Trois jours à Barcelone

Tu sais avant qu’on se rencontre ma vie c’était surtout le boulot. Un cinoche de temps en temps et closer dans les toilettes ! Enorme ! Quelle misère mon amour ! Je suis là, maintenant et je vais m’occuper de ton éducation culturelle !

– Lilou ! Tu sais qu’Olivier Adam habitait Saint-Malo, il y a encore quelques mois ?
– Non…
– Ne me dis pas que tu ne connais pas Olivier Adam !
– Ben si, de nom… Mais je ne l’ai jamais lu, je crois.
– Oh, mon Dieu ! Quel sacrilège !
– Alors !!! C’est qui ? Tu sais avant qu’on se rencontre, ma vie c’était surtout le boulot. Un cinoche de temps en temps et « Closer » dans les toilettes !
– Enorme !!! Quelle misère mon amour ! Je suis là, maintenant et je vais m’occuper de ton éducation culturelle !
– Arrête tes conneries, et dis-moi ce qu’il a écrit !
– Des chefs-d’œuvre ! Il a vécu à Saint-Malo une dizaine d’années, puis il est parti habiter à Paris dans le quartier de Montmartre.
– …
– Il met en scène des gens du quotidien qui doivent se battre pour survivre. Il prend souvent comme décor la région de Saint-Malo. Tiens d’ailleurs, tu devrais lire « Les vents contraires » !
– Ça parle de quoi ?
– D’un type qui vient s’installer à Saint-Malo avec ses deux enfants à la suite de la disparition mystérieuse de sa femme. Ils viennent se réfugier ici pour attendre son retour…
– Elle revient ?
– Non, elle est morte…
– C’est gai…
– Ce n’est pas le sujet ! L’important, c’est l’histoire de cette famille amputée qui, dans son malheur, poursuit malgré tout sa route en gardant espoir. C’est une belle leçon de vie, tu sais !

Il fait un temps magnifique en ce jour de juillet. Nous fermons les yeux et nous nous laissons envahir par cette douce chaleur qui nous réchauffe le visage.
Et dire qu’il y a des gens qui disent qu’il fait mauvais en bretagne, s’exclame Solal en savourant son vin blanc.

Janvier 2016… Un dimanche matin à Saint-Malo

– Lilou ! Tu viens déjeuner !
– Nannnnnn !!!
– Viens, j’ai acheté des croissants et des pains au chocolat ! Ils sont tout chauds !
Je réussis enfin à me lever. Je passe aux toilettes et m’installe endormie à la table du salon.
– Tu as trop picolé, hier soir ?
– Tu peux parler ! Vous avez terminé le vieux rhum de Martinique ! Tu me donnes un cachet d’aspirine, mon chéri ?
– Regarde à ta gauche !
L’aspirine était déjà là. C’est un amour, ce type. Même s’il est un peu trop original, il est gentil, attentionné… Il m’aime.
– Tu sais hier avant de te coucher, tu m’as demandé si on se marierait un jour…
– J’m’en souviens pas… J’ai mal au crâne.
– J’ai bien réfléchi cette nuit…
– A quoi ?
– Au mariage !
– Tu me passes le Nutella ?
– Tu m’écoutes, Lilou ?
– Oui, mais je suis crevée ! Tu ne veux pas te taire un peu ? On parlera plus tard quand je serai réveillée.
– Lilou ?
– Oui ?
– Veux-tu m’épouser ?
Je crache mon café au lait et le regarde, éberluée.
– Quoi ?
– Veux-tu m’épouser ? C’est simple, non ?
– Mais, tu me demandes ça comme ça ! J’ai la gueule de bois, je suis moche et en pyjama !
– C’est comme cela que je t’aime, Lilou…
– Tu déconnes ? Tu déconnes !
– …
– Non…Tu ne déconnes pas ! Tu ne déconnes pas… Mon Dieu… Tu ne veux pas me laisser faire un brin de toilette ? Tu me redemandes ensuite.
– Non… J’attends ta réponse.
– Oh merde, c’est pas vrai ! OUI !!!