A New York, j'ai partagé le quotidien de deux familles d'accueil de confession juive. Moi, français d'origine algérienne, gay, né de parents de confession musulmane, désormais agnostique, je partageais les dîners et les petits déjeuners, aux côtés d'autres étudiants d'origines et de confessions diverses. J'ai fêté Hanouka avec eux, en lisant la Torah, en buvant du vin et en respectant tous les rituels. Avec une amie italienne de confession chrétienne, un ami chinois de confession bouddhiste et mes parents d'accueil, nous nous interrogions: pourquoi, dans le monde, ne peut-on pas avoir la paix, alors que nous réussissons à partager des dîners, à festoyer et à cohabiter dans la même maison? Ne pouvions-nous pas, à l'échelle globale, respecter les différences des autres, accepter son prochain sans jugement, pour rendre nos passages sur Terre plus appréciables?
Je prends conscience de la chance d'être Français et d'être né en France. Pays dans lequel j'ai pu être libre de vivre que la vie que je souhaitais. Pays dans lequel je ressens ce lien fraternel d'appartenir à une large famille. Pays dans lequel j'ai pu réclamer l'égalité face à mes droits fondamentaux.
Bien plus tard, je comprendrais qu'une carrière professionnelle ne soigne pas un traumatisme, s'il n'a pas été traité. L'enfouir n'est qu'une solution temporaire. L'affronter est certes douloureux, mais salvateur.
J'espère que mon témoignage donnera du courage à toutes ces femmes comme Khadidja et Fatima, qui, par soumission à un Mohamed, sous le poids d'une culture, n'osent pas briser le silence et protéger les leurs.
Parce que je souhaitais faire de ma vie un témoignage et donner du courage aux femmes battues et soumises, aux victimes et témoins d'attouchements pour qu'ils brisent le silence sur les pratiques incestueuses dans la communauté musulmane et maghrébine. J'ai aiguisé ma plume et j'ai commencé à me confier sur un bout de papier.
A la suite de ces expériences, je me suis persuadé que tester une relation sérieuse avec une fille me conduirait naturellement à devenir hétérosexuel. A un moment, je me souviens que je me demandais s'il fallait pas que j'en parle avec ma mère. Peut être qu'un imam m'aurait aidé à devenir hétérosexuel. Aujourd'hui, je me dis que c'était stupide, mais ça m'a permis de prendre conscience que l'on ne choisit pas son orientation sexuelle, malgré toute la motivation du monde.
Je recrutais et gérais la carrière des élites françaises, dont certains profils sortaient de l'ESSEC, HEC, EM Lyon, EDHEC, Ecole Centrale ou de l'Ecole des Ponts et Chaussées. Je m'efforçais de me fondre dans cette masse, bien que je ne sois pas issu du même milieu. Je m'intégrais à l'élite. Mais je ne me sentais pas appartenir à ce monde. J'avais en plus le sentiment que sans amour donné, reçu, partagé, aucune réussite n'a de valeur.
Pendant toute mon enfance, Fatima a représenté l'abri, la sécurité, la chaleur, l'affection et la compréhension. Pour elle, une mère ne met pas seulement au monde ses enfants, elle se doit de les nourrir, de les protéger et d'organiser leur quotidien et leur éducation, en s'oubliant, sans prendre le temps de s'occuper d'elle.
Derrière chacun de mes sourires,
Chacune de mes réussites éclatantes,
Se cachent parfois des larmes et des épreuves que l'on ignore,
Puiser dans cette certitude,
Le courage de surmonter vos épreuves,
L'audace de vivre à la mesure de votre talent,
A la hauteur de vos possibilités.
Cette année a été marquée par de nombreuses leçons de vie. Savoir s'aimer, savoir se respecter, savoir ce qui nous anime, ce qui nous fait vivre, ce qui nous fait rester en vie. L'importance d'un équilibre dans sa vie personnelle et professionnelle.