Ce qui reste du voyage

J'ai demandé (et reçu, donc) ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio (merci !!!)

Les carnets de voyage et moi, c'est une grande histoire d'amour, notamment quand j'étais plus jeune et que je ne pouvais pas voyager. Ceux de Titouan Lamazou m'ont rendue dingue... C'était donc parfaitement logique et dans la continuité de m'intéresser à ce livre, que, souligné-je le d'emblée, j'ai adoré.

Déjà, de prime abord, l'objet est beau, format à l'italienne, niché dans son écrin cartonné. Dès le premier feuilletage, une fascination, une attraction irrésistible s'est exercée sur moi. Mais pourquoi donc ? Des illustrations de carnets de voyage à l'aquarelle, j'en ai déjà vu des pelletées ! Mais qu'ont donc celles-ci de si spécial ?

Pour cela, je vous invite à emprunter mon propore cheminement à la découverte du livre.

Chapitre 1 - Bâtiments et lieux
France , Allemagne, UK... On se ballade, et on admire des bâtiments croqués avec une drôle de perspective. Les édifices sont comme distordus, biscornus, enflés... Il s'en dégage quelque chose d'organique. On dirait des entités vivantes, usées par le temps, vieillies. Ces lieux bien réels, on les croirait imaginaires. de suite j'ai pensé à Harry Potter, aux Orphelins Baudelaire, aux Enfants de Timpelbach, à Carot et Jeunet, à Six of Crows. Il y a quelque chose de steampunk là-dedans. Et là, comme par hasard...

Chapitre 2 - L'usine sidérurgique de Volklinger.
Tuyaux, outils, pistons, et surtout grosses machines ayant l'air sortis de l'imagination de Jules Verne, dont on retrouve des contemporains croqués dans le...

Chapitre 3 - L'île d'Ouessant
La tête des mecs de la commission des phares est particulièrement raccord avec l'univers convoqué. Tout comme la suite, d'ailleurs :

Chapitre 4 - Des lieux qui n'existent pas
Ben tiens ! le Terrier, la maison des Lovegood... On est bien chez le petit sorcier !!! On poursuit le voyage à bord de...

Chapitre 5 - Véhicules, bâteaux et avions
J'ai adoré ce chapitre, et notamment les dessins de machines volantes (à l'esthétique bien steampunk) et ceux de bateaux, qui m'ont rappelés Titouan Lamazou, mais surtout Hugo Pratt, que j'ai retrouvé dans le...

Chapitre 6 - Cabinet de curiosités
... notamment grâce aux masques (comme exposé à l'exposition Corto Maltese au musée des Confluences de Lyon il y a quelques temps)

On finit avec le
Chapitre 7 - Arbres
Là aussi, les dessins sont infusés de vie. C'est déjà plus normal, car ce sont des arbres (ben oui), mais ceux-ci ont un petit truc en plus, comme les Ents de Tolkien. Ils m'ont également rappelé la trilogie du Projet Starpoint que je vous recommande vivement si vous aimez le fantastique !

Ainsi, ce livre m'a bel et bien proposé un voyage, mais pas tant au travers de lieux, comme on s'y attendrait, mais plus à travers mon imaginaire, ma mémoire. Les dessins ont fait remonter kyrielle de souvenirs, réminiscences, lumières, moments... réels ou imaginaires.

Une vraie expérience en soi !

Dans un objet-livre magnifique, avec son étui cartonné et son format paysage, se déploie un univers artistique singulier. Même si au premier abord j'ai été quelque peu déçue, m'attendant à trouver un carnet de voyage un peu plus traditionnel, plein de paysages un bucolique. Ici ce n'est pas le cas, il s'agit plutôt d'un carnet de croquis, avec des dessins étrangement proportionnés, aux lignes jamais parfaitement droites et des couleurs peu saturées mais riches en nuances qui captivent l'oeil. L'univers riche de Jörg Asselborn m'évoque un style steampunk, à mi-chemin entre un univers Burtonien et les décors d'Harry Potter, qu'on retrouve d'ailleurs au fil des pages.

La technique de dessin est incroyable, d'autant plus impressionnante lorsque l'on apprend que les esquisses sont réalisées "à l'aveugle". On retrouve dans ce carnets différentes parties, toujours dans ce style unique et j'ai beaucoup apprécié les introductions qui nous donnent un aperçu très personnel du processus de l'artiste.

Un point d'amélioration réside dans la lisibilité des écritures et des légendes, qui peut poser problème aux personnes dyslexiques ou ayant des handicaps visuels. Une attention plus poussée à cet égard aurait assurément rendu l'expérience de lecture plus accessible à tous.

En conclusion, ce carnet de voyage/dessin à l'aquarelle est une oeuvre artistique unique, captivant par sa beauté et son originalité. Malgré quelques petites imperfections, il mérite d'être exploré par tous les amateurs d'art en quête d'une expérience visuelle originale.

Je remercie l'équipe Babelio et les éditions Caurette pour cette découverte étonnante.

"Ce qui reste du voyage" est un magnifique livre broché de 128 pages, format paysage, qui enchantera les aquarellistes et les dessinateurs de carnets de voyage.
La présentation est sobre : un dessin ou une aquarelle par page. Ce n'est pas une bande dessinée.
Un petit texte présente les chapitres Bâtiments, Voitures, Bateaux etc ... ou encore Cabinet de curiosités.

Ce bel ouvrage est plaisant à feuilleter et dès les premières pages, le lecteur remarque le coup de crayon singulier de l'auteur pour donner vie à des constructions statiques. Les maisons ont un petit air penché, les voitures présentent quelques déformations qui leur donnent du dynamisme. Les objets sont vieux et usés.
On ressent un certain attachement, voire un peu de tendresse. Les couleurs sont douces et les dessins très soignés. Pas de personnages dans cet album : l'auteur explique que les gens bougent trop vite et qu'il n'a pas le temps de les croquer.

Jörg ASSELBORN est né en 1972 en Allemagne et a fait des études de design.
Le site de l'éditeur Caurette permet de voir quelques réalisations : https://caurette.com/artbooks/ce-qui-reste-du-voyage/#

Un beau livre qui fera la joie des « urban » aquarellistes.
Un grand merci aux éditions Caurette et à Masse critique Babelio pour cette belle découverte.