Messieurs, encore un effort...

Prenez le balai, biberonnez, messieurs, votre femme a le mal de mère !
S'appuyant sur les statistiques de chercheurs, Elisabeth Badinter analyse les facteurs de la chute mondiale de la démographie. Que dire ? Tout ce que nous savons y est, mais cela a le mérite d'être posé noir sur blanc, avec un très beau style, selon moi.
Des USA à la Chine, en passant par la France, l'Allemagne, l'Italie et surtout la Corée du Sud, elle synthétise les pressions sociales ( traditions, charge mentale, lenteur des réactions politiques, qu'elles soient financières ou sociales ) qui, maintenant que la libération de la femme des années 1970 est passée, pèsent sur le choix d'être mère ou non.
De plus en plus de femmes renoncent devant les épouvantails de la pression de la tradition, du mariage, des diktats médicaux d'hygiène pendant la grossesse, de l'impératif de la ligue de l'allaitement mal vu par les patrons-employeurs, du manque d'investissement dans les tâches ménagères du conjoint, d'absence de crèches où l'on "abandonne" l'enfant dans certains pays, du coût de l'enfant, de l'incertitude de l'éducation à apporter, dont les penseurs s'opposent : bienveillance ou "Files dans ta chambre" de Caroline Goldman, de la culpabilité d'être une éventuelle mauvaise mère ( alors que l'on ne parle pas du père ), du smartphone, à l'adolescence, plus important que la parole maternelle, de l'incertitude mondiale.

Elle parle aussi des conséquences que cette chute implique, où, en Allemagne, on remplace la dénatalité par les immigrés, et en Corée par les robots.

Quelle solution apporte t-elle ? Pour la France : prenez le balai et biberonnez, messieurs !
Cependant, l'auteure ne parle pas des joies que procure un enfant, des joies d'être grands-parents, des joies de voir ses enfants jusqu'à tard dans la vie : les points positifs ne sont pas dans le thème du livre.

Mme Badinter écrit très bien, à mon avis, je le confirme sur ce deuxième livre que j'ai lu d'elle. Et donc, j'ai lu ces 80 pages en une demi-heure, moi qui ai du mal à dépasser 10 pages par jour sur Montesquieu !

Après le succès de son dernier livre « Le Conflit, la femme et la mère » paru en 2010, Elisabeth Badinter revient avec un essai percutant » Messieurs, encore un effort… » aux éditions Flammarion Plon.

Femme de lettres, philosophe, féministe, femme d'affaires française et spécialiste du Siècle des Lumières, Elisabeth Badinter interpelle les hommes à une volonté et un investissement concret et durable au sein du couple et de la famille.

P. 76 : » Les femmes du XXIe siècle ont changé. Elles en appellent silencieusement à l'égalité des sexes au sein de la famille et à la responsabilité des pères. « 

Pour l'auteure, le postulat est inquiétant. En effet, l'indice de fécondité des pays riches est en nette diminution.

P. 10 : » Cette tendance continue préoccupe de plus en plus le monde économique et les politiques. Dans certains pays, la mortalité l'emporte sur la natalité et les Etats redoutent de manquer de travailleurs, de ne plus pouvoir assurer le paiement des retraites, le renouvellement des générations et, à plus long terme, leur survie. « 

Il est donc nécessaire de s'interroger sur les moyens mis en oeuvre pour limiter, voire inverser cette courbe et éviter ainsi le déclin brutal que connaissent les pays industrialisés en Asie de l'Est.

P. 11 : » Les femmes détenant l'ultime pouvoir de décision à l'égard de la reproduction, il est à craindre que certains Etats leur fassent payer la note de la dénatalité, notamment en s'appuyant sur des principes d'ordre religieux. « 

C'est un constat accablant, si ce n'est de la régression, tout du moins de la non-évolution de la persistance des stéréotypes de genre et d'un lourd passif à domination patriarcale.

P. 20 : » C'est aussi en tant que féministe que je m'inquiète : si la condition maternelle n'est plus si enviable, c'est que le combat pour l'égalité des sexes n'est pas achevé. « 

L'explosion des réseaux sociaux et des mouvements féministes ont cependant permis la libération de la parole des femmes. Elles veulent avoir la pleine liberté de disposition de leur corps, et donc du choix de la maternité.

P. 36 : » Aujourd'hui, dès lors qu'une femme choisit d'avoir un enfant, elle éprouve un sentiment de responsabilité inconnu par le passé. Elle se doit d'être la mère idéale d'un enfant heureux dont il faudra développer toutes les potentialités, physiques, psychiques et créatives. Et gare à l'échec ! « 

De plus en plus apparaît une volonté de prioriser l'épanouissement personnel, une sorte de « moi d'abord » par la levée des tabous et une stricte évaluation des plaisirs et des peines avant de s'engager dans l'aventure de la maternité.
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De façon magistrale, comme souvent, Elizabeth Badinter pointe la difficulté de la condition féminine et l'inégalité face à l'enfant qui paraît. le choix également des femmes à avoir ou pas un enfant qui doit, enfin, être accepté par la majorité. Je suis heureuse que ces femmes qui, pour quelque raison que ce soit, ne veulent pas être mère arrivent enfin à se faire entendre et osent dire tout haut ce qu'à une époque on n'osait pas avouer. L'économie, la perte d'une liberté, la peur du monde à venir, le manque d'investissements humains et financiers, tout est pris en compte par l'autrice pour expliquer la diminution démographique de nos pays.
Un livre à mettre entre toutes les mains. Merci Madame Badinter

Messieurs, encore un effort : les raisons du repli démographique dans les pays développés, notamment en France, et les implications sociales qui en découlent. Un Livre Écrit par Élisabeth Badinter.

Élisabeth Badinter, née à Boulogne-Billancourt en France, est une femme de lettres, philosophe, féministe française et spécialiste du siècle des Lumières.
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