Quelle meilleure façon de prolonger la belle exposition "Le Caravage à Rome amis et ennemis" du
Musée Carnavalet ?
Cette BD de
Manara nous permet de retrouver cet immense dessinateur enfin libéré des facilités certainement rémunératrices qui l'ont si souvent amené à reproduire à l'infini des jeunes femmes aux croupes rebondies et aux lèvres entrouvertes, sur des scénarios aussi fins et fragiles que les dessous d'
Emily Ratajkowski.
Ici,
Manara qu'on sent passionné par son sujet, reconstruit de manière historiquement aussi juste ou vraisemblable que possible, l'incroyable séjour romain du Caravage au talent aussi explosif que le caractère.
Au fil des pages surgissent l'évocation de ces oeuvres dont la force et la créativité étonnent encore aujourd'hui : "Le garçon pelant un fruit" (réalisé en une nuit ?! Là, Milo, tu attiges), "Bacchus, "Garçon avec un panier de fruits", "Les Tricheurs", "Jeune garçon mordu par un lézard", "La diseuse de bonne aventure", "Corbeille de fruits", "Le repos pendant la fuite d'Egypte", "Le joueur de luth", "Les musiciens", "Madeleine repentante", "Judith décapitant Holopherne", "La vocation de St Matthieu", "La conversion
De Saint Paul", "
Saint Matthieu et l'Ange", "Le Martyre de
Saint Matthieu", "Le crucifiement de St Pierre", "La mise au Tombeau", "Cupidon", "Le Jeune Saint Jean-Baptiste au bélier", "Le souper à Emmaüs", "La mort de la Vierge"...
Certes, la vie du Caravage, avec ses zones d'ombre, aussi aventureuse que picaresque, est un terrain fantastique pour qui voudrait faire revivre celui qui est passé si souvent par la case "prison".
Encore faut-il le talent pour le faire.
Avec ce magnifique ouvrage,
Manara montre qu'il n'a pas encore dilapidé toutes ses réserves.