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4.28/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1983
Biographie :

Antoine Bargel est parti au Texas à 18 ans, puis a vécu en Oregon, Californie et Alabama. Il travaille d’abord comme manutentionnaire, puis enseignant de français et enfin traducteur de littérature américaine pour des éditeurs francophones (Gallimard, Mercure de France, AmazonCrossing).

"Ma vie parfaite" est son premier roman, inspiré d'une histoire vraie.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, ma psy a suggéré que je mette mon histoire par écrit. Selon elle, j’ai besoin d’exprimer ce que je ressens par rapport à ce que j’ai vécu. De toute évidence, je ne vais pas bien et je suis incapable d’en parler. Écrire mon histoire devrait m’aider à mieux comprendre ce qui m’est arrivé, à donner un nom à mes sentiments. J’essaye de ne pas ricaner, quand ma psy part dans ses théories. Je m’efforce de prendre ses instructions au sérieux car je veux sortir d’ici.J’ai dit oui quand elle était là, mais maintenant que je suis seule, mon cahier ouvert devant moi, je n’en ai plus du tout envie. En vérité, je préférerais m’arracher les yeux, moi, que de revivre ça, mais il ne faut pas et puis, concrètement, je ne peux pas. J’ai les ongles limés courts et pas d’objets pointus ni tranchants à disposition. Le gros feutre dont je me sers pour écrire ferait un piètre poignard. J’en gratte le papier comme une enfant réticente, boudeuse, que seul son sens du devoir contraint à s’exécuter.
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Désormais, ma vie, ce sont ces actes mécaniques et mon traitement, jour après jour. J’agis à l’identique et j’attends sans y croire que quelque chose change en moi. Depuis qu’ils m’ont détachée du lit, j’ai le droit d’aller m’installer devant la fenêtre, dans un vieux fauteuil en cuir noir, d’où j’aperçois à travers les barreaux les arbres du jardin, des sycomores centenaires et des pins verts aux branches chargées de nids de chenilles, cocons de barbe à papa qu’autour de la ferme familiale mon grand-père descendait à coups de carabine, et le ciel.Tous les jours, en début d’après-midi, ma psy vient s’asseoir en face de moi sur une chaise en plastique beige. Elle est jeune, ma psy, c’est un peu bizarre de me confier à cette demoiselle blonde, toujours très élégante, qui ne doit pas connaître grand-chose de ce qui fait ma vie. Pourtant, je vois qu’elle est compétente, sensible et perceptive.
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L’homme que j’aimais et que j’avais épousé vingt ans plus tôt ne se transformait pas tout à coup en quelqu’un d’autre, uniquement parce qu’il avait fait une grave bêtise quand il était ado. C’était certainement un problème que Bubba veuille en parler et on allait devoir trouver une solution — mais quant à moi, je ne pensais pas avoir
à lui pardonner. Mon mari, l’homme que je connaissais, n’avait rien fait de mal. L’adolescent coupable de ce crime n’existait plus depuis longtemps. Et puis on ne condamne pas les mineurs de la même façon, non ? Ce n’était pas comme si Brad avait commis un tel acte aujourd’hui. Et pourtant, je l’ai tout de suite compris, c’était bien ça qui aurait lieu, du moins dans l’opinion des gens. On allait faire porter à Brad tout le poids du passé.
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Ce père qui travaillait dur buvait dur également, aimait durement sa femme et ses enfants, à coups de taloches et de ceinturon. Plus la soirée avançait, moins il fallait le déranger, au risque de le payer cher. Mais la nuit, dans la pénombre, il n’était plus cet homme fort, cruel mais protecteur, régnant sur la famille ; la nuit, se croyant seul, son visage se relâchait et montrait sa souffrance, un désespoir puéril et pathétique. Parfois, il pleurait en silence. Il était mort à cinquante ans d’une cirrhose.
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J’ai appris à cacher mon désir de tout déchirer, à commencer par ce corps qui m’encombre. J’ai réappris à sourire, même si ce n’est que des lèvres. Je souris à ma psy, pour lui montrer que je vais mieux, je souris aux infirmiers par politesse. Mais je ne souris pas à Brad quand je vois son visage au carreau : je fais semblant de ne pas l’avoir remarqué jusqu’à ce qu’il s’en aille. J’ai réappris à manger. Même si l’envie de tout vomir, de me révulser et de disparaître, ne me quitte pas, j’avale et je souris.
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On vivait sans se faire de souci : Brad avait vingt-deux ans, moi dix-neuf, l’avenir semblait loin. J’étais serveuse dans un diner, lui faisait du business avec son frère et ses potes, mais l’important c’était la fête, la musique rock ou country, l’ivresse dans tous les sens possibles. Même avec le bébé, on n’avait pas baissé de rythme. Je travaillais un peu moins pour m’occuper d’elle, la mère de Brad la gardait quand on sortait et on vivait nos nuits à fond, sans réfléchir.
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Une mère, parfois, doit savoir mettre son amour en retrait. Je ne crois pas que j’aurais pu changer les choses en insistant davantage, non. Je me suis beaucoup posé cette question, surtout quand c’est devenu plus grave, mais j’en ai parlé depuis en thérapie et ça n’a pas de sens de me culpabiliser comme si j’avais eu le pouvoir de modifier le cours des événements. J’ai fait ce qu’il fallait avec ma fille et je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé.
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On ne travaillait pas que pour survivre ou pour se gaver, ni seulement pour faire ce qu’on attendait de nous — c’est-à-dire nous taire et trimer toute une vie en échange du strict minimum. Non : on accomplissait plus que ça, sans rien devoir à quiconque, et on le faisait pour notre enfant. La voir grandir sans les problèmes qu’on avait connus à son âge, et même avec des facilités, c’était pour nous la conquête d’une nouvelle dignité.
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Ce n’est qu’en acceptant une soumission temporaire que je regagnerai ma liberté. J’écrirai dans ce cahier ce qui est arrivé.Ma psy m’a dit de ne pas trop me poser de questions. Il s’agit seulement de raconter les événements tels quels, en prêtant attention à ce que je ressens. Ce que j’ai ressenti sur le moment, si je peux — mais si c’est trop douloureux, ce n’est pas grave, il ne faut pas que j’aille trop loin toute seule.
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Quand on risque de perdre l’essentiel, on s’aperçoit que ça ne tient pas à grand-chose et finalement, le reste importe beaucoup moins qu’on ne l’avait cru. Il y avait des parties entières de mon ancienne vie qui ne comptaient plus pour moi et Bubba en était une. C’était le prix à payer pour notre nouvel avenir, celui qu’on voulait offrir à Lisa, et j’étais prête à l’assumer ouvertement.
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Normandie : 1870

"Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d’une allure molle, sans drapeau, sans régiment. […] Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on." [...] Il y avait cependant quelque chose dans l'air, quelque chose de subtil et d'inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l'odeur de l'invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l'impression d'être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses." La débandade de l'armée française, l'occupation prussienne en Normandie, le cortège des horreurs de la guerre de 1870 servent de motif à de nombreux contes et nouvelles de Maupassant où sa férocité s'exerce avec maestria dans la plus connue et réussie de toutes dont le titre est le sobriquet de l'héroïne principale : "Boule de Suif". Mais quel est l'état-civil de Boule de suif dans le récit ? 👩‍🦰👩‍🦰👩‍🦰

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