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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
N'avez-vous jamais eu envie de chavirer dans les yeux de l'être aimé ? de vous y perdre, de vous oublier ?
Mais que seraient les yeux sans les mains, que seraient les mains sans des gestes d'offrande ou d'amour. Oui, je sais bien, parfois les mains peuvent faire mal aussi.
Que seraient les yeux sans ce coeur qui aime, qui espère ?
Que serait ce coeur sans ce corps qui attend ?
Les Yeux d'Elsa m'ont fait du bien en lisant ce recueil pour la première fois. Bien sûr je connaissais le célèbre poème éponyme de Louis Aragon, mais pas l'ensemble du livre.
Nous frôlons des oiseaux, merles, mésanges, passereaux, rouges-gorges, chardonnerets, ceux que j'aime côtoyer du regard parmi les ramures d'ici, les ailes me sont venues juste peu après avoir lu ces vers.
Je me suis posé sur un arbre, j'ai contemplé le monde. C'est la poésie qui me donne cette légèreté, cette sensation d'apesanteur. Et Aragon a ce pouvoir magique de me donner des ailes.
Un oiseau blessé traverse le paysage des pages, j'ai l'impression de lui ressembler. Comment a-t-il fait, Aragon, pour deviner cela, ce qui trottait dans ma tête comme un moineau ?
Les mots d'amour s'entrelacent ici avec le désir, la jalousie et la guerre, comme si tout ceci appartenait à la même histoire. Sans doute que c'est cela, une même histoire capable d'emporter tous les désirs, toutes les passions jusqu'au point de vouloir survivre lorsque la haine survient avec ses outrages et ses guerres.
Se perdre dans les profondeurs des yeux d'Elsa. Aimer ces yeux, c'est une invitation au voyage, à la dissidence, à la résistance...
En lisant Les Yeux d'Elsa, j'ai pensé à ma mère qui avait aimé pendant la guerre, je me suis demandé si, à chaque fois qu'elle quittait celui qu'elle aimait et qui fut fusillé par la Gestapo, elle photographiait ses yeux d'un battement de paupières, imaginant qu'elle le voyait, l'étreignait peut-être pour la dernière fois...
Une chanson parfois traverse ces poèmes comme un courant d'air.
L'écho des chars vibre parmi le battement d'un coeur qui aime. Comment ces deux bruits peuvent-ils se réunir dans l'harmonie d'un vers ?
Ce soir en écrivant cette chronique, j'ai pensé à une autre guerre actuelle là-bas tout près de chez nous, à trois heures d'avion de Paris. J'ai imaginé qu'un soldat ukrainien plongé dans la boue d'une tranchée, défendant sa patrie coûte que coûte, attendant l'ennemi russe en face, écrivait une lettre d'amour à celle aimée demeurée à un autre endroit du pays, pensant à ses yeux, tenait debout grâce à cela, grâce à des yeux aimés, aimants...
« La beauté d'aujourd'hui porte de sombres fleurs
Et parle du soleil avec les yeux fermés. »
Des yeux d'Elsa, il n'y a qu'un pas, une passerelle, un chemin pour aller jusqu'à son corps. J'ai imaginé un instant être Elsa, mon corps ébloui couvert des mots de son amant. J'ai imaginé ses mots capables de déshabiller Elsa, capable de caresser son corps, de l'étreindre, de lui offrir une joie intense, immense...
Elsa, son corps présent et absent dans les bras de celui qui écrit cet amour, tandis que la guerre gronde au loin.
« Aucun mot n'est trop grand trop fou quand c'est pour elle. »
Je suis presque jaloux d'Aragon, j'aurais tellement voulu être celui qui le lui aurait dit le premier.
La peur de perdre celle qu'on aime.
Elsa, ce sont des yeux de femme, des yeux d'enfant, des yeux aimants, aimés.
Les Yeux d'Elsa, ce sont aussi des larmes, océan rempli de cette eau qui s'y déverse.
Coudre, découdre les mots, les phrases.
Le ciel à qui l'on parle devient à portée de mains.
Des ombres aux pieds d'argile s'entremêlent à ces mots.
Ephémères, fragiles.
Les mots de la poésie d'Aragon me rendent ivres sans alcool.
Les Yeux d'Elsa n'est pas un mythe infranchissable. Il suffit de regarder l'autre que l'on aime et de s'y plonger.
