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EAN : 9782756074351
96 pages
Delcourt (16/08/2017)
3.64/5   95 notes
Résumé :
L'incroyable destin de la première femme peintre officiellement reconnue par l'Académie. épaulée par le dessin sublime de Tamia Baudouin, Nathalie Ferlut nous emmène sur les traces d'une artiste hors du commun.Lorsque Artemisia Gentileschi pousse son premier cri, le Caravage commence à développer son art magnifiquement ténébreux. La peinture est alors un art réservé aux hommes : une femme ne peut ni entrer à l'Académie, ni signer ses toiles, ni être payée pour elles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Artemisia est un magnifique personnage féminin d'une BD que l'on doit à Nathalie Ferlut pour le scénario et à Tamia Baudouin pour le dessin.
C'est l'histoire vraie d'Artemisia Gentileschi, fille de peintre et première femme peintre à intégrer la prestigieuse Académie du dessin à Florence.
Nous sommes au XVIIème siècle, à Florence, ville dédiée à l'art par excellence. Au temps du Caravage, la peinture est alors un art réservé aux seuls hommes. Lorsqu'on dit : réservé aux seuls hommes, cela veut dire qu'une femme ne peut pas peindre ce qu'elle veut et ne peut pas vendre ses toiles. Artemisia, dès son enfance a envie de bouger ces codes trop figés qui empêche la liberté non seulement d'expression, mais la liberté tout court, la liberté de pouvoir vivre de son art. Son père Orazio Gentileshi y est sans doute pour quelque chose dans le destin de femme engagée dont va s'emparer sa fille, qui se dresse avec ses pinceaux et son talent pour bousculer la norme et la tradition.
L'histoire qui nous est conté démarre en 1638 : après des années de séparation, Artemisia Gentileschi se rend avec sa fille Prudenzia à Londres revoir son père qui lui a enseigné les techniques de la peinture. Le récit nous invite par des flash-backs habilement rythmés, à revisiter sous la forme d'un dialogue entre la fille d'Artemisia et la domestique de cette dernière, la vie tumultueuse d'Artemisia depuis son enfance.
Si le père d'Artemisia a du talent et est prêt à accompagner le talent de sa fille qu'il a très vite décelé dans le cadre de son apprentissage dans l'atelier familial, pour autant il est un très gros naïf. Il ne sait pas s'entourer de personnes dignes de sa confiance. Ainsi il confie sa fille à un certain Agostino Tassi, surnommé Tassia, peintre également, chargé de former Artemisia. L'homme est peu recommandable, a déjà un passé sulfureux notamment en matière d'affaires, mais aussi dans sa relation avec les femmes. Il ne tarde pas à abuser sexuellement de son élève et le père d'Artemisia ne voit rien, continue de lui accorder sa confiance. Pourtant un procès va se déclencher, mais qui finit par un mariage arrangé entre Artemisia et Tassia, c'est la double peine pour la jeune femme. Qu'à cela ne tienne, Artemisia ne se résigne pas et va construire son destin de femme sur cette injustice. Douée d'un talent indéniable, d'une force de caractère incroyable, elle va s'affirmer en tant que femme pour donner un coup de pied au schéma conventionnel dans lequel les hommes veulent l'enfermer, mais aussi les femmes qu'elle côtoie.
C'est alors qu'elle va s'imposer, imposer sa peinture, une peinture pleine de vitalité, loin des natures mortes dans lesquelles on voulait la cantonner. Elle se révolte, elle se dresse, elle peint, sous la protection de puissants mécènes qui vont reconnaître son talent. Ce n'est pas une femme militante, elle veut simplement qu'on accepte ce qu'elle est et ce qu'elle fait…
Ce texte m'a donné envie de découvrir les tableaux d'Artemisia Gentileschi. Sans doute faut-il voir dans son œuvre forte et tourmentée, le chemin douloureux qu'elle a dû emprunter. Mais le plus grand cadeau qu'on puisse délivrer en hommage à cette artiste hors du commun, c'est d'apprécier ses toiles pour ce qu'elles sont et juste oublier à l'instant où on les contemple qu'elles sont l’œuvre d'une femme…
J'ai été emporté par cette lecture, le scénario est rythmé, le récit est fouillé, nourri par le contexte historique et social de l'époque. Les dessins m'ont tout d'abord un peu déstabilisé par le trait candide, parfois maladroit. Mais l'ensemble nous emporte d'une traite.
