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Zehra Dogan (Autre)
EAN : 9782413038481
120 pages
Delcourt (17/03/2021)
4.29/5   12 notes
Résumé :
Ce livre est le fruit d'une détermination, transformant un emprisonnement en une résistance. Zehra Dogan, artiste kurde condamnée pour un dessin et une information qu'elle a relayés, fut jetée dans la prison n°5 de Diyarbakir, en Turquie. Elle nous immerge dans son quotidien carcéral. Découvrir le passé de ce haut lieu de persécutions et de résistances, c'est connaître la lutte du peuple kurde.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Zehra Doḡan, journaliste et artiste kurde est condamnée à 2 ans, 9 mois et 22 jours de prison pour « propagande terroriste »… après avoir dessiné la destruction de la ville de Nusaybin ! Elle réussit à faire sortir de prison les planches qu'elle réalise au quotidien et qui témoignent de la vie dans les geôles turques : « C'est eux qui ont détruit et brûlé les villes. Moi, je n'ai fait que le dépeindre. »
En octobre 2015, l'État rejette le processus de paix, à la suite d'un attentat pendant une manifestation à Ankara. Il utilise l'artillerie lourde, des blindés et des avions de chasse contre la résistance qui s'organise. En 2016, des milliers de fonctionnaires sont limogés par décret, des universitaires sont exclus et arrêtés pour avoir lancé un appel à ce que cesse la guerre. Zehra Doḡan raconte l'intense répression du régime contre la communauté kurde : explosions, morts, arrestations, couvre-feu, assassinats par centaines.
Elle parle aussi de l'organisation dans le quartier BK4 de la geôle d'Amed, avec ses compagnes d'infortune, prisonnières politiques : les repas pris ensemble, partagés de façon égalitaire, les temps de réflexions, la lecture collective et commentée des journaux. Elle en présente quelques unes, enfermée depuis plus de vingt ans ou avec leur enfant. Elle évoque la joie retrouvée en leur compagnie et qui ne la quittera plus : « Il reste une parcelle de bonheur en nous. Peu importe le lieu, il devient vivable. »
Elle revient sur l'histoire sanglante de la Turquie et de sa politique nationaliste, qui impose l'assimilation par la force à toutes les minorités, sur l'histoire de la résistance kurde et du PKK, depuis sa création en 1978, reliant la plupart de ces récits à cette prison militaire, nommé « n°5 » depuis le coup d'État de 1980 : une interminable série de tortures, persécutions et d'humiliations, plus abjectes les unes que les autres, auxquelles répondent des actes désespérés ou des actions de résistance et de révolte.

« Toutes les pages de ce livre sont sorties de la prison en cachette, une à une. » Il ne s'agit pas là d'une bande dessinée ordinaire, mais d'un témoignage direct, brute et brutal, animé par le seul souci de rendre compte et hommage.

Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Encore, Kani? Encore les Kurdes et leurs souffrances? Encore la tristesse et les larmes? Encore le coeur brisé et l'âme torturée? Encore, oui. Encore car on en parle jamais assez ; encore puisque la répression n'a pas cessé ; encore parce qu'il faut dire haut et fort ce qu'ils font subir aux Kurdes, ici prisonniers. Encore. Quitte à vous soûler, vous lasser. 

La talentueuse et courageuse Zehra Dogan raconte ici les tortures physiques et psychologiques infligées aux prisonniers politiques dans les geôles turques. Armée de son crayon, elle dessine et témoigne pour que le monde sache ce qu'il se passe derrière les murs de béton, pour qu'il entende les cris étouffés, pour qu'il voit les corps meurtris à jamais. 

Et qui mieux qu'elle pour en parler? L'artiste kurde témoigne en effet de l'intérieur. Arrêtée et  emprisonnée pour avoir simplement dessiné la répression sanglante qui a eu lieu en 2015 à Nuseybin - où je le rappelle l'armée turque est coupable de véritables crimes contre l'humanité, la jeune femme a réussi à sortir clandestinement ses planches pour témoigner de la répression continue en milieu carcéral. En Turquie, rien n'a changé, en effet. 

