AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Andreï Kourkov (685)


Quand on vit longtemps dans un endroit, on a toujours plus de famille en terre qu’en bonne santé à côté de soi.
Commenter  J’apprécie          694
Tous les bruits discrets, qui ne suscitent pas l'agacement ni ne font se retourner, deviennent au bout du compte des éléments du silence. Il en était autrefois du silence de la paix. Il en était devenu ainsi du silence de la guerre, où le fracas des armes avaient évincé les bruits de la nature, mais à force de lassitude, était devenu coutumier, s'était comme glissé lui aussi sous les ailes du silence, avait cessé d'attirer l'attention sur lui.
Commenter  J’apprécie          626
Une vie tranquille à l'abri du besoin. Savourant l'été le bourdonnement des abeilles, et l'hiver le calme et le silence, la blancheur des champs couverts de neige et l'immobilité du ciel gris. Il aurait pu ainsi le reste de sa vie, mais le sort en avait décidé autrement. Quelque chose s'était brisé dans le pays, s'était brisé à Kiev, là où il y avait toujours un truc qui n'allait pas. S'était brisé, et de telle manière que de douloureuses fissures s'étaient propagées par tout le pays, comme dans du verre, et que de ces fissures du sang avait coulé. Une guerre avait éclaté, dont la cause pour Sergueïtch, depuis trois ans déjà, restait brumeuse.
Commenter  J’apprécie          5617
Le silence, c’est vrai est une chose capricieuse, phénomène sonore personnel, chaque individu l’ajuste, l’adapte à sa mesure. Autrefois, le silence pour Sergueïtch était le même que pour les autres. Le bourdonnement d’un avion dans le ciel ou le chant d’un grillon s’introduisant la nuit par le vasistas en faisait facilement partie. Tous les bruits discrets, qui ne suscitent pas d’agacement ni ne font se retourner, deviennent au bout du compte des éléments du silence. Il en était ainsi autrefois du silence de la paix. Il en était devenu ainsi du silence de la guerre, où le fracas des armes avait évincé les bruits de la nature, mais à force de lassitude, était devenu coutumier, s’était comme glissé lui aussi sous les ailes du silence, avait cessé d’attirer l’attention sur lui.
Commenter  J’apprécie          530
La peur, c’est chose invisible, ténue, multiforme. Comme un virus ou une bactérie. On peut l’inspirer en même temps que l’air, ou bien l’avaler par accident en buvant de l’eau ou de l’alcool, ou encore en être contaminé par les oreilles, par l’ouïe, et la voir alors de ses yeux si clairement que son reflet vous reste imprimé sur la rétine même alors qu’elle s’est déjà évanouie.
Commenter  J’apprécie          522
Rendue fragile par les rayons du soleil, la fine membrane du sommeil se déchira sans nulle difficulté, le faisant entrer dans un nouveau jour comme un poussin sorti de l’œuf.
Commenter  J’apprécie          492
Il songea que c’était une drôle d’époque pour un enfant, un drôle de pays, une drôle d’existence, qu’on n’avait pas même envie de chercher à comprendre ; juste survivre, pas plus… [Ukraine ; 1995-1996]
Commenter  J’apprécie          451
Vos Tatars, là, on va les expulser, déclara la vendeuse,…..On va sûrement les forcer à retourner dans leurs ouzbekistans. Ils auraient mieux fait d’y rester bien tranquilles plutôt que de revenir ici…
– Mais c’est leur terre, objecta timidement Sergueïtch.
– Leur terre ? C’est la meilleure ! s’indigna la femme benoîtement. Elle est russe et chrétienne, et ça depuis la nuit des temps ! Bien avant les Tatars, les Russes ont apporté de Turquie le christianisme ici. À Chersonèse. Il n’y avait alors aucun musulman. Ce sont les Turcs qui plus tard les ont envoyés en même temps que l’islam. Poutine, quand il est venu, a raconté lui-même tout ça : ici, on est en sainte terre russe.
- Bon, moi, je ne connais pas l’histoire. Les choses peuvent s’être passées de mille façons.
– Les choses se sont passées comme Poutine l’a dit, insista la vendeuse. Poutine ne me ment pas.

