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4.25/5 (sur 48 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Nyon , le 31/03/1857
Mort(e) à : Grasse , le 29/01/1910
Biographie :

Critique littéraire, journaliste et écrivain suisse. Aujourd'hui oublié, un critique français n'avait pourtant pas hésité à l'appeler « l'un des maîtres de l'heure »

Source : Wikipedia
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Édouard Rod
Les peuples marchent grisés par les mots sonores et menteurs claironnés à leurs oreilles, sans révolte, passifs et résignés, alors qu'ils sont la masse et la force, et qu'ils pourraient, s'ils savaient s'entendre, établir le bon sens et la fraternité à la place des roueries sauvages de la diplomatie.
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Entre ces personnes, qui voyaient peu de monde, Henri Beyle grandit sans joie, replié sur lui-même, observant avec méfiance ses parents dont il n'attendait qu'humiliations et tristesses, à peine un peu réconforté, de temps en temps, par une caresse de son grand-père ou par les rêveries héroïques de sa grand'tante. II ignora toutes les impressions fraiches, douces, agréables, qui gravent des traces ineffaçables dans le cœur des enfants heureux. « Autrefois, dit-il, quand j'entendais parler des joies naïves de l'enfance, des étourderies de cet âge, du bonheur de la première jeunesse, le seul véritable de la vie, mon coeur se serrait. Je n'ai rien connu de tout cela; et bien plus, cet âge à été pour moi une époque continue de malheur et de haine et de délires de vengeance toujours impuissante. »

Henri Beyle. Sa vie et son temps
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Rien n'apaisait ses intraitables ressentiments : quand sa tante Séraphie mourut, il se jeta à genoux pour remercier Dieu de cette grande délivrance .

De fait, il fut alors plus libre : il put relire tranquillement ses livres de prédilection, la Nouvelle Heloïse, Gonzalve de Cordoue, Estelle, et quelques romans moins inoffensifs ; il put fréquenter le théâtre, ou il s'éprit d'une actrice, Mile Kably, qu'il admirait dans Claudine de Florian, et qu'il aima comme on aime à seize ans.

Henri Beyle. Sa vie et son temps
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Pourtant, Lamartine l'avait bien peu, bien légèrement aimée, la pauvre petite cigarrière : une aventure de jeunesse, un déjeuner de soleil. Ce fut plus tard seulement, quand elle fut morte et qu'il eut appris sa mort, à mesure aussi qu'il s'éloignait de ses vingt ans, qu'il l'aima à travers ses souvenirs, qu'il l'embellit, qu'il la poétisa, qu'il écrivit pour elle ses meilleurs pages de prose, et l'un de ses plus beaux poèmes, les Premiers regrets où vibre une si communicalive émotion.

Troisième partie. Oeuvres en prose de Lamartine
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C'est à la mort de sa mère, qu'il adorait, que commence pour Henri Beyle cet isolement qui devait durer toute sa vie. Fils père, Joseph-Chérubin Beyle, avocat au parlement du pays, était à ce moment-la un homme de quarante-trois ans, « ride et laid », archi-Dauphinois », rusé, renfermé, silencieux, qui n'aimait guère son fils, ou qui du moins ne lui ne témoignait aucune affection, et que son fils détesta. Un an ou deux après avoir perdu sa femme, il s'éprit de sa belle-soeur, Séraphie Gagnon, « ce diable femelle dont je n'ai jamais su l'âge », qui, quoique assez jolie, etait dévote, acariâtre, hypocrite, et qui soumit son neveu au régime d'une autorité à la fois despotique et déraisonnable. Le petit Henri ne pliait qu'avec de terribles révocations, qui le remplissaient de haine. Il n'avait personne auprès de qui chercher un appui contre cette tante, qui usurpait en ennemi la place vacante de la mère : ses deux soeurs, Pauline et Zenaide, étaient plus jeunes que lui, et la première seule devait dans la suite lui inspirer quelque chose amitié; son grand-père, le médecin Gagnon, l'aimait et le comprenait assez bien : mais c'était un homme fort pacifique, passablement égoïste, qui aurait craint de troubler sa tranquilité en se mêlant du ménage de son gendre, ou sa fille jouait un rôle mal défini; son oncle, M. Romain Gagnon, était un don Juan de province, qui ne songeait qu'à allonger sans cesse la liste de ses conquêtes; restait sa grand-tante Mlle Elisabeth Gagnon — une excellente vieille fille, à l'âme romanesque : avec elle, son petit neveu s'accordait assez bien; mais elle manquait de sens pratique, et ne fit guère qu'exalter en lui ce qu'il appellera plus tard « les sentiments espagnols ».

I. Henri Beyle, sa vie et son temps
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(...) Lamartine écrivit une série de petits romans populaires : le Père Dutemps, Geneviève, le Tailleur de pierres de Saint-Point, Fior d'Aliza, Antoniella.

Généralement, ce sont des récits dont il affirme l'authenticité sur un ton presque solennel. Il a vu et connu, dit-il, les personnages dont il conte la vie, tout est réel dans ses récits, on peut en accepter en confiance les moindres détails. Mais nous savons le sens que prend sous sa plume les mots réalité et authenticité. On ne peut pas lui demander de traiter les autres plus mal que lui-même, de regarder le monde à travers d'autres yeux que les siens ; et il est bien naturel qu'en mettant en scène des paysans ou des artisans, il conserve ses préoccupations et ses processus d'écrivain idéaliste. Il évite, d'instinct, le vice, le mal, la laideur, pour s'appliquer exclusivement à décrire des êtres bons, ornés de toutes les vertus, susceptibles de toutes les tendresses comme de tous les efforts, inspirés d'un esprit de sacrifice qui fait d'eux de véritables saints. Et il dilue le récit de leur vie à travers les enchantements un peu monotones de sa manière habituelle : ils se perdent, ils se dissolvent dans la nature, où ils s'agitent pareils à des ombres vagues qui feraient continuellement de bonnes actions dans le brouillard. Nous parlons une langue singulière, qui apparaît un compromis entre le langage populaire et le style lamartinien : les phrases s'efforcent d'être courtes, mais finissent toujours par s'allonger en périodes ; bannis un instant, les termes poétiques et les images littéraires reviennent fatalement à un moment donné.

