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Ouvrage reçu en avant-première (il ne sortira en librairie que début avril), dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage car sans eux, moi aussi, j'aurai oublié trop vite ou peut-être même jamais entendu parler de Letizia Storti et pourtant...

Letizia Storti est une femme d'environ 51 ans à l'époque où commence ce récit. Elle travaille, et ce, depuis près de 35 ans pour l'entreprise pharmaceutique UPSA et est très appréciée de ses collègues, notamment pour son engagement sans borne auprès ds syndicats afin de faire valoir les droits des salariés. En 2017,année de sa rencontre avec Anne Plantagenet à l'occasion du festival de Cannes pour un film dans lequel Letiza a joué auprès de Vincent Lindon et du réalisateur Stéphane Brizé. Intitulé "En guerre", celui-ci avait pour vocation de dénoncer les cruelles conditions de travail de certains salariés et notre héroïne avait postulé pour ce casting sans trop y croire au départ puis passant de simple figurante à silhouette jusqu'à avoir même des répliques dans le film, en tant que syndicaliste. Les cinq semaines qu'elle passa sur le tournage furent pour elle une révélation, un moment inoubliable, un moment où elle se sentait enfin exister et visible aux yeux des autres - non pas ceux qui la côtoient tous les jours mais de tous les autres qui la croisent, la connaissent puis aussitôt après l'oublient. Les deux femmes, Letizia et Anne, l'auteure de ce magnifique récit ont tout de suite sympathisé à Cannes, la première y assistant pour son interprétation dans le film "En guerre" et l'autre pour faire un reportage dans le cadre de son travail sur ce dernier. Puis, les conditions de travail se sont dégradée pour Letizia. Refoulée de service en servie suite suite à une fragilité extrêmement gênante et handicapante au poignet. Malgré sa reconnaissance en tant que "personnel handicapé", sa direction n'a rien fait pour lui proposer un poste adapté mais Letizia s'accroche. Elle, elle veut à tout prix travailler mais ses signaux d'alerte ne seront pas entendus.

