Veut-on nourrir le monde ? : Franchir l'Everest alimentaire en 2050

La sécurité alimentaire est un enjeu majeur de ce siècle. La population mondiale va encore croître pendant quelques dizaines d'années rendant cruciaux l'accès, la disponibilité et la qualité des aliments. Il est nécessaire de repenser l'agriculture, d'en faire un axe central et majeur et non pas un simple chemin de traverse.

Sébastien Abis compare, de façon habile et approfondie, le défi de la sécurité alimentaire du XXIème siècle à l'ascension de l'Everest, ce sommet mythique.
La préparation est longue et minutieuse et celui qui s'affranchit des règles essentielles devra renoncer. Tout au long de son essai, le directeur du club DEMETER développe cette métaphore en pointant l'exigence et les contraintes de cette gageure.

Manger est un besoin essentiel et vital mais aujourd'hui 9% de la population mondiale est sous-alimentée. Qu'en sera-t-il en 2050 lorsque la population atteindra son pic de croissance? Nous produisons assez pour nourrir la grande tablée du monde mais les disparités sont criantes; ce sont des inégalités géographiques et des inégalités engendrées par des jeux de pouvoir et de richesse. S'il est presque inimaginable d'envisager des cartes de rationnement alimentaire pour chacun, il est réaliste de réduire (à néant) les pertes agricoles et le gaspillage alimentaire.

L'agriculture ne peut pas être pensée sans écologie. Pratiquer une agriculture écologique intensive veut dire qu'il faut s'approcher le plus possible de techniques garantissant la qualité des sols et de l'air. Des restrictions alimentaires vont être nécessaires pour une grande partie de la population mondiale.
Je retiendrai de cette lecture quelques idées intéressantes pour assurer le défi alimentaire des années à venir : lutter contre les pertes agricoles et le gaspillage alimentaire, diminuer la consommation de la viande et le nombre d'animaux domestiques, ne pas utiliser l'eau (si précieuse) pour le superflu…

le livre de Sébastien Abis est intéressant (pas passionnant), il étaye ses propos de chiffres précis et de situations politiques, sociales et géographiques diverses. La métaphore de l'ascension de l'Everest est l'ossature de ce récit, il l'utilise de façon trop systématique. Je n'ai rien trouvé de vraiment innovant dans ce livre et mon intérêt pour le sujet n'a pas été sublimé par les propos assez neutres et modérés de l'auteur.

Merci à l'opération Masse critique de Babelio et aux éditions Armand Colin.

Spécialiste de géopolitique agricole, chercheur à l'IRIS, et Directeur du Club Demeter dedié à la prospective agricole, Sébastien Abis est l'auteur d'une remarquée Géopolitique du blé, montrant l'importance de cette céréale pour les échanges et la sécurité dans le monde. Dans Veut-on nourrir la planète ?, il nous invite à prendre conscience de l'importance de "mettre la sécurité alimentaire au coeur de nos projets collectifs".

Veut-on nourrir la planète ? Voilà un titre qui, déjà, en lui-même recèle une certaine provocation car l'auteur semble interroger notre volonté collective de répondre au défi de nourrir une population croissante, se nourrissant mieux, et à l'espérance de vie grandissante. le défi est immense, et c'est la raison pour laquelle le sous-titre du livre s'intitule "Franchir l'Everest alimentaire en 2050". Sébastien Abis utilise cette métaphore comme fil rouge pour nous faire prendre conscience des enjeux. Il réfute les récits de déclinisme, qui ne sont autres qu'une "sémantique dévastatrice", et nous invite à penser le temps long.
3 horizons sont évoqués : la sécurité, la soutenabilité et la santé. Concernant le premier horizon, les "traditionnels" facteurs que sont la démographie et la faim sont mentionnés. J'ai beaucoup apprécié cette mise en perspective qui fait sortir les Européens que nous sommes de leur vision centrée sur le monde occidentale ; une Europe qui représentait un cinquième de la population mondiale dans les années 60 pour atteindre seulement 6% en 2023. En comparaison, les développements que connaissent les autres continents et notamment l'Afrique donnent le vertige.

Alors que la faim touche toujours 9% de l'humanité et que l'insécurité alimentaire concerne encore 3 millions de personnes, la consommation mondiale des produits alimentaires augmentera de 15% d'ici 2032. Produire plus est donc une nécessité... mais pas à n'importe quel prix. L'aspect environnemental nous rattrape, qu'on le veuille ou non (conserver les sols, atténuer le réchauffement climatique et s'adapter à celui-ci).

Sébastien Abis dresse ainsi un panorama des défis auquel notre monde doit répondre et montre à quel point la question agricole, à travers la récente pandémie ou la guerre en Ukraine, se rappelle au monde. Alors que les discours de souveraineté trouvent un réel écho, il met en garde contre le nationalisme ou l'isolationnisme.

Par son format succinct, les thèmes développés, ce livre s'adresse davantage aux personnes qui ne sont pas des spécialistes des questions agricoles, la dimension géopolitique en étant une valeur ajoutée. A titre personnel, étant au fait des thématiques, je sors quelque peu déçu de cette lecture. L'auteur avait clairement présenté l'enjeu du livre "Pourquoi nous devons mettre la sécurité alimentaire au coeur de nos projets collectifs", et de ce point de vue, les réponses sont assez claires, mais j'aurais aimé qu'il aille plus loin en abordant davantage le "Comment".

Lien : https://etsionbouquinait.com..

Je n'ai pas du tout accroché.
Étant dans l'agriculture je m'attendais à un livre un peu plus approfondi, finalement, j'ai eu le droit à une vulgarisation du sujet, un ton que j'ai trouvé moralisateur et aucunes solutions de proposées.
J'ai ouvert ce livre avec entrain et l'ai fermé avec agacement. L'impression d'avoir perdu mon temps, d'avoir lu des choses que je connaissais déjà sans une nouvelle approche.
Déçue.