42 000 tonnes de déchets toxiques à enfouir d'ici 2027 : c'est l'objectif du gouvernement pour Stocamine dans le Haut-Rhin, un site au coeur des mobilisations locales depuis vingt ans.
Une décision controversée, qui relance le débat autour de l'impact des industries polluantes sur les territoires.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Gwenola le Naour, maître de conférence en science politique à Sciences Po Lyon
Renaud Bécot, historien, spécialiste d'histoire sociale et environnementale des mondes du travail en Europe occidentale
Clotilde Leguil, philosophe et psychanalyste de l'Ecole de la Cause freudienne
Photo de la vignette : LAUNETTE Florian © Maxppp
#pollution #déchets #politique
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Comment ne pas voir que pour qu'il y ait du "Je", il faut aussi qu'il y ait un régime politique qui puisse laisser une place vide, un lieu où le pouvoir s'abstient, ne pénètre pas, et laisse chacun exister avec ses doutes, ses questions, son non-savoir, son désir et son histoire? (...) Le "Je" n'est donc pas indestructible. Il est même souvent menacé et l'identité totalitaire est ce qui vient à la place du "Je" lorsque l'espace pour le faire exister disparaît.
Le nouveau champ du toxique déborde la sphère des addictions et ne se restreint plus au monde des objets ou des produits dont l'effet était dit toxique. Le toxique dorénavant appliqué aux discours, aux relations amoureuses, à la vie sexuelle, désigne une substance d'un nouveau genre. Le toxique s'est en effet répandu aux autres, à la virilité, aux pères, à l'amour, au management, au progrès, à la surexploitation des ressources de la terre.
À la façon d'une substance, le toxique distille en nos tissus un venin invisible.
La politique à l'âge des statistiques et aujourd'hui des algorithmes propose aux citoyens un savoir préfabriqué sur leur être. Cette somme de données personnelles sur l'être ressemble à une accumulation de savoir sur soi , mais paradoxalement l'accumulation de ces données renvoie en même temps à un refus de savoir ce qui relève du sujet en chacun. Le Big Data annule le cogito.
C'est bien à travers la langue que l'on parle, que l'on révèle ce dont on pâtit de façon nouvelle. Être sensible à la langue permet de déchiffrer les mutations de notre monde mais aussi les failles de notre être.
L'uniformisation engendre un monde d'où les couleurs de la subjectivité ont disparu. Car où que l'on se rende, sur la planète que nous habitons, nous pourrons nous y retrouver en rencontrant les mêmes paysages, les mêmes productions industrielles, les mêmes constructions, les mêmes hôtels, les mêmes plats, et voire la même langue.
"Ce qui traumatise ne se laisse pas dire." Cela ne se dit pas, non pas simplement parce que la décence ou la pudeur exigeraient de ne pas en parler, mais parce que l'effet du trauma percute le corps de telle façon que le langage est comme court-circuité.
"Consentir" peut conduire à "céder", sans même s'apercevoir que la frontière a été franchie.
C'est comme ça. Psychanalyser, tout comme éduquer ou gouverner, conduisent à faire l'expérience d'une tâche de l'ordre de l'impossible
L'analysant, en même temps qu'il parle de son symptôme, voit s'éveiller en lui un sentiment d'amour à l'égard de celui qui l'écoute.