Pour la petite histoire, j'ai découvert que le nom de cette BD a d'ailleurs été empruntée par l'association qui défend la BD féminine et qui a créé un jury qui récompense les BD créées par des femmes.
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Le sujet de cette bande dessinée, c'est la place de la femme dans l'art, à travers un portrait de la peintre Artemisia Gentileschi (1593-1653). Elle fut la première femme admise à l'académie de peinture, mais son parcours ne fut pas tout rose. L'auteur fait le choix d'un graphisme moderne, le crayonné est brut, pas de cerne, pas d'encrage final, des formes, des silhouettes non réalistes, n'appartenant à aucun académisme, plus proche des artistes du début du XXe siècle, nabis et fauves que des classiques de la bande dessinée. Les couleurs sont naturelles, et bien que ternes, elles installent une belle lumière se référant à l'art de l'époque. Il y a un soin tout particulier apporté aux détails, dans quelques éléments d'architecture et surtout dans les motifs des robes, comme ce que vous pouvez voir sur la couverture. le graphisme ne cherche pas à rivaliser avec la peinture de l'époque, l'école du Caravage, mais il s'intègre à l'ambiance par ces petits détails et ces choix audacieux. On est dans la période baroque, entre une certaine ouverture d'esprit et amour des belles choses d'un côté et de l'autre, rigueur religieuse et rabaissement de la femme dans la société. C'est un très bel hommage, qui ne s'arrête pas à un simple récit de sa vie, qui met en parallèle la force du personnage avec celle de son oeuvre peinte. C'est le récit d'un combat, c'est presque une bande dessinée féministe, mais qu'il faut lier au contexte. L'art n'en est pas moins présent pour autant, il apporte un éclairage sur la peinture d'Artemisia Gentileschi, c'est sans doute un parti pris, puisque le thème de Judith et Holopherne est un thème récurrent dans la période baroque, et dont la violence n'est pas spécifique à Artemisia. Mais personnellement, j'aime les audaces d'interprétation, qui proposent une vision de l'artiste, totalement partiale. Prétendre à l'objectivité en matière d'Art est de toute façon sans intérêt. Si la véritable Artemisia a inspiré Nathalie Ferlut et Tamia Baudoin au point de réaliser cette bande dessinée forte et intense, c'est sans doute que ses peintures se prêtent à l'émotion, et résonnent encore 400 ans plus tard. Et les auteures le lui rendent bien, avec talent et justesse.
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Voici une BD qui me faisait de l'oeil depuis longtemps.
Je connaissais quelques tableaux de cette artiste peintre, je savais qu'elle avait été la victime d'un viol et que ce crime avait eu des conséquences sur son art.
Certaines de mes lacunes sont maintenant comblées.
J'ai trouvé cette BD à la fois bien construite, bien documentée et très prenante. La démarche narrative est très intéressante ; elle s'intéresse surtout à la femme Artémisia : la fille, la peintre, la femme, la victime, l'épouse et la mère dans le prisme de ce qui a été le moteur de sa vie : la peinture. Toutefois, l'art d'Artémisia est presque passé sous silence. Il aurait été facile de voir se succéder les magnifiques et très expressifs tableaux de la peintre mais cette voie n'a pas été choisie par les auteurs et finalement, c'est très bien comme ça. La personne touchée par cette histoire ne pourra pas s'empêcher d'aller voir sur Internet, ou dans un livre d'art, les chefs d'oeuvres de cette peintre.
Il est à noter, d'ailleurs, que pendant des siècles les tableaux d'Artemisia ont été attribués à son père.
