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EAN : 9782365692694
240 pages
Editions Les Escales (13/04/2017)
3.73/5   24 notes
Résumé :
Les murs mangés par la vigne vierge, les fenêtres grandes ouvertes, Manneville est une maison de famille, celle qui abrite le jeune Bruce Dehaut, ses sœurs, de joyeux cousins, et puis des adultes occupés à profiter de l’été en lisant le journal ou en préparant des pastis-grenadine. La vie serait simple à Manneville, mais Bruce doit partir. L’Angleterre l’attend : Oxford, les études, un début de vie adulte. Là-bas, Bruce fera la rencontre d’Alex, un grand roux à la v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
En littérature, il y a parfois d'heureuses surprises, des hasards qui nous mènent à des découvertes inattendues. Ce roman en est le parfait exemple. Je ne connaissais pas l'auteur, mais la couverture et la résumé m'ont tapé dans l'oeil :

Les murs mangés par la vigne vierge, les fenêtres grandes ouvertes, Manneville est une maison de famille, celle qui abrite le jeune Bruce Dehaut, ses soeurs, de joyeux cousins, et puis des adultes occupés à profiter de l'été en lisant le journal ou en préparant des pastis-grenadine. La vie serait simple à Manneville, mais Bruce doit partir. L'Angleterre l'attend : Oxford, les études, un début de vie adulte. Là-bas, Bruce fera la rencontre d'Alex, un grand roux à la veste de tweed beige, qui fume des cigarettes en jouant au jacquet. Bruce n'avait pas prévu ça. L'amour, l'éblouissement. Et l'impossibilité d'une vie partagée.

Devenu journaliste, il sillonnera le monde, des îles Féroé au Mozambique, en quête de vérité, en quête de lui-même, pris dans un mouvement permanent. Mais Bruce l'apprendra, l'attente aussi est une façon d'aimer.

Pierre Cochez, l'auteur, nous propose de suivre la jeunesse et les débuts dans la vie active de Bruce, un fils de la haute bourgeoisie qui partage sa vie entre Neuilly-sur-Seine et la maison de campagne familiale en Normandie. le récit débute au début des années 1980, quand Bruce, jeune bachelier, s'apprête à partir en Angleterre pour poursuivre ses études à Oxford. Il y rencontrera Alexander, un jeune étudiant taciturne et séduisant avec lequel il entamera une relation plus ou moins clandestine. Cette relation sert de fil rouge à la suite du roman quand Bruce, séparé d'Alex et devenu jeune journaliste pour l'AFP, parcourt le monde. Les retrouvailles avec Alex ponctuent le roman entre chaque voyage de Bruce et leur relation évolue au fur et à mesure du récit.

Au-delà du récit de la relation entre Bruce et le grand amour de sa vie, le roman nous emmène également à travers le monde puisque nous suivons Bruce dans ses voyages pour l'AFP. Salvador, Îles Féroé, Mozambique, autant de lieux peu présents habituellement dans la littérature et dont l'auteur nous propose de découvrir les paysages et la société. J'ai apprécié également de plonger dans le quotidien d'un correspondant de l'AFP à l'étranger, notamment dans des zones géographiques qui font rarement la une de la presse ou les grands titres des journaux télévisés, même si je ne sais pas quelle est la part de réalité et de fiction dans tout cela. C'est le problème de tout ignorer de l'auteur, je ne sais pas si ce récit s'appuie sur des faits qu'il connait parfaitement, pour l'avoir vécu ou s'être documenté, ou si tout cela sort de son imagination.

