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4,09

sur 642 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le roman débute avec la scène immortalisée par Robert Capa que tout le monde connaît (et qui figure sur la page de couverture du livre): Simone a été arrêtée car « embochée », en plus d'avoir fauté avec un Allemand, officier, elle a eu un enfant de lui ; il s'en suit une arrestation ; elle est conduite sur la place de la préfecture, rasée, et on lui brûle front avec un tison et on fait défiler toutes les femmes tondues en même temps pour frapper la foule et la faire hurler de plaisir à la vue du spectacle.

Cette photographie, que nous connaissons tous, a donné envie à l'auteure, elle-même native de Chartres, d'essayer de comprendre comment cette jeune femme en est arrivée à épouser les idées nazies. Elle va tenter de revisiter le peu de choses que l'on sait vraiment d'elle, pour lui construire une personnalité, et démontrer comment on peut être emporté par un tel courant d'idée.

Là s'arrête l'histoire de Simone Touseau, place à Simone Grivise, née dans une famille bancale, le père a fait la première guerre mondiale et en est revenu traumatisé, la mère, assoiffée de reconnaissance après s'être lancée dans le commerce de la crémerie (et vu son caractère revêche fait fuir les clients) s'est mise à en vouloir à la terre entière : la société française est pourrie, laxiste alors vive l'homme fort du IIIe Reich qui vocifère. Au milieu, la soeur aînée qui a des sympathies nettement différentes.

Pour se sortir du milieu familial toxique, Simone s'investit à fond dans les études, apprend l'allemand, la langue lui plaît énormément, les auteurs allemands aussi, et une déception amoureuse la fera pencher du mauvais côté.

L'amour qu'elle éprouve pour Otto Weiss qui, lui, est beaucoup plus critique sur les nazis, va ancrer encore davantage son engagement, son aveuglement même. Elle est incapable de la moindre analyse critique sur ce qu'elle voit durant l'Occupation, même quand les choses commencent à devenir évidentes, elle s'installe dans le déni.

J'ai aimé cette idée de créer un personnage fictif à partir d'une photographie pour tenter de comprendre les raisons pour lesquelles on peut être aveuglé par une idéologie, l'aspect psychologique ne pouvait que m'attirer.

Ce qui est réussi dans ce roman, c'est le fait qu'on ne trouve jamais Simone sympathique : j'ai aimé et compris son histoire, son opiniâtreté pour échapper à son milieu social et s'affirmer, mais jamais éprouvé vraiment d'empathie pour elle. J'ai davantage apprécié sa soeur. Julie Héraclès ne tente pas de réhabiliter « la tondue de Chartres », contrairement à ce que certains médias ont pu lui reprocher.

Une chose, cependant, m'a un peu gênée : Simone s'exprime à la première personne, mais dans un vocabulaire un peu réduit, presque enfantin parfois, alors qu'elle a fait des études, puisque bachelière…

J'allais oublier : Julie Héraclès nous offre une très belle citation de Philippe Claudel tirée des âmes grises :

« Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, si tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil… »

Pour un premier roman, c'est réussi car, une fois la lecture entamée, je n'ai pas pu m'arrêter, et l'alternance entre la journée du 16/08/44 et son histoire de Simone depuis naissance le 19 août 1921 ajoute du piment au récit.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et la plume prometteuse de son auteure.

#Vousneconnaissezriendemoi #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je ne sais que penser de ce roman, ni sûre de comprendre les intentions de l'auteure.
Voulait-elle procéder à une réhabilitation ? Finalement cela aurait été plus simple si cela avait été pure fiction. Mais voila, on connait tous cette photo terrible de Capa ; cette femme tondue, conspuée, huée par la foule.
Alors, je vais faire comme si Simone était un personnage de roman.
On suit cette enfant, puis adolescente et enfin jeune femme ; brillante par ses études mais médiocre, incapable de s'intéresser à ce qui se passe autour d'elle et à faire preuve d'empathie.
Indifférente, autocentrée mais aussi harcelée, victime du regard et de la violence des hommes ; son père est indifférent, peu courageux et sa mère sombre dans alcoolisme.
Et puis, il y a Madeleine, sa soeur lumineuse et aimante.
Comme beaucoup, elle ne fera pas preuve de courage ni de discernement pendant la guerre, mais elle ne peut être réduite à ses mauvais choix ; elle sera ambivalente et bourrée de contradictions.
On suit les pensées de Simone, son phrasé populaire ; sans l'excuser, on ne peut la détester.
L'écriture est ciselée et les chapitre s'enchainent en alternant les époques.
Ce roman va faire polémique car cette femme a existé mais nous sommes ici dans un roman et c'est un sacré premier roman.
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Ce premier roman s'appuyant sur des faits historiques nous plonge dans la complexité et la noirceur de l'âme humaine.

