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4,17

sur 198 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai été enchantée de constater que l'un de mes auteurs de thriller préféré, R.J Ellory, ait publié un nouveau roman. Cette fois, il nous propose un bout de chemin, avec Victor Landis, chérif dans un comté de Géorgie. et quel chemin !

Victor Landis est un chérif solitaire au passé douloureux : perte de sa mère, relation délicate avec son défunt père, brouille sérieuse avec son seul frère. Ce dernier meurt dans de terribles souffrance, assassiné par … ? C'est là le sujet de l'une des investigations, car en effet, deux enquêtes vont s'entrecroiser.

Les écrits de cet auteur semblent bien renfermer de profondes similitudes, je l'affirme après avoir également lu Vendetta et les Anges de New York : notre policier solitaire est poursuivi par ses démons et chemine vers des vérités et des solutions qui l'aideront à avancer avec l'aide de personnages prompts à lui ouvrir les yeux.

C'est au contact de l'ex-femme de son frère et de sa fille de onze ans, Jenna, qu'il découvrira son humanité et la possibilité de créer des liens forts.

Mais à trop vouloir se rapprocher du soleil, on peut se brûler les ailes, et c'est ce qui fait le suspens qui précipite la lecture dans le dernier tiers du roman.

SI certains événement sont effroyables, l'ensemble du récit se parcourt sans trop de sensations fortes, contrairement à Vendetta qui peut donner la nausée.

J'ai aimé le cheminement du héros, son évolution, sa détermination. J'ai parfois eu des difficultés à fixer les noms de certains personnages car ils sont nombreux, toutefois, on situe assez rapidement les bons, les moins bons et les manipulateurs sans conscience qui font observer sans scrupule, la loi du silence et qui tissent savamment leur toile d'araignée dans les Etats concernés.

J'ai aimé le maniement de la langue (quoique la traduction ne rend sans doute pas exactement compte du parlé des Appalaches) et les tempéraments qui transparaissent à travers ce parler local.

