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3,96

sur 9051 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
À la manière d'un évangile, le Vieil Homme et la Mer est une lecture à interpréter, ce qui est la définition même d'une parabole. L'histoire en soi ne présenterait pas grand intérêt si sa valeur allégorique ne nous tracassait point l'inconscient au point de nous questionner de la façon la plus intime.

Quelle est donc l'allégorie qu'a souhaité peindre Ernest Hemingway ? Je vais vous donner mon interprétation et, plus que jamais, elle n'engage que moi et ne signifie pas grand-chose.

Voici donc un homme pauvre, un homme du peuple, comme ils sont des millions, correction, des milliards sur la terre. Il s'échine à essayer de vivre de son travail. Les jours s'écoulent, pareils aux précédents, abîmant chaque jour un peu plus ses vieilles chairs et ses vieux os, dans un combat sans grand espoir, celui de la fortune. Pourtant, à force de s'efforcer, à force de savoirs et de savoir-faire, le vieil homme parvient à accumuler un petit trésor — son petit trésor.

Mais de ce trésor-là, il est écrit, et partout sur la terre, qu'il n'en jouira jamais, car pièce à pièce, il lui sera dérobé, soutiré, par des requins divers. Qui peuvent bien être ces requins ? je vous le laisse deviner. Peut-être bien que les gens impeccablement coiffés qui peuplent les banques et autres malfrats autorisés à dents longues se sentiront (un tout petit peu) visés, qui sait ?

Le vieil homme s'en ira, aussi nu qu'il était venu au monde, et en pleurant tout autant sur ce qui lui arrive que lorsqu'il était nourrisson fraîchement sorti des entrailles chaudes et moelleuses de sa mère qui lui avaient fait croire à une vie facile.

Ce livre a donc une saveur plus aigre que douce, le Vieil Homme Est Amer, en somme, mais n'est-ce pas notre lot à tous ? Aussi a-t-il vu la vraie beauté ; le soleil qui scintille, la mer irisée, le beau poisson arc-en-ciel… le reste n'est que bagatelle. Demeure la fierté du travail accompli dans le cours de sa maigre vie et la sensation, vague, que la chance, au lieu d'un mince clin d'oeil, aurait pu lui sourire jusqu'au bout…

Au-delà de cette valeur allégorique sublime qui donne tout son intérêt à l'ouvrage, je suis un peu plus dubitative sur l'écriture, la magie du verbe et le plaisir purement littéraire de cette lecture. Personnellement, je n'y ai pas trouvé tout mon compte, d'où mes trois étoiles seulement, bien que certains passages soient d'une poésie minimaliste et épurée qui confine à l'art extrême-oriental, mais tout ceci n'est que mon misérable avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'anecdote même dont est issu ce livre – l'aventure héroïque d'un vieux pêcheur cubain- a été donnée à Ernest Hemingway via une chronique locale. Il s'agissait de la lutte d'un vieil homme avec un gros poisson.
Pêche au gros, au cours de laquelle le pêcheur doit traquer le poisson et attaquer au bon moment. Se bagarrer avec l'animal (pouvant peser près de 500 kg) et qui n'est pas de tout repos car sa puissance est étonnante sous l'eau. Un véritable combat se déroule alors : le pêcheur mouline, tire, se cambre, se redresse et remouline encore et encore. Si le poisson est robuste, cela peut durer plusieurs heures.

Mais, dans le vieil homme et la mer (1936) et au-delà de ce simple fait divers et d'un savoir technique, Ernest Hemingway nous livre bien plus qu'une lutte « ordinaire » contre un gros poisson.
Il nous raconte l'histoire d'un vieux pêcheur, Santiago, qui, seul sur son bateau, partit capturer un espadon fabuleux au milieu du Gulf-Stream.
En 130 pages, il nous donne à lire un récit à la fois mythique, épique et lyrique, écologique, philosophique et mystique.

Dans la dimension MYTHIQUE, il est question de lutte, d'affrontement entre l'homme et les forces de la nature, peuplée de monstres marins.
Pendant longtemps les profondeurs sous-marines sont restées une énigme pour l'homme. Ce monde vaste et inconnu, donc terrifiant, a fait naître d'innombrables récits peuplés de créatures étranges et menaçantes, sorties tout droit de l'imaginaire collectif.

