AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782701199115
624 pages
Editions Belin (21/08/2017)
4.22/5   34 notes
Résumé :
Dans son dernier ouvrage, Oleg Khlevniuk renouvelle en profondeur, par une connaissance remarquable des archives personnelles de Staline et des archives du Politburo, le genre de la biographie politique du dictateur. A partir d'une analyse critique des sources, Oleg Khlevniuk démonte les innombrables légendes (Staline « commanditaire du meurtre de Kirov », Staline « paranoïaque », Staline, « adepte d'une frappe préventive contre l'Allemagne », etc) pour ne retenir q... >Voir plus
Que lire après StalineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Oleg Khlevniuk est considéré comme étant le plus éminent historien russe du stalinisme. Il signe une biographie de « Staline » qui est sortie à la fin de l'année 2017 chez l'éditeur Belin. En préface, Nicolas Werth, autre grand spécialiste de l'histoire de l'URSS et directeur de recherche à l'Institut d'histoire du temps présent (affilié au CNRS) souligne la qualité de cette dernière qui fait le point sur les avancées de la recherche sur cette question et tente ainsi de s'opposer à un courant révisionniste dans la Russie de Poutine, visant à minimiser le rôle du dictateur Staline dans les crimes qui lui sont imputés. Dans un XXème siècle riche en atrocités et autres crimes contre l'humanité, Staline fait figure (avec Hitler), de monstre absolu. Ce n'est pas ma lecture de cette biographie très documentée qui me fera tenir le discours inverse. On ressort écoeuré, vidé, révolté face à l'ampleur des crimes du dictateur. On nous apprend en histoire à toujours remettre dans leurs contextes, les événements qui se sont déroulés et ce afin d'éviter le crime absolu dans cette matière: l'anachronisme. J'ai choisi ici de vous parler de mon ressenti par rapport au livre plutôt que de vous faire une leçon d'histoire plus classique. Oleg Khlevniuk plonge dans les méandres de la vie de Staline pour nous aider à mieux comprendre ce qui a fait de cet homme un être aussi abject et repoussant. Celui que sa mère voulait voir devenir prêtre et qui a donc fait le séminaire pendant plusieurs années, se détourne de la foi pour épouser le marxisme et mener une vie de révolutionnaire comme il y en avait beaucoup avant la première guerre mondiale dans la Russie tsariste. Plusieurs fois arrêté par la police du Tsar, exilé à maintes reprises dans les confins sibériens, Staline était un jeune homme d'une radicalité et d'une violence peu commune. Son extrémisme, son incapacité à percevoir le monde au delà des impressions très simplistes de sa pensée vont l'entraîner tout au long de sa vie à choisir les mesures les plus radicales. Sa vie personnelle est chaotique, il est incapable du moindre attachement ni de la moindre compassion envers l'autre. Il gravit les échelons au côté de Lénine après la révolution d'Octobre 1917. Un Lénine qui peu avant sa mort, rejette catégoriquement l'idée de confier le pouvoir suprême à un homme tel que Staline. Venant d'un extrémiste tel que Lénine, cette défiance provoque l'effroi. Rien ne semble empêcher l'ascension du petit Père des peuples. Au sein du Politburo dans les années 1920 (organe politique suprême formé de membres élus du comité central du parti communiste et qui assure la direction politique de ce parti dans l'intervalle des réunions du comité central.) il joue avec malice des dissenssions pour diviser les membres de cet organe politique afin d'assouvir ses ambitions personnelles. Il s'opposera avec son ennemi intime Trotski durant toute cette période. Staline ne recule devant aucun stratagème pour asseoir son autorité. Les purges (notamment les Grandes Purges de 1937-1938), les procès politiques, l'invention de complots montés de toutes pièces par la TCHEKA puis le NKVD, l'usage de la torture, les exécutions de masse, l'usage du système des Goulags où vont être envoyés des millions d'êtres humains, l'affamement des campagnes et des koulaks (qui devaient selon ses propres termes « disparaître en tant que classe sociale »), suite à son choix désastreux de collectiviser les terres et de privilégier l'industrie lourde au détriment de l'agriculture, causera la morts de millions d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards.. Uniquement préoccupé et ce jusqu'à la fin de sa vie, par la seule volonté de conserver le pouvoir entre ses mains, Staline mènera sans cesse des purges afin de terrifier