Un livre à vraiment conseiller aux amateurs de policiers, un livre qui attise la curiosité du lecteur soucieux et impatient de savoir quelle sera l'issue pour notre héros qui, du début à la fin, marche sur un fil tendu sous lequel rougeoient des braises.
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Il n'y a pas à dire, R.J. Ellory est un conteur hors pair. Une classe à part je dirais. Il sait traduire en mots les états d'âme, les sentiments et les ressentiments et même si dans cet opus, ses personnages sont des taiseux, il sait les faire parler. le récit se déroule dans les Appalaches. Revenus peu élevés, pauvreté et misère, c'est une région en crise qui génère des chômeurs, des analphabètes fonctionnels et des délinquants.
C'est dans cet environnement peu reluisant que Victor Landis, shérif en Georgie devra se remettre en question. Veuf, solitaire sinon seul et asocial, il a un frère, Franck, à qui il ne parle plus depuis des lunes. Franck, lui-même shérif dans le comté de Dade, est retrouvé mort, littéralement écrasé plusieurs fois par une voiture. Victor devra y aller afin d'identifier le corps. Et là, il apprend que son frère fut marié, divorcé et qu'il a donc une nièce de onze ans et une ex belle-soeur.
Pour cette nièce, il fera tout pour en apprendre un peu plus sur la mort de son frère.
Puis, on retrouve près d'un lac de son comté, une adolescente morte, assassinée. Puis une autre ailleurs et encore une autre. Chercher à découvrir qui a tué ces filles, qui a tué son frère, c'est plonger au coeur du banditisme sans scrupules, de la corruption, de l'argent qui mène tout et des trafics en tout genre.
Il y a dans ce titre, une enquête policière en bonne et due forme mettant en relief les aléas de devoir travailler avec différents services et les différentes localités: shérif, police, bureau des procureurs, fédéraux. Ce qui ne semble pas toujours aider la cause.
Mais il n'y a pas que ça. Il y a cette histoire de famille. Cette rupture de famille devrais-je dire. Pourquoi ces deux frères se sont-ils éloignés ? Il faut que cela soit grave, énorme non ?
Et, Au nord de la frontière, c'est aussi la noirceur malsaine des âmes sales, la vénalité, la rapacité. Ce que souvent, une vie misérable et sordide te propose. Et c'est également la rédemption. Une petite lumière dans les ténèbres: Jenna onze ans.
Ellory excelle dans les dialogues ici. Particuliers, sombres mais aussi parfois drôles, amusants. Ce qui allège le propos et nous laisse respirer un brin.
Mais je vais chercher la petite bête. L'action proprement dite se déroule dans les cent cinquante dernières pages. Alors si vous vous attendiez à du rythme tout le long, ce n'est pas le cas. Ellory prend le temps de poser les personnages, le cadre. Il hume, il cherche. C'est lent et un brin répétitif. Tout le long, on ne sait trop la raison de la brouille avec le frère. C'est mots couverts, c'est selon Victor, histoire de famille, de frères. On ne sait trop non plus ce qui est arrivé à sa femme. Elle était malade, elle en est morte. Ce ne fut pas un mariage heureux semble-t-il mais encore là, c'est expliqué en termes voilés. Pudeur, gêne ou honte, en tout cas notre shérif n'en parle pas.
La quatrième de couverture évoque True Detective ou encore Top of the lake pour le suspense implacable de Au nord de la frontière. Je pencherais plus du côté de Top of the lake pour l'ambiance, pour les lieux, pour les personnages.
En tout cas et malgré ma réserve concernant les propos un brin répétitifs et le rythme trop lent du début, c'est un titre à mettre absolument dans votre carnet de lecture.
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Bien qu'ils occupent la même fonction de shérif mais dans un comté différent de l'état de Georgie, Victor et Franck Landis ne se parlent plus depuis douze ans. Mais quand Victor apprend que son frère vient d'être assassiné près de la frontière avec le Tennessee, le sens de la famille reprend le dessus et il fait la connaissance de l'ex-femme de Franck ainsi que de Jenna, leur fillette de onze ans qui le supplie de trouver le coupable. Comme la police locale semble inefficace, Victor fouille un peu dans l'entourage de Franck et comprend rapidement que son frère trempait dans d'illégales actions.
Ses investigations sont freinées par les affaires criminelles de son propre comté qui le mobilise à temps plein, comme la découverte du cadavre d'une adolescente disparue depuis plusieurs semaines.
Veuf et sans enfant, Victor cultive une solitude qui vole en éclats avec la mort de son frère. Confronté à la rudesse des habitants de cette région reculée des Appalaches, il découvre une criminalité sauvage qui scelle définitivement son pessimisme. Alternant l'enquête sur les meurtres de jeunes adolescentes et la quête personnelle de Victor sur sa propre existence, R. J. Ellory nous offre un roman noir de très belle facture.
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Le Tennessee… Ça donne envie de chanter, tiens ! Mais le shérif Victor Landis n'a pas envie de pousser la chansonnette, son frère, shérif aussi, mais dans un autre comté, est mort, écrasé par une voiture et ça ne sent pas l'accident accidentel.

Son frangin, avec qui il était brouillé depuis des années, était-il un pourri ? Un corrompu ? En tout cas, ça ne sentait pas bon, quand Victor a commencé à enquêter sur la mort de son frère et à foutre son nez partout.

Les Appalaches, c'est toujours un voyage dont on ne revient pas tout à fait indemne et cette fois-ci, nous ne serons pas dans le Kentucky, mais en Georgie. Toute une promesse de voyage.

La promesse a été tenue, tout au long de ce récit qui sentait bon le roman noir. Ce récit n'est pas nerveux, il prendra son temps, ici, on ne court partout, on enquête à l'ancienne et comme nous sommes au début des années 90, pas de nouvelles technologies pour se faire aider.

L'auteur a agencé son récit comme un oignon dont on retire les épluchures au fur et à mesure, le déshabillant doucement, faisant avancer l'enquête de Victor sans se presser et nous dévoilant des mystères au fur et à mesure de cet effeuillage. Mais plus on se rapprochait du centre et plus ça puait la charogne crevée oubliée au soleil !

La petite ville où officie Victor Landis n'est pas une ville riche, elle est peuplée de petites gens, de dealer, de gens qui bouclent leur fin de mois difficile, mais l'auteur ne nous a pas présenté de rednecks ou de ploucs bas de plafond, parce que non, tout le monde n'est pas ainsi dans ces régions que traversent les Appalaches. Par contre, chez eux, la famille, c'est hyper important.

