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sur 3507 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je suis tombée amoureuse d'Apollinaire adolescente et depuis, j'ai toujours la fièvre...

Derrière le visage rond, gouailleur, coquin, présenté sur la couverture de ma vieille édition Poésie / Gallimard, se cachent tant de sensibilité,de ferveur, d'inventivité, de force créatrice!

J'aime tous ses recueils mais celui-ci reste pour moi le plus abouti, le plus varié, le plus évocateur de son talent.Non, je ne suis pas objective, je reste indéfiniment subjuguée...

Envoûtée peut-être aussi, comme les marins devant le rocher de la Lorelei, par les poèmes sublimes de la période rhénane.Quelle magie dans les vers !

" Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme"
Et mon préféré entre tous: " Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"...

J'ai la fièvre de ces soirs de brume, à Londres, de ce nouveau monde moderne, de la " Bergère ô tour Eiffel", de ce bel automne , " saison mentale" du poète, de cet amour malheureux pour des femmes entrevues, perdues,rêvées.J'aurais aimé être l'une d'elles.

J'ai la fièvre de toi, Guillaume !

Excusez-moi, je me suis laissé emporter ! Je n'ai plus aucune mesure quand il s'agit de ce poète.

Toujours vibrer, frissonner, imaginer, m'émouvoir, m'enchanter...grâce à tes vers.



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Le temps de sa lecture, ce recueil m'a rendue à moi-même. Parmi ses pages, s'étend l'empreinte de l'automne. Comme un bonheur en sursis, comme un cri envers tout ce qui s'éloigne et ne cesse de choir à nos yeux. J'aime Apollinaire, immodérément et pour bien des raisons. Ses rythmes parfois déstructurés, son lyrisme inépuisable ainsi que ses images mentales me collent à la peau. Et quoiqu'un peu sottement, il m'a semblé à travers Alcools l'avoir toujours connu.
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Les poètes sont peu nombreux, mais les grands poètes sont rares. Et Apollinaire, à mon avis, en est un.

La poésie d'Apollinaire est située entre deux temps majeurs, le XIXème et le XXème siècles. Une transition incontournable. C'est le vol (le moment de cet acte) de l' "Oiseau tranquille (au vol inverse)" de la poésie symboliste vers la poésie surréaliste. Car "à la fin tu es las de ce monde ancien".

La lecture de ce recueil est fort agréable. Ce n'est ni une poésie naïve au métaphores consommées, ni une poésie rebutante par sa complexité exagérée et fade. Au contraire, c'est un recueil qui vous entoure de plaisir une fois ouvert comme ces boîtes à merveilles.

Dans ce recueil, j'ai trouvé un peu de tout; le lyrisme, le romantisme, le symbolisme, la mythologie, le fantastique, la modernité...Cela s'explique parfaitement puisque ce recueil est issu d'un travail de quinze ans! Une recherche du nouveau, avec des poèmes sans ponctuation (procédé déjà utilisé par Mallarmé) aussi variés (des vers libres, des vers classiques...) de thèmes différents (amour, industrie, fuite du temps, mort, l'identité...). On a le plaisir de retrouver là un carrefour entre tous les poètes français qu'on a adorés (Verlaine, Lamartine, Baudelaire...) tout cela mélangé et modifié habilement.

Je me souviens toujours de ces vers magnifiques:

Un jour je m'attendais moi-même
Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes
Pour que je sache enfin celui-là que je suis
Moi qui connais les autres

Un recueil à lire et à relire toujours avec le même plaisir!
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Un livre toujours à portée de main, qui s'ouvre tout seul, à certaines pages…
Réciter quelques strophes, n'importe quand, n'importe où comme par exemple aux feux rouges qui s'éternisent, c'est aussi la meilleure manière d'exalter ces poèmes pleins d'amours dangereuses, d'amours magiques, ensorceleuses, douloureuses, empreintes de cette joyeuse mélancolie et de cette nostalgie douloureuse comme peut être la vie qui va au fil de l'eau.
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"Il faut être toujours ivre", disait Baudelaire," de vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!"

Apollinaire a pris son confère et prédécesseur au pied de la lettre:" Alcools" par tous les moyens s'emploie à nous faire tourner la tête.

Entre le lyrisme romantique des "Rhénanes" - la partie la plus traditionnelle du recueil- des poèmes résolument modernistes comme "Zone" ou mystérieux comme "La Chanson du Mal-Aimé", on ne peut pas dire qu'il y ait une véritable unité dans ce très célèbre recueil, : le plus connu d'Apollinaire avec "Anagrammes".

