Pas tout à fait quatre siècles, mais pas loin, depuis que
le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet, a vu le jour, et il garde toujours une incroyable fraîcheur ! Quelle santé ! Quel génie, ce
Molière !
Bourgeois et gentilhomme, ça ne colle pas ensemble, l'un c'est l'argent, l'autre c'est une hérédité, un savoir vivre, un prestige, une reconnaissance, mais comme M Jourdain ne les possède pas, et bien il veut les acheter, puisqu'il a l'argent.
Dès le début nous voilà dans la contradiction et dans le ridicule paraître, car M Jourdain veut être ce qu'il n'est pas, et faire ce qu'il ne peut pas. Déguisé, maladroit, lourdingue et raide, dépourvu d'esprit et de bon sens, vaniteux, têtu et arrogant, il déclenche le rire et les moqueries de son entourage. Car l'habit ne fait pas le moine, mais M Jourdain pense le contraire. Pour être satisfait il ne se regarde que dans le miroir qui lui dit ce qu'il veut entendre, et cherche la fausse admiration des gens incompétents ou flatteurs.
M Jourdain vient de découvrir que pour dire un U "tu allonges les lèvres en dehors et approches la mâchoire d'en haut de celle d'en bas", et surtout qu'il fait de la prose, mais il n'a pas encore compris la différence entre avoir et être car posséder, et il en est fier, ne lui donne pas l' équivalent d'être bien.
Paraître paraître paraître ...oublier sa personnalité pour se complaire dans un univers fermé, artificiel, prêt à prendre.
Pourquoi
le Bourgeois gentilhomme me fait-il sacrément penser au XXIe siècle ? Je vous le demande !
"Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que, dans l'emploi où je me trouve, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle…" nous dit
Molière.