Ce roman noir de 500 pages se lit assez vite, sans vraiment que l'on se rende compte du temps qui passe. Pas d'ennui, pas de ralentissement, pas d'endormissement. le récit est réaliste et si je n'ai pas ressenti d'atomes crochus avec Victor, je l'ai trouvé terriblement vivant, réaliste au possible. Tout comme les autres personnages, même les méchants, plus que réussi, sans que l'auteur en fasse des caisses.

Victor Landis n'est pas le shérif le plus intelligent du comté, il va se tromper, va apprendre des choses par d'autres personnes, se tromper, marcher sur les pieds de tout le monde, planter des bâtons dans bien des nids de frelons, que ce soit pour l'enquête sur l'assassinat de son frère ou sur les meurtres d'adolescentes qui ont eu lieu dans différents comtés. Il est pataud, taiseux, ne montrant pas ses sentiments et pour finir, on se prend d'amitié pour lui.

Un roman noir à l'intrigue assez classique, certes, mais qui ira plus loin que ce que je pensais au départ, qui va aller déterrer des faits divers bien glauques, bien réels et apporter son lot d'émotions là où je n'en attendais pas et faire vibrer ma corde sensible. le final a fait monter ma tension, parce que là, le suspense était à fleur de peau.

Un roman noir très sombre, mais avec une lueur au bout du tunnel, avec de l'humanité, le tout porté par une belle écriture qu'est celle de R.J Ellory, le champion anglais des romans noirs américains (sans oublier les traductions réalisées avec brio par Fabrice Pointeau, décédé à ce jour).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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RJ Ellory nous propose cette année un bon polar dans lequel 2 enquêtes vont se chevaucher. Victor Landis, le shérif d'un comté de Géorgie, se voit attribuer l'enquête d'une jeune femme retrouver morte près d'un lac. Il va vite s'apercevoir que ce meurtre est lié à d'autres meurtres de jeunes femmes qui ont eu lieu ces derniers temps sur plusieurs autres ressorts que sa propre juridiction. Il va les prendre en charge et va devoir ménager son réseau de bureaux de shérifs pour mener à bien son travail.

Mais l'enquête qui va le plus l'atteindre est celui du meurtre de son propre frère. Ils ne s'étaient plus adressé la parole depuis une dizaine d'année et on va comprendre pourquoi vers la fin du roman. le savoir mort dans de telles circonstances l'émeut bien sûr, même après une si longue période.

Seulement, il pense qu'il va pouvoir vite tourner la page. Mais il va découvrir lors de l'enterrement de son frère qu'il était père d'une petite fille, née d'un précédent mariage. Celle-ci va lui faire promettre de résoudre l'enquête pour qu'elle puisse comprendre pourquoi son papa n'est plus là.

Les polars ont ceci de particulier que les inspecteurs/commissaires/policiers en tout genre/shérifs ont souvent un passé lourd (traumatismes,…), qu'ils sont célibataires, pas d'enfants, qu'ils ont mis leur vie de côté pour se consacrer à leur boulot et qu'ils ne sont pas drôles, pessimistes, … bref, ce n'est pas la joie. L'auteur nous propose un personnage de ce style, en tout cas, c'est ce que la lectrice que je suis a pu ressentir au départ. Finalement, l'auteur dépeint un personnage sensiblement différent en lui donnant un caractère attachant, d'une part, par la proximité qu'il cultive avec son équipe et avec les habitants de son ressort, et d'autre part, par les émotions grandissantes qu'il ressent vis-à-vis de sa nièce. Cette petite fille va lui parler très directement et cela va le toucher car peu de personnes lui parlent aussi directement qu'elle, de manière certes naïve, mais avec beaucoup de sincérité et de générosité. Elle va s'attacher à lui et demandera régulièrement à sa mère de le voir. Et il va le faire, mais avec beaucoup de réticence au départ. C'est vraiment le fil rouge de ce roman : l'émotion d'un homme qui avait tiré un trait sur sa vie personnelle et qui se remet en question face à cette petite fille. L'auteur fait évoluer son personnage principal au regard de cette relation qui se créé entre eux et le lecteur ne peut que s'attacher à ce shérif.