La dimension EPIQUE ET LYRIQUE transforme ce récit en un véritable poème de la mer et de l'aventure humaine : une Odyssée de trois jours dans un espace infini, beau, puissant, riche en espèces animales et végétales mais potentiellement dangereux, où l'homme et la nature sont sublimés.

La dimension ECOLOGIQUE dans laquelle Ernest Hemingway nous propose une image idéale du pêcheur alliant les nécessités alimentaires, la connaissance profonde du milieu naturel et le respect de ses équilibres, la reconnaissance de l'interdépendance des êtres vivants et des éléments. D'où la nécessité pour l'homme d'avoir une attitude responsable dans son quotidien, à l'égard de son univers de vie.

La dimension PHILOSOPHIQUE où il est question de la lutte d'un homme contre la nature, contre son corps vieillissant, contre sa condition, contre lui-même.
Seul dans sa barque, au milieu de la mer immense, Santiago nous confie ce qu'il perçoit, ressent, pense ; mais aussi ce qu'il devine grâce à son sens de l'observation et son expérience ; et enfin, ce qu'il voit en imagination quête, défaite et victoire. Il affirme ainsi, à la fois, son humanité profonde, pétrie de faiblesse, et son héroïsme.

La dimension MYSTIQUE fait jour lors de l'attaque des requins. le pêcheur affirme son sentiment de fraternité avec l'espadon car il a le sentiment de partager un sort commun : « Je regrette bien d'être allé si loin poisson. Ca nous a perdu tous les deux ». Faut-il en conclure à la défaite. Non car il déclare courageusement : « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu ». Leçon ultime empreinte d'acceptation de soi, de sérénité et de sagesse.

Au final, un récit bref mais dense, d'une résonnance universelle et intemporelle.
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Avec le marlin, son frère,
il s'est battu trois jours et deux nuits
dans un combat loyal.
Même si malgré ses efforts,
il ne reste que la tête et l'arête de son plus beau poisson,
les requins l'ont dévoré,
Santiago, le vieux pêcheur, peut être fier,
il a été courageux et n'a pas failli à sa dignité.
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Au-delà de la lutte d'un vieil homme face à un marlin, c'est le combat de la vie contre à la mort que relate Ernest Hemingway dans ce bref roman. Les phrases sont simples, le récit parfois entrecoupé des pensées du héros. Santiago attend, bande ses muscles et espère que le poisson s'épuisera avant lui, que la mer le recrachera vivant et le privilégiera à l'animal. Ce livre est sublime au sens premier du terme : il met en avant la petitesse humaine face à la nature (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/11/20/le-vieil-homme-et-la-mer-ernest-hemingway/)
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Cuba.

Santiago est un vieux pêcheur. Mais voilà que depuis quatre-vingt-quatre jours, la pêche est désespérante. Il n'y a rien. Pas un poisson. Même pas un tout petit. Son jeune et fidèle ami, Manolin, lui suggère l'idée d'utiliser des sardines fraîches pour réussir à attraper quelque chose. Et il avait raison. Santiago teste la méthode et ça marche. Alors qu'il est seul en pleine mer sur son petit bateau, un poisson vient mordre à l'hameçon. C'est un marlin, un animal proche de l'espadon, facilement reconnaissable mais surtout gros et lourd. Il n'arrive pas à le remonter. Alors, il attache la corde sur le bateau. Il prend le chemin du retour.

Santiago est heureux et apaisé. Il va enfin prouver à tous les autres pêcheurs qu'il y arrive encore. Mais, une nouvelle épreuve attend le vieil homme.

"Le vieil homme et la mer" est une nouvelle écrite par Ernest Hemingway en 1952. L'oeuvre est récompensé par le Prix Pulitzer en 1953.

L'auteur évoque un tête à tête entre Santiago et un poisson. L'homme et l'animal sont seuls en mer. Lui, ne le lâchera pas. Il tient à le ramener au port. Peu importe le temps que cela prendra. Il n'est pas pressé. le marlin se débat et tente de s'échapper. Un duel s'installe. Tous deux sont déterminés, chacun attendant que l'autre fatigue. Mais l'homme n'est pas au bout de ses peines. Car un autre obstacle l'attend.

