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3.27/5 (sur 515 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) le : 26/09/1961
Biographie :

Will Self est un romancier et journaliste anglais contemporain. Il est ancien élève de l'University College School, Christ's College Finchley, et d'Exeter College, à Oxford.

Self est un descendant du ministre de l'église d'Angleterre, Nathaniel Woodard, ce qui explique son "middle name". Son père, Peter Self, universitaire à la London School of Economics est également connu pour avoir écrit plusieurs livres, tout comme son frère qui est aussi journaliste.

Avec un parcours académique de bon niveau, Will Self avait tout pour poursuivre une carrière d'intellectuel brillant, dans l'establishment britannique.

Des débuts prometteurs, comme journaliste à la télévision, lui ont permis de commencer à se faire remarquer, jusqu'au jour où, couvrant pour l'Observer, la campagne électorale de 1997 du candidat John Major, il eut le mauvais goût de choisir l'avion privé du premier ministre pour y prendre publiquement de l'héroïne.

Cette action d'éclat provoqua naturellement un énorme scandale et le fit aussitôt renvoyer du journal.

Influencé par la Beat Generation qu'il tient en haute estime tant pour ses qualités littéraires que pour son style de vie, Self fait figure aujourd'hui de Martin Amis déjanté.

Parmi ses faits d'armes, on retiendra l'impeccable "Cock and Bull" (disponible en poche sous le titre "Vice Versa").

Il a été distingué par la revue Granta comme l'un des meilleurs écrivains britanniques de notre époque. Souvent comparé à Don DeLillo, Thomas Pynchon ou William Gaddis, Will Self s'est imposé avec des romans comme Mon idée du plaisir (1997), Les Grands Singes (1998) ou Dorian (2004), tous publiés aux Editions de l'Olivier.

Il est marié à la journaliste Deborah Orr.
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A literary and artistic meditation on the theme of night travel from two of our greatest contemporary creative talents, Quentin Blake and Will Self. Discover more of the book here: https://bit.ly/2lOpzsr Animation: by YUKIMOTION based on illustrations by Quentin Blake

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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Simon sentit les poils de son cou se hérisser. Il serra son verre de schnaps, se concentra et, parmi les bruissements de la nuit, la stridulation des grillons, le vol soyeux des mouches, il entendit à nouveau la même plainte : « Vaaaaaaatefaiiiiiire-Fouuuuuutre. » C'était étrange. Il regarda les autres chimpanzés autour de la table. Tous ouvraient les oreilles, intrigués, mais percevaient-il comme lui de la colère et du désespoir dans ces cris rauques ? Ils n’en montraient aucun signe.
« Vaaaaaaatefaiiiiire-Fouuuuuuutre », répondit un autre humain, puis un autre encore, puis un troisième, puis un quatrième, jusqu'à ce que leurs appels se télescopent comme des vagues pour se mêler dans un même remous sonore.
Les cris durèrent plusieurs minutes avant de s’éteindre lentement. Il y eut un dernier « Vaaaaatefaiiiire » plus aigu, et le silence retomba. Un grand sourire fendit le museau de Rauhschutz. «“Greu-nnn”, fit-elle, le chœur nocturne des humains, sans doute un des échos les plus profonds et les plus imposants de la nature. Quand on l’a entendu une fois, on ne l’oublie jamais. C’est un “chup-chupp” privilège pour nous, mes alliés, que d’en être les témoins. Hier encore, ces humains étaient emprisonnés dans des zoos ou des laboratoires. Les chimpanzés leur ont inoculé leurs maladies, les gardiens les ont maltraités. et voilà qu’une chimpanzée s’est levée pour leur rendre la liberté “Houu- Graaa” !
— “H'heuu” excusez-moi, madame Rauhschutz, papillota respectueusement Busner, mais est-ce que ces appels ont une signification ? »
La question amusa Rauhschutz. « Oui, docteur Busner, ils ont une signification, contre-signala-t-elle. C’est la vocalisation humaine du coucher. C’est une tendre exhortation des mâles aux femelles pour leur annoncer que les nids sont prêts et que les activités copulatoires peuvent commencer. (...) »