Au-delà de cette rencontre, j'ai apprécié que l'auteur nous rappelle régulièrement le cheminement de pensée du shérif lors de ses enquêtes : les personnages sont relativement nombreux et les rencontres entre le shérif et les potentiels témoins se succèdent, sans que l'on puisse parfois déceler ce qu'il a pu en retirer. J'ai eu parfois la sensation que les enquêtes n'évoluaient pas et ce rappel m'a permis de ne pas me perdre. Je n'ai pas été plus surprise que cela du résultat de l'enquête mais en réalité, la montée en tension de cette fin de roman est très prenante : je n'ai plus quitté le roman jusqu'à la toute dernière ligne pour savoir le fin mot de cette histoire.

En bref, un roman émouvant, sur le bouleversement de la vie, somme toute monotone d'un shérif d'un petit comté isolé. Des enquêtes qui vont le marquer et qui va le sortir de sa zone de confort. Un remise en question que le lecteur ne peut que suivre avec attachement et émotion.

Je remercie les Editions Sonatine pour leur confiance.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Quand on a écrit un livre comme "Seul le silence", un de mes coups de coeur éternels, je ne peux que rester fidèle à cet auteur.

Ici, j'ai été le témoin muet qui a suivi Victor dans sa quête pour comprendre qui a tué son frère flic et pourquoi, qui s'est découvert une ex-belle soeur et une nièce attachante, qui va enquêter sur des jeunes filles mortes retrouvées dans plusieurs comtés voisins.
On est dans les années 90, il réfléchit Victor, et il interroge les policiers, les familles, les mauvaises personnes...

Dans les livres de R.J. Ellory, pas de tueurs sanguinaires, pas d'analyses d'indices, de pathologies psychiatriques, d'ADN ou de police scientifique.
Non, c'est un peu du policier à l'ancienne, pas d'effets de manches, on est plus dans le fond que dans la forme.
C'est lent, très lent, mais je cligne des yeux et j'ai lu cent pages... Cette ambiance... Et qu'est-ce que j'aime ses personnages, c'est selon moi son atout majeur !

Bon ben plus qu'à attendre le prochain maintenant...
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Lors de ma lecture de « Au nord de la frontière », j'ai ouvert une carte des États-Unis. Si vous me suivez depuis quelque temps, vous savez que c'est quelque chose que je fais régulièrement, car je veux comprendre le chemin qui est pris, les routes empruntées et savoir si chaque mention s'emboîte parfaitement dans la précédente. Je ne sais pas comment fait R.J. Ellory du fond de son Birmingham natal pour ne jamais se perdre sur les routes américaines, mais il est sans doute le plus américain de nos auteurs british ! Venez vivre un voyage fascinant au coeur de régions désertifiées et isolées où vivent deux frères fâchés.

« Au nord de la frontière » raconte l'histoire de Victor Landis, shérif de son état à qui l'on annonce la mort de son frère cadet Franck Landis, également shérif de son état. Les deux hommes ne se parlaient plus depuis des années, une brouille sibylline qui a commencé par les poings et s'est soldée par le silence. Lorsque Victor entreprend le voyage qui va le mener jusqu'à lui, dans le comté de Dade, près de la frontière avec le Tennessee, il ne sait pas encore que son frère a été écrasé, qu'il était marié et avait une fille. Son corps, retrouvé tout près de la frontière avec le Tennessee alors qu'il allait vers le Nord, laisse entrevoir les tréfonds d'une enquête dont il n'a parlé à personne : une série de disparitions et de meurtres de plusieurs jeunes filles. C'est au nord de cette frontière, près des Appalaches, dans des villes isolées habitées par des communautés pauvres où certains individus sont prêts à tout pour remplir un peu leur portefeuille, que RJ Ellory nous entraîne.

« Au nord de la frontière », c'est d'abord l'histoire de Victor, personnage phare du roman. Voilà bien des années que Victor s'est barricadé de l'intérieur et ne laisse personne entrer dans son cercle intime. Pour éviter de souffrir ou d'être déçu, Victor range ses émotions dans une boîte et jette la clé. Quiconque pourra pénétrer dans la vie de cet homme et se targuer de connaître ses émotions n'est pas encore né. Ce mécanisme de défense trouve sa source des années auparavant dans la relation qu'il avait son frère. Depuis cette brouille, au seuil d'une vulnérabilité tangible, Victor a choisi de garder une distance émotionnelle avec toute chose. Certes, il se protège des autres, mais surtout de lui-même et son métier de shérif l'aide bien : il garde à distance les êtres et les faits, travaille de manière autonome, et aime beaucoup cette indépendance qui lui permet de prendre de la hauteur et de ne pas s'engager émotionnellement.

