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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Par l'intermédiaire de considérations générales, de nombreux exemples de voyageuses célèbres, et de son expérience personnelle, Lucie Azema dresse un panorama du voyage au féminin au fil des siècles : ce qu'il est ; ce qui l'empêche ; ce qu'il pourrait devenir libéré du patriarcat.

Pour ce faire, l'ouvrage décrit et analyse, dans une première partie intitulée « Être libre de voyager », la difficulté faite aux femmes de voyager en solo, notamment du fait des jugements, principalement masculins, mais pas seulement, effectués sur ce choix considéré comme contre-nature. Difficulté en raison du statut même de la femme au sein de la société, incitée à attendre, comme Pénélope, que son Ulysse rentre de ses multiples aventures, en restant bien sagement à la maison. Incitation inculquée dès l'enfance dans les rôles indus à chaque genre, parfaitement présentés par exemple par Simone de Beauvoir dans son Deuxième sexe, et repris ici par l'autrice. Jugements en ce que la femme, du fait de ce statut, n'est pas considérée comme une femme « normale » – elle est forcément folle, de mauvaises moeurs -, lorsqu'elle décide de partir seule, comme le montrent les expériences de nombreuses voyageuses racontées et citées au fil de l'analyse : ainsi d'Alexandra David-Néel , de Nellie Bly, ou de Gloria Steinem, pour n'en citer que quelques-unes. C'est pour ces raisons que la femme, bien souvent, ne voyage pas seule, et que les récits de voyage masculins, empreints d'un regard autocentré d'homme blanc, qui ne s'ouvre que peu à ce qui l'entoure véritablement dans la découverte de nouvelles contrées, profondément misogyne, et parfois même terriblement sexualisé, se sont au contraire multipliés au fil du temps, pour nous décrire un monde de manière extrêmement partiale.

Après avoir présenté cet état de fait quant au voyage au féminin, l'ouvrage de Lucie Azema montre, dans une deuxième partie intitulée « Être libre pour voyager », comment il est possible, pour chaque femme, de dépasser ces jugements imposés afin de se libérer des carcans qui l'empêchent de voyager comme elle l'entend, mais plus encore de se construire, en tant que femme, au-delà même du voyage, dans son rapport au monde qui l'entoure et à la maternité, comme elle l'entend également. L'autrice partage alors plus concrètement son expérience qui l'a fait voyager et vivre dans plusieurs pays comme l'Inde, ou encore l'Iran. de cette expérience, qui lui a apporté et lui apporte encore beaucoup, elle présente ce qui lui a permis de se libérer elle-même en tant que femme, de se construire en tant qu'être libre de ses choix, en dehors de tout déterminisme générique qui l'obligerait à rester, comme Pénélope, à attendre sagement qu'Ulysse se décide enfin à rentrer à la maison.

Les femmes aussi sont du voyage est un ouvrage que j'ai dans l'ensemble apprécié : riche en exemples tout à fait pertinents, d'une argumentation tout aussi pertinente, ainsi que d'une plume d'une grande qualité qui se laisse lire avec fluidité et intérêt, il permet de bien mettre en lumière un autre carcan imposé aux femmes, celui du voyage – ce que j'ai personnellement connu, même si pour de brèves incursions en solo de quelques semaines.

Je remercie les éditions Flammarion et la Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de le découvrir en avant-première : la publication est prévue pour le 10 mars.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Un essai captivant mêlant aventure, histoire, réflexions et analyse de la condition de la femme à travers le temps, les lieux et les cultures.
Lucie Azema décortique avec talent la place de la femme dans l'univers du voyage et de la découverte du monde.
A travers son expérience personnelle et les récits d'aventuriers et aventurières, elle dresse un tableau riche d'illustrations, d'exemples et de contre exemples, démontant que si c'est romanesque et admiratif d'être aventurier/voyageur, c'est signe de mauvais genre d'être aventurière et voyageuse.
Si une femme voyage seule, elle est critiquée, mal considérée et incomprise. Si elle voyage avec un homme elle est souvent reléguée au second plan peu importe sa contribution au voyage ou à l'expédition.

Sans même évoquer des grands voyages, la place des femmes dans nos villes est l'exemple même que l'inconscient collectif considère encore trop souvent que la place de la femme est dans la sphère privée et non dans la sphère publique. En témoigne le harcèlement de rue si banal et si peu contesté.

Lucie Azema nous invite à abandonner nos peurs installées là par une culture masculine du voyage pour se lancer et vivre sa propre liberté !

Un essai romanesque que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
L'écriture est fluide, les chapitres sont courts, et l'architecture de la réflexion facile à appréhender.


