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3,68

sur 4532 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel bonheur de relire une pièce de Molière qui, contrairement à certaines, est et demeure rafraichissante, drôle et caustique. (Dernièrement, j'ai relu plusieurs pièces de Momo, pas toutes avec le même bonheur, certaines sentent, à mon goût, beaucoup trop la naphtaline et ne jouissent que d'une réputation traditionnelle à défaut d'intérêt réellement contemporain.)

Ici, notre héros, Argan, homme d'âge mûr hypocondriaque, naïf et crédule (à la façon d'un Monsieur Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme), se fait prescrire à longueur de journées des remèdes bidon par son médecin Purgon, dont il prend tout de même au préalable le soin de négocier le prix en bon gros marchand de tapis qu'il est.

Sa fille, belle — évidemment — et amoureuse d'un bellâtre par dessus le marché, reçoit la demande en mariage d'un jeune médecin, Thomas Diafoirus, lui-même fils de médecin, parti qui ne peut que séduire son grand malade de père. Vous vous doutez bien que le jeune toubib est un indéfinissable crétin demeuré au dernier degré, d'où quelques tirades absolument tordantes.
Et, bien évidemment, Molière ne serait pas tout à fait satisfait s'il n'adjoignait pas à sa décoction théâtrale une petite belle-mère intéressée pour pimenter le tout.

Je laisse aux chanceux qui découvrent la pièce pour la première fois, le bonheur et la saveur des répliques et de la chute. Sachez encore simplement que cette pièce est l'occasion pour son auteur de tirer à boulets rouges sur la médecine d'alors qui, sous des atours de respectabilité et de science, était selon lui un réel charlatanisme.

Quand, quelques siècles plus tard, on voit encore la façon de procéder de certains médecins (homéopathie comme gage de sérieux, anti-inflammatoires à gogo quand une seule séance de kinésithérapie suffirait, etc., etc., etc.), pour ce qui est du médical, (et je préfère ne pas évoquer la question du coût ni celle de la pharmacie de peur de paraître en vouloir à ses beaux messieurs et belles dames de la Médecine), on se dit que la requête du bonhomme Molière ne devait pas être tout à fait injustifiée, surtout à l'époque où le niveau de formation et de savoir des médecins était encore à un stade embryonnaire.

En tout cas, cette pièce reste pour moi l'un des " must " de Molière (Voyez comme je la maltraite la langue de Molière !) mais ce n'est là que mon avis, probablement un peu malade lui aussi, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Molière aime la satire, je ne vous apprends rien, ce n'est pas un scoop. Mais en cette année du 400ème anniversaire de sa naissance, j'ai eu envie, moi aussi, de me faire une petite piqûre de rire à la mode du XVIIème siècle.

Argan est un malade, un grand malade. Autant vous dire que comparé à lui, Serge Lama se porte à merveille ! Hypocondriaque chronique et incurable, névrosé jusqu'à la moelle, Argan est complètement centré sur sa personne, incarnation vivante du nombrilisme, la dupe volontaire de la Profession qui n'a aucun intérêt (financier) à le voir guérir ; Argan est une chochotte qui craint le moindre courant d'air et qui se sent aux portes de la mort s'il n'a pas eu son lavement quotidien. Par confort pour lui, cet hypocrite décide alors de marier sa fille au fils de son médecin, lui-même émule d'Hippocrate. Or la fraîche Angélique a un amoureux et usera de bien des stratagèmes pour remédier aux maux que lui impose son papounet.

Ce qui est vraiment génial avec Molière, c'est que la vérité et l'astuce viennent des serviteurs plus que des maîtres ; c'est que l'on rit franchement sans remettre en question la critique explicitement adressée à ses bêtes noires - ici les médecins et les crédules qui ingurgitent leurs drogues ; c'est la légèreté avec laquelle il traite les sujets graves. Enfin, il n'hésite pas à s'exposer lui-même au pilori comme dans la scène 3 de l'acte III, jugez plutôt :

"BERALDE
Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine ; et chacun, à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu'il lui plaît. Ce que j'en dis n'est qu'entre nous ; et j'aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l'erreur où vous êtes, et, pour vous divertir, vous mener voir, sur ce chapitre, quelqu'une des comédies de Molière.