La prison numéro 5, titre de son album, est une prison "célèbre" pour avoir été le haut lieu de la torture en Turquie au lendemain du coup d'Etat militaire en 1980.  Située dans la ville kurde d'Amed (Diyarbakir) et dirigé par le tortionnaire Esen Oktay Yildiran, elle a accueilli des dizaines de milliers de prisonniers politiques kurdes qui y ont subis des sévices inimaginables - racontées et documentées par quelques survivants dont Mehdi Zana qui a publié un livre sur le sujet (Prison n° 5, 11 ans dans les geôles turques). Zehra Dogan les rappelle. Elle ne les oublie pas, elle non plus, car elles font parties de notre Histoire. Elle ne les oublie pas car les tortures sont toujours aujourd'hui infligées aux Kurdes en Turquie. Elle ne les oublie pas et veille à ce que VOUS ne les oubliez pas. 

Lisez. D'urgence. Lisez car vous serez avertis des horreurs commises en Turquie. Lisez par solidarité. Lisez par soucis d'humanité.  




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Un aperçu de l'enfer. Nous, occidentaux privilégiés (plus ou moins mais quand même bien plus que dans beaucoup de pays) aimons nous faire peur parfois, regarder des films, des séries ou lire des livres et des BD qui imaginent un monde totalitaire, violent et où la vie serait plus terrifiante que la mort. Quand je lis ce genre d'ouvrage, cette réalité dépeinte, je réalise toute notre futilité et notre aveuglement. Ce n'est pas comme si je ne savais pas mais ce ne sont que des idées vagues, ça se passe loin, ça ne me concerne pas. Vraiment ? je suis terrifiée quand je lis ça, mortifiée aussi parce que je ne comprends pas, vraiment pas, qu'on puisse encore tolérer ces régimes, pire encore, s'en faire des amis au nom de la diplomatie qui cache en fait un tout autre moteur : l'argent. Et je ne dis pas ça sous couvert de "en temps qu'occidentale je sais ce qu'il y a de mieux pour les autres" je ne dis pas que la démocratie sous laquelle je vis est bonne, encore moins parfaite ou pleine d'espoir, en vérité plus le temps passe plus j'ai le sentiment qu'ils ne prennent même plus la peine de soigner le masque de cette démocratie, nous glissons vers quelque chose de sombre voilà pourquoi je suis terrifiée quand je lis cette BD, l'histoire de la Turquie, des Kurdes, de ce qui s'y passe encore. Je suis en colère pour eux, je ne peux même pas imaginer comprendre moi qui ai toujours été protégée, qui ai toujours eu un toit, ma liberté de mouvement et d'expression. Mais je suis terrifiée parce que l'humain est capable de ça. Il peut infliger ces sévices, ça ne sort pas de l'imagination de l'autrice, ils et elles (les prisonniers et les kurdes) survivent à ça et il y a des humains qui prennent plaisir à infliger ça. Les droits sont bien fragiles face à la violence aveugle où que ce soit dans le monde. Il faut arrêter de croire que nous en sommes à l'abris.
Le pire dans cette BD c'est peut-être le ton employé, aucun pathos, juste une énumération de faits, une neutralité totale, presque aucune colère, une pointe de mélancolie et de tristesse peut-être mais à peine. L'autrice pointe du doigt, c'est tout. Et à quoi servirait de faire plus ? La réalité est tellement terrible en soi qu'elle ne nécessite rien d'autre que d'être énoncée.
Et, en finalité, demeure un sentiment d'impuissance face à une volonté stérile de faire imploser tous ces systèmes qui vivent sur la souffrance, la violence, l'intolérance.
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critiques presse (3)
BoDoi
07 mai 2021
Récit réalisé au crayon et stylo rouge sur papier kraft, au verso de lettres envoyées par une amie libre, Prison n°5 est à la fois un témoignage individuel d’une réalité rarement documentée, et un geste politique.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bedeo
07 mai 2021
Carnet de détention d’une prisonnière kurde dans les geôles de Turquie.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
13 avril 2021
Prison n°5 est un témoignage frontal, éprouvant et bouleversant.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est eux qui ont détruit et brûlé les villes. Moi, je n’ai fait que le dépeindre. 
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