Or, lorsqu'il se rend « Au nord de la frontière » pour identifier le corps de son frère, des souvenirs qu'il avait enterrés au plus profond de lui refont surface. Ses émotions se réveillent et rallument une flamme qu'il croyait définitivement éteinte. La violente dispute qui l'a opposé à son frère refait surface. Au fil de son enquête, quelques révélations viendront secouer ses certitudes sur les origines de cette brouille, les conséquences désastreuses sur le devenir de leur relation et l'impossibilité de réparer. Car, Franck est mort. Il n'y a plus d'explication, de pardon, de réconciliation possible. Il faudra à Victor le courage de vivre avec ce fardeau.

C'est toujours intéressant d'analyser l'oeuvre d'un auteur dans son intégralité. Si vous lisez régulièrement Ellory et connaissez un peu l'histoire de sa vie, vous aurez certainement constaté que la résilience, la remise en cause des certitudes, le fait de toujours s'interroger sur soi-même fait partie de ses thématiques récurrentes. « Au nord de la frontière » ne fait pas exception à cette règle. Qui peut se targuer d'avoir toujours eu raison dans ses choix et ses réactions ? Pas les personnages d'Ellory en tout cas ! L'examen intime du passé est une récurrence dans son oeuvre et la remise en cause des événements se fait toujours grâce et par les autres. Il me semble que nous partageons tous les deux la conviction que nous tirons toujours profit des interactions avec l'Autre. C'est grâce et à travers les autres que nous apprenons le plus sur nous-mêmes et que nous nous enrichissons. C'est à travers l'Autre que nous interrogeons nos certitudes et que la balance conviction-doute s'équilibre.

L'arrivée inespérée de la fille de Franck, Jennifer qui séduit par son franc-parler en est une jolie preuve. Elle possède la spontanéité des enfants, de son âge, et la franchise toute américaine de ces êtres en devenir. (c'est d'ailleurs finement observé de la part d'Ellory : les enfants américains sont très différents des enfants français dans leur capacité à dire sans filtre ce qu'ils pensent.) Parallèlement, Victor a un bras droit, Barbara, qui a une sacrée répartie et qui ne le laisse jamais se reposer sur ses lauriers. Elle est franche, très directe, et s'autorise une liberté totale dans ses paroles. Ces deux portraits féminins, chacun à leur manière, autorisent une remise en question régulière, des actions ou des émotions de Victor. Cette mise en abîme de l'obsession pour les liens familiaux ou amicaux interroge régulièrement l'auteur dans l'ensemble de son oeuvre.

« Au nord de la frontière » regroupe à la fois un lieu et une ambiance, aussi importants que les personnages ou que le fil rouge de l'enquête. À peine quelques kilomètres séparent les deux frères, mais les choses et les êtres ne sont pas aussi gangrénés d'une région à l'autre. Il faut comprendre comment vivent les gens dans les lieux isolés, à quel point ils sont soudés, par choix ou par peur. Si quelque chose dérape, personne ne viendra les sauver, ils sont trop loin de tout. Ces longues routes interminables pour se rendre d'un point à un autre laissent le temps de se pencher sur soi-même, d'analyser des situations, de se remettre en question. « Le Road trip » américain a ceci de fascinant qu'il déclenche l'introspection. Ainsi, au fur et à mesure de ses aller-retour et de son enquête, Victor Landis fait le point sur ce qu'il a dit à son frère, et sur ce qui a été asséné sans possibilité de le rattraper « Landis se rappelait les derniers mots qu'il avait adressés à son frère. Pour toi, il n'y aura jamais de lumière à ces fenêtres. Tu ne seras jamais le bienvenu ici. Tu es peut-être de ma famille, mais à partir de maintenant et jusqu'à la fin des temps tu n'existes plus pour moi. »

Dans les romans de R.J. Ellory, il y a toujours des paroles qui font écho et que je garde en moi. Dans « Au nord de la frontière », au-delà des apparences, existe une vérité que Victor n'a pas voulu voir. N'avons-nous pas tous cette propension à nous voiler la face ? Que faire lorsque l'on décide de faire rejaillir les souvenirs pour déconstruire tout ce que l'on croyait savoir de l'autre ou de soi-même ? « Le passé est le passé. On ne peut pas le changer, quoi qu'on fasse. La seule chose qu'on puisse faire, c'est modifier la façon dont on le voit. » Ou encore : « Il avait beau essayer, le passé ne pouvait être réparé. le passé était une marque nette qui remontait jusqu'au début de sa vie. Il pouvait continuer dans la même direction, ou s'inventer un chemin différent dans l'espoir que la destination serait meilleure. » Ce passé qui nous hante, nous obsède, nous fait dévier de nos routes, peut-être est-il temps de le laisser tranquille….

