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sur 95 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un journaliste est envoyé réaliser un portrait hagiographique d'un général sur le front. Même s'il sait que c'est de la pure propagande, il n'a pas le choix : il a auparavant écrit un article qui a déplu à certaines personnalités haut placées et son poste est menacé. Ce reportage est l'occasion de montrer sa bonne volonté. Mais il se retrouve en pleine guerre de conquête : la Borolie, son pays d'origine, tente d'envahir sous des prétextes fallacieux, la région des Cerracs, territoire montagneux habité, selon le pouvoir, par des sauvages qu'il faudrait « civiliser ».

Selon le Larousse en ligne, l'anarchisme est une « conception politique et sociale qui se fonde sur le rejet de toute tutelle gouvernementale, administrative, religieuse et qui privilégie la liberté et l'initiative individuelles. » Pourquoi ai-je ressenti le besoin de commencer par cette définition ? Parce que ce roman est, sous couvert d'aventures, un moyen de découvrir le fonctionnement de sociétés respectant cette idéologie. Margaret Killjoy est une autrice américaine « anarchiste, féministe et anti-fasciste » pour reprendre sa page Wikipedia qui vit actuellement dans les Appalaches. Et plus précisément (et c'est là ce qui m'intéresse) dans une zone habitée par des anarchistes, une sorte de communauté en fait. Donc, l'anarchisme, elle connaît. Elle le vit. Et, dans ce roman au beau titre, elle nous le fait connaître.

Nous suivons donc, dans ce roman, les pas de Dimos Horacki, journaliste condamné aux « chiens écrasés » depuis un article gênant. Il habite la Borolie, un état dirigé d'une main de fer par ses dirigeants et dont les institutions permettent la main mise sur la population. Même si Dimos juge certains côtés de sa société injustes ou liberticides, il ne pense pas à se révolter. C'est ainsi que les habitants se laissent diriger sans réagir. Certains pourront penser que cela ressemble en partie à nos sociétés modernes. D'autres trouveront cette comparaison excessive. Margaret Killjoy ne dit rien, se contente de laisser son lecteur faire ses propres choix. Et pour cela, elle lui offre un panorama de ce que propose l'anarchisme. Ou plutôt, les anarchismes. Au pluriel. Car, comme va le découvrir Dimos, les peuples des Cerracs ne pensent pas tous la même chose, ne sont pas tous d'accord entre eux, n'attendent pas la même chose d'une société. Mais ils sont tous plutôt anarchistes.
Revenons rapidement à l'histoire : Dimos est donc envoyé pour faire un portrait de Dolan Wilder, « jeune loup issu de l'armée impériale de Sa Majesté ». le but ? Justifier la campagne menée dans les Cerracs, habités selon les autorités, par des sauvages ignorants que les enfants de Borolie viendront civiliser. Que les sous-sols de cette région montagneuse soient riches de ressources précieuses n'a bien sûr aucun lien avec cette invasion ! Mais, et je ne divulgâche pas beaucoup puisque cela intervient rapidement, Dimos est fait prisonnier par la Compagnie Libre de l'Andromède bleue. Quel nom ! Cette troupe lutte contre l'envahisseur, malgré son petit nombre. Dans ce groupe, pas de leader, pas de chef. Les prises de décision sont collectives. Avec des règles définies : chacun peut donner son avis, chacun peut prendre la parole, en respectant les autres.