Simon felt his hackles rise, and clutched his glass of schnapps tightly. He concentrated on the whirring of the night-time sounds, the pulse and chirrup of cicadas, the tiny whoosh of moths, then he heard it again, “Fuuuuuuckooooooffff-Fuuuuuuckoooooooffff.” It was so strange – Simon looked around the table at the other chimps. All of them were intent on the human’s calls, but did they – as he did – discern within those deep, harsh cries the anger and despair that he could. They showed no sign of it.
“Fuuuuuuckoooooffff-Fuuuuuuuckooooofff,” a different human responded. Then another responded to this second animal, then a third, then a fourth, until the deep burbles of sound were coming crashing in like agglutinative waves.
This went on for some minutes, then slowly died away. There was a last, slightly higher-pitched “Fuuuuckoooofff” then novocal. Rauhschutz, a great grin pasted across her muzzle, conducted the table, ‘ “Gru-nnn” the human night chorus, possibly one of the most awesome and profound noises there is in nature. Once heard – it is never forgotten. We are “chup-chupp” so privileged, my allies, to be able to witness this. Those humans were once confined in zoos, or experimental compounds. They have been infected with chimpanzee diseases and abused by chimpanzee keepers – now a chimpanzee has got them their freedom “HoooGraaa”!
“H’huuu” please, Madam Rauhschutz,’ Busner flicked respectfully, ‘did that particular set of calls have any meaning?’
Rauhschutzgrinned at this enquiry and countersigned, ‘Yes, it does, Dr Busner. That is the human nesting vocalisation. It’s a tender exhortation by the male humans to the females, saying that the night shelters are prepared and it is time for mating activity to begin.(...)’
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Mais, quelle que soit la manière dont nous choisissons de définir objectivement l'humanité — et, n’en déplaise au Dr Leakey, la ligne de démarcation est parfois bien floue —, notre réaction subjective devant l'humain est toujours problématique. Il suffit pour s’en convaincre d’aller au zoo de Londres et d’observer les humains dans leurs enclos grillagés lorsque, assis sans se toucher les uns les autres, ils braquent sur leurs visiteurs chimpanzés leurs yeux aux pigments étrangement blancs, empreints de ce troublant regard mêlé de tristesse et de supplique.
Et que dire de la condition des humains qu’on retient en captivité dans de vastes ménageries pour l’expérimentation scientifique ! L’humain ne supporte pas de vivre sans confinement : dans la nature, il construit des structures assez complexes où il peut rester immobile des jours durant. Lorsqu’on le lâche en plein air, sans matériaux de construction à portée de main, l’humain est rapidement sujet à une forme d’agoraphobie induisant un état proche de la psychose. Certains chercheurs prétendent que de telles conditions de détention sont nécessaires pour des raisons scientifiques, mais lesquelles exactement ? En vérité, elles ne sont nécessaires qu’à une chose : éviter toute remise en cause de cette fameuse ligne de démarcation scientifiquement établie et prétendument infranchissable entre nos espèces.

But however we choose objectively to define humans now – and pace Dr Leakey, there do seem good reasons for a blurring of distinctions – the subjective response to humanity is never unproblematic. One has only to go to London Zoo and observe the humans in their caged enclosures, sitting, not touching one another, their oddly white-pigmented eyes staring out at their chimpanzee visitors with what can only be described as a mixture of sadness and entreaty.
How much worse to imagine the condition of humans kept for experimental purposes in large compounds. The human hates to be entirely unconfined, and in the wild will build quite complex structures in which she can hunch motionless for days at a time. Forced out into the open and unprovided with materials for shelter construction, the human soon falls prey to a form of agoraphobia that induces a condition that might be termed a psychosis. Experimenters say it is important for scientific purposes that humans be kept in such conditions, but why exactly? Surely only to conform to scientifically defined paradigms that have their root in just this hard dividing line between our species?
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À la différence du chimpanzé, dont les aptitudes signalétiques s'étaient affinées en deux millions d’années de sélection continue, déterminée par l'interaction cerveau-signe, l'humain était resté enclavé dans un jardin sonore aussi tonitruant qu'inopérant ; et son aptitude à la gesticulation effective demeurait aussi atrophiée que ses doigts et ses orteils rabougris.
De tels arguments situaient Grebe dans la lignée de Noam Chomsky et des psychosémiologues pour qui le signage était l’attribut distinctif du seul cerveau chimpanique. Étant donné l'incroyable plasticité du cerveau des primates, pouvait-on s’étonner qu’une sursaturation neuronale eût empêché la sélection naturelle d’agir sur les capacités cognitives ? Ainsi, la capacité humaine à traiter l'information et, par conséquent, à apprendre à exécuter des tâches était ironiquement circonscrite par un manque de circonscription. Enfin, bref, pour grimacer les choses simplement : l’homme s’égarait dans sa propre tête. Incapable de créer un esprit syncrétique ou globalisant ; condamné sans rémission à obéir aux vains impératifs de la mémoire phylétique et aux gargouillis informes de ses propres vocalisations inconséquentes.