La position de la femme par rapport à l'homme est d'ailleurs l'autre grande ligne de lecture de cette BD. (L'égalité homme-femme n'est pas toujours atteinte aujourd'hui mais, Mon Dieu, comme on vient de loin!)
Bref, j'ai vraiment bien aimé.
Je suis toutefois un peu déçue par le dessin que je n'ai pas trouvé à la hauteur du propos. J'aurais préféré quelque chose de plus fin, de plus régulier. Je n'ai rien contre le graphisme employé ici, je trouve juste qu'il ne collait pas trop au thème.
PS : contrairement à ce qui est écrit dans le résumé de cette page, Artémisia n'est absolument pas la première femme peintre...
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Cette petite BD présente le parcours du combattant qu'a dû mener Artemisia Gentileschi pour s'imposer en tant qu'artiste malgré le milieu masculin hostile, c'est le moins que l'on puisse en dire, dans l'Italie du XVIIe. Cependant, elle ne me semble pas refléter suffisamment les talents incroyables de cette artiste majeure, aucune représentation de son oeuvre en tant que telle notamment, tout juste une ou deux vignettes furtives….

Il faut dire qu'elle est tombée très tôt dans l'oubli, dès le XVIIIe, et que ce n'est que dans les années 80 que son oeuvre sera considérée, bien après que les actes du procès de son père Orazio Gentileschi contre le peintre Agostino Tassi pour vol et viol d'Artemisia seront sortis des archives.

Cette BD est intéressante en ceci qu'elle permet de susciter la curiosité sur l'histoire de cette magnifique artiste du baroque, mais pour en connaître davantage il y a aussi d'excellents livres, dont notamment celui de Rauda Jamis, « Artemisia ou la renommée », et de Alexandra Lapierre, « Artemisia un duel pour l'immortalité » ; personnellement j'ai beaucoup apprécié les deux, et bien sûr aller admirer ses oeuvres pour mesurer l'immense talent d'Artemisia.

Sinon, je ferai aussi un petit reproche sur la forme : j'ai été en effet surprise en recevant cette bd dont le format était plus petit que la plupart de cette catégorie, bon, pas de souci, par contre j'en ai trouvé un de taille dès l'ouverture, la taille, justement, en effet des textes est minuscule, à cela s'ajoute un choix de police en italique et en majuscule qui n'est pas des plus lisibles. En un mot, la lecture m'a été pénible, dommage.
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Nathalie Ferlut et Tamia Baudouin proposent un nouveau regard sur la vie d'Artemisia Gentileschi. Nous sommes loin de la vision très romancée d'"Arte" de Kei Ohkubo. Les deux femmes nous emmènent au plus près des traces que nous avons en notre possession. La jeune fille a été abusée sexuellement pour un ami de son père. Qui a proposé de se marier avec elle afin qu'elle ne porte pas trop le déshonneur sur sa famille. Son père qui a fait l'autruche un moment doit faire face à sa fille qui l'accuse d'avoir laissé faire la situation. Il poursuit l'homme au tribunal. Cela se faisait que très rarement. Artemisia montre une détermination à toute épreuve. Elle a résisté à la torture pour prouver qu'elle maintenait son accusation de viol. Par contre, bien qu'elle gagne le procès, que vaut son honneur dorénavant. La victime vaut moins que son bourreau. N'est-ce pas toujours le cas de nos jours?

