Un type s'amènerait derrière moi et pointerait un révolver sur ma nuque en menaçant "la bourse ou la vie", j'éclaterais de rie. "Pas de bourse, mec, ni de vie. T'as braqué le mauvais numéro." Donc, pour la plupart des gens, ça, c'est un problème. Il faut avoir une bourse pleine et une existence enviable, voilà ce qu'ils pensent. Alors que c'est justement cette bourse et cette vie qui vont leur attirer des problèmes, non ?
"_Regarde, elle est là ! m'avait chuchoté mon père en pointant le doigt vers le ciel.
Il avait senti que je m'agitai et cherchait à me rassurer. J'avais levé la tête sans comprendre.
_Elle brille plus que les autres. L'étoile du berger. Tu la vois ?
Sa lumière argentée m'avait alors happée. Je fixai l'étoile, éblouie, découvrant la puissance des astres pour la première fois.
_Où que tu sois dans le monde, tu sauras qu'elle veille sur toi, avait conclu mon père d'une voix réconfortante, balayant ma peur."
"_Mais pourquoi vous voulez relancer le jeu ?
_On t'a dit, c'est pour pouvoir jouer sans être manipulés, répond encore Ganesh, qui commence à être agacé par toutes mes questions.
GRIMM me scrute d'un oeil en ayant l'air de cherche à comprendre...ce que je cherche à comprendre. Ce qui me fait peur, peut-être, ou ce qui pourrait achever de me convaincre. Alors il va droit au but, et ça me plaît.
_Vous jouez perso depuis le début, tout ce qui vous importe, c'est votre score. Vous restez confinés dans votre petite bulle. Nous, ce qui nous fait kiffer, c'est pas juste de pirater des serveurs derrière nos écrans. Ce qu'on veut, c'est changer le monde !"
"_Pour les premiers pirates, la technologie, c'était la liberté. Maintenant, c'est devenu n'importe quoi : le traçage et le business des données numériques, les faux comptes, le piratage des hôpitaux...C'est dégueulasse, ce qui se passe. Moi, 'veux pas d'un monde basé sur le fric et la surveillance !"
"Un site de fouilles, ça ressemble à un labyrinthe : des galeries souterraines sont creusées dans plusieurs directions pour quadriller une zone, avec l'espoir de mettre à jour un trésor. L'immense majorité des pistes ne mène nulle part et ne révèle aucun secret. Il faut attendre des heures, des jours, parfois des mois avant qu'une pépite soit découverte. Mon père restait calme et patient. Il disait : "Un blocage oblige à trouver un autre passage" et il répétait, en chantant presque : "Allez, courage. On creuse, on creuse, on creuse !" Alors pas question que j'abandonne maintenant. J'ai la trouille, mais je ne suis pas une trouillarde. Je ne sais pas qui je suis, en fait."
La lecture de Moby Dick te maintient la tête hors de l'eau.
Si un jour, la célébrité vous tombe dessus comme la fiente d'un pigeon sur la tête, ne perdez pas de temps à vous pavaner derrière des lunettes de soleil : fuyez. Fuyez au plus profond de vous-même sans craindre votre ombre, elle ne mord pas.
Car le roman est un espace magique, où tout ce qu’on tait peut s’écrire. Parfois le seul lieu où s’exprimer et se réfugier quand la vie nous agresse. Quand on se sent mal comprise, ignorée, blessée. Frustrée.
Jusque-là, je cliquais en pensant être à l’abri. Personne ne pouvait connaître mon historique de navigation, quels profils je consultais sur les réseaux sociaux. Oui, jusque-là, j’avais l’impression d’être un fantôme qui épiait la vie des autres sans déranger personne, et sans intéresser non plus personne, et je découvre qu’on me traquait, moi aussi. C’est violent.
« En ville, la pollution masque les étoiles. Je dois chercher longtemps avant de trouver la Grande Ourse. Et je n'ai pas intérêt à pointer quelqu'un du doigt ! Je me prends pour un espion en écoutant les conversations des passants. Parfois, je croise leurs regards et je les fixe pour attirer leur attention. Ils détournent les yeux. Ils doivent nous prendre pour des fous sur notre campement de fortune, pourtant ils me paraissent plus perturbés que nous. Ils courent dix lièvres à la fois, s'époumonent dans leur téléphone portable tout en retenant par leur col leur gamin colérique, leur sac tombe et ils ne s'arrêtent pas de parler pour le ramasser. Ils achètent un nombre incroyable de choses, on les regarde passer avec des paquets remplis de nourriture, de produits de beauté ou des vieux trucs trouvés dans des brocantes, on se demande bien avec Jimmy où ils peuvent entasser tous ces objets. On dort près des égouts, mais on se sent plus légers. Enfin, point de vue mobilier. »