Et c'est là que l'histoire devient fascinante. Car Dimos va voyager à travers cette région et même de groupe en groupe. Je ne raconte pas les péripéties qui vont le mener d'un endroit à un autre, elle font partie du plaisir de découvrir que je ne voudrais pas gâcher. Sachez seulement qu'elles font leur boulot et que les pages se tournent rapidement : l'ouvrage est agréable et rapide à lire. Mais ce qui m'a le plus intéressé dans ce roman, outre les tribulations de Dimos et ses interrogations, ce sont les miennes, justement, d'interrogations. Car le fait de promener Dimos comme un Candide, totalement ignorant du concept d'anarchisme, à travers une telle région est évidemment un moyen très intelligent de permettre au lecteur de découvrir les bases d'une telle pensée. En fait, Un pays de fantômes c'est un peu « L'anarchisme pour les nuls » ou « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'anarchisme sans oser le demander ». Et comme texte d'initiation, c'est une réussite. Car Margaret Killjoy ne se montre pas sectaire, ni prosélyte. Elle propose au contraire un panorama très nuancé de ce qu'offre l'anarchisme. Et n'hésite pas à montrer ce qui ne fonctionne pas, ce qui manque d'efficacité. Et les dissensions : on découvre même une région qui s'est séparée du groupe principal, car ses habitants ne veulent pas respecter les règles principales. C'est pourquoi ce roman est si agréable à lire et si important. de par le parcours de son autrice, il acquiert une certaine légitimité et de par sa forme, très réussie, il attire le lecteur.

Un pays de fantômes a été pour moi une très bonne surprise, car je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en l'ouvrant. J'y ai découvert un témoignage romancé attachant et passionnant, qui m'a ouvert des portes et m'a amené à réfléchir à certains éléments de notre société qui mériteraient sans doute d'être repensés. J'ai également pris beaucoup de plaisir à suivre les tribulations de Dimos, le personnage principal, double du lecteur. Un voyage à ne pas rater.
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« Nous ne vous confions pas ce travail parce que vous êtes le meilleur. C'est une tâche importante mais dangereuse, et vous êtes le meilleur reporter que nous puissions nous permettre de perdre. » C'est par ces mots que le journaliste Dimos Horacki apprend par son rédacteur en chef qu'il va être envoyé sur le front pour couvrir la guerre qui agite actuellement l'empire borolien. Officiellement, il s'agit de réaliser un portrait du général chargé de mener les opérations sur place. Officieusement, l'objectif est de réveiller les instincts patriotiques du peuple qui commence à fléchir et à questionner le bien-fondé de la politique expansionniste borolienne. Bref, on l'envoie faire de la bonne vieille propagande. Voilà donc notre héros en route pour les Ceracs, territoire montagneux isolé que les troupes de l'empire s'attendaient à coloniser facilement, comme elle l'avait fait du reste de la région. C'était toutefois sans compter la résistance de Hron et de ses alliés, de nombreuses communautés disparates mais réunies sous la bannière de l'anarchisme. Il ne faudra pas longtemps pour que les convictions du journaliste, déjà vacillantes, ne soient totalement remises en cause par sa rencontre avec celles et ceux qui entendent bien défendre leur indépendance et leur mode de vie face à l'avide adversaire borolien. « Un pays de fantômes » est en quelque sorte une utopie, une utopie anarchiste qui n'a, pour une fois, rien des clichés ordinaires qui veulent que l'absence de pouvoir et de domination se traduise inévitablement par le chaos. L'autrice, Margaret Killjoy, se revendique elle-même de cette idéologie politique, et c'est avec beaucoup d'habilité qu'elle va initier le lecteur néophyte aux principes qui régissent l'anarchisme. Rassurez-vous, le roman n'a toutefois rien d'un pamphlet ou d'un ouvrage de propagande. le propos est, certes, très politique, mais à aucun moment l'histoire ne paraît servir de simple prétexte à la transmission d'un message purement idéologique.