Elle a dénoncé à mantes reprises la dégradation des conditions de travail suite au suicide d'un de ses collègues mais là encore, l'on ne l'a pas écouté. Délaissée, effacée de la mémoire de tous, elle est devenue une anonyme. Qui donc se souvient encore d'elle pour son interprétation dans le film de Stéphane Brizé, expérience qu'elle réitérera d'ailleurs quelques temps après mais où elle ne sera cette fois-ci que figurante ? Personne ! Qui se souvient de cette femme italienne et très fière de ses racines qui s'est battue toute sa vie pour le bien-être des salariés ? Personne ! Elle est devenue une ombre parmi les ombres et à travers ce récit bouleversant et extrêmement bien écrit que nous livre ici Anne Plantagenet, elle reprend vie...enfin un peu !
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Ce n'est pas un roman, c'est la vraie vie, celle des vrais gens, celle des gens vrais. C'est l'histoire d'une aventure humaine, extraordinaire, tragique.
Letizia Storti, 56 ans est ouvrière syndiquée FO chez UPSA depuis plus de 34 ans. Anne Plantagenet raconte l'histoire de cette femme, fille d'immigrés italiens, que le film de Stéphane Brizé, « En guerre », va sortir de l'anonymat des masses laborieuses en l'engageant comme figurant, jusqu'à sa disparition, rattrapée par la machine infernale d'un capitalisme cannibale et impitoyable.
Le talent de l'auteure et sa plume adroite font de cette histoire le témoignage poignant de ce combat pour la sauvegarde d'une certaine humanité que mènent chaque jour nombre de syndicalistes et son texte enterre bien des clichés ou des idées reçues sur la question. C'est là aussi tout l'intérêt de « Disparition d'une femme de 56 ans ». On ne soupçonne pas suffisamment la violence physique mais aussi psychologique qui peut sévir dans certaines entreprises.
On ne peut qu'être ému par cette femme combative qui a connu son « quart d'heure Warholien » mais finira brisée par un système cruel que dirigent une brochette d'imbéciles égoïstes, arrivistes carriéristes et autres actionnaires ignorants et cupides.
Merci à babelio masse critique et aux éditions du Seuil pour la découverte de cette auteure talentueuse et de cette histoire dramatique. C'est un livre très bien écrit, court, qui témoigne du sacrifice et de l'abnégation dont font preuve nombre de travailleurs, ces héros du quotidien.
Je recommande vivement cette lecture, c'est une leçon de vie !
Editions du Seuil, 153 pages.
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En 2017, Letizia Storti obtient un rôle de figurante dans un film de Stéphane Brizé. Elle a alors 51 ans et travaille comme ouvrière à UPSA (Union de Pharmacologie scientifique appliquée), une entreprise pharmaceutique d'Agen. Stéphane Brizé cherche des figurants ayant une expérience syndicale puisqu'il va raconter, dans En guerre, la violence du monde du travail, les dégâts provoqués par des conditions de travail dégradées et une tension qui aboutit à la division du monde syndical. Pendant le tournage, l'autrice, Anne Plantagenet, contacte Letizia Storti et d'autres ouvriers figurants, pour qu'ils lui parlent de cette aventure extraordinaire qui les mènera jusqu'aux marches de Cannes. Toute l'équipe assite à la projection du film avec l'autrice et l'équipe de tournage, dont Vincent Lindon, acteur principal des trois films que l'on connaît aujourd'hui sous le titre de la Trilogie du travail. La personnalité de Letizia a touché l'autrice. Elle la découvre attachante et pleine de charisme. Les deux femmes sympathisent, et elles resteront en contact pendant quelque temps, de loin en loin, même après cette aventure. Mais ce type de relations est fragile et rarement durable. Si Anne Plantagenet continue indirectement de prendre des nouvelles de Letizia, elles ne se voient ni s'écrivent plus. L'autrice se retrouve désemparée et se sent coupable de n'avoir pas gardé le contact avec cette femme entière et passionnée quand elle apprend sa disparition.
***
Pendant le reportage de l'autrice sur l'expérience du tournage, outre la personnalité attachante et sans concession de Letizia, des origines italiennes communes ont sans doute contribué à rapprocher les deux femmes : les deux parents de Letizia sont des immigrés italiens, comme l'étaient le grand-père de l'autrice. Cet héritage est beaucoup plus prégnant chez Letizia qui souffre encore des moqueries que subissait sa mère illettrée et handicapée par la polio. le parallèle entre les deux familles fait ressortir la différence entre le destin des deux femmes. le récit met l'accent sur certains aspects de la vie de Letizia : sa solitude, son engagement syndical, son sérieux au travail, son amour pour son fils, et l'entracte magique que constituent les auditions, le tournage du film et l'aventure cannoise. Elle s'achève d'ailleurs par une déception: malgré sa qualité et l'ovation recueillie en salle, le film ne sera pas primé. Parallèlement, nous vivons la rapide détérioration professionnelle que subit Letizia. Après la vente d'Upsa à des Japonais, les conditions de travail se durcissent malgré les promesses. Un banal accident handicape provisoirement Letizia qui est alors en butte à des pressions insupportables. La situation s'aggravera encore après la revente du laboratoire aux Américains, et Letizia finit par craquer.
***
Anne Plantagenet relate avec talent, empathie et une pointe de culpabilité la vie de cette anonyme, de cette invisible, soumise un instant à une mise en lumière passagère qui, brièvement, lui donnera l'impression d'exister autrement. Ce récit provoque, je crois, les mêmes sentiments que les films de la Trilogie du travail : une révolte devant les pratiques qui ont cours dans ce milieu. Dans le livre, à cette révolte s'ajoute une froide colère nourrie par la compassion que l'on éprouve pour Letizia, et le sentiment d'injustice ressenti s'incarne dans la personnalité de cette femme courageuse. le récit réussit à transmettre l'enthousiasme de Letizia autant que ses doutes, sa révolte et sa déception. On comprend aussi les regrets de l'autrice et la culpabilité qu'elle éprouve d'avoir laissé leurs relations se distendre, puis disparaître. Jusqu'aux lettres écrites par Letizia qui s'effaceront… Bravo pour le choix de l'illustration de couverture de Gideon Rubin qui suggère, grâce à l'échelle, à la fois le travail et la prison qu'il peut devenir.
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J'aurais préféré que ce livre soit un roman.

