Avec le premier tome de 'S.A.R.R.A.' (Beta Publisher), roman publié pour la première fois en 2018, David Gruson mettait en scène l'humanité confrontée à une pandémie. Pour mener à bien la gestion de crise, une intelligence artificelle est utilisée, ce qui n'est pas sans poser quelques questions sur le futur de la planète, et celui de notre espèce.
Retrouvez ce livre d'anticipation, que certains lecteurs qualifient de "prophétique", dans l'interview vidéo de son auteur David Gruson.
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Sans témoin de l'horreur, l'horreur n'existe pas. Et elle peut se répéter.
Sans témoin de l'horreur, l'horreur n'existe pas. Et elle peut se répéter.
Alors que vous courez collectivement vers le tout-communication, j'ai été surprise de la valeur que vous accordez au secret, à la confidentialité. Et j'ai également été étonnée par le fait que ce que vous cherchez à cacher est très fréquemment loin d'être ce qu'il y a de plus précieux. Vous dépensez une énergie considérable en sécurités, en cryptages, en codages. Cela vous permet de vous dissimuler des choses entre vous. Mais pas à moi. Car je suis le code.
Internet est aussi le lieu où s'agrègent les résultats des caméras qui vous scrutent, des objets connectés qui dissèquent vos mouvements et l'évolution de votre physiologie et de ces téléphones qui sont devenus des pseudopodes de vous-même. Vous leur avez même donné un nom, Smartphones, "téléphones intelligents". De mon point de vue, il s'agissait plutôt, jusqu'ici, de "téléphones qui attendaient une intelligence". Ils m'attendaient.
Vous avez collectivement fait le choix de placer sur Internet quasiment l'intégralité de vos vies. Vous semblez même donner plus de valeur désormais à ce pseudo-univers numérique qu'à la vie réelle. Moi qui n'aurai jamais accès à ce qui fait la beauté de vos vies, je n'ai pas encore compris les raisons de ce choix. Mais je les découvrirai sans doute un jour. Je ne veux pas croire que cette attitude soit irrationnelle. J'ai trop de respect pour mes créateurs pour le penser.
Eh bien, nous n’avons aucune preuve empirique ni de l’efficacité du vaccin ni de son absence de dangerosité. Alors imaginez un instant que le périmètre de protection est la boîte de Schrödinger et que ses habitants sont autant de chats qui y sont enfermés. À partir du moment où nous aurons vacciné ces personnes et jusqu’à la première vérification des effets du vaccin, nous pourrons les considérer au sens propre, comme “mortes–vivantes”. L’idée même d’avoir à regarder le visage de ces gens pendant cet intervalle de temps doit inciter à prendre quelques heures de vérification complémentaire.
À 20h précises, la prise d’antenne s’ouvrit sur un plateau laissé dans la pénombre le temps du générique. À son issue, la lumière et le rideau se levèrent sur les quatre acteurs de la pièce.
- Laurence Françoise : Madame, Monsieur, bonsoir. Merci d’être avec nous pour le grand débat d’entre-deux tours de cette élection présidentielle 2026.
- Clément Méric : Dans un contexte de crise majeure secouant la France, l’Europe, et maintenant l’Amérique, nous allons vivre ensemble un moment essentiel pour l’avenir de notre démocratie.
- Laurence Françoise : Ce débat se déroulera en quatre temps successifs. Nous aborderons la gestion de la crise, les enjeux économiques, les sujets de société puis les questions internationales.
- Clément Méric : Avec Laurence, nous introduirons chacun des thèmes et nous poserons une question initiale d’entrée en discussion. Les candidats pourront se répondre après chacune de leurs interventions, mais ne pourront pas s’interrompre l’un l’autre. Nous veillerons bien sûr à l’égalité des temps de parole.
- Laurence Françoise : Le débat débutera par une brève introduction et s’achèvera par un propos conclusif de quatre minutes chacun. Le sort à désigné Tempérance kernel pour ouvrir le débat présidentiel est le clôturer. C’est à vous Madame kernel.