L'objectif de l'autrice est cependant bel et bien de proposer une vision réaliste de ce que pourrait être une société anarchiste. Inutile de vous dire que le résultat n'a que peu à voir avec les stéréotypes qui fleurissent concernant ce courant et l'assimilent volontiers au chaos ou à l'irréalisme. Nous avons affaire ici à une société cohérente et mouvante que les personnages eux-mêmes se gardent bien d'idéaliser mais dont ils défendent tout simplement le droit à exister. Et il faut bien admettre que, que l'on soit sympathisant de la cause ou non, il est agréable de voir de nouvelles formes d'organisations politiques apparaître en fantasy, au-delà du traditionnel empire qui continue à demeurer le cadre principal de beaucoup de romans du genre. On prend ainsi énormément de plaisir à découvrir les spécificités de ces rebelles anarchistes, le tout par les yeux de Dimos, le fameux journaliste, qui constitue une porte d'entrée parfaite vers cette alternative politique. Notre héros se retrouve dans la posture du voyageur candide à qui il faut tout expliquer, ce qui ne l'empêche toutefois pas de faire preuve d'esprit critique et de questionner sans relâche les spécificités du mode de vie anarchiste qui lui sont exposées. Rassurez-vous une fois encore, le roman n'a rien d'une simple « promenade pédagogique » qui viserait à simplement exposer les particularités de l'utopie de l'autrice (rien à voir par exemple avec « Ecotopia » qui, lui aussi, mettait en scène un journaliste mais qui tombait par contre complètement dans cet écueil). le récit est au contraire très riche, bourré de péripéties savamment distillées pour donner du rythme à l'ensemble. On ne s'ennuie donc pas une seconde, et on est même souvent surpris par le cours des événements ou par des scènes courtes mais intenses et qui viennent faire totalement basculer l'histoire. La tentation est donc grande de dévorer le roman d'une traite, d'autant que celui-ci ne compte que deux cent pages.

Parmi les nombreux points forts de l'ouvrage, on peut également citer les personnages dont beaucoup laisseront une marque durable dans la mémoire du lecteur. A titre personnel, cela faisait longtemps que des héros et héroïnes de fiction ne m'avait pas autant remuée ! Dimos, évidemment, campe un protagoniste remarquable, à la fois pour la conscience qu'il a de ses propres travers et limites, mais surtout pour sa capacité à remettre en cause le cadre imposé par l'empire et à être touché par des individus totalement différents de lui. Les anarchistes qui vont croiser sa route sont eux aussi bouleversants d'humanité, chacun d'une façon très différente. L'autrice se garde toutefois bien d'un traitement manichéen qui opposerait les bons et gentils anarchistes aux méchants boroliens, même si, bien sûr, la répression subie par Hron et l'invasion de leur territoire rappelle le sort réservé aux populations colonisées et aux opposants politiques partout dans le monde, ce que ne peut que rendre les individus défendant cette cause plus sympathiques. Tout est bien plus complexe, et par conséquent plus intéressant que ça puisque tous n'ont pas la même vision de ce que devrait être Hron et de la façon dont ses habitants devraient s'organiser. Il n'est pas non plus question pour Margaret Killjoy de gommer les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les personnages, ni de passer sous silence leurs failles, leurs contradictions, voire leurs manquements. Difficile, enfin, de ne pas se sentir touchés par la joie et l'amour qui animent celles et ceux défendant la cause de Hron et qui, comme l'explique très justement Patrick Dewdney dans sa préface, permet de mieux cerner « comment on peut donner sa vie, très librement, très facilement, pour une idée. » Et celui-ci de poursuivre : « Ça n'a rien à voir avec le nihilisme du « Viva muerte » fasciste. Il ne s'agit pas d'une question de vie ou de mort. Il s'agit seulement d'amour. » Voilà qui résume merveilleusement bien le propos de cet ouvrage.

