« Cursed Crowns - Twin Crowns, tome 2 » de C. Doyle et K. Webber lu par Lola Créton I Livre audio
Qu'est-ce que tu voulais qu'elle me dise ? Que l'île a tué notre père ? Que les tempêtes sont magiques et que c'est la magie qui nous l'a pris ? Non, Fionny.
Il faut le voir pour le croire.
Son grand-père avait raison lorsqu'il disait qu'on n'avait pas peur pendant l'action, mais il avait oublié de mentionner un détail. On avait peur après. La terreur profita de l'obscurité pour descendre dans sa gorge et l'empêcher de respirer correctement. (pages 203)
-D'après mon expérience, il n'y a pas de peur, aussi petite soit elle, dont il faut avoir honte. Ta grand-mère souffrait d'anatidaephobie aiguë. Le savais-tu?
A peine Fionn avait-il entendu ce mot, que déjà il l'oubliait.
-Elle souffrait de quoi...?
Son grand-père joignit les mains devant ses lèvres.
-Elle avait peur d'être observé par un canard.
Fionn fixa le vieil homme, interloqué.
-Quoi?
-Anatidaephobie, articula son grand-père. La peur que quelque part, un canard vous observe.
- C'est curieux, mon garçon. Je ne sais pas qui tu es, avoua-t-il.
Fionn se décomposa.
- Mais je sais que je t'aime, ajouta son grand-père en fermant les yeux.
Il sourit, et on aurait dit que le soleil se levait au fond de lui. Fionn attendait de pouvoir à nouveau respirer pour répondre :
- Moi aussi, je t'aime, grand-père.
-Elles [baies de lune] ne poussent qu'à la lumière de la pleine lune et, quand tu les manges, tu sens l'amour de toutes les étoiles du ciel dans ton ventre[...].
Et, par-dessus tout, il voulait que son père quitte le canot de sauvetage qui gisait au fond de la mer et vienne reprendre sa place. Il le désirait si fort qu'il caressait cette idée en s'endormant chaque soir, et se réveillait chaque matin en y songeant. Depuis qu'il était tout petit, cette pensée était blottie dans la petite fente entre son âme et son cœur, à l'endroit où le désir se dissolvait dans l'impossibilité.
Vivre une vie d'émerveillement à couper le souffle, si bien que lorsqu'elle s'estompera peu à peu, tu sentiras encore l'ombre du bonheur en toi et le sentiment de béatitude d'avoir ri le plus fort, aimé le plus profondément et vécu sans peur, même si les détails t'échappent.
-Si je tombe, tu me rattrapes ?
-Non, mais je te ferai coucou dans ta chute.
-Quel gentleman.
- La vengeance est une affaire cruelle, Tor. Et l'amour aussi, d'ailleurs. (Wren reprit son chemin en balançant les bras.) C'est la plus grande vérité que je puisse vous apprendre.
Le soldat trotta sur ses talons.
- Quand vous parlez d'amour avec le prince Ansel, vous semblez y croire. Pourtant vous en parlez maintenant comme d'une malédiction.
- L'amour peut être une malédiction, parfois. Une prison. Voire une sentence de mort.
« – Princesse, n’as-tu donc aucune honte ? Je n’aurais jamais dû te faire confiance.
Le ton de sa voix sonnait faux et Rose aurait juré voir une étincelle danser dans ses yeux.
– Tu ne penses pas ce que tu dis.
– C’est pourtant vrai, Rose. Je suis bouleversé. Ne vois-tu pas mes larmes ?
– Non.
– C’est parce qu’il fait nuit.
Rose effleura sa joue parfaitement sèche. Il lui prit la main et embrassa sa paume.
Elle n’aurait jamais cru pouvoir éprouver autant de sensations. Shen sourit et embrassa de nouveau sa main avant de la poser sur son torse. Son cœur battait sous ses doigts. Celui de Rose s’emballa ; le désir lui donna le vertige. »