Quoiqu'il en soit, j'ai pris beaucoup de plaisir en lisant ce roman. le style est simple, fluide, mais non dénué d'émotion. La relation entre Bruce et Alexander, au coeur du récit, est touchante, et tout ce qui l'entoure est plutôt intéressant. Voilà une découverte que je ne regrette absolument pas !
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Une nouvelle fois, cette jolie maison d'éditions nous propose une petite pépite de sensibilité.
Bruce Dehaut a raison : la vie serait simple à Manneville. Parce que quand on est fils de "bonne" famille, et que le domaine familial accueille chaque année une ribambelle d'oncles, tantes, cousins et amis, et que la seule préoccupation que l'on a c'est de savoir qui remportera le tournoi de tennis du domaine cette année en sirotant un apéro, tout a le goût du bonheur, même si on sait que l'on vit une parenthèse enchantée. Bruce est veinard. Pas seulement grâce à cet argent. Mais parce que sa famille est aimante. Parce que sa famille le soutient, et accueille toujours ses amis les bras ouverts. Parce que sa famille ne le juge pas du fait de sa sexualité. Et pourtant, être homosexuel dans la France des années 80, ce n'est pas évident (ça ne l'est pas toujours davantage de nos jours vous me direz).
Jamais son orientation sexuelle ne sera occultée, moquée ou questionnée. Pas dans sa famille. Il n'y rencontrera ni déni ni jugement, parce que Bruce est ce qu'il est et il est aimé de cette façon.
C'est sûrement du fait de ce soutien sans faille qu'il ne comprendra jamais la fin de son grand Amour. de ses études à Owford où il se découvre, à ses débuts professionnels, à ses différentes missions à l'étranger en tant que journaliste, ce premier amour va le hanter. Au point qu'il ne peut pas faire de la place à quelqu'un d'autre dans son coeur.
Parce que le vrai pivot de ce roman, c'est cette histoire d'amour.
Mais évidemment, puisqu'on cause homosexualité et années 80, on va une nouvelle fois parler du fameux "cancer gay", aka le SIDA. On est donc plongé dans la maladie, la peur mais aussi l'espoir à chaque avancée médicale.
C'est donc une jolie destinée que celle de Bruce, hanté toute sa vie par son amour de jeunesse. Avec délicatesse et poésie, l'auteur nous présente son héros, ses doutes, et le chemin qu'il va prendre pour avancer dans la vie. Mais à travers lui, c'est tout notre monde qu'il dépeint, et il le fait bien.
Le seul bémol, outre que malgré tout, Bruce a quand même la vie "facile", c'est le temps de narration. le présent dans un roman, ça me fait toujours bizarre, et il m'a fallu quelques dizaines de pages pour m'y habituer.
Une fois de plus, la maison d'édition nous propose un texte poétique et touchant, qui, à travers la vie d'un héros ordinaire aborde des thèmes toujours d'actualité. Pour ma part, je suis bien décidée à laisser à ses parutions une étagère dédiée dans ma bibliothèque.
Lien : http://delaplumeauclic.blogs..
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Manneville, c'est une maison de famille en Normandie, un refuge à quelques heures de Paris qui accueille les souvenirs heureux de Bruce, ceux d'étés passés avec ses soeurs, ses cousins et ses parents. Manneville, où la vie serait évidemment plus simple tant le quotidien y est si doux, fait de détente et de fous rires, comme coupé d'un monde où tout est plus compliqué, plus sombre et plus fragile.

C'est l'été, et Bruce est en plein deuil de cet ami fauché par une voiture, cet ami avec qui il aura connu les premiers émois, ceux bercés par la candeur de la découverte, quand les caresses et le désir ne compliquent encore rien, n'appellent ni tabou ni vie cachée. C'est l'été, et malgré la tristesse et l'insouciance, Bruce se prépare à quitter Manneville pour l'Angleterre, où ses études le conduiront à Oxford.

Il y fera la rencontre d'Alexander, un grand roux à la veste en tweed respecté pour ses talents sportifs, dans les bras duquel il oubliera ses premiers amours que la vie a contrarié. Alexander, l'ami féringien qui sera accepté par tous, sans que la proximité entre les deux garçons ne soulève de questions, même à Manneville où il est évidemment convié lors des vacances scolaires.

"J'ai rencontré l'homme frère, ami, amant. Je l'ai choisi et il m'a choisi."

Pourtant, l'histoire entre Alex et Bruce est impossible, le premier ayant choisi de ne pas affronter le rejet et la vie dans la marge, pour tenter malgré son inclinaison naturelle, d'aller voir ce que l'autre camp peut lui offrir. L'espoir d'une vie normale, d'une vie plus simple, surtout. Bruce va alors profiter de son travail de journaliste pour s'exiler loin d'une histoire dont il n'arrivera pourtant pas à tourner la page. Des Féroé au Mozambique en passant par le Salvador, il parcourt le monde pour l'AFP en tentant, quand l'occasion se présente, d'oublier le bel Alexander dans les bras de garçons d'un soir.

"Je marchais le long des arbres, pour me coucher les bras en croix en regardant la nuit. Comme avant cette histoire évaporée. J'étais ridicule ou mort, au choix. Mon ventre se serrait. J'étais seul et ce n'était pas juste."