Avec « Un pays de fantômes » Margaret Killjoy met en scène une utopie fondée sur l'anarchisme, s'extrayant ainsi d'un cadre politique habituellement peu questionné en fantasy et proposant une alternative qui n'a rien ici de déraisonnable ou d'irréaliste. Porté par des personnages touchants et une intrigue bien construite, l'ouvrage se lit à une vitesse folle et s'inscrit indéniablement parmi les romans de fantasy les plus inspirants et les plus émouvants qu'il m'a été donnée de lire ces dernières années.
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👻Chronique👻


« Exprimer mon opinion ne faisait pas partie de mon travail. »

Qu'on se le dise, Dimos Horacki ne sera jamais un journaliste moralisateur. Il l'a fait une fois, et s'en est mordu les doigts, et maintenant qu'il est en disgrâce d'un côté comme de l'autre des deux empires, il ne lui reste pas beaucoup d'option pour exprimer ne serait-ce que, quelque chose. Et pourtant, cet homme va traverser une situation inédite en étant à la solde d'un groupe révolutionnaire pour le moins atypique. Mais leurs valeurs vont commencer à prendre vie, ce qui parait totalement incongru alors qu'il marche sur Un Pays de fantômes….Dimos Horacki se retrouve donc, en mission-reporter, au milieu d'un conflit armé, à tenter d'apporter une vérité sur les efforts de guerre. Mais la vérité est multiple et les points de vue, divers et variés. Alors que va-t-il donc apprendre, exprimer, défendre, une fois qu'il aura rencontré la Compagnie Libre de l'Andromède bleue? La vérité est forcément ailleurs, et il vous faudra foncer vers cette histoire passionnante et mouvementée pour saisir toutes les subtilités de la liberté qui bruissent dans les montagnes Cerracs…

« Et nous risquons nos vies de notre plein gré. En quoi serait-il approprié qu'on me dicte comment je dois mourir? le choix ne m'appartient-il pas? »

Quel choix nous appartient? Dans ce livre, je me suis posée pas mal de fois cette question, car si c'est bien en fantasy que l'on rentre, c'est aussi une porte ouverte sur une réflexion politique. Et c'est pour cela, que j'aime tant aller en imaginaire, c'est pour cette exploration et ces dynamiques socio-politiques poussées au-delà d'une certaine limite, et regarder ce qu'il en ressort. En effet, les notions de liberté, d'anarchie, de guerres expansionnistes, d'utopie viennent hanter Un pays de fantômes. Et nous aussi, par la même occasion, et c'est heureux. Car nos fantômes sont si omniprésents, qu'on se dit qu'il est peut-être temps de repenser nos fonctionnements. L'Histoire nous a prouvé que le capitalisme est un système qui a ses limites. Entre ses lois liberticides, son intolérance et sa folie destructrice et dévorante, les plaies de ce système sont profondes et purulentes, dans ce monde comme dans cette utopie mystérieuse... Avec cette lecture, nous avons le choix de l'alternative. le choix de l'anarchisme. Une proposition réflexive, du moins, présentée sur un plateau d'argent. Loin d'être cette idée décriée du chaos, Margaret Killjoy ouvre plutôt, et avec brio, un possible où la liberté est le nouvel Eden. Certes, comme tout idée politique, l'anarchisme est plurielle et imparfaite, mais intéressante dans son potentiel. Grâce à ce journaliste candide et ignorant de ces façons de vivre, de se sacrifier, ou d'embrasser cette cause, nous pouvons entrevoir, et c'est très édifiant, que l'indépendance assumée d'un être, d'une communauté, d'un pays est la plus grande peur de ces empires colonialistes destructeurs et avides de pouvoir. Donc on se s'étonne pas que l'idée le séduise mais qu'il la questionne aussi, forcément, avec beaucoup d'entrain, tellement elle est aux antipodes de ce qu'il a acquis jusqu'ici entre les frontières de la Borolie…Alors finalement, est-ce que ce n'est pas à nous, et à eux, effectivement, de décider, comment va-t-on vivre ou mourir? Est-ce que la liberté totale n'est pas le chemin à envisager pour un nouveau départ solidaire? Je vous laisse voir cela par vous-même, mais en tout cas, j'ai adoré ce détour intelligent et déconstructeur par le Pays de Fantômes…Ne reste plus qu'à vous dire que l'émotion est aussi épique que son message, mais qu'on en revient avec un coup de coeur, car aussi bien le style que le fond, est « bigrement meilleur que tout ce que j'ai pu voir ailleurs. » Petit clin d'oeil à Nola, ma chouchou badass et fabuleuse que nous avons la chance de suivre aux côtés de Dimos…