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Aujourd'hui encore le voyageur est majoritairement un homme, blanc et occidental de surcroît. Pourtant, bien que reléguées dans la sphère domestique, des femmes ont enfreint les règles de la société et se sont lancées dans des voyages.
Une femme ayant réalisé un périple suscite de nombreux avertissements avant, voire le soupçon après (a-t-elle vraiment réalisé cet exploit? ) et si elle part en couple ou en famille, elle sera reléguée dans l'ombre de son compagnon.
Changeant de perspective, étayant ses propos de nombreux exemples, Lucie Azema démontre en deux parties les liens du voyage avec la démonstration de la virilité et la misogynie qui lui est inhérente.
Elle pointe aussi du doigt la nécessité de décoloniser le voyage et la fétichisation du corps des femmes dans les récits de voyage, que ce soit dans l'évocation des harems ou des bordels.
Elle affirme enfin l'effet émancipateur du voyage pour les femmes ainsi que les mensonges et les approximations dont se rendent souvent coupables certains grands voyageurs dont la misogynie peut mettre en péril la vie de celles qu'ils accompagnent.
Un essai qui suscite l'envie de dévorer une brassée de récits de voyages ...au féminin !





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Une lecture intéressante de par le sujet qu'elle aborde. Lucie Azema analyse tous les aspects de la littérature de voyage sous l'angle de la posture féminine. Elle relie à de nombreuses lectures et références ses propos (on regrette au passage qu'une bibliographie n'ait pas été ajoutée, il faudra piocher les références dans les notes), ce qui en fait un bon ouvrage complet.
Le style pêche un peu lors des introductions de chapitre surtout au début du livre, mais Lucie Azema se livre de manière plus personnelle lorsqu'elle évoque son expérience.
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"Pendant que les hommes racontent des aventures qu'ils n'ont jamais eues, les femmes vivent les aventures qu'elles ne raconteront jamais. "

Dans cet essai, Lucie Azéma aborde la place des femmes dans le voyage sous plusieurs prismes. Les femmes voyageaient peu parce qu'on les pensait incapables de le faire, parce qu'elles devaient rester s'occuper des enfants à la maison, parce que les quelques récits de voyages écrits par des femmes étaient soigneusement cachés afin que l'idée ne puisse se démocratiser, parce que leurs vêtements n'étaient pas pratiques (voire dangereux dans certaines situations). Et pourtant, beaucoup de femmes sont finalement devenues de grandes exploratrices ou des voyageuses aguerries. Qu'elles décident de partir à l'aventure pour découvrir la beauté du monde ou pour fuir leur quotidien, le voyage leur a permis de s'émanciper. D'ailleurs il était souvent moins dangereux pour une femme de voyager seule plutôt qu'accompagnée d'un homme ! Là où les exploratrices se distinguent également de leur homologue masculin, c'est qu'elles ne sont pas venues imposer et importer toute la misogynie occidentale. Quand des Kerouac ou des Loti voulaient "posséder une locale", les voyageuses prenaient réellement le temps de découvrir le monde.
Plusieurs grands noms du voyage et du féminisme se côtoient dans cet essai : Mona Chollet, Alexandra David-Néel, Sarah Marquis, Virginia Woolf, Calamity Jane, Gloria Steneim, Alexine Tinné, Agatha Christie...

J'ai beaucoup aimé cet essai dans lequel l'autrice revendique la nécessité d'être libre DE voyager et d'être libre POUR voyager. J'ai appris énormément de choses, noté beaucoup de références, j'ai voyagé en Inde, en Iran, en Turquie.
C'était passionnant !
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Ce livre très intéressant pose un regard contemporain sur la figure de la voyageuse et du voyageur. En effet, si "un aventurier" a une connotation positive, voire héroïque, il n'en est pas de même de "l'aventurière", qui elle, collectionne les aventures.. sexuelles. Partant de là, l'auteure détricote le mythe du voyageur, autonome et brave, et analyse ce qu'il en était vraiment pour nombre d'écrivains voyageurs célèbres. Ethnocentrisme, colonialisme, mauvaise foi... certains grands auteurs connus s'en prennent un coup ! Elle réfléchit aussi à ce que voyager implique pour une femme, dont la place traditionnelle est encore beaucoup associée au foyer.

Mon seul regret concernant ce livre est qu'il n'aborde pas la question des finances et de l'indépendance économique des femmes, qui me paraît pourtant essentielle pour voyager. Cependant j'ai beaucoup aimé ma lecture car j'y ai trouvé de bonnes idées, la plume de Lucie Azéma est agréable et poétique. Cela m'a aussi carrément passé l'envie de lire Kerouac ! Je recommande
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En ouvrant ce livre, je m'attendais à bien des choses : de l'aventure, de l'évasion, des histoires de femmes voyageuses. Pourquoi les femmes sont-elles les grandes absentes de la littérature de voyage ? Certaines, aventurières ont parcouru le monde, d'autres ont accompagné des expéditions. Et pourtant, il semblerait qu'elles soient invisibles, dans un genre littéraire largement dominé par des auteurs masculins. J'avoue humblement qu'avant d'ouvrir cet essai, je ne m'étais jamais trop questionnée sur ce point. Au fil des pages, Lucie Azéma, nous offre dans un premier temps une analyse de la place des femmes dans la littérature de voyage écrite par les hommes et nous propose une analyse de la figure de l'aventurier puis elle nous entraine à (re)découvrir à travers les étapes d'un processus de reconquête de la liberté, les figures d'autrices et de voyageuses.