Unlike the chimpanzee, whose signage competence had evolved over two million years of continuous selection, determined by brain–sign interaction, the human had become bogged down in a perverse and clamorous sound garden; its capacity for effective gesticulation as stunted and atrophied as its stunted and atrophied fingers and toes.
Such arguments placed Grebe firmly within the range of Noam Chomsky, and the other psychosemioticians who held that signage was a unique attribute of the chimpanzee’s compact brain. Given the incredible plasticity of the primate brain, was it any wonder that a neural over-sufficiency resulted in natural selection being unable to work on cognitive capacities? Thus, the human’s ability to process information and hence learn tasks was ironically circumscribed by a lack of circumscription. Put simply: the human was lost inside her own head. Unable to create an esemplastic mind; doomed for ever to obey the useless dictates of phyletic memory, and the ghastly gargles of her own purposelessly promiscuous vocalisations.
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Je n’ai aucune formation académique en chimie, mais sans bien savoir comment, d’échec en échec, j’ai développé une méthode qui distille un précipité de tartrate soluble à partir de granulés de morphine. Le problème de ce truc est qu’il conserve une portion significative de craie. C’est parce que j’obtiens mes ingrédients sous la forme de bouteilles de kaolin et de morphine achetées chez divers chimistes. Si je laisse les bouteilles reposer assez longtemps, l’essentiel de la morphine s’élève au sommet. Mais vous ne pouvez jamais éradiquer tout le kaolin, et quand la morphine suspendue est siphonnée, un peu de kaolin l’accompagne inévitablement.

Comme je m’injecte cette chose depuis des mois, mon corps a pris un aspect étrange, car, à chaque dose, davantage de craie se dépose le long des parois de mes veines, d’une façon très similaire à la terre qui s’empile pour former un talus ou une digue le long d’une grande route. Ainsi ai-je tracé sous forme de plan l’histoire de mon addiction, mimant la construction originelle du système routier de l’Angleterre du Sud-Est.

Au début, conscient des effets, j’ai méthodiquement tracé un passage à travers les veines de mes bras et de mes jambes, pour leur donner d’abord la couleur brun clair des chemins de bestiaux, puis le brun plus sombre des pistes de charrettes, jusqu’à ce qu’elles finissent par se changer en macadam, noircies par mes excès. Pour finir, j’ai dévié mon attention vers les artères. À présent, quand je me tiens sur la balance ocre ébréchée de ma salle de bain et que je contemple l’image de mon plan routier dans le long miroir, je vois un réseau de conduits calcifiés irradiants à partir de mon aine. Certains sont inscrits dans ma chair comme des passages inférieurs, d’autres s’élèvent sur des revêtements de chair durcie : des ponts routiers faits de sang.

J’ai été amené à utiliser d’énormes barillets de cinq millilitres, équipés de longues aiguilles à bandes bleues nécessaires pour atteindre les artères. Je suis très conscient que tout échec aurait des conséquences désastreuses sur mon système de circulation. Je pourrais perdre un membre et causer des embouteillages dans tout le secteur de la M25. Parfois je me demande si je ne serais pas en train de perdre mon centre de contrôle.



I have no formal training in chemistry, but somehow, by a process of hit and miss, I have developed a method whereby I can precipitate a soluble tartrate from raw morphine granules. The problem with the stuff is that it still contains an appreciable amount of chalk. This is because I obtain my supplies in the form of bottles of kaolin and morphine purchased in sundry chemists. If I leave the bottles to sit for long enough, most of the morphine rises to the top. But you can never eradicate all the kaolin, and when the morphine suspension is siphoned off, some of the kaolin invariably comes as well.

