Narcisse et Goldmund

Enorme déception à la lecture de ce roman dont la poésie du début m'a pourtant enchantée.
L'histoire commence quand Narcisse, religieux au monastère de Mariabroon prend en charge le jeune Goldmund (bouche d'or) placé là, par son irascible père, esseulé depuis que sa femme, l'a quitté pour d'autres hommes....
Ce drame semble marquer à jamais la vie du jeune Goldmund qui n'envisagera désormais la position féminine que sous trois aspects : la Vierge, la mère où la putain.. Partant de ce postulat donc, et hésitant entre sa foi religieuse et ses pulsions sexuelles, il est finalement éclairé par Narcisse qui a deviné en lui des penchants pour la chair. Ainsi, il part à travers le monde pour vivre sa tentation.
S'en suivent 200 pages d'errances par monts et par vaux, où on suit Goldmund passer d'un corps de femme à un autre sans aucun autre but que son propre désir et plaisir. Les femmes : très jeunes ou mures, souvent issues de milieux populaires, et décrites comme consentantes et lubriques ont l'avantage de lui assurer le plaisir et le couvert. Néanmoins ses traques féminines n'étant pas toujours couronnées de succès dans les milieux plus huppés, il use souvent de mensonges et de ruses pour parvenir à ses fins. Mais celles qui lui résisteront : les Rebecca, Julie, Lisbeth, en représailles seront mangées par les loups, ou deviendront méchante ou laide et jaune, sic.
Parfois, il trouve des compagnons de route : des Victor et Robert, semblant être placés sur sa route a la seule fin d'affirmer sa propre supériorité.
Au hasard de ses pérégrinations, il trouvera enfin sa raison de vivre en tombant en extase devant la sculpture d'une madone. Il deviendra sculpteur et saura restituer "l'extase et la douleur" dans un corps de femme, puisqu'une femme ne saurait ressentir autrement que par son corps.
Tout en s'attelant à sa nouvelle tâche de sculpteur, il poursuivra ses conquêtes féminines , qui finiront par lui être fatales - avant de devoir retrouver sur la fin son ami Narcisse à Mariabroon....
Malgré la grande poésie qui saupoudre chaque page de ce roman, notamment les tableaux d'une beauté inouïe des campagnes traversées, ou des villages découverts, je n'ai ressenti qu'indignation en suivant la quête très individuelle de Goldmund où il ne m'a pas été possible d'éprouver de la complaisance face à toutes ces souillures fût-ce au profit de la quête de cet homme.