Elle n’avait pas tort : j’avais été très raisonnable par rapport aux multiples sollicitations que j’avais reçues. En réalité, tous mes petits amis n’avaient eu qu’un rôle utilitaire : m’intégrer socialement et assouvir mes éventuels besoins sexuels. Le fait était que je m’étais focalisé sur l’accomplissement d’une mission pendant une grande partie de ma vie et que j’avais donc écarté toute distraction risquant de faire échouer ma quête. Une fois mon objectif atteint, un moi différent m’était apparu, m’imposant, pour des questions de sécurité, de ne pas m’adonner aux sentiments.
Le seul parfum qui pourrait le faire tomber à mes pieds, c’est le chloroforme !
Une feuille A4 blanche pour imprimante , sur laquelle étaient collées des lettres découpées dans un journal et qui formaient la phrase suivante :
Tu devras tôt ou tard récolter ce que tu as semé .
Cela ne faisait pas partie de ma procédure . Je demandai :
-Suzanne, l'affaire sur laquelle tu as travaillé, ce sont des menaces?
Parce que ton père a réussi à t'inculquer que l'homosexualité était une menace. Eddy serait une menace. Mais peut-être as-tu raison ? Peut-être est-ce effectivement Dieu qui a fait revenir ton ami quinze ans après ? (...) Si c'est Dieu qui te l'envoie, ses intentions ne peuvent pas être mauvaises.
Une bonne entente ne veut pas dire te laisser systématiquement dominer. Tu dois t'affirmer Ed ! (...) Tu te sentirais beaucoup mieux à extérioriser les choses, à exprimer ton désaccord, ta colère, à taper du point sur la table, plutôt qu'à encaisser et te résigner. Hurler un bon coup, ça soulage.
- N'y a-t-il vraiment aucun moyen d'atteindre ton cœur ?
- Si ! À travers ma poitrine, avec un long couteau.
Je n'utilisais pas ce surnom débile, mais je ne les ai pas empêché de le faire, eux. J'ai été lâche. Pour conserver ma tranquillité et faire partie de cette équipe virile qui tenait tellement à coeur à mon père. C'est tout ce que tu peux me reprocher : d'être un lâche.
Nous sommes tous de la viande qui ne doit la vie qu’à de la physique et de la chimie.
- On utilise "deuxième" quand l'énumération peut aller vers une troisième, et "seconde" quand elle s'arrête à deux.
- Exactement. Je veux bien t'accorder une seconde chance. A toi de la mériter !
Je suis né tel que je suis, on m'a fait tel que je suis. Alors si l'oeuvre de Dieu est parfaite, qui oserait prétendre qu'il s'est trompé en insufflant mon âme homosexuelle dans ce corps ?