ARGAN
C'est un bon impertinent que votre Molière, avec ses comédies ! et je le trouve bien plaisant d'aller jouer d'honnêtes gens comme les médecins !

BERALDE
Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine.

ARGAN
C'est bien à lui à faire, de se mêler de contrôler la médecine ! Voilà un bon nigaud, un bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances, de s'attaquer au corps des médecins, et d'aller mettre sur son théâtre des personnes vénérables comme ces messieurs-là !"

Dans l'oeuvre de Molière, les médecins occupent une place toute particulière. Sa première pièce fut "Le médecin volant" et sa dernière "Le malade imaginaire". Molière mourut le 17 février 1673 (très exactement un an après Madeleine Béjart disparue le 17 février 1672) à l'issue d'une représentation du "Malade imaginaire" dans laquelle il incarnait justement Argan. Pendant le jeu, il fut pris de malaises et ramené chez lui dès le rideau tombé... Il décéda dans la soirée, le sang qu'il cracha alors était tout sauf imaginaire. Une fin dramatique digne d'un grand dramaturge. Hélas, il n'avait que cinquante-et-un an.

"Le malade imaginaire" est une comédie qui comporte beaucoup de musique et de chants, ce qui en fait une farce particulièrement joyeuse et festive.
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Pour le plaisir, je partage avec vous un autre extrait que j'ai particulièrement apprécié.

ARGAN
[...] Mais, enfin, venons au fait. Que faire donc quand on est malade ?

BERALDE
Rien, mon frère.

ARGAN
Rien ?

BERALDE
Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature, d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C'est notre inquiétude, c'est notre impatience qui gâte tout ; et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.

ARGAN
Mais il faut demeurer d'accord, mon frère, qu'on peut aider cette nature par de certaines choses.

BERALDE
Mon Dieu, mon frère, ce sont de pures idées dont nous aimons à nous repaître ; et de tout temps il s'est glissé parmi les hommes de belles imaginations que nous venons à croire, parce qu'elles nous flattent et qu'il serait à souhaiter qu'elles fussent véritables. Lorsqu'un médecin vous parle d'aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit, et lui donner ce qui lui manque, de la rétablir, et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctions ; lorsqu'il vous parle de rectifier le sang, de tempérer les entrailles et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le coeur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d'avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années, il vous dit justement le roman de la médecine. Mais, quand vous en venez à la vérité et à l'expérience, vous ne trouvez rien de tout cela ; et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus.

[Acte III - Scène 3]


Challenge RIQUIQUI 2022
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
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Argan est un personnage hypocondriaque qui a besoin de médecin autour de lui, voir même de marier sa fille aînée à un médecin. Ceci va provoquer des conflits dans sa famille entre sa fille, sa seconde épouse et son frère. Toinette, la servante, va avoir une riche idée pour démêler tous ces soucis.
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Eh bien je sais que je vais en surprendre beaucoup mais pour moi il s'agit d'une 1ere lecture. J'en ai étudié ou lu beaucoup d'autres de Molière mais je n'ai jamais eu l'occasion de parcourir les pages de cette pièce. Manquement réparé et heureusement !
Les ressorts et les personnages sont toujours quasiment les mêmes dans les pièces de Molière, mais on ne s'en lasse pas. D'ailleurs, j'ai trouvé que c'était étonnement moderne et que la plupart des réflexions et des défauts des personnages peuvent sans mal être transposés de nos jours.
Bref, j'ai passé un excellent moment et cette pièce peut être lue à tout âge.
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A force de les ranger dans les « Classiques », ces auteurs et (quelques) autrices du 17ème siècle, je trouve qu'on a tendance à les statufier, à les « momifier ».