ses adversaires le plus souvent imaginaire tant sa paranoïa est pathologique. Jusqu'à sa mort, en mars 1953, Staline et le système éponyme qu'il mettra en place, n'aura de cesse de vouloir martyriser son peuple. La grande guerre patriotique contre l'Allemagne nazie de juin 1941 jusqu'à la victoire et la prise de Berlin pour le 1er Mai 1945, puis la guerre froide qui s'ensuivra, rien ne permettra jamais de faire changer d'un iota la ligne politique et criminelle tracée par le dictateur. Les chapitres sur sa mort et la réaction de ses hommes au pouvoir qui craignent jusqu'au bout qu'il puisse les faire exécuter, exiler etc.. pour avoir pris la simple décision de faire venir un médecin.. est édifiante ! Staline, à la fin de sa vie, cherchera à monter un complot de toute pièce visant à discréditer les médecins qui, selon lui, voulaient le tuer, l'assassiner.. Son antisémitisme, des plus virulent, c'est concrétisé après la seconde guerre mondiale par une politique révoltante visant à faire croire que tout Juif russe était sioniste et que de fait tout sioniste était un « agent américain ».. Là encore sa paranoïa, sa suspicion maladive, la « folie » qui l'anime, le pousseront aux pires extrémités. A la lecture de cet ouvrage formidablement écrit, précis, on est abasourdi par l'énormité, la somme des crimes du dictateur. L'aveuglement de certains intellectuels français qui durant cette période louait la politique de Staline nous sonne aujourd'hui. Comment un tel aveuglement a t'il été possible ? Fort heureusement, depuis trente ans, des historiens mènent un travail salutaire sur le bilan à tirer de ces années de communisme stalinien. On n'hésite plus aujourd'hui à renvoyer dos à dos les deux idéologies mortifères que sont le communisme et le nazisme (le fascisme aussi bien sûr). Un ouvrage important sur une période terrifiante à plus d'un titre. A lire pour mieux comprendre.
Lien : https://thedude524.com/2018/..
Commenter  J’apprécie          60
Très intéressante biographie de Iosif Djougachvili Staline, par le meilleur spécialiste russe de cet aimable homme.
Cet ouvrage concentre et actualise l'ensemble des recherches d'Oleg Khlevniuk, au regard des dernières archives rendues publiques par l'Administration russe.
Sa construction est essentiellement chronologique, avec des allers-retours entre le déroulé de la vie de Staline et les quelques jours précédant puis suivant son décès en 1953.
Absence du père, éducation religieuse et passage au séminaire, paranoïa... Staline concentrait de nombreux atouts pour devenir l'un des pires dictateurs de l'Histoire, tellement craint par ses sbires que ceux-ci n'osèrent longuement se rendre à son chevet lors de l'agonie finale.
L'ouvrage nous confirme d'ailleurs que ce bourreau de travail ne se contenta pas de superviser de loin purges, répression, exécutions ou désastres militaires (enfin, plus après 1943, lui aussi eut le droit de gagner en expérience et d'apprendre de ses erreurs...) mais s'y impliquait avec la plus belle énergie. L'excuse des subordonnés qui, par leur zèle, dépassèrent la vision et les consignes du patron ne tient guère ici !

En bref, un ouvrage touffu mais édifiant et d'une lecture très abordable sur ce personnage d'exception dont les archives non encore ouvertes à l'étude des historiens ont encore probablement beaucoup à nous apprendre.




Commenter  J’apprécie          60
Bilan humain : plus de 26 millions de soviétiques ont, entre la fin des années 20 et le début des années 50, connu : les exécutions, la déportation, les arrestations arbitraires, les déplacements, l'espionnage, la délation, les procès fabriqués, les privations, les famines,...

On ne parle pas des purges qui n'ont eu de cesse entre les années 1920 et jusqu'en 1953, dans toutes les couches de la société; armée comprise.

Le régime communiste, soit disant un modèle de liberté pour l'homme n'est que le pire système répressif qui soit et son apothéose se traduit à travers le stalinisme.
Tout est fait pour se maintenir au pouvoir, tout est fait pour accéder au pouvoir, tout est fait pour éliminer toute opposition, tout est fait pour terroriser ses alliés.
Terroriser les opposants, y compris ceux qui ont permis de gagner le pouvoir, terroriser les minorités, terroriser les juifs, terroriser les russes blancs, terroriser les paysans, terroriser la bourgeoisie, terroriser le peuple, terroriser les ouvriers,...
Le communisme au plan économique : la famine, un désastre économique,...