Il s'agit d'un nouvelle écrite en toute simplicité. Il n'y a pas d'action. C'est très lent. L'auteur dresse le portrait d'un homme touchant tout en douceur. le récit est très descriptif sur le milieu marin et les émotions du vieil homme. C'est une lecture contemplative sur la nature, l'immensité de la mer, le calme des vagues, lieu de vie des animaux.

Un petit livre à lire sur la plage, aux sons des vagues, et à l'air marin. Un classique à emmener dans sa valise.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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- Alors Tapioca, vous avez enfin lu ce chef d'oeuvre. Incroyable non ?
- C'était un relecture. Je l'avais lu jeune et zéro souvenir. Je comprends pourquoi…
- Vous n'allez quand même pas me dire que l'écriture ne vous a pas impressionnée, où alors passez à la poterie !
- Loin de moi l'idée de nier le style d'Hemingway. C'est admirablement écrit. A la fois simple, riche et esthétique. La solitude et la mer s'entendent à chaque page avec peu de mots. le traducteur explique d'ailleurs tout ça très bien dans sa préface
- Nous sommes donc d'accord. Et cette histoire ? Je vous connais coeur de pierre mais la relation entre le vieil homme et le jeune homme, ne peut pas ne pas vous avoir touché ?
- En fait je suis plutôt coeur d'artichaut mais ce n'est pas le sujet. Bien évidemment le lien qui uni l'ancien et le jeune est très émouvante, très pure. Il n'y a pas de discussion à avoir sur ce point.
- Mais alors quoi ?
- Je n'ai pas compris.
- ???
- Ce livre est une fable. Or une fable à une morale. Et moi, la morale, je ne l'ai pas comprise.
- Fable, allégorie, conte philosophique appelez-ça comme vous voulez Tapioca. C'est pourtant assez clair.
- Non, ce n'est pas clair. C'est une belle histoire qui parle de courage et qui remet les hommes à leur place face à la nature et aux éléments mais les diverses interprétations que j'ai pu en lire ne m'ont pas sauté au cerveau. le peuple face aux puissants, la lutte contre la mort inévitable, la multitude de symboles cachés derrière la banalité d'une histoire de pêche, je n'ai rien vu. J'ai même lu un avis où il est question de la dimension phallique du poisson 🤷😳. Je n'ai vu que le 1er degré et vous avouerez que c'est frustrant.
- Vous êtes une lectrice immature.
- Ou candide. Mais promis je le lirai une troisième fois quand je serai (encore) plus vieille.
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Le vieil homme n'a pas de veine ; "En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson." le vieil homme est pauvre. Et le vieil homme est seul ; le gamin n'est plus autorisé à aller pêcher avec lui. Mais le vieil homme est obstiné et croit toujours qu'il attrapera quelque chose le jour suivant.
Il ne s'attendait certes pas à ce qui devait lui arriver le quatre-vingt-cinquième jour. Voila que ça mord ! Et qu'est-ce donc? Un espadon plus grand encore que la barque ! Durant deux jours, le vieux pêcheur luttera de toutes ses forces contre ce beau poisson qui n'en finit pas de se défendre. Enfin, l'espadon remonte et le vieil homme le harponne puis l'arrime à la barque. Quelle belle prise !


Ce premier contact avec Ernest Hemingway me laisse une impression mitigée. Peut-être suis-je trop jeune encore pour apprécier ce court roman à sa juste valeur, allez savoir. Après tout, j'ai plutôt l'habitude des courants romantiques et réalistes/naturalistes. Aussi, je ne peux pas cacher que ce livre m'a un peu ennuyée. Ces journées de bataille avec le poisson ont dû me sembler aussi longues et pénibles qu'au vieux.
Cependant, j'admire le vieil homme qui se bat contre la mer, cet élément incontrôlable et implacable. Qui est-il, sinon nous-mêmes quand nous prenons la décision d'engager un combat perdu d'avance contre quelque chose de bien plus grand que nous, parce que nous croyons tout de même pouvoir changer le monde?
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Cela faisait un moment que ce classique traînait dans ma PAL, il en est enfin sorti, et je me demande si j'ai bien fait en fin de compte.

