de façon illisible, une mammographie et une échographie.