On dit que, piqué au vif par la lecture, dans l'atelier des Delaunay , de Pâques à New York rédigé en une nuit par Cendrars, Apollinaire écrivit derechef "Zone", le plus moderne de ses poèmes d'alors, le fit figurer en tête de son recueil comme un manifeste, et fit supprimer toute ponctuation aux poèmes d'Alcools pour leur donner la liberté de lecture et l'autonomie musicale qui était dans l'air du temps...

"Pâques" et "Zone" se ressemblent: errance urbaine angoissée d'un poète à la recherche de lui-même, mais si Cendrars, l'athée, cherche une réponse à sa crise spirituelle, Apollinaire, croyant, n'éprouve pas le même vertige, et c'est son enfance et son passé qu'il recherche, lui, l'apatride, dans ce Paris moderne dominé fraîchement par la Tour Eiffel toute neuve..

Il n'y a donc pas plagiat, juste écho.. tout le reste du recueil est vraiment original et personnel...avec une petite préférence pour Rhénanes, où la tendresse du poète pour les légendes, les brumes et... les vins rhénans donne une couleur nostalgique et grisante aux poèmes.
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Au programme du bac (série littéraire) lors de mon année de terminale,j'ai découvert Guillaume Apollinaire et ses "Alcools" qui reste un classique de la poésie française. Les inoubliables vers du "Pont Mirabeau" sont encore gravés dans ma mémoire, les allusions à La Lorelei et tant de sensibilité et de lyrisme.
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Les faisceaux du soleil s'éteignent derrière l'horizon. Comme chaque soir, un illustre inconnu prend le ciel pour sa toile de fond. D'un coup de pinceau, il étale son pigment bleu nuit sur l'immense plafond. Au gré de son humeur nocturne, l'artiste saupoudre une constellation de points éclatants d'aucuns appellent “étoiles” ou fait perler des voiles de coton. Les nuages. C'est sur cette fresque que s'ouvre le monde de la nuit. Celui qui fait taire les moteurs et sombrer les humains endormis. Les minutes coulent lentement dans des heures noctambules et il faudra attendre le retour des premiers rayons solaires pour que cette peinture s'estompe dans l'aube du jour.

A l'instar de cette analogie, je considère la poésie comme un cycle qui recommence sans cesse. Depuis l'Iliade d'Homère aux plus récents poèmes du XXIème siècle, nous écrivons les mêmes sentiments avec d'autres mots. Cette loi de l'éternel retour est, de temps à autre, bousculée par une rupture soudaine. le poète Guillaume Apollinaire et son recueil de poésie “Alcools” en est un bon exemple. Analyse.

En vivant à la charnière de deux siècles, l'écrivain français a été un de ceux qui s'est affranchi d'un classicisme pictural et littéraire. Il s'est octroyé le droit de jouer avec les conventions de l'art, les a étirées de long en large. En déstructurant le symbolisme et les mythologies anciennes, il a ouvert une nouvelle page, celle du XXème siècle. Ainsi, dans le poème La chanson du mal aimé, Apollinaire émiette les légendes épiques et les personnages historiques, un à un, afin de créer une complainte sentimentale de sa vie amoureuse.

[…] J'ai hiverné dans mon passé

Revienne le soleil de Pâques

Pour chauffer un coeur plus glacé

Que les quarante de Sébaste

Moins que ma vie martyrisés

Mon beau navire ô ma mémoire

Avons-nous assez navigué

Dans une onde mauvaise à boire

Avons-nous assez divagué

de la belle aube au triste soir

Adieu faux amour confondu

Avec la femme qui s'éloigne

Avec celle que j'ai perdue

L'année dernière en Allemagne

Et que je ne reverrai plus […]

Sans doute l'avez-vous remarqué ces quelques vers sont dénués de toute ponctuation. Pas de point, ni de virgule et encore moins de point-virgule. Guillaume Apollinaire, même s'il n'en a pas la paternité, est celui qui a permis, auprès du grand public, de comprendre que l'absence de ponctuation changeait la sonorité des phrases et pouvait apporter une autre interprétation, à l'instar de ces chansons que nous comprenons toutes et tous d'une façon différente puisque l'auteur a laissé planer un doute sur la ponctuation. En agissant de la sorte, le poète français a élargi les possibilités d'écriture et de lecture.