Mais non. C'est un récit, un témoignage de l'autrice qui raconte qui était Letizia Storti, la disparue du titre.

C'est en 2017 qu'Anne Plantagenet rencontre Letizia. Alors âgée de 51 ans, cette fille d'immigrés italiens est ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA à Agen. Plus de trente ans de bons et loyaux services et surtout d'engagement syndical acharné pour faire valoir les droits des salariés dans l'entreprise. Une vie dans l'ordinaire et l'anonymat de la classe laborieuse.

Jusqu'au jour où elle apprend que le réalisateur Stéphane Brizé cherche des figurants pour son prochain film, « En guerre », avec Vincent Lindon. Un film en immersion dans le monde du travail ouvrier, en tension permanente et souvent violente avec la direction et l'actionnariat. Letizia est engagée pour quelques répliques dans un rôle qu'elle connaît à fond, le sien: déléguée syndicale.

C'est à l'occasion de ce tournage que l'auteure a rencontré Letizia, dans le cadre d'un reportage sur la manière dont les figurants avaient vécu cette expérience de cinéma. Les deux femmes ont sympathisé, ont maintenu le contact jusqu'au festival de Cannes où le film est présenté, puis le lien s'est peu à peu distendu.


Grâce à ce film, Letizia connaîtra son quart d'heure de gloire. Une fois les feux de la rampe cannoise éteints, elle retourne à son quotidien grisâtre, avant qu'une chute domestique amorce sa descente aux enfers : sa fracture au poignet la laisse partiellement handicapée, et le retour au travail se passe mal, puisqu'on la balade d'un poste à un autre, sous prétexte de trouver celui qui lui conviendrait le mieux. Sauf qu'on ne lui laisse jamais le temps de s'adapter et qu'on lui reproche en conséquence son inefficacité. En clair : humiliations, perte de dignité, harcèlement moral, et toute la souffrance psychique qui en découle.

Quand Anne apprend la disparition de Letizia en juin 2022, elle ignore tout de ce que celle-ci a traversé à UPSA après le festival, son accident, sa tentative de suicide, son séjour en hôpital psychiatrique. Ce qu'elle découvre alors la bouleverse et la pousse à écrire ce texte, pour lutter contre l'effacement dans lequel Letizia a glissé peu à peu jusqu'à l'anéantissement. Elle a voulu rendre chair et consistance à cette femme joyeuse et battante, dont l'engagement syndical ressemblait furieusement à une revanche à prendre sur les humiliations et le racisme subis par sa propre mère – une autre femme effacée: "Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. [...] Je ressens un malaise grandissant à la lecture de tous ces communiqués, ces articles, ces déclarations dans la presse. J'ai l'impression qu'ils ne parlent pas de Letizia, de Letizia Storti, de sa trajectoire spécifique, de son histoire unique, de ce qui fait sa singularité et la distingue de toute autre personne. Ai-je lu quelque part que Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère qu'elle adorait moquée parce qu'elle ne parlait pas français et était handicapée, et qu'à cause de cela elle revendique haut et fort ses origines italiennes? Ai-je lu ou entendu qu'elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et que pour cette raison sans doute elle s'est engagée dans le syndicalisme dès qu'elle a obtenu un CDI? Qu'elle s'y est investie corps et âme? Qu'elle a eu un courage de dingue pour se présenter à un casting et s'est battue pour être choisie? Qu'elle aime les vide-greniers, et l'histoire, et faire du vélo, et voyager? Ai-je lu quelque part que Letizia aime la vie? Qu'elle est un peu plus qu'"une salariée", puis "la salariée" qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail? Ces communiqués, ces articles, ces déclarations effacent son identité pour la réduire à un statut social, un geste, ce saut dans le vide, acte ultime et désespéré, objet depuis d'une tentative de récupération et d'un enjeu sordide, comme si toute sa vie devait inévitablement conduire et se résumer à cela. Comme si Letizia Storti ne devait laisser aucune autre trace de son passage sur terre qu'une silhouette qui chute indéfiniment".

J'ai lu d'une traite ce récit poignant, déchirant, plein d'humanité et d'empathie, porté par une très belle plume. Il témoigne avec beaucoup de sensibilité du destin tragique d'une femme détruite, et de la déshumanisation à l'oeuvre dans le monde du travail.