« Tout ce qu'il reste d'eux, c'est cette conversation, leurs corps qui pourrissent dans la terre et les brides de libertés qu'ils nous ont apportées par leur sacrifice. »
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Dimos Horacki est un journaliste, envoyé sur le front pour brosser le portrait flatteur d'un général borolien à la carrière fort prometteuse. Tombé dans un guet-apens tendu par les ennemis de l'empire, il est arrêté par ces derniers et conduit au coeur des montagnes des Cerracs. Là-bas, il va découvrir l'envers du décor qui n'a rien avoir avec la propagande assénée par l'empire. En effet, il fait la rencontre d'hommes et de femmes se battant pour la liberté. Il découvre surtout l'horreur de la guerre portée au sein de ce territoire qui n'aspirait qu'à la paix. Fortement ébranlé dans ses croyances les plus intimes, choisira-t-il la fuite ou le combat ?

Un pays de fantômes nous immerge dans un monde fictionnel où un empire affiche des velléités expansionnistes. En effet, la Borolie a déclaré la guerre à ses voisins pour agrandir son territoire et s'emparer des ressources minières de fer et de charbon.

Point de magie entre ces lignes, juste des idéaux portés par des hommes et des femmes en quête de liberté.

En nous attachant aux pas d'un journaliste encarté par la politique de son pays qui se retrouve abandonné aux mains de l'adversaire, Margaret Killjoy confronte deux mondes opposés. Ce sont deux modèles politiques, économiques et sociaux totalement différents avec d'un côté, un état impérial gouverné par un roi, édictant des lois auxquelles la population doit se conformer et disposant d'une grande armée pour mener les conquêtes, et de l'autre côté, des cités autonomes et harmonieuses fonctionnant sur la base de l'entraide.

Dans Un pays de fantômes, Margaret Killjoy dessine les contours d'une utopie prônant un idéal social qui repose sur le partage et la solidarité. L'argent est proscrit et tout acte criminel est frappé d'ostracisme. Taxé d'anarchiste par le pouvoir borolien, la Vorronie se retrouve donc envahie car le chaos associé à cette école de pensée sert ici de prétexte au conflit armé qui apparaît comme le seul moyen de rétablir l'ordre.

Un pays de fantômes est donc également une critique du colonialisme car l'autrice s'est attachée à nous en montrer les terribles conséquences sur la population locale. Ainsi, les villages sont pillés et incendiés. Les habitants sont assassinés. le récit est brutal et douloureux. Bien que pacifistes, certains ou certaines n'ont pas d'autre choix que de prendre les armes pour se défendre. L'ambiance est lourde et la tension, latente. L'affrontement final est inévitable car ces apprentis mercenaires ne pourront pas user à l'éternel des techniques de la guérilla pour frapper vite, par surprise et se replier rapidement par la suite.

Avec ce roman, Margaret Killjoy signe un récit engagé fourmillant d'idées brillantes. Plus que de démontrer qu'une autre manière de vivre ensemble est possible, elle pointe les dysfonctionnements du système capitaliste, ainsi que ses dérives autoritaires. Finalement, la répression judiciaire ne fonctionne pas et l'économie de marché favorise l'injustice enterrant par la même occasion la fraternité.

Le choix de la profession du protagoniste principal nous apparaît d'autant plus pertinent au vue du contexte car cela met en exergue le rôle majeur des médias dans la propagande politique. Pour rappel, on est face à un journaliste envoyé sur le front pour glorifier l'armée et justifier ses actes. Mais, par un concours de circonstances, ce dernier découvre une autre vérité changeant à jamais sa vision des choses. Ainsi, il va se réapproprier sa plume pour coucher sur le papier une autre histoire tissée d'espoir, de courage et de sang. Par cette entremise, Margaret Killjoy rappelle la puissance des mots et le poids de l'information.