Le recueil Alcools est aussi le théâtre de l'élasticité verbale. Les mots utilisés deviennent autant d'occasions de créer des effets qui mettent en relief le sens d'un vers. Mieux, ils deviennent de réelles images mentales à l'instar du poème Vendémiaire qui donnent la parole aux villes d'Europe qui répondent, tour à tour, à la ville de Paris:

[…] Et les villes du Nord répondirent gaiement

Ô Paris nous voici boissons vivantes

Les viriles cités où dégoisent et chantent

les métalliques saints de nos saintes usines

Nos cheminées à ciel ouvert engrossent les nuées

Comme fit autrefois l'Ixion mécanique […]

Outre les effets de style, le contenu des poèmes d'Apollinaire s'inscrit dans la vie de l'écrivain telle une biographie. Nous pouvons, par exemple, trouver dans sa série de poèmes intitulée Rhénanes une trace de son passage en Rhénanie et grâce à son talent d'écrivain, il nous fait découvrir cette région d'Allemagne au fil des saisons tout en nous contant sa déception amoureuse (une de plus seront tentés de dire certains 😉).

Enfin, que seraient tous les poèmes de ce recueil sans les innombrables références à l'alcool. de l'ivresse réjouissante à la boisson synonyme de détresse, le poète français teint ses textes de la couleur du vin, de l'odeur des vignes et nous emporte dans l'étourdissement de sa poésie. Il y a dans Alcools une invitation à se remémorer le passé et à imaginer l'avenir autour d'un verre, telle est la force de ce recueil de poésie devenu un classique au fil du temps et qui a participé à changer notre manière d'écrire.

Écoutez-moi je suis le gosier de Paris

Et je boirai encore s'il me plaît l'univers

Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie

Et la nuit de septembre s'achevait lentement

Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine

Les étoiles mouraient le jour naissait à peine
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Apollinaire tu es déjà un homme blessé lorsque tu écris Alcools bien avant que la guerre ne vienne et ne broie les routes les ponts et les enfants. Alcools, j'égrène des verres le long des comptoirs, ô mes paradis mes ports d'attache. Les cafés sont remplis de printemps et d'absinthe. C'est le printemps des pauvres gens. La rue est industrielle à souhait. On y voit des lumières bleues. C'est peut-être la Voie Lactée. Le ciel est encore si loin de mes doigts fourbus. Il faut tendre le geste jusqu'à plus soif. C'est un ciel sans Dieu. Les yeux de celle que tu aimes ressemblent à des pétales de colchiques qui s'envolent dans ces prés mal fleuris. Nos bouches sont brûlantes de nos baisers et de l'odeur de l'automne. C'est une joie fulgurante qui précède le soir. Elle reviendra peut-être après nos peines. Garçon ! Je reprendrai bien encore un verre ! L'amour est à l'affût. Il nous faut marcher seul dans le battement de nos ailes. Mon âme fait plus de bruit que mes pas. Quelle est cette ombre qui me suit bien que je devienne invisible sans toi ? Votre chemin est par ici Monsieur Apollinaire. Une barque file dans la nuit métallique et fatale. Alcools, mon errance est urbaine. Attendre encore un peu celle qui ne reviendra plus. C'était mieux hier ou bien demain. Le vent éteint les étoiles une à une. Tu es la nuit qui pleure. Mes rêves ont du sang plein les mains. Debout nous marchons encore un peu au bord de ce quai et mes pieds se distraient bêtement. Les mots tremblent ils se perdent dans le vin. Poète, vous reprendrez bien encore un vers ?
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Les poèmes du Bestiaire de Guillaume Apollinaire suivent "Alcools" dans l'édition parue chez Gallimard, collection poésie.
Ce sont de petits trésors aussi agréables à lire que des haïkus et bien plus encore car ils sont plus concrets et pas soumis aux mêmes règles.
Je les avais lus au lycée et les ai redécouverts ces derniers jours. D'ailleurs, mon édition est très jaunie par le temps .

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Apollinaire s'inscrit résolument dans la modernité, avec espoir, et tourne le dos au passé. Il revendique enfin la postérité (cf. Vendémiaire).
Une des premières choses qui frappe est l'absence quasi totale de ponctuation, en particulier les virgules. Il y a ensuite une certaine opacité : la poésie est d'abord assez difficile, dans la lignée de Mallarmé et il faut chercher la signification des métaphores. La mort est omniprésente avec en particulier un long poème sur les revenants et les liens qu'ils nouent avec les vivants. La vie semble par moments n'être qu'une longue errance (cf. dans « À la Santé », la prison de la Santé) marquée par un constant désespoir.
L'essentiel est-il de s'enivrer ? Il semble que oui. Peut-être la poésie est-elle aussi l'alcool d'Apollinaire.
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