« Neige qu'on voit en plein mois d'août ».
Ces vers, je les ai aimés.
C'est un chant d'errance.
J'ai été envoûté par Les Yeux d'Elsa, leurs cillements qui trouent les ténèbres.
J'ai aimé Elsa et ses yeux. J'ai aimé découvrir le monde, ses ruines, ses espérances, à travers Les Yeux d'Elsa.
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Des Yeux d'Elsa je connaissais - et aimais - certains poèmes, en particulier bien sûr le premier, si beau, qui donne son titre au recueil. Vous vous souvenez?
« Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa 
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent 
Moi je voyais briller au-dessus de la mer 
Les yeux d'Elsales yeux d'Elsales yeux d'Elsa. »
Je m'attendais peu ou prou à un beau chant d'amour mélancolique, adressé à sa femme et au-delà à la France occupée par les Allemands. Ça me semblait être une poésie d'un accès facile.
Eh bien pas toujours, la richesse, la diversité de l'écriture poétique du recueil ne se laisse pas si facilement mettre dans une case, et la multiplicité des références nous éloigne souvent de l'impression que «La poésie d'Aragon, c'est simple, c'est direct» (Ferrat). le contexte il est vrai ne s'y prête guère, le poète se sent
«En étrange pays dans mon pays lui-même»
et se met à la «poésie de contrebande». Et même si d'après lui c'est «une contrebande très simple qui utilisait Roland pour parler des résistants, ou n'importe quel héros de la tradition... », la culture d'Aragon est immense et ses références littéraires cryptées où les choses sont exprimées de façon détournée rendent parfois précieuses les béquilles offertes par une édition pourvue de notes adéquates. D'ailleurs l'Elsa qu'il met ici en scène semble s'en plaindre:
« Tu me dis que ces vers sont obscurs et peut-être
...
Tu me dis Notre amour s'il inaugure un monde
C'est un monde où l'on aime à parler simplement
Laisse là Lancelot Laisse la Table Ronde
Yseut Viviane Esclarmonde
Qui pour miroir avaient un glaive déformant »
Mais là où on ne peut pas donner tort à Ferrat, c'est que la poésie d'Aragon c'est beau, très beau. le recueil est d'une grande force dans sa façon de brasser l'intime et l'historique, la modernité et la tradition, la tendresse et la combativité. On a l'impression que l'écriture poétique aide à dépasser le désarroi face à ce monde à l'envers
«Diable de temps ceux qu'on disait amis
Sont ennemis avant qu'on soit remis
Le noir est blanc le défendu permis
le meilleur est le pire»
Le recueil qui commence avec le cycle des nuits s'achève sur l'espérance exprimée dans le Cantique à Elsa qui «marie à l'amour le soleil qui viendra». En mêlant dans ses textes au souffle historique le frémissement de ses amours, de ses fêlures, de ses fragilités, Aragon a su écrire une poésie de Résistance dont la lecture reste aujourd'hui forte et émouvante.
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Je voulais juste dire un mot sur la poésie d'Aragon par rapport à ce que je ressens en le lisant, le relisant et le lisant encore, comme ce matin, "Il n'y a pas d'amour heureux". Parce que vrai de vrai qui ne connaît pas Aragon, chanté par d'autres poètes de la chanson : Brassens, Ferré, Ferrat et j'en oublie.
Aragon, c'est une récompense et je le sais alors je n'en abuse pas, c'est une source pure à laquelle je m'enivre et lecture, espacée, après lecture espacée, je reste là, assis comme un gamin venant de défaire la ficelle qui entoure son cadeau d'anniversaire, les yeux brillants et le sourire éclatant. Rien que le fait d'ouvrir le livre "Les yeux d'Elsa", bien avant de lire, alors, oui, je suis bien.
Il faut lire Aragon et de la poésie.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La magie musicale des vers d'Aragon s'exprime au plus haut point lorsqu'il plonge dans les yeux d'Elsa Triolet, son inspiratrice, son amour.