( parlant de la Crimée )
Commenter  J’apprécie          445
Le froid força Sergueï Sergueïtch à se lever vers trois heures du matin. Le poêle-cheminée bricolé de ses mains d'après un croquis relevé dans la revue "Datcha bien aimée", avec porte vitrée et deux plaques de cuisson circulaires, ne dispensait plus aucune chaleur. Les sceaux de fer blanc, posés à côté, étaient vides. L'obscurité régnant, il avait plongé la main dans le plus proche, et ses doigts n'avaient rencontré que des miettes de charbon.
(incipit)
Commenter  J’apprécie          430
Une brise fraîche, étonnamment douce, l’effleura ; mêlée à la tiédeur précoce, encore fragile, comme enfantine, du soleil, elle lui procura une délicieuse sensation, une impression surprenante, brise passagère sur fond de soleil. Chaleur et fraîcheur. C’est ce qui fait naître la vie, ce qui l’appelle à la surface de la terre.
Commenter  J’apprécie          421
C’était ainsi, chaque fois qu’il se trouvait dans sa maison, il ne pouvait s’empêcher de penser à elle. Il faut dire qu’elle donnait matière à penser. Elle offrait des sujets de réflexion simples et accessibles. Une femme offre toujours plus de sujets de réflexion qu’un homme.
Commenter  J’apprécie          429
Il s’absorba dans ses pensées. Regarda le ciel à nouveau, pensa à Dieu. Au fait que si Dieu existait dans la tête des hommes c’était parce que ceux-ci étaient irresponsables.
Commenter  J’apprécie          391
L'automne est la saison idéale pour les nécrologies. C'est le temps du déclin, de l'affliction, du repli sur le passé. L'hiver, lui, correspond bien à la vie. Il est joyeux en soi, avec son froid vivfiant, sa neige qui scintille au soleil.
Commenter  J’apprécie          390
Le silence lui soufflait des pensées romantiques, et il se prit une fois de plus à rêver aux livres qu'il n'avait pas écrits, et à son passé. Il eut soudain l'impression d'être à l'étranger, hors de portée de son ancienne existence. Son étranger à lui était ce coin tranquille, cette Suisse de l'âme reposant sous la neige de la sérénité. Ici, tout était empreint de la crainte de déranger, au point que les oiseaux s'abstenaient de chanter ou de pépier, même s'ils en avaient très envie.
Commenter  J’apprécie          380
On a eu beau m'enterrer, ça ne veut pas dire que je sois mort.
Commenter  J’apprécie          372
L’air hivernal est âpre, les cris s’y engluent comme les mouches dans la confiture. Aucun écho, aucune répercussion !
Commenter  J’apprécie          360
Quand il sortit dans la rue, botté et vêtu de cuir, il n’était plus du tout celui qu’il avait coutume d’être vêtu avec son manteau de lycéen et ses bottines anglaises. Son dos un peu voûté, que plus personne ne lui reprochait à la maison, s’était redressé de lui-même, tendu sous la veste comme la corde d’un arc. Les bottes réclamaient une démarche particulière, et cette démarche lui était venue toute seule, comme si ses jambes savaient comment se mouvoir selon la manière dont elles étaient chaussées.
Commenter  J’apprécie          351
L’avant-veille, quand il s’était avancé au bout du potager, il n’y avait aucune tache sur la grande étendue blanche. Juste la neige, au sein de laquelle, à force d’attention, on finissait par percevoir un bruit blanc : c’était là un silence qui vous prenait par l’âme avec des mains glacées et ne vous lâchait plus avant longtemps.
Le silence ici, bien sûr, était particulier. Les sons auxquels on était habitué au point de ne plus y prêter attention en faisaient aussi partie. Comme par exemple l’écho des tirs d’artillerie au loin. Tenez, d’ailleurs – Sergueïtch se força à tendre l’oreille – quelque part à droite, à une quinzaine de kilomètres, ça pilonnait, et là-bas à gauche également, aurait-on dit, à moins que ce ne fût l’écho.
Commenter  J’apprécie          350
Le temps ne joue un rôle que là où quelqu’un le surveille et dépend de lui. S’il ne reste personne dans ce cas, le temps se fige, disparaît.
Commenter  J’apprécie          330
A présent, cependant, tout appartenait au passé, à la mémoire et aux photographies. La mémoire, peu à peu s'efface, les photographies, elles, restent. Elles dorment dans les albums, témoins de l'école, du régiment, des noces. Elles dorment dans l'armoire et ne réclament pas à manger.
Commenter  J’apprécie          330



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Andreï Kourkov Voir plus

Quiz Voir plus

Avez-vous bien lu les Abeilles grises d'Andreï Kourkov?

Avant d'être retraité, Sergueïtch était...

syndicaliste
ingénieur
inspecteur des mines
instituteur

9 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Les abeilles grises de Andreï KourkovCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..