Gros coup de coeur pour ce texte aussi incisif que bouleversant. Sans temps mort, Margaret Killjoy nous entraîne à la rencontre de personnalités marquantes évoluant dans un monde séduisant par bien des côtés. A lire et à partager sans modération... plus sur Fantasy à la Carte.


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Un pays de fantômes est un roman imparfait et pourtant excellent qui nous laisse le coeur ému et le cerveau en ébullition. C'est presque un manifeste anarchiste par l'utopie, une porte ouverte pour nous autres, humains désillusionnés par notre monde. J'ai trouvé cette lecture passionnante malgré son manichéisme et son histoire sans doute un peu convenue. Parce que l'émotion et le coeur ont pris le pas sur la raison sans doute… Merci Argyll de nous faire découvrir cette voix!

Critique complète sur yuyine.be!
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Ce pays de fantômes est une utopie. Mais une utopie qui nous bouscule, nous interroge, nous fait grandir, à l'image du héros.
Journaliste déchu, Dimos va traverser des épreuves presque initiatiques qui vont le changer à jamais. Il y a du sang, de l'amour, des paysages et des villes toutes différentes. On y parle politique et incompréhension entre différents modes de vie et de pensée, et on y découvre le partage et l'acceptation de l'autre. Et puis la guerre et la souffrance. Pourtant, à la fin du livre ce qui reste c'est une bouffée d'air frais, comme quand on se promène en forêt, en accord avec soi même et ce qui nous entoure.
Une utopie, peut-être. Que l'auteur veut nous montrer possible. Mais au delà du manifeste politique, ce livre est une ode à l'ouverture d'esprit, à l'humain, et une violente critique de l'expansionnisme et de la guerre. Et qui donne envie d'aller faire un tour à Hron, juste pour voir…
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Nous sommes anarchistes et nous sommes immortels. » Voici l'une des nombreuses phrases tirées de Un Pays de fantômes de Margaret Killjoy qui restent en tête, bien après le livre se soit refermé. Et qui donnent envie, une fois le livre lu, de le prêter encore et encore, pour que les gens comprennent son message, ou simplement pour qu'ils se laissent porter par la balade.
Attention, ce roman assez court est classé en fantasy car il se passe dans une contrée imaginaire, mais il ne comporte aucune magie ni technologie avancée qui pourrait suspendre l'incrédulité (à peine la façon dont sont fabriqués les oeufs de feu semble assez… délicate, mais pas foncièrement impossible en l'état des connaissances présupposées – grosso modo, les débuts de la Révolution industrielle et du chemin de fer).
Nous y suivons Dimos Horacki, un journaliste venu de Borolie chargé de suivre un général célébré dans tout l'empire dans son entreprise de « civilisation », et de mise au pas, des peuplades montagnardes. L'affaire tourne vite court et Dimos se retrouve au milieu du fameux « pays de fantômes » à découvrir qu'un autre mode de vie est possible, sans gouvernement, ni règles arbitraires, mais avec de la liberté, de la solidarité et beaucoup de discussions. Et il va aider, à sa façon, les habitants du pays – autochtones comme réfugiés venus d'ailleurs – à se défendre contre l'empire d'où il est originaire, et à trouver un terrain d'entente entre eux tous.
Sous la forme d'une fable, Margaret Killjoy nous présente donc différentes formes de sociétés anarchistes avec leurs mode de fonctionnement (dont une Katar aux tendances libertariennes – l'autrice est américaine – qui sert de repoussoir au pays de fantômes), leurs bénéfices et leurs inconvénients. Mais elle le fait sans oublier de nous raconter une histoire et de nous donner envie de s'attacher à ses personnages, Dimos en tête (mais également Grem, Dory et les chiens pour ma part), ce qui fait que le récit se lit très facilement et très – trop peut-être – rapidement. Un régal !
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Je vais faire court : ce roman est l'une de mes meilleures lectures de 2022.

