Je me suis promis de faire face seul. C’est ma peine silencieuse. Mon hurlement paralysé.
Dans mes bras, plus rien ne peut le heurter ou le faire souffrir, car je sais que la morsure des sentiments que j’ai pour lui me tient à la gorge, me cloue aux draps.
- Je ne te demande pas de m’aimer… juste de sauter. Lâcher prise. Oublier toute cette merde. Simplement ressentir.
Mais bizarrement, quand je replonge dans ses yeux en amandes, je ne remarque que quelqu’un qui pleure dans la discrétion de son cœur. C’est Léo. Un cri noyé dans le silence. Un hurlement d’agonie étouffé dans le sable. Si personne ne regarde, personne ne le voit.
Même s’il est doux avec moi, ça me tue qu’il ne puisse rien m’apporter de plus. Et mon cœur crie à l’aide alors qu’il me soigne autant qu’il me heurte de ses mains et de sa tendresse.
Ses iris plongent soudain dans les miens et tout s’éclaire. La douleur, la tristesse … sa légendaire et intolérable culpabilité, je m’aperçois dans ses prunelles brunes. La honte de ne pouvoir être, aux yeux du monde, le vrai Léonard. Le Léonard qui brille de mille feux secrètement, tout au fond de son cœur, tel un astre ardent et majestueux, révélant la vérité de son âme, bien cachée et bien gardée par cette monstrueuse et ténébreuse affliction.
Je t’aime. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé, mais je suis forcé de constater que t’aimer veut dire souffrir comme je n’ai jamais souffert.
Sans lui, je n’ai plus rien. Même plus la force de me battre pour la personne que je suis. Plus l’envie de faire mieux. Juste le besoin primaire de l’avoir contre moi et de me fondre dans ses bras… une dernière fois.
Je joue avec tout ce que je peux donner, mais je ne suis qu’un mec lambda qui a juste la passion du ballon. J’ai pas honte de jouer pour les autres. Ça ne me pause aucun problème de m’interposer ou de me sacrifier, si ça permet à l’équipe de gagner des matchs. Je ne joue pas pour être le meilleur de mon équipe. je joue pour gagner. Je gagne pour moi mais aussi pour toute l’équipe.
Plus aucun bruit de tissus ou de soupirs feutrés ne filtre. C’est comme si nous avions arrêté de respirer. Et pourtant, je sens bien nos deux cœurs battre l’un contre l’autre. Je voudrais ne plus le quitter.