Editions de Minuit [corriger]

On pourrait dire que c'est l'histoire d'un secret de famille, une de plus (d'histoire), un de plus (de secret). Et ce serait vrai.

Mais ce roman est tellement plus que ça !

Je pense que c'est le premier roman que je lis de cet auteur. J'ai été dérangée parfois par son écriture. J'ai failli arrêter au cours du deuxième chapitre ! Cette écriture au kilomètre, sans début ni fin de phrase... J'ai bien compris qu'on était dans la tête du personnage principal et que ses pensées se déroulaient comme ça, percutant les paroles de son oncle qui lui assénait une nouvelle impensable, là, juste après l'enterrement du grand-père, du patriarche. Mais ça ne me plaisait pas du tout ! J'avais envie de retrouver ce qui semblait tellement couler de source dans le premier chapitre.

Finalement j'ai continué et j'en suis ravie ! Je me suis attachée à Simon, qui vient de se séparer de sa compagne après 20 ans d'amour et deux enfants, qui vient d'apprendre que son grand-père aux avis tellement tranchés a eu un fils avec une Allemande, à la fin de la seconde guerre mondiale. Et j'ai adoré l'angle par lequel l'auteur traite cette histoire !

Bref, une très très belle découverte &#xNaN

Ce livre se dévore d'une traite, je l'ai adoré.

C'est un magnifique voyage en Indochine, un sublime bond dans l'histoire coloniale mais surtout une belle histoire d'amour interdite, passionnelle et passionnante.



Le plus agréable, selon moi, a été de ressentir la force de l'autrice. Elle n'est pas la victime d'un homme plus âgé, elle n'est pas manipulée. Au contraire, c'est elle qui mène la danse avec son Amant, c'est elle qui jouit de son pouvoir sur l'autre.

Finalement, c'est assez rare dans la littérature pour le souligner!

Loin deux. Mais loin de qui ? Des parents, de la famille, c'est ce qui vient d'abord. Et quand j'ai refermé le livre, j'ai pensé: Loin d'eux, loin des mots.

Ce qui est frappant dans ce premier livre de Laurent Mauvignier, c'est une très grande exigence. Les mots, puisqu'il s'agit de paroles et de silences, sont au cœur du livre, au cœur de l'histoire, dans le cœur des personnages. Exigence d'une parole vraie, d'une parole qui doit prendre corps au plus proche de nos silences pour dire la vie, pour être comprise, partagée. Tout le reste est mutisme, je parle du brouhaha assourdissant (chignole qui te perce la tête, une image dans la bouche de Luc), est silence, est retrait et solitude. Et Luc ne pourra supporter la solitude et le silence. Celle qu'il éprouve à table (parler, s'agiter, être seul avec son père et sa mère, calvaire), puis être seul noyé dans la foule parisienne, idem.

Les affiches des stars du cinéma se sont tues elles aussi; elles qui portaient vraies pourtant, qui l'aidèrent longtemps.

J'ai été impressionné par cette écriture qui creuse plus qu'elle n'avance, une écriture d'archéologie intérieure; il s'agit de mettre à jour ce qui est enseveli. D'aller chercher la parole qui vient du corps (l'importance du corps dans ce livre est remarquable), au plus près de la source. Tout le reste est littérature, celle qui fait du bruit pour rien.