Le communisme? Un tel régime démocratique, que l'on ne compte plus les dictatures en son nom : URSS, CHINE, EUROPE DE l'EST, VIET NAM, CUBA,...
Et dire que les intellectuels français ont soutenu ce régime, et dire que MELANCHON et fier d'un tel régime.
Et dire que PRIMO LEVI a voulu comparer dans son si fameux livre, le régime nazi avec le régime communiste. Il en retient que ce dernier fut moins répressif que le régime nazi...
A travers cette vision tout est dit : condamnation unanime du premier et si peu pour le second.
Peste brune et peste rouge au moment ou certains veulent déboulonner des statuts et parlent de l'esclavage, il serait temps de déboulonner les statuts du communisme et d'étudier un peu plus en profondeur ce système répressif.

Commenter  J’apprécie          20
Ouvrage hautement utile pour comprendre la mécanique Joseph Staline. Au-delà des faits historiques, c'est bien l'homme dans son intégralité qui est restitué dans cette biographie. Des détails peuvent paraître très anecdotiques comme ses deux petits surnoms Soso et Koba. Et pourtant ce type de détails entre dans une mécanique psychologique bien plus complexe qu'elle n'y paraît. Par ailleurs, c'est une fabuleuse fresque de l'URSS qui se déroule dans ce livre. L'auteur a fait un travail de fourmi dans le dépouillement, la sélection et l'analyse des archives qu'il a consulté. Travail formidable sur un Homme horriblement humain. Car Joseph Staline était bien un membre de l'Humanité...hélas. C'est cela que le livre retranscrit magistralement en s'appuyant sur des faits historiques avérés ou encore à étudier.

Je n'aurais que 2 regrets :
- l'auteur n'évoque pas l'assassinat de Trotski que Staline à traquer au-delà de l'obsession pour parvenir à le faire tuer. Mais peut-être que les archives ne contiennent que très de documents sur cette opération ?
- le crime de Katyn. Pas qu'il aurait fallu en faire des centaines de pages, mais cela reste un épisode très particulier dans la 2ème Guerre mondiale. Il fait parti des crimes parfaitement orchestré par l'esprit stalinien.
Commenter  J’apprécie          30
Mise à jour utile de ce que fut, dit, et fit Staline, un livre remarquable. Qui permet notamment de comprendre comment Staline organisa et fit évoluer les structures du pouvoir pour en assurer le contrôle. Et comment il mit en place un régime de terreur où personne n'était à l'abri. A tel point que l'épisode de sa mort est frappant de cette réalité : chacun sait que le chef est au plus mal, mais personne ne peut prendre le risque d'entrer dans son bureau sans y être autorisé.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (3)
LeFigaro
14 février 2019
L'historien russe Oleg Khlevniuk livre un portrait magistral de l'homme qui a martyrisé son peuple et dominé le communisme mondial.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
NonFiction
09 avril 2018
Un portrait historique de l’homme d’acier par le plus grand spécialiste russe de la question.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaViedesIdees
29 mars 2018
Une biographie donne à voir le maître du Kremlin dans ses façons de gouverner, entouré de ses proches, mais aussi dans le secret de ses lectures. Entre récit et analyse d’une trajectoire politique, elle prend ses distances avec les portraits peu scientifiques qui abondent.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Staline aimait beaucoup lire et ses idées naissaient souvent de ses lectures. Dans le milieu révolutionnaire que Staline avait fréquenté durant sa jeunesse, on tenait en haute estime l'activité intellectuelle et l'élaboration de théories, mais cette recherche était toujours orientée vers une même idéologie et Staline n'échappa pas à la règle. Ses lectures devaient toujours avoir un "contenu social", et il connaissait parfaitement les œuvres de Marx et de Lénine. Une étude poussée des textes et des discours de Staline a mis en évidence le spectre étroit de ses références littéraires. Il connaissait bien la littérature de la période soviétique, mais avait une médiocre connaissance des classiques russes et étrangers. Les livres et les revues de sa bibliothèque, et plus précisément ceux contenant des annotations de sa main, révèlent clairement que le choix de ses lectures était guidé par ses convictions politiques et idéologiques et s'en trouvait fortement limité. Au total, sa bibliothèque et ses archives personnelles regroupent 397 ouvrages.
