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3.72/5 (sur 36 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) : 1960
Biographie :

Yaël Neeman est née en 1960 au kibboutz Yehi'am, qu'elle a quitté à l'âge de vingt ans pour Tel-Aviv. Elle est éditrice et écrivain. Elle a publié un livre pour la jeunesse, Un mardi orange (Am Oved, 1988), un roman, Rumeurs sur l'amour (Katom, 2004), et des nouvelles et poèmes dans la revue Mit'am sous la direction de Yitshak Laor - tous inédits en français.

Source : Actes Sud
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
À partir de la cinquième, on nous permit d’assister aux séances des adultes attendues par tout le kibboutz. Une fois par semaine, nous nous rassemblions dans la grande salle à manger et nous asseyions en rangs. La projection commençait en retard, tout comme les conférences du soir et le dîner du vendredi soir, en attendant que l’accord se fasse sur l’ouverture et la fermeture des fenêtres. Ces contestations se déroulaient comme un film muet qui se répétait invariablement avant la séance. Au début, ceux qui voulaient que les fenêtres soient fermées se levaient, les fermaient et se rasseyaient, le tout sans un mot. Ensuite ceux qui voulaient que les fenêtres soient ouvertes se levaient, les ouvraient et se rasseyaient. Et ce manège se répétait suivant une séquence connue d’eux seuls.
Personne n’intervenait, ni les enfants, ni les adultes. Nous le savions tous – cela venait de là-bas (la grande majorité des Hongrois, tant ceux des Ouvriers que ceux de Premier Mai, venaient de là-bas, et là-bas, m’avait raconté ma mère un jour où j’étais malade, le Danube gelait en hiver. Et là-bas, nous avait raconté une autre ancienne, on y avait jeté tant de cadavres de Juifs fusillés que le Danube était rouge de sang). L’explication de ce manège d’ouverture et de fermeture des fenêtres nous fut révélée par un des enfants qui composaient notre mille-pattes : ceux qui avaient été emprisonnés dans des camps, ou qui s’étaient dissimulés dans des cachettes où ils avaient failli suffoquer voulaient ouvrir les fenêtres, et ceux qui étaient restés à l’air libre, ou sur lesquels on avait lâché les chiens, voulaient les fermer. Nous attendions. Ceux qui fermaient et ceux qui ouvraient.
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Nous chantions aussi avec conviction le chant des bataillons de Boudienny se lançant au combat : « Ay, Ay, Ay, voici venir les cosaques chargeant l’ennemi. » Nous ne savions pas qu’il s’agissait d’une bande d’émeutiers et de brigands en route vers des carnages. De même, nous ne savions rien de Staline, de Lénine, de Trotski, rien de leurs alliances ni de leurs scissions. Nous n’avions jamais entendu parler du Goulag, ni des millions d’hommes assassinés à cause de leur foi ou de leur loyauté envers l’un ou l’autre. Nous savions leurs noms, comme nous avons su ceux des généraux de Tsahal après 1967. Nous pensions que tous étaient des héros qui avaient vaincu les nazis et nous conduisaient désormais vers un monde meilleur : Uzi Narkis, le héros de la guerre d’Indépendance, Moshe Dayan, Staline et Lénine.
Nous savions que nous croyions en l’esprit humain et aux grands espaces verts. Qui pourrait parler contre l’esprit humain ? Qui pourrait s’opposer aux grands espaces verts ?
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Tout se passait au sein d'une même classe d'âge, sans parents, sans frères et soeurs aînés ou cadets, sans hiérarchie. Cela s'appelait "un groupe d'égaux". Le groupe était le temps et l'espace absolus : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, du lever au coucher, de la crèche à la terminale. p.216
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Notre système n'était pas favorable aux femmes. Les jeunes filles, les célibataires et même les fillettes de cinquième travaillaient dans les maisons d'enfants. On y manquait toujours de main-d'oeuvre. Destinées initialement à libérer les femmes des soins donnés à leurs enfants, en fait elles les y enfermaient, mais avec d'autres enfants. Il existait une égalité dans le travail féminin, mais uniquement entre femmes, entre mères et célibataires, cette égalité ne s'étendait pas aux hommes, sauf quand ils étaient de garde le samedi, toutes les cinq semaines.
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Le kibboutz n'est pas un village au paysage pastoral, avec ses habitants pittoresques, ses poules et ses arbres de Judée. C'est une oeuvre politique et nous en sommes les déserteurs.
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La proximité et l'éloignement étaient intentionnels,il fallait éduquer et protéger les jeunes de la menace de la corruption bourgeoise provenant des familles et des kibboutzim déjà pervertis, mais en même temps, il fallait inculquer les valeurs de travail, de créativité et de communauté. Dans le kibboutzim de l'HaChomer Hatzaïr' l'éducation au socialisme commençait dès la naissance.
Au kibboutz, on vous envoie étudier les matières dont le kibboutz a besoin, et on travaille là où on a besoin de travailleurs.Car le seul et unique métier est d,être membre du kibboutz.
Le kibboutz n'est pas un village au paysage pastorale mais une oeuvre politique....Bâtir un autre monde nécessitant une conception différente de la famille et du foyer.
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En fait, le récit de notre création, celui de la création d’un monde nouveau, n’a jamais existé. C’est peut-être pourquoi nous nous le sommes raconté. Nous n’avions pas de langue écrite, ni même un langage dans lequel traduire notre vie pour les citadins.
Nous pensions que les masses se joindraient à nous. Les noyaux de l’HaChomer Hatzaïr, les volontaires de par-delà les mers, les travailleurs du monde entier. Nous ne savions pas que étions nés en 1960 sur une étoile dont la lumière était morte depuis longtemps et qui sombrait déjà dans la mer. Nous ne savions pas que le mouvement kibboutzique avait été au faîte de sa gloire dans les années 1930, à l’époque des « Murs et tours » et qu’avant même la création de l’État d’Israël en 1947, la population des kibboutzim avait atteint son maximum et représentait 7 % de la population juive vivant en Israël. Ce pourcentage avait déjà chuté en 1948 et n’était plus que de 3,3 % dans les années 1970.
Nous ne savions pas que notre étoile n’éclairait plus qu’elle-même. Nous nous pensions semeurs et bâtisseurs.
Nous sommes nés en 1960 dans le kibboutz Yehi’am, le plus beau kibboutz du monde, avec le vert de ses pins, le mauve de sa couronne de bosquets et le jaune de ses genêts, fondé en 1946 sur une colline, au-dessous d’une forteresse datant des Croisés. Nous sommes nés dans le groupe Narcisse, seize enfants, huit garçons et huit filles, un groupe gracieux, pour la plupart enfants tardifs des Hongrois fondateurs qui avaient bâti le kibboutz avec l’aide d’un noyau israélien.
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