L'autrice a vécu plusieurs années à l'étranger entre Iran, Inde et Liban. Elle aussi a connu les expériences et les déconvenues dont parlent celles qui ont pris la route seule avant elle. Elle nous livre ses ressentis, raconte son parcours tout en le liant à celui des grandes aventurières des XIXème et XXème siècles.

En effet, Alexandra David-Neel, Isabelle Eberhardt, Alexandra Tinné et bien d'autres accompagnent Lucie Azéma dans son argumentation. On chemine donc avec elles dans les espaces d'un monde qu'elles explorent, avec une autre sensibilité que celles de leurs homologues masculins. le long de cette route, on constate à quel point il peut être difficile de sauter le pas, de se défaire des préjugés et de l'éducation. Une fois partie, le regard des autres voyageurs n'est pas toujours tendre sur ces dernières ce qui les conduits parfois à quelques mésaventures.

Il est aussi question de la place des réseaux sociaux en général et d'Instagram en particulier dans les nouvelles formes de récits de voyage. L'autrice y parle aussi de maternité, de choix et de renoncements, d'intimité. Si j'ai parfois trouvé quelques longueurs, j'ai trouvé le style de l'autrice plutôt plaisant. J'ai beaucoup apprécié de découvrir des récits d'exploratrices qui ne manqueront pas de venir enrichir ma pile à lire dans les mois qui viennent.

Je remercie encore Babelio pour cette jolie découverte.

Lien : http://mywanderlustfamily.fr..
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Ce manifeste féministe revient sur les voyages et l'histoire des voyages, du point de vu des femmes. Celles-ci ont toujours voyagé, nous avons toujours fait partie du voyage, nous avons aussi écrit des livres de voyages. Cet essai est divisé en huit chapitres :

Partie 01 : Être libre de voyager
une fabrique de la masculinité
voyage en misogynie
porno tropiques
décoloniser le voyage

Partie 02 : Être libre pour voyager
la liberté en mouvement
s'appartenir
maternités vagabondes
(re)prendre sa place

Il n'a beau faire que 220 pages, cet essai est très complet et passionnant. Lucie Azema y parle autant des hommes et de la société patriarcale qui efface encore et encore les femmes dans le voyage, mais aussi de la colonisation qui a effacé des peuples et développer le racisme ; elle y parle aussi du tourisme sexuel et la fétichisation des femmes ; aussi de la (non)maternité dans le voyage, le lien entre les voyages et les enfants, celles qui veulent des enfants et qui les embarquent dans leurs bagages, celles qui n'en veulent pas, celles qui les laissent derrière elles. Les hommes qui ne s'en soucient pas. Que de pistes de réflexion que Lucie Azema explore dans son essai, partageant ses sources, des livres et des articles pour approfondir ses propos. Elle cite autant Alexandra David-Neel que Nellie Bly ou Gloria Steinem, mais aussi Jack Kerouac, Louis-Antoine de Bougainville ou Pierre Loti pour dénoncer leurs actes horribles, coloniaux, ou fétichistes durant leurs voyages.

Un essai à lire d'une traite ou ne lire que certains chapitres et dans l'ordre que l'on veut. C'est le genre de livres à garder sur sa table de chevet et dans une bibliothèque féministe.

Les femmes ont toujours voyagé, toujours. Ce livre me rappelle celui de Titiou Lecoq, me rappelle la même puissance.

Lien : https://mathildelitteraire.b..
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Un essai féministe passionnant qui donne la bougeotte !

Quand on est une femme et que l'on veut voyager, on se trouve face à de nombreuses problématiques : la peur, le jugement sur sa situation "tu voudrais pas te caser plutôt ?", le découragement "c'est hyper dangereux là-bas, fais attention !" et j'en passe...

Dans les récits historiques ou mythologiques, c'est l'homme qui part à la découverte du monde et la femme qui l'attend en élevant ses enfants. L'autrice nous cite dans cet ouvrage de nombreuses voyageuses qui ont bravé les interdits ou les convenances et sont parties réaliser leurs rêves !

C'est tellement inspirant et rassurant, on a juste envie de faire son sac et de suivre les traces d'Alexandra David-Néel ou Nellie Bly !

J'ai appris énormément de choses, je me suis interrogée sur ma propre perception du voyage et des femmes qui voyagent seules. Finalement, nos peurs sont les mêmes qu'en Europe : se faire embêter dans la rue, ou être victimes de violences et nous ne restons pas cloîtrées chez nous pour autant !

Je l'ai d'ailleurs aussitôt offert à une amie qui part dans quelques jours en Afrique pour plusieurs mois !
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