Troisième partie. Oeuvres en prose de Lamartine
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La Chute d'un ange.
Nous sommes aux premiers temps du monde: des tribus de pasteurs, descendants de Caïn, errant dans les montagnes du Liban , beaux encore comme aux jours de l'Eden, mais dévorés par la faute et méritant le châtiment. Les tribus se méfient les unes des autres, car la justice ne règne pas entre elles. Un soir, une jeune fille d'une de ces tribus, Daïdha, s'est endormie seule au bord d'un lac : l'ange chargé de la garder, la contemple; il la trouve si belle, qu'il s'est pris à l'aimer. Or, des chasseurs géants la surprennent dans son sommeil et vont lui faire violence : pour la défendre, l'ange devient homme. A l'instant où s'accomplit cette transformation, il entend l'arrêt qui le condamne à passer par plusieurs existences terrestres avant de reconquérir sa nature ; Mais il sauve Daïdha. Cependant la tribu de la jeune fille s'empare de lui et le traite en ennemi : on le réduit en esclavage, on l'enchaine, il reçoit pour nom celui de l'endroit où on l'a trouvé, Cédar. Il a perdu tout souvenir de son origine céleste, et, en gardant les troupeaux de ses maîtres, il ne sait qu'une chose, qu'il aime Daïdha. Elle l'aime aussi : c'est elle qui lui enseigne les notions simples qu'elle a des choses. (...)

Pour lui, Daîdha repousse les jeunes gens de sa tribu, qui la voudraient pour épouse, et qui, jaloux, attaquent un jour cet esclave qui leur est préféré. Mais de son ancienne origine, Cédar a conservé une force surhumaine : il se délivre d'eux, quoique blessé. En le voyant souffrir, Daîdha lui avoue le secret jusqu'alors gardé de son amour. Il l'enlève, il l'emporte, il la prend; et de leur union naissent deux enfants qu'il lui faut cacher. Mais ils sont découverts : Daîdha, pour s'être donné à un étranger, est enfermée avec ses deux enfants dans une tour où ils sont condamnés à mourir de faim, tandis que Cédar est jeté dans l'Oronte. Il échappe au courant du fleuve, il démolit la tour, il est plus fort à lui seul que tous les hommes de la tribu, et il s'enfuit avec les siens dans la solitude.

Deuxième partie. L'œuvre poétique de Lamartine
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Ne renfermez pas Dieu dans des prisons de pierres
Où son image habite et trompe vos paupières,
De peur que vos enfants, en écartant leurs pas,
Disent : Il est ici, mais ailleurs il n'est pas !

Harmonies

Deuxième partie. L'œuvre poétique de Lamartine
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La nature est donc, pour Lamartine, la première de ses consolations. L'amour, même mal heureux, est également pour lui un moyen de résistance au mal dont il est menacé: cette malade dont les jours étaient comptés, et que séparaient de lui d'obstacles insurmontables , lui révéla le monde des grands sentiments, de ceux qui sont d'autant plus puissants que, vainqueurs ou vaincus, ils se trouvent en lutte avec le devoir et sont retenus par la conscience, de ceux qui survivent à la mort et rattachés, comme par une chaîne mystérieuse, l'âme seule et désemparée à l'Infini où l'âme sœur s'est absorbée. Depuis Pétrarque, plus loin, depuis les sonnets de Dante, on n'avait rien entendu de plus pur, de plus profond que les strophes dans lesquelles il entretient avec celle qu'il a perdue mais dont le souvenir vit en lui :

...Du soleil la flamme céleste
Avec les jours reviennent et fuit;
Mais ton amour n'a pas de nuit,
Et tu luis toujours sur mon âme.

C'est toi que j'entends, que je vois
Dans le désert, dans le nuage;
L'onde réfléchit à ton image ;
Le zéphyr m'apporte à la voix.

Tandis que la terre sommeille,
Si j'entends le vent soupirer.
Je crois l'entendre murmurer
Des mots sacrés à mon oreille.

Quand je dors, tu veilles dans l'ombre;
Tes ailes reposent sur moi ;
Tous mes songes viennent de toi,
Doux comme le regard d'une ombre.

Pendant mon sommeil, si ta main
De mes jours déliait la trame,
Céleste moitié de mon âme,
J'irais m'éveiller dans ton sein ,

Comme deux rayons de l'aurore,
Comme deux soupirs confondus,
Nos deux âmes ne forment plus
Qu'une âme, et je soupire encore ...

Deuxième partie. L'œuvre poétique de Lamartine
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Marie-Henri Beyle naquit à Grenoble, le 23 janvier 1783, d'une famille qui appartenait à la magistrature. (...)
Sa mère, qu'il perdit a sept ans, etait d'origine italienne : c'est d'elle sans doute que lui vinrent son extreme sensibilité, et cette energie et ce dilettantisme par lesquels il rappelle à la fois les condottieri et les humanistes du XVe siècle. (...)
C'est à la mort de sa mère, qu'il adorait, que commence pour Henri Beyle cet isolement qui devait durer toute sa vie.

I. Henri Beyle, sa vie et son temps
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