Comment ne pas être choqué de cette morale rétrograde et qui encore une fois valorise l'homme? On peut lire la parole du père à la suite du procès : "Tassi à tout détruit : ma fille vaut à présent moins qu'une prostituée, vous l'avez vu dans la rue tout à l'heure! le juge a écrit que Tassi l'a violée, mais pour les gens, ça n'existe pas! S'il l'a prise, c'est qu'elle l'a aguiché, elle l'a laissé faire! Et puisqu'elle ne s'est pas tuée après, c'est qu'elle a aimé ça! Il a pu renouveler son exploit? Alors, c'est une putain! Dans la rue, au marché, à l'église, et dans les tavernes où vont les peintres et les acheteurs de tableaux, elle n'est plus une bonne fille, elle n'est plus peintre, juste la putain de Tassi. Alors ce qui l'attend, c'est ce qui se fait dans ces cas-là : c'est le couvent! Et qu'elle y expie bien fort tous ses péchés!" (p. 64). Une pensée assez violente et pourtant très vraisemblable dans l'Italie du 17e siècle où l'obscurantisme religieux se combinait à merveille avec phallocratie. Et cela explique pourquoi on entend toujours ce genre de parole au 21e siècle. L'intolérance et la discrimination ne viennent pas de nulle part.

Ce qui remarquable avec Artemisia c'est son combat pour avoir la liberté de peintre, d'agir et de se déplacer. Son statut de femme l'empêchait de se former artistiquement, d'acheter des toiles, des pigments et de même de vendre son travail. Grâce à des amis hauts placés, elle a pu avoir des privilèges et être la première à rendre à l'académie avec les droits inhérents à son statut. Même si son travail a souvent été attribué à son père, les historiens de l'art commence à regarder les oeuvres sous un autre oeil. Son "Judith et Holopherne" restera une peinture très marquante où l'on peut admirer Tassi, son violeur, la tête tranché. le gars est ressorti 1 an plus tard sans que cela nuise à sa réussite sociale et son intégration dans la société. A défaut de vrai justice, elle l'a rendu en peinture. Néanmoins, on ne voit pas de toile à part celle de la couverture. Un choix qui peut surprendre de parler d'art à travers une personne et jamais son travail.

Les bédéastes lui redonnent sa force de caractère et montre la difficulté de trouver sa place en tant que femme. Pouvoir y réussir reste rare et le parcours ne peut qu'être semé d'embûches. Par contre, au niveau graphique peut être un dessin très réaliste aurait apporté plus de crédibilité au récit et aurait amené plus de lecteurs. Les visages sont assez difformes. L'avantage est que tout le monde est à la même enseigne. L'autre atout c'est que cela suffit à piquer notre curiosité pour s'informer plus sur cette artiste de talent. Il y a des documentaires et des ouvrages lui étant consacrés.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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critiques presse (3)
Bedeo
12 octobre 2017
Un portrait haut en couleur de la première femme admise à la prestigieuse Académie des Arts du dessin de Florence au début du XVII° siècle.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BoDoi
22 août 2017
Le duo d’auteures livre en effet ici un album passionnant, hymne engagé pour la défense de l’égalité femmes-hommes.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
16 août 2017
Habilement construit autour de nombreux retours en arrières successifs, parfois un peu bavard et ampoulé, mais d’une sincérité et reflétant une admiration jamais démenties, Artemisia se lit d’une trait
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
-Une femme ne devrait pas imaginer des horreurs pareilles ! Et encore moins les peindre !
-Mais c’est ce qui fait son prix ! Finalement, cette affaire Tassi, qui l’a rendue enragée, ça l’a poussée à peindre comme un homme !
-Et puis ça l’a fait connaître. Sans ça, elle n’aurait l’idée que de peindre des pommes et des raisins dans des bols. Ou des petits enfants !
-Oui, c’est ce que dit mon mari aussi : qu’elle lui doit une fière chandelle, au fond !
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Elle est née l'année 1593 alors que son père, peintre qui commençait à être reconnu, avait un atelier rue de la Crosse, à Rome.
Elle est née romaine. Autour d'elle, des frères, des toiles, des brosses et des pinceaux, des huiles et ces millions de grains de poudres de pigments précieux qui attendaient l'instant de devenir couleur pour l'éternité.
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Il s'était mis à ressembler aux hommes qu'ils connaissaient (le mari d'Artemisia). Artemisia en revanche avait plus d'imagination: elle ne voulait ressembler qu'à elle-même.
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Sur son berceau et sur ses premiers pas, aucune muse ne s'est penchée.
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Ce qu'une femme sait faire !
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