Antoine Catel, pour son premier roman, a choisi d'écrire un récit autobiographique dont le personnage principal est sa petite soeur, trop tôt et tragiquement disparue. Ne me dîtes pas que je vous divulgâche à l'avance la fin du livre, car dès le début, l'auteur nous annonce le décès par overdose de sa jeune soeur à 22 ans.
Antoine Catel a choisi d'alterner tout le long du livre les chapitres : Un sur l'avant – avant l'overdose, l'enfance, les explications permettant de comprendre les fêlures, les fragilités de la jeune soeur dont on ne découvrira le prénom qu'à la dernière page – puis un chapitre sur l'après – qui commence toujours par « la petite soeur pour toujours » qui revient comme un leitmotiv -.
L'avant, c'est l'histoire d'une famille de 4 enfants « 4 petits blancs » nés en Afrique, en Mauritanie plus précisément, se déplaçant au gré du travail de la mère au Cameroun puis en
Côte d'Ivoire. Après le décès brutal du père, ils reviennent vivre en France. La mère se remarie avec
Jean-Claude « un noir » peu présent qui précipite le naufrage et la dépression de leur mère. Une vie itinérante, pas très structurante, et surtout pas ou peu de repères paternels. Heureusement la présence des grands-parents Papou et Mamine leur ont apporté un peu d'équilibre et de l'affection que leur mère devenue alcoolique, suicidaire ne pouvait plus leur apporter. » La petite soeur en garderait, tout au long de sa vie, le coeur lardé ». S'ensuivent également le décès par accident de son oncle vétérinaire bienaimé par accident et un avortement, il n'en fallait pas plus pour fragiliser la petite soeur et la voir se réfugier dans la drogue. Une petite soeur surnommée « la vieille » par des voisins africains car « elle fixait son entourage avec une intensité déconcertante ». Toujours en recherche d'affection – sa mère en perdition également ne lui apportait pas le réconfort espéré -, elle s'est mise à rechercher les sensations fortes. C'est une mort par overdose, pas une tentative de suicide – l'auteur insiste beaucoup là-dessus - car elle a essayé plusieurs fois de se sevrer. Deux cures de désintoxication pour échapper à son addiction à la cocaïne, mais chaque fois elle replonge. C'est l'explication du titre : l'
incendie blanc c'est la cocaïne, un feu difficile à éteindre, toujours sous-jacent. Il existe différentes phases dans l'addiction, mais c'est un engrenage infernal. Même si c'est une jeune femme intelligente, brillante, curieuse – elle est en 3ème année de médecine – son enfance trop chaotique a été parsemée de trop nombreux drames qui l'ont fragilisée. « Elle semblait comprendre les pensées des adultes mieux encore qu'eux-mêmes ». Son addiction l'a rendue bipolaire, elle était tellement en souffrance qu'elle se scarifiait et s'était entourée de personnes toxiques. David, son amant – violent – lui, finira interné en hôpital psychiatrique. Frédéric, son ami toxico, qui est le dernier à l'avoir vu vivante, lâche, s'est empressé de supprimer les traces de leur consommation de cocaïne.
L'après, c'est d'abord la sidération du frère lorsqu'il apprend le décès de sa petite soeur. C'est l'enterrement, la vie sans l'absente. C'est la culpabilité du frère car lui aussi s'est essayé à la cocaïne en sa compagnie et n'a pas vu venir le danger et surtout que la veille de l'overdose il a refusé de passer la soirée avec elle, trop fatigué. Culpabilité qui le poursuit inlassablement. Il refuse d'admettre que sa soeur est morte. J'ose espérer que l'écriture de ce livre, le fait de s'épancher, de mettre de l'ordre dans ses idées, lui aura permis d'avancer dans son chemin de deuil. Par des mots très sobres, une plume poétique,
Antoine Catel nous livre un très beau livre d'amour fraternel.
Bel hommage à sa « petite soeur pour toujours ! »