Et pourtant ce Molière, qu'il nous parle toujours, ce génie!
Et cette pièce, le malade imaginaire, sa dernière, et même sa dernière représentation, quel sommet du théâtre, quel rythme, quelle fantaisie, quelle folie, et en même temps, quelle finesse psychologique, quelle richesse des thèmes abordés sur le mode de la comédie.

D'abord, je suis toujours surpris par sa qualité à traiter les personnages féminins , et aussi sa grande liberté de ton, qui me surprend à chaque fois, pour faire parler des femmes de son époque.
L'importance pour les jeunes filles de choisir l'élu de leur coeur, ça ne devait plaire à tout le monde dans cette société du 17 ème siècle, et son fort pouvoir religieux, et les mariages arrangés par les parents, ça reste toujours malheureusement d'actualité dans certaines parties de notre planète, dominées aussi par le pouvoir religieux.
Mais à côté des amoureux sincères, la belle Angélique et le beau Cléante, il y a aussi cette Beline, jeune femme perfide, cupide, qui profite de l'aveuglement de son mari le vieil Argan, cet hypocondriaque délirant jusqu'à l'absurde.
Et puis, autre surprise, l'assurance et même le pouvoir qu'a Toinette, la servante, et l'ingéniosité qu'elle déploie pour aider les deux jeunes tourtereaux. C'est elle qui trouve le stratagème pour confondre la traîtresse Béline et réconcilier Angélique avec son Argan de père.
Même le personnage de Louison, petite-fille d'Argan, est traité avec beaucoup de finesse, elle qui finalement ne s'en laisse pas compter quand son grand-père Argan cherche à la faire parler.

Dans cette pièce bien sûr, Molière, le vrai malade, qui souffre et sait ce que vaut la médecine de son temps, va s'en donner à coeur joie, pour tourner en dérision, pour fustiger le charlatanisme du corps médical de l'époque. Une médecine qui ne sait rien, en définitive comme l'affirme Béralde, le frère plein de raison de ce fou d'Argan.
Cela donne des scènes savoureuses avec les médecins Diafoirus et Purgon, avec le pharmacien Fleurant qui vient administrer son lavement!
Et ça ira jusqu'à l'absurde, enfin pas tant que ça si on y repense, c'est que le malade étant son meilleur médecin, une cérémonie loufoque, délirante, parodiant ces Messieurs de la Faculté, va introniser Argan médecin de lui-même!

La médecine de cette époque était, certes, ignorante et les traitements qu'elle proposait ne s'appuyaient pour la plupart sur aucune donnée scientifique. Molière l'avait bien compris, à ses dépends, hélas!, et cette pièce, je crois, est une forme de règlement de comptes avec la Médecine de son temps.
Les choses ont bien changé depuis, me direz vous. Mais il y a toujours des charlatans, parfois d'anciens médecins, qui profitent des peurs et de la crédulité des gens pour proposer, moyennant des rémunérations exorbitantes, des traitements qui ne sont fondés sur aucune preuve scientifique. Il y aurait là une matière à faire, de nos jours, une pièce de théâtre, ou un film pour dénoncer et se moquer de ces escrocs, mais peut-être cela a-t-il déjà été fait.

Je voudrais conclure en évoquant les personnages d'Argan et de Béralde. Je les ai ressenti, (j'ai peut-être tort, mais tant pis, je me risque), comme deux visages de Molière lui-même, et ça m'a touché.
Argan, il a beau être malade imaginaire, je crois que le vrai malade Molière y a mis de sa détresse, de sa faiblesse, de ses espoirs de guérir.
Et. Béralde, c'est le Molière qui juge avec sévérité le charlatanisme des médecins, leur jargon fait pour cacher leur incapacité.