J'adore l'angle de départ choisi par Margaret Killjoy pour nous présenter son univers. Suivre ce journaliste en reportage est une idée géniale - si vous avez des suggestions d'autres livres avec ce type de porte d'entrée, je suis preneur. Ce personnage permet également de parler du quatrième pouvoir avec mordant mais sans cynisme.

Ensuite l'histoire est extrêmement plaisante. On oscille avec finesse entre le romanesque et le théorique. Les rebondissements alternent avec les réflexions... À moins que ce soit l'inverse !
Pour couronner le tout la couverture est d'une élégance certaine. Et la préface de Patrick K. Dewdney vise juste.

Un roman qui parle d'anarchie et d'impérialisme de manière remarquable.
Non, franchement je n'ai pas grand chose d'autre à dire que : WAW.
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L'autrice d'un pays de fantôme est une femme trans anarchiste et musicienne. Dans une ambiance qui a un petit côté guerre de Sécession, nous suivons un journaliste qui n'a plus de journaliste que le nom. Dans sa cité, il faut faire profil bas et aller dans le sens du gouvernement. Suite à des articles limites, il doit redorer son blason et accepter donc de participer à l'effort de guerre.
Pour cela, Il part sur le front pour raconter ce qui s'y passe enfin pour participer à la propagande et pour garder le peuple acquis à la guerre.
C'est la première fois qu'il quitte sa grande cité, et se questionne beaucoup sur le sens ou la perte de sens de son métier de journaliste. Il sait que c'est sa dernière chance, il doit faire attention au sens caché derrière tout ça. Finalement quel est le sens de ce métier s'il est orienté ?
Lors d'une attaque, notre journaliste est kidnapper par l'autre camp. Il découvre un groupe de guerriers où ils sont tous volontaires et crient tous leur indépendance. Ils défendent leur mode de vie qui est une société anarchiste.
Ce qui devait arriver arriva, cet évènement est l'occasion de découvrir ce mode de fonctionnement, de voir comment ça marche et de se questionner. Quel est le sens d'un travail qui n'a pour but que d'avoir de l'argent ? Est-il possible de changer de système, de sortir de cette mécanique ? Une société non dominée par l'argent est-elle viable ? Grace au regard complètement extérieur du journaliste, on découvre une alternative et le besoin d'ouverture d'esprit pour comprendre un système tellement différent de celui dans lequel on est formaté. J'ai vraiment apprécié les étapes par lesquels passent notre personnage principal. Il part d'un besoin de compréhension dans l'idée de faire l'article du siècle mais le fait d'être mis dans le bain le fait évoluer. On découvre donc ce monde au fonctionnement alternatif mais aussi tous les blocages venant de notre éducation. C'est hyper agréable à lire et facile d'accès. le rythme est bon et on ne tombe jamais dans la facilité. C'est aussi un bon moyen de reprendre un petit peu foi en l'humanité. le fonctionnement de cette société, semble de l'extérieur basé sur le chacun pour sa pomme. En suivant leur quotidien, on casse les préjugés en laissant apercevoir une forme d'entraide différente de celle conditionnée par l'argent. C'est une lecture marquante que je recommande.
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Margaret Killjoy, voici un nouveau nom dont vous n'avez probablement jamais entendu parlé. Les amateurs de Black Metal auront peut-être fait le lien avec le groupe féministe et antifasciste Feminazgul, mais dans le milieu littéraire, en France, il s'agit d'une autrice transgenre parfaitement inconnue. Margaret Killjoy écrit depuis 2009 et est l'autrice de cinq romans et de quatre essais sur des thématiques comme l'Anarchie, l'univers Steampunk ou encore sur les post-civilisations. Ce qui petit à petit lui a permit, outre-atlantique, de se faire une réputation et de se faire remarquer par des grands noms tel qu'Alan Moore ou encore Kim Stanley Robinson.