« Au nord de la frontière » est à la fois une plongée profonde dans l'âme humaine, une exploration des liens familiaux et une réflexion sur la résilience face au passé. R.J. Ellory sait toujours autant me toucher…

« Au nord de la frontière », The last Highway est le dernier roman traduit par Fabrice Pointeau, la seconde voix de RJ Ellory. Qu'un hommage sincère lui soit rendu ici.

Traduction révisée par Pierre Delacolonge
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie.
Veuf, sans enfant, il a pour seule famille son frère, Franck, avec qui il est fâché depuis plus de dix ans.
Solitaire et taciturne, il noie ses pensées dans le travail.

Un matin, on lui annonce que son frère a été retrouvé assassiné.
Il décide alors de se rendre sur les lieux, à 1h30 de chez lui, pour enquêter.
Mais est-il vraiment prêt à faire face à ce qu'il va découvrir?

Plongé au coeur d'une enquête sur la disparition de jeunes filles à travers plusieurs comtés, dont celui, isolé des Appalaches, avec ses clans familiaux tous plus taiseux les uns que les autres, tout en enquêtant sur le meurtre de son frère, Victor va devoir faire face à la violence, la drogue, le mensonge... et bien pire!

Je découvre Ellory avec ce titre et j'avoue que j'ai aimé cette lecture bien que j'ai trouvé le rythme assez lent. J'ai plongé dans cette ambiance pesante, où la suspicion est reine et la violence omniprésente. Plongé dans ces deux affaires, Victor se trouvera confronté à ses propres démons et plongera dans une introspection qui le mènera à remettre en question la solitude qui l'accompagne depuis tant d'années.

J'ai aimé l'ambiance et les personnages, l'enquête et ses revirements de situation, bref, un bon polar, que je vous conseille de découvrir!
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Alors voilà : nous avons entre les mains une histoire bien noire, un western contemporain où les protagonistes, nouveaux chevaliers blancs, ne s'embarrassent pas de la procédure. L'organisation administrative américaine n'aide pas et la géographie va contraindre les shérifs, leurs adjoints, leurs personnels administratifs, à collaborer au-delà de leurs frontières pour résoudre deux intrigues complexes. de très jeunes filles sont sauvagement assassinées en série. La première étant du ressort géographique de Victor, il devra prendre la main sur la coordination. Ajoutons que le frère de Victor, avec qui il est brouillé depuis plusieurs années, a lui aussi été efficacement écrasé et vous aurez l'autre intrigue à résoudre. A moins qu'elles ne soient toutes deux liées. A moins que Franck, le frère de Victor, ait eu une conduite approximative ayant abrégé sa vie, laissant sa fille, la jeune Jenna inconsolable, en quête de vérité et d'un père de substitution. Ce territoire du bout du monde est sous domination d'une famille de « méchants », véritable clan de taiseux, génétiquement atteints … et s'ils étaient les auteurs de cette série de meurtres ?
Je me suis promenée avec plaisir dans ces presque 500 pages, aux décors somptueux dont on se demande s'ils existent encore, où les personnages, sauf Jenna, ont tous des choses à cacher, tantôt franchement antipathiques, tantôt pouvant bénéficier de circonstances atténuantes. Deux intrigues riches au rythme de là-bas, loin des trépidations de la ville. Un vrai polar « à l'ouest » que je verrai bien sur grand écran !
Notons le travail remarquable du traducteur qui a su donner tout le relief nécessaire, notamment aux dialogues tout à fait savoureux.

Je remercie les éditions Sonatine et #Aunorddelafrontière #NetGalleyFrance


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Pas mal.
Tortueux.
Une atmosphère.
Des beaux dialogues, parfois sur deux pages sans interruption.
La violence est là.

Denouement. Rien à reprocher. Toutefois un peu simple pour moi.
Manque de sexe.
Et de rythme.

Pourquoi je ne donne pas la note maxi.
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