En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.
#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Immense merci aux Editions du Seuil et à Babelio pour cet envoi dans le cadre de la Masse critique
« Elle s'appelait Letizia Storti. Je l'ai un peu connue. Ce livre tente de lui redonner un visage et un nom. » Anne Plantagenet a magnifiquement accompli la mission qu'elle s'était assignée. En sera-t-elle consolée pour autant ?
Ce témoignage, trempée dans une encre poignante et humble, dresse le portrait de cette ouvrière au destin tragique. Un livre au style différent mais tout aussi marquant que peut l'être « A la ligne ». L'auteure rappelle les circonstances de sa rencontre avec Letizia, décrit le parcours de cette femme modeste, ses rêves, ses projets, les blessures de l'enfance et puis l'usine. Ce lieu qu'elle aime et qu'elle pense pouvoir changer, parce que la chaîne, c'est pas du gâteau. le combat syndical, elle connaît Letizia. Cet engagement qui, indirectement, l'amènera aux marches du Palais. Cannes… Son faste… La lumineuse Letizia, l'imaginaire italien en bandoulière, est autant éblouie qu'effrayée… Tomber déjà… Dans ce grand escalier. Un rêve passe. le strass s'efface et revient le stress… La dégringolade… Anne Plantegenet s'interroge… Davantage de questions mais aucune réponse… Actionnaire, ton univers impitoyable, bien sûr. Les carences de la législation du travail, peut-être. Les jalousies ? Les faux amis de F.O ? Mais, plus sûrement, le sentiment que l'on est seule. « La terre s'est ouverte, là-bas quelque part et le soleil est noir… ». Toujours ces pourquoi, ces hypothétiques parce que… A quel moment bascule-t-elle dans le désespoir, Letizia ? Quel sens donner à cet acte ? Et comme les doutes, les ombres persistent, alors, au moins, tenter de rappeler qui fut cette enfant, cette femme, cette mère, la collègue, l'amie, l'apprentie actrice… Parler de celle qui ne fut qu'une chute dans les journaux et qui était tellement autre chose. Les pages que l'auteure nous offre sont la preuve que, dans notre ultra moderne solitude, face à la dictature des chiffres, du froid profit, les mots restent un moyen irremplaçable pour combattre l'oubli… Pas les mots des réseaux, ceux de la littérature. Cette littérature, quand elle est don comme ici, qui en devient thaumaturge…
En refermant ce livre, j'ai pensé à Enzo, le fils chéri en espérant que ce livre apaisera, un tant soit peu, ses blessures.
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C'est toujours un plaisir de se voir proposer une Masse critique privilégiée. C'est encore mieux quand on est sélectionné(e) ! Mais alors quand en plus on a adoré le bouquin, c'est le jackpot !
Donc un très très grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil.
.
J'étais intriguée par le titre et je me suis lancée. Comme l'auteure, je vais apprendre à découvrir Letizia Storti. Je vais découvrir sa vie. Il aurait mieux valu que ce soit un roman plutôt qu'un récit.....
L'auteure a rencontré Letizia dans le cadre d'un tournage où étaient recherchés des ouvriers qui serviraient de figurants. Letizia militante, élue, qui bataille au quotidien pour les ouvriers d'UPSA près d'Agen est sélectionnée. On va découvrir cette femme, empathique, joyeuse, motivée. Et on va découvrir la suite, le rachat d'UPSA, les nouvelles méthodes de RH, l'accident et la chute, lente, difficile, douloureuse.... Horrible et détestable. Tristement réel. Violemment réel. Douloureusement réel.
J'en ai pleuré. Touchée au coeur....
.
L'auteure via Letizia rend un hommage marqué aux ouvriers, souligne leurs conditions de travail, devenues pires années après années dans la recherche perpétuelle du profit. Ce livre est difficile, ce livre est nécessaire.
J'ai mesuré ma chance de ne pas travailler dans ces conditions. Et puis je me suis dit que ça ne devrait pas être une chance mais une réalité pour toute personne qui travaille.
Malheureusement, Letizia a disparu et ce livre chronique cette triste histoire.
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Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions du Seuil pour cette émouvante lecture de #Disparitioninquiétantedunefemmede56ans d'Anne Plantagenet.