D'une écriture ciselée et parfaite Julie Héraclès retrace le parcours de Simone, française habitante de Chartres, qui a vécu une histoire d'amour très courte avec un soldat allemand pendant la guerre de 39-40. de cette brève union naît Françoise. En été 44 Simone est tondue, lynchée et marquée au fer rouge pour collaboration avec l'ennemi.

Julie Héraclès ne porte aucun jugement sur Simone ; elle laisse le lecteur s'approprier cette histoire en relatant des faits.

Cet ouvrage est intelligent, très percutant et ne peut laisser personne indifférent. le sort réservé à Simone interpelle intensément une fois la lecture de l'ouvrage achevée.

Rien n'est tout noir ou tout blanc, c'est cela une âme grise.
Je suis déconcertée face à la nature humaine.

Ce livre est à découvrir et je vous y invite.

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La Tondue de Chartres, photographie célèbre de Robert Capa prise le 16 août 1944 et immortalisant une jeune femme au crâne rasé, le front marqué au fer rouge, serrant contre elle un nourrisson. Simone Touseau, de son vrai nom, marche dans les rues de la ville, conspuée par une foule fière et rieuse. Accusée comme dix autres femmes d'avoir collaboré ou couché avec des Allemands, la jeune femme de vingt-trois ans est ainsi offerte à la vindicte populaire.

Les grandes lignes du roman de Julie Héraclès s'inspirent de faits historiques et de ce que l'on connaît de la vie de Simone Touseau. Pour l'histoire intime de cette femme, peut-être à jamais insaisissable, il faut accepter le travail de la romancière, admettre que la Simone Grivise du roman ne soit qu'un personnage de papier dont l'existence ne vise aucunement à justifier ou à excuser les actes qui ont été reprochés à la véritable tondue de Chartres. J'ai donc laissé la polémique autour de ce roman sur le bas-côté et ai suivi Simone comme un personnage fictif qui émeut tout autant qu'il irrite, par sa naïveté, son entêtement, sa cécité égoïste, mais aussi par son humanité blessée.

Simone est la narratrice de sa propre histoire. Avec son parler franc, populaire et rythmé, elle raconte son enfance, son adolescence puis sa vie de jeune femme sous l'occupation allemande. Simone est fière et provocatrice, rêve de s'arracher à sa condition prolétaire, ambitionne d'enseigner l'allemand, ne surtout pas devenir une femme alcoolique et aigrie comme sa mère, ou une vieille fille trop bonne à l'existence médiocre comme sa grande soeur. Son orgueil et sa soif de liberté, son refus de voir la vérité et ses biens mauvais choix coûteront à Simone son avenir et sa dignité.