le premier poème, universellement connu, est d'une beauté intense: le regard féminin qui comme pour Eluard, est une source régénérante, l'univers révélé. Les alexandrins, si harmonieux, voluptueux, en alternance avec des hexasyllabes, déroulent un chant unique, hypnotique. Comment ne pas être chaviré(e) par des vers comme ceux-ci:

" Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir s'y mirer"

ou:

" Mais je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsales yeux d' Elsales yeux d'Elsa".....


Le recueil, paru en 1942, n'évoque pas cependant uniquement celle qu'il aime, la guerre ne se laisse pas oublier, comme dans " J'ai traversé les ponts de Cé":

" La Loire emporte mes pensées
avec les voitures versées

Et les armes désamorcées
et les larmes mal effacées "

Un autre poème, écho au premier cité , " La constellation " est superbe également, en particulier pour son jeu de sonorités, peut-être un peu trop travaillé mais si mélodieux:

" Je tresserai mes vers de verre et de verveine
Je tisserai ma rime au métier de la fée
Et trouvère du vent je verserai la vaine
Avoine verte de mes veines
Pour récolter la strophe et t'offrir ce trophée "...

Un recueil -emblème de la poésie d'Aragon, des vers inoubiables qui murmurent dans nos coeurs leur lancinant vertige d'aimer...




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Les Yeux d'Elsa, un petit livre composé d'une préface, de vingt-six poèmes, d'un appendice, qui reprend en 1975 , plusieurs textes publiés au fil du temps, entre 1940 et 1942 dans diverses revues , y compris à l'étranger pour échapper à la censure (Cahiers du Rhône, la Revue de belles lettres, l'Arbalète, Tunis Soir…) Le choix de l'éditeur Seghers n'est pas anodin, puisque c'est son ami Pierre Seghers qui l'accueillit, notamment, quand le couple Aragon-Triolet vivait dans la clandestinité et qui vint séjourner à Villeneuve-lès-Avignon.
Une poésie aragonienne sublime , un lyrisme amoureux intemporel.
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Rien que pour la section "Cantique à Elsa", rien même que pour "La Constellation" et la perfection quasi-mystique de ses deux premières strophes d'étoiles et de lumières, et d'amour et de musique, j'aime lire et relire "Les Yeux d'Elsa, et m'en abreuver, y plonger à m'y noyer.

Il fait partie de ces rares recueils qui sont toujours à ma portée, de ceux que je connais presque par cœur et qui m'émeuvent et me poignardent encore après des années, après aussi de nombreuses pages cornées et qui se détachent -ailes de papier qui voudraient s'envoler- du livre qui me les garde prisonnières.

Il y a dans "Les Yeux d'Elsa" qui célèbre autant la femme aimée que l'amour de la patrie et de la liberté, un lyrisme fou et qui n'appartient qu'à Aragon, une pureté formelle qui se nourrit d'images dont la simplicité les rend immortelles. Et cette mélodie, cette musique à nulle autre pareille; ce rythme qui fait chanter les mots posés ça et là sur le papier.

C'est une poésie qui se murmure et se chuchote. Qui se dit et se chante plus qu'elle ne se déclame: Ferrat et tant d'autres ne s'y sont pas trompés et d'ailleurs, c'est aux disques de ce très grand monsieur que je dois ma rencontre avec Aragon, quand je ne savais pas encore combien j'aimerais les livres.

Aragon sera toujours Aragon qui trouvère du vent tissa sa rime au métier de la fée, mais ils sont d'autres aussi à pouvoir le faire, héritiers tressant leurs vers de verre et de verveine et à cet égard, il est un auteur contemporain dont les textes se rapprochent un peu, par leur thèmes et leurs images, leur lyrisme et leur pureté de ceux de l'amant d'Elsa: Gabriel Yacoub, dont il faut lire ou se faire lire "Les Choses les plus simples", comme un chant d'encre et de beauté, comme une prière, comme un cantique.

Le cantique à Elsa.
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l'amour a merveilleusement inspiré Aragon.
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Au mois de mai des mots... et le reste du temps aussi, Aragon est un poète original qui a fournit es poèmes très variés en poussant toujours plus loin la langue française, il m'évoque un forgeron dans le maniement de celle-ci (d'ailleurs un dictionnaire est parfois un bon accompagnateur de ses poèmes, c'est grâce à lui que j'ai découvert "pechblende").
Ses poèmes peuvent se lire à plusieurs niveau: les rythmes et les sons en premier abord, puis le décortiquage de plus en plus complexe? Je pense que ce sont vraiment des poèmes que l'on peut relire de nombreuses fois en y découvrant de nouvelles choses à chaque une d'entre elles.
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De très beaux poèmes à la gloire de la femme qu'il aime. Les vers d'Aragon sont empreint d'un amour sincère, pur et puissant. Cet amour destiné à Elsa Triolet mais pas que. Un amour dédié à la France aussi qui était sous occupation allemande pendant l'écriture de ce recueil de poésie.
Moi qui découvre petit à petit Aragon à travers ses textes pour Elsa, je suis à chaque fois subjugué et toujours en admiration devant cet amour qui a inspiré les plus beaux vers de la poésie française.
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Un véritable chef-d'oeuvre, Aragon sait manier les mots d'une main de maître pour décrire les plus beaux sentiments humains. L'élan patriotique et le fond historique relèvent le sentiment amoureux décrit pour incarner un tout splendide et magnifique.
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