Et pour conclure de conclure, que cette pièce, dont le thème est quand même la maladie, est enlevée, drôle, jubilatoire, avec une fin complètement loufoque. Comme si l'auteur faisait un pied de nez à des gens qui ne peuvent rien pour lui,à la maladie et à la mort.
Ça m'a fait penser aux paroles de cette chanson du grand Jacques:
« J'veux qu'on rie, j'veux qu'on danse, j'veux qu'on s'amuse comme des fous,
J'veux qu'on rie, j'veux qu'on danse, quand c'est qu'on mettra dans l'trou! »

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La dernière pièce de Molière, créée sur la scène du Palais-Royal le 10 février 1673 a donné lieu à des mythes et légendes tenaces, plus vrais que la vérité, serais-je tenté de dire. Molière mort sur scène, miné par un « longue maladie » qui donnerait un côté prémonitoire et testamentaire à sa pièce. Ses lectures ont parfois eu tendance à se focaliser sur ces aspects, alors que qu'il est à peu près certain maintenant que tout cela est faux. Molière n'est pas mort sur scène, mais dans son lit, et sa mort est loin d'être la suite d'une longue agonie de phtisique, comme dans les mythes romantiques. Ses contemporains, par exemple dans les gazettes, ont été surpris par un décès qui leur a paru soudain et étonnant, suite à ce qu'on appellerait maintenant une maladie saisonnière, que de nombreux éléments donnent à penser particulièrement virulentes pendant l'hiver 1673.

La pièce est annoncée dans le Mercure Galant dès l'automne 1672, des ballets de Beauchamp sont prévus. Suite aux différents avec Lully, Molière s'est tourné vers un jeune musicien, qui connaîtra un bel avenir, Charpentier. C'est qu'il tient au spectacle mixte, mêlant musique et comédie, qui rencontre d'ailleurs un grand succès auprès du public. Il a pu faire adoucir le monopole obtenu par Lully de musique chantée sur scène, et peut aligner 6 chanteurs et 12 instrumentistes, ce qui suffit largement à son projet scénique. Cette musique tenait une place importante dans la pièce, sa durée était en effet d'environ une heure, ce qui explique que la pièce en elle-même est « une petite pièce » en trois actes. La trame en est au final fort simple, et très proche de celle du Bourgeois gentilhomme, autre pièce où la musique occupe une grande place. Simplement ici, Argan, le personnage principal, a non pas la folie de la noblesse, mais de la maladie et de la médecine, et souhaite donc pour sa fille Angélique, un mariage avec un médecin, contrariant les amours de la jeune fille avec Cléante. Ce fil rouge permet de relier les épisodes comiques liés à la maladie et aux médecins. Une intrigue secondaire met en scène la jeune et intéressée femme d'Argan, qui essaie de détourner son héritage. Tous ces petits embarras seront résolu par la mort supposée du personnage principal, qui permet de dévoiler les caractères respectifs de sa femme et de sa fille. Comme dans le Bourgeois gentilhomme, la pièce se conclut par intronisation du personnage principal, ici comme médecin.

La pièce est particulièrement réussie, à mon sens, pour deux raisons. Déjà, le rire ici est sans arrière pensée. Il ne s'agit pas en effet de rire d'un personnage du commun qui veut pénétrer dans une caste interdite du fait de son origine, comme dans le Bourgeois gentilhomme, Georges Dandin, Les précieuses ridicules et d'autres pièces. Un rire au service des interdits sociaux en quelque sorte. La terreur de la mort et la fascination de la médecine au-delà du raisonnable, qui devient une pathologie, concerne tout le monde, dans tous les milieux et dans tous les temps.

Ensuite, la dénonciation des médecins, peut aussi avoir une autre lecture. Elle intervient chez Molière en grande partie à la suite de ses difficultés pour évoquer les hommes d'église et la religion. On peut donc faire l'hypothèse que sous couvert d'attaquer la médecine et ses représentants, Molière s'en prend également à ces autres hommes en noir que sont les religieux. Qui eux aussi prospèrent sur la peur de la mort, qui utilisent le latin, qui ont leurs rites et cérémonies, leurs querelles etc. Certains passages de la pièces vont clairement dans ce sens. Ce qui lui donne une profondeur supplémentaire.