Commenter  J’apprécie          100
Pour Staline, l'État fondé par les bolcheviks est souverain. L'individu est totalement, et de manière inconditionnelle, subordonné à l'État, le Parti et son dirigeant suprême en étant la plus haute émanation. Les intérêts privés ne sont pris en considération que dans la mesure où ils servent l'État, celui-ci s'arrogeant le droit de demander au citoyen n'importe quel sacrifice, y compris le sacrifice de sa vie. Quelles que soient les décisions prises et les actions entreprises, l'État, seul dépositaire de la Vérité et instrument du Progrès, a toujours raison. Toute mesure décidée par le régime l'est au nom d'un principe supérieur qui lui donne sa raison d'être. Erreurs et crimes d'État n'existent pas ; seule existe la nécessité historique, inéluctable. Quant aux souffrances endurées par le peuple, elles sont inhérentes à la construction d'une société nouvelle.
Commenter  J’apprécie          120
Les colossales dépenses militaires n'étaient pas les seules responsables de l'inflation des dépenses budgétaires. Durant les dernières années de sa vie, Staline – nous en avons de multiples preuves – montra une prédilection pour les projets pharaoniques, projets coûteux que la propagande soviétique présentait, de manière grandiloquente, comme la "construction du communisme" : gigantesques barrages hydroélectriques, grands canaux, voies de chemin de fer jusqu'aux zones les plus inaccessibles et les plus inhospitalières du pays. Pour assurer la liaison avec les territoires de l'Extrême-Orient soviétique nouvellement annexés, une nouvelle ligne de ferries fut inaugurée et deux ambitieux projets lancés : la construction d'un tunnel sous la mer de 13,6 kilomètres pour relier l'île de Sakhaline et l'ouverture d'une ligne de chemin de fer qui raccorderait le tunnel au réseau ferroviaire du pays. Derrière ces projets se cachait une réalité moins glorieuse : la construction du communisme se faisait sur le dos des détenus du Goulag au prix d'immenses souffrances.
Commenter  J’apprécie          80
Les révolutionnaires ne sont pas tous taillés sur le même modèle. Nombre d'entre eux se lancent dans le combat avec l'ardeur de la jeunesse et poussés par la recherche de sensations fortes. Ces motivations étaient probablement étrangères à Staline, même si elles ne sont pas non plus à exclure complètement. Le futur dictateur était plutôt révolutionnaire par calcul, agissant avec méthode, persévérance et prudence. Un révolutionnaire de la trempe de ceux qui, une fois la révolution menée à son terme, cueillent les lauriers de la victoire. Un de ceux qui trouvent le juste équilibre entre l'action et la prudence, la passion et le cynisme, pour finalement sortir indemnes des innombrables écueils semés sur le chemin de la révolution.
Commenter  J’apprécie          100
Comme de coutume, Staline rendait autrui responsable des difficultés qu'il avait lui-même créées.
Ainsi, dans le années 1930, c'est sur son ordre que des dizaines de milliers d'officiers - des hommes qui se seraient sans doute distingués au service de leur pays - furent limogés, envoyés dans des camps de travail forcé ou exécutés pour des raisons politique.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Oleg Khlevniuk (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oleg Khlevniuk
Jérémy Chaponneau, chargé de collection au département Philosophie, histoire et sciences humaines, vous propose un programme de lectures autour des voyages d'Henri Cartier-Bresson : « le Musée du peuple mexicain », Pedro Ramirez Vazquez, Vilo, 1968 https://c.bnf.fr/NKm « La Nuit de Tlateloco », Elena Poniatowska, Éditions CMDE, 2014 https://c.bnf.fr/NKp « Autobiographie ou Mes expériences de vérité », Gandhi, PUF, 1982 https://c.bnf.fr/NKs « Gandhi : la biographie illustrée », Kapoor Pramod, Chêne, 2017 https://c.bnf.fr/NKv « Gandhi, athlète de la liberté », Catherine Clément, Découvertes Gallimard, 2008 https://c.bnf.fr/NKy « Mahatma Gandhi », Romain Rolland, Stock, 1924 https://c.bnf.fr/NKB « Mahatma Gandhi : a biography », Bal Ram Nanda, Oxford India paperbacks, 1959 https://c.bnf.fr/NKE « Histoire de l'U.R.S.S. », Nicolas Werth, Que sais-je ?, 2020 https://c.bnf.fr/NKH « Staline », Oleg Khlevniuk, Gallimard, 2018 https://c.bnf.fr/NKK « U.R.S.S. », Jean Marabini, le Seuil, 1976 https://c.bnf.fr/NKN
En savoir plus sur l'exposition Henri Cartier-Bresson. le Grand Jeu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/henri-cartier-bresson
+ Lire la suite
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (105) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3237 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..