Derrière les ambitions et les amours contrariées de Simone, nulle véritable réflexion sur le régime nazi, l'occupation, la collaboration. Aucun jugement non plus n'est porté en filigrane par l'écrivaine. C'est au lecteur de se forger sa propre opinion, de s'interroger sur la manière dont un contexte et des expériences façonnent les choix et les erreurs d'une personne. Un premier roman original et remarqué.
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Une photo, août 1944, une femme tondue, livrée à la vindicte publique, son nourrisson dans les bras. Avec ce simple matériau comme postulat, Julie Héraclès invente une vie, une enfance, un parcours, crée une biofiction de toutes pièces.
Tout sonne vrai, les descriptions d'une petite ville de province, ses habitants tenaillés par la faim, les B.O.F, les doriotistes transformés en FFI en juin 44. Ma mère, dix ans à cette époque, confirme, oui c'était ça.
Une langue orale, presque populacière soutient ce bon premier roman.
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Le cliché de Robert Capa, photographe au « Life Magazine », circule librement sur le net : Simone Touseau, chartraine tondue le 16 août 1944, marquée au fer rouge d'une croix gammée sur le front, tient en son sein sa petite Catherine âgée de 3 mois, née de sa relation avec un soldat allemand. Elle marche dans les rues de la ville, humiliée pour avoir collaboré et avoir couché avec un allemand. « Putain de la nation » ou victime d'une violence de foule, Simone paye le tribut des femmes dans un conflit d'hommes.
Inspirée de ce cliché, J. Héraclès imagine ce qu'une femme brillante comme Simone (elle est une des exceptionnelles bachelières de cette époque) pourrait avoir vécu avant ce terrible jour d'août 1944. Simone ne se nommera plus Touseau mais Grivise. Peu importe, le vrai côtoie la fiction et nous, lecteurs, sommes happés par ce destin fracassé par l'absurdité de la guerre. Elle veut être libre, Simone, ne pas ressembler à sa mère ou à sa soeur bien-aimée, veut aimer, être aimée en dépit des convenances de pacotille qu'impose la société. Elle sera ce qu'elle voudra quel qu'en soit le prix.
Le récit est habile nous entrainant dans les pas de cette femme parfois arrogante, parfois émouvante, être de chair aux multiples facettes, si vraie, fière et audacieuse dans la tourmente. Rien de manichéen dans cet écrit où le gris teinte les mots révélant savamment la complexité de l'âme humaine.

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Elle était un symbole, elle est devenue un personnage. En s'échappant de la photo de Robert Capa pour entrer dans le roman de Julie Héraclès, « la tondue de Chartres » a pris vie dans la peau de Simone et cette jeune chartraise est maintenant autre chose que l'image choquante que nous avons gardée d'elle et qui s'est inscrite dans notre mémoire de la seconde guerre mondiale.

Il y a deux temporalités dans ce récit, l'une raconte la vie de Simone, une jeune femme surdouée, depuis ses années de lycée jusqu'à son entrée dans la vie active, l'autre se passe le 16 août 1944, juste après la libération de la ville de Chartres, Simone a 23 ans.

De l'une à l'autre, on peut dire que le parcours de la jeune femme n'a pas été très heureux. Fille de parents prolétaires alcooliques et peu aimants, d'une forte personnalité elle est victime de harcèlement durant sa scolarité puis elle est abusée sexuellement par un fils de bourgeois. Ne pouvant compter que sur le soutien indéfectible de sa soeur Madeleine, elle rallie le camp des occupants, travaille comme interprète à la Feldkommandantur et tombe follement amoureuse d'Otto, le chef de la propagande de la Wehrmacht.

Aveuglée par la haine puis par l'amour, Simone n'aura rien compris de la guerre et, ni les arrestations arbitraires, ni les disparitions de juifs, ni les rumeurs sur l'existence de camps de la mort, rien ne lui aura jamais fait douter du bien-fondé de l'occupation allemande.

Ce personnage de Simone m'a paru incompréhensible. Je me suis demandée comment une femme aussi intelligente avait pu passer totalement à côté de la guerre et de ses exactions, incapable de se détacher de ses problèmes personnels pour analyser ce qui se passait autour d'elle.

Un roman très dérangeant qui m'a plus contrariée que passionnée, même si je n'ai pas pu m'en détacher, espérant jusqu'au bout y voir l'étincelle d'une prise de conscience.

Ce titre « Vous ne connaissez rien de moi » résume bien l'état d'esprit d'un roman dans lequel il y a Moi et Vous, les autres.

