Il y a quand même quelque chose qui cloche chez lui. Son univers diffère en touts points du mien, je ne vois aucune compatibilité entre nous. Et je reste persuadée qu’il est du genre à garder de nombreux secrets que les gens tueraient pour découvrir…
Il y a des regards qui touchent et des mains qui apaisent.
Il y a des mots qui caressent et des caresses qui parlent.
Il y a du vacarme partout où il y a du silence.
Du vent partout où l'on met le feu.
Il claque la porte derrière lui avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit. En une fraction de seconde, il a disparu. Et, étrangement, ça ne m'étonne même pas...
- "Parfois... Parfois on s'interdit de faire ce qu'on a envie de faire... pour que les autres comprennent qu'on en a envie."
- Pourquoi voulais-tu me revoir ?
Stan met quelques secondes avant de répondre. Après s'être frotté vigoureusement la nuque, il annonce de but en blanc :
- Je te trouve intéressante. Pas comme les autres.
[Hum... Je le connais, ce discours]
- Intéressante quand j'ai bu, peut- être...
- Ne sois pas bête.
- Tu ne sais rien de moi.
- Raison de plus.
Un silence s'installe et m'enferme dans mes pensées. J'ai du mal à imaginer que je me sois laissée aller à ce point ce soir. Il faut croire que Stan a réussi à me mettre en confiance comme personne auparavant. Et pourtant ce n'était pas gagné.
- Je t'ai dit un jour que si l'on s'interdisait de faire ce que l'on voulait faire, c'était pour que les autres comprennent qu'on en avait envie. Il me parle vraiment, je ne le rêve pas.
- Mais c'est stupide.
Notre couple prenait racine sur un déséquilibre. On croyait s’aimer très fort, mais on se détestait. On cherchait sans cesse à se dominer l’un l’autre. Jusqu’au jour où il a fini par gagner.
Après une énième dispute sans intérêt, il a claqué la porte de ma chambre pour aller en soirée et a bu jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Le reste se résume en une fille, tout aussi éméchée, qui a accepté de le faire se sentir comme un homme pour un soir et qui a pris une photo de leur rapport comme symbole de victoire.
Car c'est toi, Anna, qui m'as rendu ainsi. C'était toi qui m'as fait prendre conscience de la réalité des choses, qui m'as ouvert les yeux. C'est toi qui m'as donné envie d'apprendre de mes erreurs, de les corriger. C'est toi la raison de tout ce remue-ménage.
Ce que j’aime vraiment, les jours d’anniversaire, c’est exactement cela : ne rien faire, pouvoir traîner à la maison en toute tranquillité. Pour un petit éventail de temps, je m’octroie un répit bien mérité et j’ignore devoirs et autres tâches obligatoires auxquels je me soumets dans l’année. La seule chose qui demeure vraiment planifiée sur mon agenda, c’est mon rencard annuel avec Allison, ma meilleure amie. Chaque année, depuis presque huit ans, celle-ci tente de me surprendre avec une de ses idées farfelues pour mon anniversaire. Quand c’est elle qui vieillit, je lui offre un bijou, un grigri souvenir, et je la laisse tranquille. Elle, non, évidemment… Et, bien souvent, ça n’entraîne rien de bon.
C'est la sûreté, la confiance et la stabilité que je choisis. C'est Léo que je choisis, tout en espérant qu'il soit capable d'éteindre le feu que son meilleur ami a allumé en moi ce soir.