Months of injecting this stuff have given my body an odd aspect, as with every shot more chalk is deposited along the walls of my veins, much in the manner of earth being piled up to form either an embankment or a cutting around a roadway. Thus the history of my addiction has been mapped out by me, in the same way that the road system of South-East England was originally constructed.

To begin with, conscious of the effects, I methodically worked my way through the veins in my arms and legs, turning them first the tannish colour of drovers’ paths, then the darker brown of cart tracks, until eventually they became macadamised, blackened, by my abuse. Finally I turned my attention to the arteries. Now, when I stand on the broken bathroom scales and contemplate my route-planning image in the full-length mirror, I see a network of calcified conduits radiating from my groin. Some of them are scored into my flesh like underpasses, others are raised up on hardened revetments of flesh: bloody flyovers.

I have been driven to using huge five-millilitre barrels, fitted with the long, blue-collared needles necessary for hitting arteries. I am very conscious that, should I miss, the consequences for my circulatory system could be disastrous. I might lose a limb and cause tailbacks right the way round the M25. Sometimes I wonder if I may be losing my incident room.
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Will Self
Les gens ne savent plus où ils sont. A notre époque post-industrielle... n'importe qui peut partir rendre visite aux pygmées de l'Ituri, mais combien de personnes ont fait à pied le chemin qui va de l'aéroport à leur maison ?
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Will Self
A l'heure d'internet, de la liberté de circulation des informations, si on s'exprime publiquement, on prend la responsabilité d'être entendu n'importe où sur la planète, avec les conséquences que cela implique. La liberté d'expression n'est donc plus un simple enjeu national. Il faut prendre en compte ses répercussions dans le monde entier.
[...]
Le Web est en train de changer très profondément la notion d'individu. Le fait d'accepter d'être sous surveillance permanente montre qu'une nouvelle conception de l'identité voit le jour. Le besoin d'être en contact permanent avec le groupe, en mettant beaucoup moins l'accent sur l'attachement romantique à une seule personne... Une nouvelle façon d'être apparaît à l'état d'embryon.

(propos receuillis par Marine Landrot pour Télérama)
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Les femmes, c'est comme les ouragans : quand elles débarquent, elles sont tout humides et chaudes, et quand elles foutent le camp elles vous prennent votre maison et votre voiture.
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Dave emmenait des drogués chercher de la came à All Saints Road, des putains se faire baiser à Mayfair, des joueurs parier sur Gloucester Road, des chirurgiens charcuter à Bloomsbury, des sous-chefs cuisiniers hacher à Soho. Il ne remarquait rien, ne retenait rien - simplement heureux de conduire, d'aller par les rues murmurantes, sentant la surface sous ses roues passer du lisse au rugueux, du rugueux au plus rugueux, du plus rugueux au défoncé. Dans les aubes blanches, quand Hyde Park bouillonnait de brume, il se retrouvait foncer dans Belgravia, une maigre clope fichée dans son crâne, et à la vue des queues de demandeurs de visas - déjà alignées devant les consulats à cette heure matinale - l'idée lui venait que "c'est là les gens que j'ai déposés il y a quelques heures... Cet endroit leur sort par les yeux autant qu'à moi..."
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À Chelsea, Thomas More se leva brusquement, son nez doré lançant des éclairs, tandis que de l'autre côté du fleuve les Bouddha aux oreilles tombantes s'agitaient dans leur pagode. En haut du cimetière de Highgate, la tête colossale de Marx tremblé, avant de rouler en bas de la colline en écrasant les tumulli des tombes récemment creusées. Toutes se dirigeaient vers Trafalgar Square, où le Nelson de cinq mètre de haut descendait prudemment de sa colonne, tandis qu'Edith Cavell passait d'un pas alerte devant St Martin-in-the-Fields, ses jupes de marbre raclant dans un bruit de ferraille les barrières pour piétons.
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Les pensées de Böm portaient sur d'autres choses, car même en pleine fuite, son esprit spéculatif l'avait emporté et il flottait à l'intérieur de lui-même vers là où il pourrait entendre le second Livre crier depuis les rochers de Nimar. S'il est toujours là-bas... songeait Bôm... s'il est toujours là-bas, il aurait peut-être encore le pouvoir d'ébranler le PCO jusqu'au coeur. Il pourrait nous expliquer à nous-mêmes... l'Ingleterre - et même le monde entier....
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