« Un pays de fantômes » est son troisième roman, sortie en 2014 en Amérique du Nord, et est le premier roman que nous découvrons de l'autrice en France grâce aux éditions Argyll, part la superbe traduction de Mathieu Prioux ainsi qu'une préface passionnante, mettant énormément d'empathie et de contexte, de Patrick K Dewdney.

Nous découvrons un morceau de continent, ressemblant un peu à l'Europe, un peu aux États-Unis, bref, un territoire qui nous est familier, ici, deux grandes régions vivent et prospèrent. La Péninsule de Borolie tout à l'ouest, et la Vorronie entre le littoral et les montagnes de Hron à l'est. Ces deux régions nous ressemblent, étant totalement engluées dans le capitalisme libéral, pour survivre, elles doivent prospérer. Toujours faire plus de profit, toujours posséder plus. Mais à l'est, dans les montagnes, Hron, vivent des habitants de villages, inféodés à la cause Borolienne et Vorronienne. Ils sont décrits au mieux comme sauvages, indisciplinés ou dangereux. C'est pourquoi, La Vorronie a lancé une immense campagne d'intégration afin d'étendre son territoire à l'est et surtout pouvoir exploiter les ressources de cette région.

C'est dans ce contexte que nous rencontrons Dimos Horacki, un journaliste en disgrâce de la gazette de Borol, envoyé par son directeur en reportage sur le front, afin de suivre Dolan Wilder, alias le conquérant de la Vorronie. Un reportage sur six mois, entre quarante et cinquante pouces de colonne par semaines, pour rapporter la conquête exemplaire de Dolan Wilder et l'intégration de ses sauvages pour en faire de parfait Vorrolien acquis à la cause de la nation.

Mais une fois sur place, Dimos doit se rendre à l'évidence, il y a un écart entre la narration qu'il doit rapporter et que l'on attend de lui dans la gazette et la réalité. D'une part Dolan Wilder, n'est pas aussi parfait que ce que raconte sa légende, et ensuite passé les barrières des craintes conditionnées par ce que l'on raconte d'eux, les habitants de Hron ne sont pas ce que l'on pourrait attendre d'eux.

Les habitants de Hron sont des Anarchistes. Et un pays de fantômes tourne autour de cette thématique. En fonctionnant par opposition, tout comme a pu le faire Ursula K le Guin avec les dépossédés. Margaret Killjoy, utilise la fiction et son univers pour développer un exercice de pensés passionnant et érudit, sans jamais nous égarer.

Utilisant la forme du récit de guerre, et par le biais de Dimos, pur produit capitaliste, nous suivons sa découverte, ses questionnements, puis son acceptation d'un mode de vie à l'opposé du sien, favorisant le collectif à l'individualisme, le partage à la possession, le respect de son environnement à l'exploitation, sans jamais tomber dans le cliché ou dans le grotesque. Car tout comme Ursula K le Guin, Margaret Killjoy maîtrise parfaitement son sujet, a un regard lucide sur ce dernier, et ne tombe jamais dans les travers que la fiction pourrait lui permettre. Ici le propos est ni dévalorisant ni valorisant, il est factuel, sans jamais oublié qu'il s'agit avant tout d'un roman et qu'elle a une histoire à tenir du début à la fin.

Un Pays de fantômes est une réussite, l'autrice signe un roman captivant, prenant et haletant, tout en se permettant de questionner sans cesse notre monde et culture, mais aussi les valeurs que nous souhaitons conserver à celle qui ferait mieux de partir au composte avant qu'il ne soit trop tard.

Un roman palpitant à lire et à relire, une maîtrise stylistique impeccable servi par une écriture alternant entre dialogue fin (et non sans humour) et digression vertigineuse sur notre époque et ce que représente notre civilisation. Une superbe découverte.
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