Cette histoire d'amour bancale est également le témoin, dans les années 80, de l'arrivée de cette maladie terrible qui emportera une flopée de jeunes homosexuels avec elle. Comme si la vie n'était pas déjà assez compliquée des amours contrariés, il aura fallu que la nature s'en mêle. Pierre Cochez signe là un roman tout en mélancolie, à l'écriture doucement poétique, dans lequel il laisse un peu de lui-même avec ce jeune journaliste ayant parcouru le monde. Un roman plein de tendresse dans lequel je me suis laissé bercer sans ennui.
Lien : https://www.hql.fr/vie-serai..
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L'histoire ne coule pas de source. Beaucoup d'obstacles se dressent sur le chemin de Bruce, le narrateur, et il nous les fait ressentir dans son écriture. Ce personnage a une vie plutôt calme, dans une famille bourgeoise très ouverte. Sa vie bascule avec la rencontre d'Alex en Angleterre. Leur relation va devenir le pilier de son existence, avec ses hauts et ses bas. Elle épousera leurs carrières respectives, leur éloignement géographique, les aléas de la vie. Bruce, devenu journaliste, voyage en Afrique, en Amérique latine et dans l'Europe du Nord. Chaque destination est pour lui une déchirure et une renaissance. Puis vient la maladie, celle dont on ne veut pas vraiment parler et qui plane au-dessus des amants comme une épée de Damoclès.
L'auteur a un style très fragmenté et direct. Quelle que soit la nature de l'information, il vous la livre avec sincérité, que ce soit la couleur d'un vêtement ou la mort d'un personnage. Les phrases sont courtes et incisives. le récit est ainsi construit en une myriade d'épisodes, avec un certain nombre d'ellipses. le lecteur a l'impression de regarder une série de photographies commentées par un narrateur qui ferait le choix de ne pas tout dire. Il se dégage beaucoup de sérénité de ce roman. Il y a une forme d'inéluctabilité très douce, car les personnages ne cherchent pas à lutter contre vents et marées.
La narration à la 1ère personne apporte une fraîcheur et des pointes d'humour qui donnent une certaine légèreté à l'ensemble, bien que les sujets traités soient graves.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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J'aimerai dire que j'ai été totalement dépaysée en lisant ce livre mais cela ne serait pas la vérité. le côté Neuilly/Auteuil/Passy, les parents distants, les rallyes pour rencontrer des « gens biens », et les week-end dans les châteaux de tel ou tel. Si je ne l'ai pas vécu directement j'ai pu côtoyer des personnes pour qui c'était le cas et le portrait qui en est fait me parait assez juste.
Bruce se complait vaguement dans le confort de cette vie de « gosse de riche », disons le clairement, même s'il sent bien que tout ceci reste quand même assez superficiel. La vie serait plus simple aux côtés de son meilleur ami, Armand, qui, comme lui, vit dans l'expectative de partir à Oxford, de se défaire de son nom et de se faire, en tant qu'homme, en tant que personne.
Il est temps pour Bruce de partir à Oxford, au collège de Brasenose. Il quitte une bulle pour une autre. le dépaysement le satisfait surtout lorsqu'il rencontre Alexander, un grand roux qui l'intrigue et le fascine.
Ils vivent alors leur histoire, prudemment, entre les portes. Un peu à Oxford, surtout à Manneville, l'été, dans ce point d'ancrage, ce lieu qui échappe à l'érosion du temps et où, finalement, tout est plus simple. Les années passent, Alex s'en va et Bruce reste seul, triste, avec pour seule compagnie son métier d'apprenti journaliste pour occuper ses journées.
Ses voyages initiatiques, avec le souvenir d'Alex en filigrane, apprendront alors à Bruce à se connaître et apprendre à vivre.

Critique complète sur le blog
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critiques presse (1)
LaCroix
02 juin 2017
De lieu en lieu et d’année en année, le récit tendre et rude d’une émancipation sentimentale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon état est celui d'un bonze en lévitation. Je ne mange plus. Je n'arrive qu'à boire, du cava ou des pimm's. Après ces diètes alcoolisées et forcées, j'essaie de rentrer jusqu'à ma chambre, sans crier le nom d'Alex dans tout Oxford. Un soir au fond du parc de Magdalen, je me lâche. C'est bon d'entendre ce nom qui sort de mon ventre pour briser le silence de la nature.
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Je voudrais ne pas respirer. Pour conserver ce temps. Je sens le dos d'Alex. Je vois sa nuque, ses cheveux roux bouclés et secs. Alex est une masse sombre, rousse, en tweed. Il est rassurant.
Ce moment est une production d'énergie pour la vie. Alex ne dit rien. Moi non plus. Sa tête repose sur mes genoux pliés. Son dos se cale le long des mes mollets droits, pèse sur mes jambes et mes genoux. Je pourrais tenir deux ans. Il penche sa tête en arrière pour trouver mon regard. Il ne sourit pas. Moi non plus. Je suis à bout de souffle. Epuisé par cette tension silencieuse. Je vois ses yeux. Il voit les miens. Je me penche. Nous nous embrassons.
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Je m'enfonce dans l'actualité. Elle me mange. C'est ce que je demandais. Etre mangé par la marche du monde. Je vis au rythme des sonneries. Je contemple le monde s'écrouler, exploser, s'entretuer.
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Une éternité plus loin, une semaine au moins plus tard, Alex est encore là vers 17 heures, près de la fenêtre, à son jeu et à sa fumée. Ses yeux quittent le jeu pour mes yeux. Son regard s’invite chez moi. Ces yeux sont graves. Il ne s’agit pas d’amusement, mais de la vie de demain.
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Je parlais peu avec toi. Ce n'était pas la peine. Tu assurais seul la liaison avec le reste du monde. Ce n'est pas moi qui te protégeais, en fait. C'est toi qui me rassurais, sur la vie, sur les gens, sur la chance. Je t'ai quitté et la chance m'a quitté.
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