Ottavia Conteville

Un vent ébouriffe mes plumes tandis que je survole une dernière fois mon arbre. La forêt que j'ai connue si paisible est métamorphosée.

Les grands bipèdes ont fabriqué un immense pont et ils déplacent leurs chariots de fer dessus. Ce sont des machines destinées à tout détruire, à tout raser. Je les ai vus à l’œuvre. Là où les terres ont déjà souffert des flammes, ils viennent pour raser les chênes noircis, comme s'ils voulaient qu'il n'y ait plus un seul arbre à Solune.

Pourquoi se quereller ou se diviser? C'est ridicule. Clan du Jour? Clan de la Nuit? Nous devons faire face aux mêmes dangers et nous éprouvons les mêmes besoins: la liberté, la satiété, la sécurité et l'affection. Nous sommes faits de la même matière et nous vivons sur la même planète.

Faut-il que nous ayons perdu l'esprit pour nous aventurer de la sorte sur les terres en proie aux flammes?

J'ai encore des difficultés à l’admettre, mais je sais maintenant que certains hommes demeurent bons. Profondément bons.