J'avais déjà eu la chance de découvrir l'engagement des éditions Oxymore dans la publication d'oeuvres célébrant des artistes engagés avec Oum Kalsoum en début d'année. C'est donc confiante que je suis allée à la rencontre de leur nouvel objet autour de Laurel et Hardy, ces deux humoristes cultes. J'ai en plus eu une vraie expérience visuelle qui m'a sortie de ma zone de confort mais séduite !
Pendant longtemps, je n'ai pas ou peu lu de BD. Seul
Yslaire trouvait ainsi grâce à mes yeux pendant mes études et ce n'est que depuis le COVID que j'en suis venue à explorer les catalogues des éditeurs de BD pour en découvrir une toute nouvelle richesse qui me plaît énormément. Alors, quand j'ai ouvert Laurel et Hardy, le travail très graphique de
Gianluca Buttolo m'a à la fois surprise et remuée. C'est un vrai parti pris, qui ancre son oeuvre et son encre dans une mouvance très cinématographique, qui convient à merveille avec le sujet, notamment de part la place de ce duo dans le noir & blanc, mais pour la lectrice d'oeuvres peut-être plus conventionnelles, cela m'a frappée et fait sortir de ma zone de confort. J'ai cependant adoré ses noirs profonds, contrebalancés par des blancs très purs. J'ai aimé ses trouvailles visuelles pour faire pénétrer la gestuelle des comiques dans son propre récit. J'ai aimé ce sentiment d'être derrière la caméra filmant ce documentaire.
Car la bande dessinée de
Gianluca Buttolo est réellement ce qu'on peut appeler un docu-fiction. L'auteur nous propose de nous mettre dans la peau d'une personne assistant aux conversations entre un Laurel vieillissant et un petit américain qui écrit un exposé sur lui et lui téléphone pour se faire, étant quelqu'un de très simple Laurel accepte et échange avec lui, lui racontant sa vie, son duo, sa carrière. J'ai trouvé le concept original et vraiment parlant pour ce personnage tellement ancré dans notre culture populaire. J'ai ainsi pu découvrir à la fois le personnage et l'homme derrière, un homme en fin de vie qui pose un regard franc sur lui-même, son passé, ses amitiés, ses amours, ses passions. C'était très humain comme lecture.
L'amatrice de cinéma en moi a en plus savouré ce rendez-vous, fait en plusieurs fois, ce qui est rare chez moi, car ce fut une lecture copieuse. J'ai aimé la richesse de l'objet. Découpé en différents chapitres répondant à chaque fois à une question du jeune interlocuteur de Laurel, on revient ainsi, pas forcément chronologiquement, pas forcément de manière complète, sur ce que fut sa vie en tant que Laurel dans ce duo
Laurel & Hardy, et c'est éclairant. J'ai ainsi pu pénétrer dans les coulisses de cette carrière incroyable, faite également de hauts et de bas. J'ai beaucoup aimé en découvrir les prémices, les succès, les déconvenues. C'est toute une histoire du cinéma comique muet puis parlant qui s'écrit sous nos yeux. On découvre un peu les mécanismes des studios, la façon dont les stars, pas si stars, étaient utilisées, usées, manipulées et jetées. On nous parle aussi du rapport au succès et à la création, ou encore de la place de la vie personnelle et des amours de nos acteurs. le seul reproche que je pourrais faire à l'oeuvre, c'est qu'on survole un peu tout, donc ça donne envie d'aller découvrir l'ensemble plus en profondeur, car au-delà des comiques qu'ils furent on découvre en Laurel, un talentueux écrivain et metteur en scène, et en Hardy, un sacré acteur comique de génie. On a également envie d'en savoir plus sur la vie de ces studios, leurs mécaniques, l'histoire de ce cinéma comique, muet, parlant, en pleine métamorphose. Bref, ça transmet à merveille cette passion !
Oeuvre conséquente, oeuvre de qualité, ce Laurel et Hardy de
Gianluca Buttolo n'est pas une biographie classique mais un vrai parti pris où l'auteur s'invite et nous invite dans la vie de ce duo mondialement connu à travers un superbe exercice de style rendant hommage à leur art et à ces hommes derrières les artistes. J'ai adoré l'expérience graphique singulière, très cinématographique, de l'oeuvre. J'ai été émue par les histoires de Laurel et son acolyte. J'ai surtout ressenti une magnifique passion pour le cinéma et tout ça m'a donné envie de m'y intéresser de plus près. Chapeau
Gianluca Buttolo !
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