Letizia Storti est ouvrière sur chaîne chez UPSA lorsqu'elle intègre la foule des figurant.e.s de "En guerre" (film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon - 2018). C'est à cette occasion qu'Anne Plantagenet la rencontre et l'interroge à propos de cette expérience. Les deux femmes que tout oppose se trouvent pourtant des points communs, comme leurs origines italiennes, et gardent contact après l'épopée de Cannes.
Quelques années plus tard, Letizia tente de se suicider dans les bureaux de l'usine UPSA, avant de disparaître mystérieusement durant sa convalescence.

Anne Plantagenet nous propose ici une enquête détaillée et sensible autour de ce qui n'est pas, pour elle, un "simple fait divers" (aucun fait divers n'est simple...). L'autrice a voulu rendre hommage à une femme qu'elle a brièvement connue et qui l'a profondément touchée. En mêlant les entretiens menés à ses souvenirs et à ses recherches, Anne Plantagenet relate à la fois la vie d'une femme "ordinaire" et son enquête autour de la chute vertigineuse qui a mené Letizia a sa disparition.

J'ai été très émue par le parcours et la personnalité de Letizia, parfaitement mise en valeur par la plume sincère et poignante d'Anne Plantagenet. Je l'ai dévoré en quelques heures tant mon intérêt était grand et attisé par une narration implacable.
L'écriture d'Anne Plantagenet est sensible, fluide, intelligente. On sent que l'autrice met beaucoup d'elle-même dans ce livre, tout en s'effaçant derrière Letizia Storti, vedette malgré elle de ce drame social. Entre récit, témoignage et enquête, elle nous entraîne vers l'univers impitoyable de l'usine, des syndicats, des pressions constantes et des accidents de la vie qui bouleversent jusqu'à l'épuisement ou l'écrasement...

#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
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Une lecture à partager.
C'est la chronique d'une ouvrière invisible.
Elle le restera, malgré un film et Cannes.
Elle ne prendra corps que lorsque le sien disparaîtra.
C'est une enquête avec quelques redites,
mais un réel soucis d'écrire vrai.
L'auteure et l'ouvrière se sont rencontrées,
ont sympathisé, ont gardé un lien,
qui s'est effiloché au fil du temps ...
Cette histoire ressemble à un film de Stéphane Brizé
Ces films qui nous extirpent larmes et rages...
Brizé, qui l'a sélectionnée dans deux casting
pour interpréter son rôle à l'écran;
une déléguée syndicale...
Elle est restée attelée 36 ans
sur une chaîne d'UPSA à Agen.
A fabriquer, contrôler, emballer, expédier
ces comprimés effervescents
pour soigner nos bobos
Mordillat aurait pu écrire cette histoire..
C'est la Loi du Profit, celui des actionnaires...
C'est un récit détaillé,
soucieux de rendre hommage
à la belle personnalité de Letizia Storti.
Tout est politique dans son histoire.


