La librairie La Griffe Noire vous propose un nouveau rendez-vous avec le Gérard Collard. Pour ce deuxième numéro du "Grand Format de Gérard Collard", le libraire distille ses conseils littéraires
555 de Hélène Gestern aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/555-2.html
Cézembre de Hélène Gestern aux éditions Grasset
https://www.lagriffenoire.com/cezembre.html
La Cuisinière des Kennedy de Valérie Paturaud aux éditions Les Escales
https://www.lagriffenoire.com/la-cuisiniere-des-kennedy.html
Le Lotus jaune de Hélène Jacobé aux éditions Héloïse d'Ormesson
https://www.lagriffenoire.com/le-lotus-jaune.html
Peindre la pluie en couleurs de Aurélie Tramier aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/peindre-la-pluie-en-couleurs.html
Bien-Aimée de Aurélie Tramier aux éditions La belle Étoile
https://www.lagriffenoire.com/bien-aimee.html
Chantons sous les larmes: Lettres à Jean-Pierre Marielle de Agathe Natanson aux éditions Seuil
https://www.lagriffenoire.com/chantons-sous-les-larmes-lettres-a-jean-pierre-marielle.html
10, villa Gagliardini de Marie Sizun aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/10-villa-gagliardini.html
Et chaque fois, mourir un peu (T1) de Karine Giebel aux éditions Récamier
https://www.lagriffenoire.com/et-chaque-fois-mourir-un-peu-tome-1-blast.html
Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette : à Montmartre de Nadine Monfils aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/les-folles-enquetes-de-magritte-et-georgette-a-montmartre.html
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Ta mère fait tout trop haut, fait tout trop fort. Elle n’est pas comme les autres. Elle détonne parmi les fidèles, ces gens tranquilles, sans éclat, ces gens qu’on ne remarque pas, qu’on ne voit pas ; tu entends bien comme leur voix est faible et la sienne sonore, comme elle ouvre la bouche largement alors qu’eux sont là, nez baissé sur leur chant maigrelet. Dans un monde décoloré elle est en rouge. Elle crie au milieu des muets. Elle danse parmi des gisants.
La chose terrible en elle, la chose mystérieuse, abominable, peut à tout moment se réveiller. Mais c’est peut-être aussi cette présence de l’ombre qui fait d’elle un être magique.
Ils sont beaux ces nuages, ces gros nuages que les gens regardent avec mauvaise humeur sous prétexte qu’ils cachent le soleil… Je les trouve bien plus intéressants qu’un ciel d’azur, bien plus mystérieux. J’aime leur manière si particulière de défiler, de lentement passer, couchés sur le dos, indifférents, souverains ; et, pourtant, secrètement protecteurs, me semble-t-il. Fraternels. On est jamais seul quand on regarde les nuages.
Surprise par la dureté de son regard, Livia regarde le petit garçon: " Je ne sais pas, Isidore. Mais c'est vrai que la tristesse peut devenir une maladie..." (p. 303)
Les deux derniers jours sont étranges, dans l'appartement vidé de tout souvenir personnel et de la plupart des meubles, précipitamment vendus. C'est devenu un lieu irréel, où l'on et en transit, dans l'inconfort matériel et moral de qui n'a plus vraiment d'assise, la nostalgie de ce que l'on quitte, l'impatience inquiète de ce vers quoi l'on va. (p. 136)
Je me suis levée, rapprochée de la fenêtre, et j’étais là, debout près de la vitre martelée de gouttes de pluie. Au-delà on n’apercevait de la mer et du ciel qu’une seule masse grise, informe, agitée de profonds remous.
J’aurais aimé peindre cela. Cette informité. Cette force aveugle. Ce chaos. J’imaginais des noirs, des blancs, des gris. Je sentais leur mouvement. Je dessinais l’invisible. Je donnais forme au mystère.
Elle détache les paroles de façon si triste et si violente, elle leur donne un tel sens que tu en es bouleversée. Il n’y a pas une de ses intentions secrètes qui t’échappe, et c’est insupportable. Tu as mal de sa folie, de ce trop de beauté et de chagrin.
Quand refleurira le temps des cerises…
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur…
Il m’a semblé délicieux, ce café solitaire, que j’ai savouré debout devant la fenêtre. Par ennui de m’asseoir à la grande table vide. Et puis de cette façon je voyais mieux la mer : belle, incolore sous le ciel pâle, étale, en attente.
Longtemps on se sent seul parmi les hommes, jusqu’à ce qu’un jour on débarque parmi ses propres morts. On éprouve alors leur présence discrète – ceux-là ne sont pas turbulents, mais constants… L’apport original de chacun à sa propre personnalité apparaît bien modeste au regard de l’héritage que nous lèguent les morts. Nombre de trépassés que je n’ai même jamais vus continuent à vivre en moi : ils s’agitent, ils travaillent, ils obéissent au désir et à la crainte.
Sándor MÁRAI
Les Confessions d’un bourgeois, 1934
Elle rêve. Elle se voit flottant, vieille Ophélie, sur une rivière dont le courant l'emporte au fil de l'eau, très doucement, si doucement. Au-dessus, le ciel, la lente mouvance des nuages. C'est curieux, elle n'éprouve aucune inquiétude, ne se demande pas où elle va, ni pourquoi. Elle ignore depuis quand elle est là, et pour combien de temps. La notion de temps même a disparu.
Elle aime ce voyage immobile et horizontal, ce voyage dont elle ignore tout. Ce léger déplacement qui lui a donné accès à un autre ordre de choses. p 235