J'en sors assez déprimée par tant d'inconséquence et tout aussi inquiète quant à l'avenir de la démocratie si facilement mise à mal par la sensation de mal-être et le sentiment d'injustice qui minent nos sociétés.
Un roman à lire, pour se poser les bonnes questions.
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Julie Heracles, d'après une photo de Capra immortalisant la fin de la guerre à Chartres et la femme tondue tenant son enfant , nous raconte la vie de cette collaboratrice qu'elle imagine, d'où le titre du livre "Vous ne connaissez rien de moi".
Simone est une jeune fille issue d'une famille populaire. Tres douée scolairement elle sera une des premières bachelière, elle rêve de devenir professeur, de s'élever dans la société où elle est humiliée car pauvre et ne connaît pas les codes sociaux.
La guerre déclarée, amoureuse de la langue allemande, méprisée par un petit ami qui l'ignore, elle travaille pour la propagande allemande comme traductrice et tombe amoureuse d'Otto un officier allemand.
Tout s'arrange pour elle jusqu'au jour où.......
Un beau travail d'imagination et de recherche historique où la psychologie de Simone est développée et bien analysée.
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Un premier roman historique prometteur qui a obtenu le Prix Stanislas 2023 !
A découvrir en version audio chez @audiolib grâce à l'interprétation magistrale d'Amélie Belohradski !

Le 16 août 1944, à Chartres, le photographe Robert Capa a immortalisé une femme, tondue, le visage incliné vers son nourrisson, conspuée par la foule. Dans un roman bouleversant qui s'inspire de ce cliché, Julie Héraclès retrace la vie de cette femme libre, Simone, au tempérament incandescent :

« Aujourd'hui, vous m'avez rasé le crâne, vous m'avez marquée au fer rouge et maintenant vous m'insultez comme une chienne. Mais vous ne me détruirez pas. Vous n'aurez pas cette étincelle qui me pousse à continuer, envers et contre tout. Car, aujourd'hui, encore plus qu'hier, je suis forte d'un trésor inestimable. Un trésor que beaucoup d'entre vous passerez toute une vie à chercher et n'obtiendrez jamais. J'ai aimé. Et j'ai été aimée. »

Je remercie @audiolib et @NetGalleyFrance de m'avoir permis d'écouter ce roman très émouvant. J'ai trouvé que l'interprétation très juste d'Amélie Belohradski ajoutait vraiment une plus-value à cette histoire car le style familier, le langage oral populaire assez cru, qu'utilise l'autrice pour ce récit s'y prête parfaitement.

La voix est un très bon vecteur d'émotion et la comédienne parvient à transmettre beaucoup d'intensité aux propos de Simone. Elle incarne toutes les contradictions de ce personnage ambigu, plutôt antipathique au début, qui dévoile peu à peu sa psychologie complexe en nous révélant ses failles. Elle en devient attachante à la fin de l'histoire car on apprend à la connaitre et à la comprendre... même si j'avoue que sa naïveté m'a un peu exaspérée tout de même !

Dans son entretien à la fin du livre audio, l'autrice insiste sur le fait que ce texte, sujet à polémique, est un appel à la vigilance contre certains extrémismes qui sont, malheureusement, toujours d'actualité. Un devoir de mémoire en quelque sorte !
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Le 16 aout 1944, à 3 jours de son anniversaire, Simone 23 ans est traînée dans les rues de Chartres par les FFI. Comme d'autres femmes, Simone sera humiliée, frappée, tondue et marquée au fer rouge parce qu'elle est tombée amoureuse d'un allemand. L'autrice a imaginé la vie de cette jeune femme immortalisée par le reporter-photographe hongrois Robert Capa (1913-1954) le cliché a fait le tour du monde. Simone est une jeune femme fascinée par la puissance de l'Allemagne nazie. Comme d'autres français à l'époque, Simone est persuadée que la France va se redresser grâce à son occupant. Elle a des rêves de grandeur, de liberté et veut fuir sa famille bancale entre une mère alcoolique, un père lâche et une grande soeur craintive. Simone adore la langue allemande qu'elle étudie au lycée et profite de ses connaissances pour trouver un travail de traductrice. Son engagement, ses amitiés après de l'ennemi valent à la famille la haine des voisins.

J'ai trouvé très intéressant de voir cette partie de l'Histoire du point de vue de cette jeune femme. Evidemment on la condamne pour sa légèreté et son égoïsme mais elle est adolescente au début de l'histoire, et on comprend qu'elle ait envie que la guerre se termine, de manger à sa faim, de retrouver un peu de gaieté et de liberté. Difficile de la juger, son attachement à Otto est sincère, elle veut juste aimer et être aimée. Au fil des chapitres, c'est Otto, l'officier allemand qui lui ouvre les yeux sur l'ignominie du nazisme.
Un excellent premier roman !
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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