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Letizia Storti aurait pu rester une anonyme. Mais sa route a croisé un jour celle de Stéphane Brizé, réalisateur du film « En guerre », dans lequel elle a pu obtenir un rôle de figurante correspondant en tout point à celle qu'elle était dans la « vraie vie », une ouvrière engagée, syndiquée FO chez UPSA où elle a travaillé pendant 37 ans. C'est sur le tournage du film qu'Anne Plantagenet a rencontré pour la première fois Letizia Storti et elle l'a revue chez elle quelques mois plus tard pour l'interviewer. À cette occasion, la romancière a pu découvrir la femme derrière la travailleuse, sa simplicité, son humilité. Les deux femmes sont ensuite restées en contact, s'envoyant régulièrement puis plus ponctuellement des messages pour prendre des nouvelles, liées entre autres par leur origine italienne, et ce, jusqu'au 4 juin 2022 où Anne apprend par Stéphane Brizé la disparition de Letizia. Elle cherche alors à comprendre ce qu'il a pu se passer au cours des derniers mois et elle découvre le terrible engrenage dans lequel cette dernière s'est retrouvée : une chute malheureuse, la pression psychologique grandissante, une tentative de suicide sur son lieu de travail… Pour ne pas laisser Letizia tomber dans l'oubli, Anne décide d'écrire son histoire.
Le titre, Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans, qui reprend les mots utilisés par la presse régionale lors de la disparition de Letizia, est l'élément qui a le plus suscité ma curiosité. Je me rends compte à quel point il est intelligent car il dit le fait divers et l'anonymat, ce que veut justement éviter Anne Plantagenet en dressant le portrait de cette femme forte et militante que fut Letizia Storti. le récit est court et se dévore. On est très vite happé par l'histoire de Letizia, son parcours, ses combats, sa solitude aussi. Il y a quelque chose de très journalistique dans la manière de raconter mais aussi de très empathique, comme s'il y avait une urgence à ne rien omettre de la vie de Letizia, à être factuel, à dater, tout en racontant avec sensibilité et émotion les moments de joie puis la descente aux enfers. La force de ce récit est qu'il dit, sans concession et par l'exemple, la réalité du monde du travail dans ce qu'il a de plus odieux et de plus inhumain : dégradation des conditions de travail, communication difficile voire impossible avec les supérieurs et les responsables des ressources humaines, poste inadapté malgré une reconnaissance de « travailleur handicapé »… Ce livre est un très bel hommage.

Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions du Seuil pour cette découverte.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Anne Plantagenet rend un vibrant hommage, avec son tout nouveau roman, à Letizia Storti. C'est le récit d'une rencontre entre une femme d'une cinquantaine d'années, Letizia, travaillant depuis plus de trente ans, dans une usine fabriquant des médicaments, et une écrivaine Anne. Une histoire vraie et un témoignage poignant sur les conditions de travail, la pression sidérante et inhumaine de DRH incompétent. Ce roman parle de travail, de sa valeur sacrée mais pourtant bafouée par une hiérarchie dans l'entreprise qui va broyer Letizia. Peu à peu, l'étau se resserre autour d'elle. Reconnu avec la RQTH, reconnaissance qualité de travailleuse handicapée, rien n'est pourtant fait pour mettre en confiance et faire travailler dignement Letizia. Anne Plantagenet décrit la descente aux enfers et les arcanes d'un monde du travail, marchant sur la tête. C'est un roman absolument bouleversant. On le quitte la boule au ventre, révolté, sidéré qu'à notre époque de telles choses puissent encore exister. Letizia connaîtra un peu de bonheur en interprétant le rôle de sa vie dans la peau d'une syndicaliste dans le film "En guerre" de Stéphane Brize avec Vincent Lindon. La montée des marches à Cannes, cette parenthèse folle, son quart d'heure de gloire, elle pourtant si humble, si modeste. Anne Plantagenet nous émeut et dessine la vie modeste d'une femme ne demandant qu'à exercer son métier dans la dignité. On ressent une immense colère et une profonde affliction en suivant le parcours de Letizia Storti. Tout ce qu'on lui impose, les humiliations, les brimades, la peur de perdre son emploi, de n'être plus bonne à rien. Elle qui travaillait depuis l'âge de dix huit ans dans cette entreprise, pour laquelle elle aura tout donné, sans aucun remerciement, aucun retour de la hiérarchie. La description faite de tout ce phénomène est parfaitement rendue par le style d'écriture de Anne Plantagenet. La question du suicide et du suivi, ou plutôt de l'absence de suivi des patients en souffrance psychique est un autre sujet poignant et passionnant du roman. Beaucoup d'émotions et de la révolte quant au traitement des ouvriers, aux conditions de travail, à l'absence de structure capable de soutenir le travailleur en souffrance. La loi de la jungle où les plus forts se jouent des plus faibles, des plus fragiles. Reste le courage de cette femme qui voulait simplement travailler à un poste aménagé, et qui s'est retrouvé voué aux gémonies. Merci à Anne Plantagenet d'avoir, avec l'écriture de ce roman, offert une lumière sur le destin de Letizia Storti. Une lecture salvatrice même si âpre et difficile de par son sujet. Si vous aimez les films de Stéphane Brize, Anne Plantagenet signe son pendant en roman.
Je remercie chaleureusement les éditions du Seuil et Babelio pour ce service presse.
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