Ainsi, les autorités françaises sont enferrées dans leur hostilité au FPR “anglophone“, piégées par leur lecture ethniste de la situation (Hutus contre Tutsis) et délibérément sourdes aux avertissements concernant un génocide des Tutsis en préparation : les massacres à caractère génocidaire ayant déjà eu lieu deviennent significativement (…) de « malheureuses exactions commises par les extrémistes Hutus.
Le soutien de la Ve République française à un régime génocidaire est le résultat non d’un aveuglement ou d’une anomalie, mais de son fonctionnement informé, organisé et efficace.
L’État français a, par pur cynisme, choisi le camp qui lui apparaissait le plus à même de maintenir le Rwanda dans sa zone d’influence.
La politique française au Rwanda fut le produit d’un choix délibéré. Les archives et les témoignages disponibles ne permettent pas de l’imputer à d’éventuels dysfonctionnements. Ni à un quelconque aveuglement, car à partir de 1990, et plus spécifiquement de 1993, les responsables politiques et militaires français étaient correctement informés du fait que les extrémistes hutus préparaient, puis perpétraient le génocide des Tutsis. Pourtant, avant, pendant et après le génocide, ils ont activement soutenu ces extrémistes, matériellement et politiquement. Cette aide française a eu un effet décisif sur le crime commis, sur l’impunité des coupables et sur leur action durable de déstabilisation de la région des Grands Lacs.