Mais n'oublions pas que la pièce est avant tout une comédie, d'une efficacité redoutable et qui a traversé les siècles sans perdre de son potentiel comique.
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Léa , en Première STSS (sciences et technologies de la santé et du social) doit lire et commenter
le Malade imaginaire.
Je n'avais jamais lu cette comédie-ballet, je la connaissais uniquement pour avoir regardé une adaptation à la télévision, dans sa version simplifiée sans le prologue et les intermèdes chantés et dansés.
Je me suis donc attachée à étudier, analyser cette ultime pièce de Molière qui met en exergue tout son immense talent.
Comme à son habitude, Molière caricature tous les travers, tous les vices de ses contemporains, les mettant en scène dans leur environnement coutumier .
Dans l'acte I, scène 1 , notamment, Argan est dans sa chambre parlant longuement de la prise de ses nombreux clystères. Et je me mets à imaginer ce que pourrait devenir cette comédie mise en scène, revisitée par Ivo van Hove et « scénographiée » par Jan Versweyveld dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, lors d'un prochain Festival In. Sans doute un spectacle subversif.
Les provocations scatologiques seraient certainement pléthoriques…
Pourtant, recevoir sur sa chaise percée était au XVII un usage courant et normal, et assister aux déjections de Louis XIV , un honneur absolu…
O tempora, O mores ! Personnellement, sans aucun doute possible, je préfère les sanitaires du XXI e !
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Drelin drelin... Peut-on être malade sans l'être? Comment raconter l'histoire de l'hypocondrie? Argan est malade. du moins, il se pense malade, prend toutes sortes de médicaments, espère que sa fille se mariera à un médecin, a une épouse qui ne pense qu'à l'héritage et pour finir, il se fait arnaquer par sa servante qui se fait passer pour un médecin :) Une nouvelle histoire de Molière, qui d'ailleurs sera sa dernière puisque lui-même malade mourra sur scène! "je meurs je meurs"... seront ses dernières paroles. La plus intemporelle de Molière que je relirai ;)
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La dernière pièce de Molière, une de ses pièces qui a le mieux vieilli (mais il y en a pas mal!). Argan est un notable hypocondriaque qui décide, pour réduire ses frais médicaux, de marier sa fille Angélique à un médecin. Mais Angélique est amoureuse de Cléante, et la servante Toinette ne compte pas laisser Argan décider du sort de la jeune fille… Une intrigue secondaire met en scène Béline, la jeune femme d'Argan, intéressée par son héritage. Tout se trouvera résolu par la mise en scène fictive de la mort d'Argan, qui permet de révéler les caractères respectifs de sa femme et de sa fille. Une trame assez simple somme toute, assez proche de celle du Bourgeois gentilhomme, autre pièce qui a bien vieilli. Autre point commun entre ces deux pièces : la grande place de la musique sous forme d'intermèdes, qui d'ailleurs passent relativement mieux à la scène qu'à la la lecture. La force de cette pièce est de tourner à la farce ce qu'il y a de plus tragique : la peur de mourir, qui se manifeste par l'attention à tous les signaux envoyés par le corps, aux moindres bobos, aux variations de sensations. Argan est intemporel, aujourd'hui il multiplierait analyses, examens et diagnostics… Ici le comique de situation et de caractère est poussé jusqu'à l'absurde, et l'on rit autant du malade imaginaire que des médecins qui cherchent à cacher leur ignorance derrière un discours grandiloquent et un vocabulaire pompeux. Diafoirus pousse le ridicule jusqu'à faire ressembler sa demande en mariage à l'ordonnance d'une préparation magistrale ! Cette pièce n'a pas pris une ride, il y a toujours quelque leçon à en tirer, en ces temps de pandémie en particulier, quant aux répliques cocasses, elles font toujours mouche.
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Outre le texte, il faut lire la notice littéraire et la lecture thématique, notamment dans le classique Hachette 1976, rédigées par François Hinard, agrégé de Lettres. Vous saurez alors tout sur la comédie-ballet et la médecine.
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