Les mille vies d'Ismaël et quelques saveurs en plus

Vous aimez rire, pleurer, tomber amoureux, grimper sur les toits, cuisiner ? Tant mieux, vous allez plonger dans cette histoire avec enthousiasme. Vous n'avez plus quinze ans ? Qu'importe ! Vous allez retrouver vos jeunes années, mais aussi vos amis, vos amours, vos emmerdes.
L'ennui n'a pas sa place ici. La vie se joue à mille à l'heure. Les découvertes arrivent en nombre. Vous apprendrez à cuisiner. Vous enfreindrez les règles pour aller taguer sur les toits de Lyon. Vous manifesterez contre le renvoi des migrants, ou pour les droits des femmes. Sans oublier aussi de manifester votre rejet du système scolaire. Vous ferez des conneries mais vous avancerez et vous vous redresserez car enfin vous saurez qui vous êtes.

L'écriture est vive, pétillante. Les rebondissements s'enchaînent naturellement et surtout sans surjouer. Les personnages sont parfaitement dépeints et le lecteur est vite emporté par une empathie immédiate, surtout pour Sma, ce grand adolescent mal dans son corps, mal dans son âme, triste depuis cinq longues années, enfermé dans une histoire douloureuse et pleine de sentiments contradictoires. Un grand ado, d'origine polynésienne, dont le langage pimente parfois les dialogues.
Une lecture captivante et addictive qui plaira aux ados, aux jeunes adultes et aux moins jeunes. Une lecture pour tous parce que tout simplement elle nous raconte, nous, la vie, la tristesse, la joie, l'amour, l'amitié, la famille. Chacun y trouvera sa place ou s'y reconnaîtra.
Une lecture plurielle comme les mille vies d'Ismaël.

« En pleine série noire, Ismaël, quinze ans, ne s'étonne presque pas quand il disjoncte et se fait renvoyer du collège… Sa mère, au bord de la crise de nerfs, l'expédie alors chez son oncle à Lyon, pour un stage dans un petit resto. Là, Ismaël a une dernière chance, il paraît : une chance de tout rattraper. Sauf qu'Ismaël n'a rien demandé, il est au bout de sa vie et n'y croit plus.
Jusqu'à ce que, derrière les portes battantes de la cuisine, apparaisse Céleste. Elle est apprentie. Il est hypnotisé. Avec elle, un monde s'ouvre, gigantesque. Ismaël est propulsé dans… mille nouvelles vies ! »

J'ai vraiment aimé pourtant le livre se passe sur une courte période de 4 petites semaines.
J'aime bien les livres bien épais qui se passent sur une très longue période. Donc quand j'ai senti que l'histoire s'arrêtait au bout de ce stage, j'ai comme eu un doute.
L'autrice m'a bien montré que je n'avais pas de raison de le penser. Ce livre est dynamique, écrit simplement pour être accessible à tout le monde. Sans être inaccessible à des grands adultes ou à une jeune personne de 22 ans quand même, comme moi qui a roulé sa bosse en termes de lecture. Et ça c'est vraiment appréciable, les livres littérature jeunesse méritent aussi d'être écrits avec goût.
Comme dit précédemment, c'est dynamique. J'ai eu un peu peur pendant un court instant que ça parte un peu trop en sucette 😅 mais en fait non, tout va bien. le tout fait sens et c'est plaisant à lire.
On suit Ismaël, un jeune polynésien qui fait face à de sérieuses difficultés dans sa vie que je ne vais pas détailler ici. Ismaël découvre la vie, un personnage attachant comme tous dans ce livre. Céleste, Andrea, Lukas, Juliette et j'en passe beaucoup. Tous ont une vie qu'on entraperçoit et qui les rend vivants.
Je ne peux que vous conseiller cette histoire, il faut aimer les livres jeunesse bien sûr. Ce qui est mon cas, sinon c'est peut-être mieux de passer son chemin au risque d'être déçu.

Ce roman était magnifique et inoubliable, notamment grâce au style exceptionnel de l'autrice, à la poésie que l'on trouve dans ses mots, à la façon dont elle nous fait vivre les mille vies d'Ismaël.

Tout va changer chez notre héros. Il va se reconstruire et trouver sa voie, découvrir le milieu de la cuisine ! Et ça, c'était tout simplement captivant. Mais il n'y a pas que ça. Il y a Céleste, il y a le street-art, il y a tous ces personnages réalistes, vibrants, pétillants. Ce qu'écrit Raphaëlle Calande, on le voit. On le vit. C'est magique !

Les cuisiniers deviennent la deuxième famille d'Ismaël mais aussi celle du lecteur, une famille attachante qui illumine le monde et qui fait rire. Ils portent un récit léger, vivant, mais aussi dur et profond.

C'est comme une parenthèse enchantée qui est tout de même tachetée de moments obscurs, qui donnent un rythme au texte et permettent à chacun d'évoluer. L'autrice joue avec nos émotions, nous fait passer du rire aux larmes, nous surprend par des rebondissements, toujours avec cette sensibilité et cette justesse admirables.

Je pourrais parler pendant des heures de cette pépite littéraire, mais je vais plutôt vous laisser découvrir ça et plonger dans ce livre qui fait de Raphaëlle Calande une autrice très prometteuse !

On ne lit pas ce roman, on le dévore tant le rythme est soutenu, les intrigues nombreuses et les personnages attachants. Je n'ai pas pour habitude de lire des romans jeunesse mais je me suis laissée tenter en lisant les avis. Et je ne le regrette pas. Il est certes destiné en priorité à un lectorat d'ados mais les adultes peuvent s'en délecter sans aucune réserve tant l'écriture est plaisante.
Je l'ai d'ailleurs recommandé à mes amies lectrice qui l'ont à leur tour lu avec beaucoup de plaisir.

Ismaël a 15 ans et le collège lui pèse. Il explose en cours après qu'un second malheur familial l'ait frappé, d'autant plus qu'il s'en sent responsable. En attendant son conseil de discipline, dans un mois, le jeune garçon est envoyé à Lyon, chez son oncle, et sommé de faire un stage dans un bouchon lyonnais dont le patron est un ami de sa famille.
Au début réticent, Ismaël va y trouver sa place, une passion, une seconde famille de coeur et...l'amour !

C'est un roman sensible, positif, dynamique, qui aborde de manière juste de nombreux thèmes : alcoolisme dû à un harcèlement moral d'origine raciste, traumatisme, relations familiales, autisme, discrimination féminine, préprofessionnalisation, graffiti art, solidarité, amour, amitié, délinquance, détention, cuisine… D'autre part, l'intrigue met en valeur la notion d'effort et de réussite grâce au travail et à la professionnalisation, ce qui n'est pas souvent le cas dans les romans ados.
Enfin, on en apprend un peu sur la culture polynésienne (branche paternelle du personnage principal), ce qui est assez original aussi.

le style, très agréable, rythmé, au vocabulaire adapté, devrait parfaitement convenir aux ados à partir de 14 ans.

En fin d'ouvrage, les termes de cuisine de base sont expliqués, ainsi que ceux de la culture polynésienne. On nous donne aussi la recette du gâteau qu'a créé Ismaël pour Céleste !

Une belle réussite!