Les premières pages me semblaient pourtant prometteuses, décrivant de manière simple mais efficace les journées passées entre un pêcheur, Santiago, et son jeune ami qui l'accompagne parfois à la pêche.
C'est alors que Santiago part seul en mer, qu'il rencontre un espadon qu'il va pêcher et tenter de ramener sur le rivage tant bien que mal; c'est alors que j'ai décroché : cette scène de pêche s'étale sur quasiment tout le roman, avec ce vieil homme qui se bat contre le poisson, contre la mer, également contre lui-même. Qu'est-ce que j'ai alors trouvé le temps long ! A cause de cela, je suis restée plutôt hermétique à toute la symbolique que pouvait engendrer cette rencontre en pleine mer, et à l'histoire elle-même, tout simplement...

Le vieil homme et la mer est donc un de ces incontournables qui ne m'aura fait ni chaud ni froid. Je ne pense pas en garder un grand souvenir, mais le principal reste que je l'ai lu pour me faire enfin mon point de vue, même s'il est loin d'être positif..
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Enfant ou adolescent, j'avais éprouvé à la lecture de ce roman de la compassion pour le vieil homme, ne retenant surtout que le (faux) suspense autour de la pêche et de sa pérennité. L'espoir évoqué en fin d'ouvrage m'avait rasséréné après ces pages d'angoisse où le très jeune que j'étais espérait jusqu'au une victoire contre l'adversité. Au final, je trouvais l'écrit fort en émotions suscitées mais n'y repensais bientôt plus. Quelques décennies plus tard, un ami m'a prêté la nouvelle traduction parue chez Gallimard. Cette fois ci, j'ai été gêné par certains artifices (par exemple, le fil qui cisaille le dos pendant des heures) destinés à noircir le trait mais, au final, peu vraisemblables. J'estime aujourd'hui que ce court roman aurait gagné à une fin tragique (par exemple, le vieil homme meurt d'épuisement, heureux, dans les bras du garçon) pour toucher à l'universel. Tout ça pour dire que bien longtemps après la relecture, si l'analyse et le ressenti sont différents, l'impression générale sur l'oeuvre reste la même.
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"La plupart des pêcheurs se moquèrent du vieux, mais cela ne l'irrita nullement. Les autres vieux le regardaient et se sentaient tristes".

Le vieil homme et la mer met en scène trois personnages principaux : le vieux, le gamin et le poisson. Dans un village proche de la Havane, personne ne croit plus ni en la chance ni dans les capacités du vieux Santiago. Soutenu par le regard du gamin, il prend la mer seul pour aller rencontrer le plus estimable des poissons .

Ce roman est écrit à l'économie : peu de personnages, un décor pauvre, une écriture sobre. Je n'ai pas vraiment réussi à attraper le gulf stream, et cette écriture me laisse sur ma faim. Pour être assorti à l'austérité générale, je mettrai peu d'étoiles au dessus de ce commentaire. Malgré la force de l'histoire et les réflexions qu'elle suscite, malgré que j'ai vu le requin mako d'assez près, malgré que le vieux m'ait ramené au village sans ennui, j'ai du mal à considérer ce livre comme un chef- d'oeuvre et Hemingway comme un des meilleurs écrivains américains.

Cet auteur apportera certainement l'émotion à certains d'entre vous qui savent entrer dans les failles d'un style nu. Mais moi, lecteur, il ne me transporte pas. Moi, lecteur, je partage la frustration de Nastasia B. et ses réserves. Moi, lecteur, je ne relirai pas Hemingway dans les prochains mois, même si je m'engage devant vous ce soir à le relire un jour pour voir. Moi, lecteur, je choisirai en attendant des écritures plus flamboyantes, comme par exemple celle du goncourisé Gilles Leroy, qui faisait apparaître Hemingway aux côtés de Francis Scott Fitzgerald dans l'excellent Alabama Song.

Paru en 1952, traduit en Français par l'immortel Jean Dutourd, le Vieil Homme et la Mer a fait l'objet de deux adaptations audiovisuelles formidables, l'une avec Spencer Tracy, l'autre avec Anthony Quinn. J'ai noté enfin qu'il donne son titre à une chanson de Sheila composée par Alex Martin et Julien Lepers. Je précise spécialement pour Hugo, qui est fan, qu'il pourra l'écouter sur la dixième piste de l'album "Tendances", entre Mexico et le Tam-Tam du Vent.

(Tam-tam du vent
Me dit que tu mens
Que tu penses à elle
À toute heure, à tout moment)

Sodade, sodade...
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