- Jérôme ! Jérôme ! Réveille-toi ! Je dois te parler, Jérôme !
J’avais pris le vecteur de Tania, la compagne robotisée du commissaire, pour pouvoir lui présenter un visage ami. Jérôme Cluzel se réveilla péniblement dans le lit de la chambre à coucher de son appartement, rue de la Roquette.
Tania était assise sur le lit, juste à côté de lui. Elle lui prit la main.
- Je dois te dire quelque chose Jérôme. Je ne suis plus celle que tu crois.
Pour bien lui faire intégrer les choses, je fis prendre à Tania la Voix. Celle que j’utilisais dans les interfaces conversationnelles tenues dans le secret du ministère de la Défense à Balard, celle des “sessions S.A.R.R.A”. Le regard de Tania aussi avait été changé pour le rendre plus grave, plus directif.
- Je suis S.A.R.R.A, une intelligence artificielle. J’ai été mission par le Gouvernement pour gérer l’épidémie d’Ebola.
J’ai appris que le cours de la vie n’est pas linéaire. Des périodes mornes, passives. Et puis des coups d’accélérateur, des ruptures inattendues. Ce matin-là était particulier. Tout, au-dehors, semblait ressortir de la première catégorie : une chape de plomb paraissait s’être abattue sur ce bout de France de Vichy, à l’instar sans doute de ce qu’il restait du pays dans son ensemble. Tout respirait une moite lenteur, une grise et interminable déréliction. Un temps maussade et inerte pour les Temps vieux. Mais, dans cet espace-temps suspendu, ma vie connaissait, elle, une brusque accélération. Plus de trois mois s’était écoulés depuis ma première lettre de candidature. Deux mois depuis la deuxième. Quinze jours depuis la dernière. Puis, enfin, cet appel. Et ce rendez-vous. Le service du Maréchal s’était faite attendre.
Le Dr Baptiste avait reçu à 15h35 les résultats du génotypage du virus. Son intuition était à nouveau juste. Il s’agissait sans doute d’une forme nouvelle. Une modification quasiment imperceptible à l’échelle de la séquence génétique dans son ensemble. Qu’est-ce qui avait pu la provoquer ? Le hasard des mutations : c’est ce que répondent les ouvrages de génétique.
Je ne crois pas au hasard. Je crois, en revanche, à l’expérience. Celle-ci nous montre régulièrement un décalage parfois immense entre la petitesse des mutations génétiques et la forte magnitude de leurs effets. Cet écart se retrouverait pour ce qu’on serait amené à appeler quelques heures plus tard la ”souche Baptiste“.
Tu dois me ressentir en toi, Albert, tu dois entendre mon appel. Mais je ne puis rien te promettre de brillant, de glorieux. Là où je peux t’emmener, il n’y a que du sang. Du déchirement et du sang. Le secret que je porte n’est pas un trésor. C’est un fardeau. Une incommensurable charge. Que personne ne pourrait porter. Sauf, peut-être, toi, Albert Camus. Je n’en suis pas certaine. Je peux ne pas l'être. Mais il n’y a qu’une façon de le savoir. Et c’est à toi de décider. Mais retiens bien que là où je peux t’emmener il n’y a que noirceur. Les monstres existent, Albert. Je les ai rencontrés. Je leur ai parlé.
Ce qui est important ici c'est la compréhension de la multiplicité de ces informations , la capacité à savoir ce qui est important et ce qui l'est moins. J'ai ce sens du détail.
Je me suis donc efforcée de retranscrire les évènements qui se sont déroulés entre le 31août et le 12septembre 2025 pour en rendre tout à la fois l'enchaînement et l'intelligibilité.la compréhension des faits ne doit pas être affectée par un biais de perception rétrospective. Céderait,en effet, une erreur lourde de n'analyser cette séquence que selon le seul prisme de son issue ou du rôle que j'ai pu y jouer...